Catena Aurea 3203

vv. 3-6

3203 Mt 2,3-6



S. Aug. Autant les Mages désirent trouver un Rédempteur, autant Hérode craint de ren contrer un successeur, comme l'indiquent les paroles suivantes: «Ce qu'ayant appris le roi Hérode, il fut troublé». - La Glose. On lui donne le nom de roi afin que, rapproché du roi que cherchent les Mages, il soit convaincu de n'être qu'un étranger. - S. Chrys. (sur S. Matth). Il est troublé de ce qu'un roi des Juifs vient de naître du sein du peuple juif lui-même, parce qu'il est Iduméen, et qu'il craint que le sceptre revenant aux mains des Juifs, il ne soit chassé par eux, et sa race à jamais exclue du trône. C'est ainsi que les grandes puissances sont en proie à de plus vives terreurs. Les branches des arbres plantés sur les hautes montagnes sont agitées par le moindre vent; ainsi ceux qui sont élevés en dignité sont troublés par le bruit de la plus légère nouvelle; ceux au contraire dont la condition est obscure, vivant comme dans une vallée profonde, jouissent presque toujours d'une parfaite tranquillité.



S. Aug. (serm. 2 sur l'Epiph). Quelle terreur inspirera un jour le tribunal du juge, alors que le berceau du petit enfant fait trembler les rois superbes sur leur trône? Que les rois soient saisis de frayeur devant celui qui est assis à la droite du Père, puisqu'un roi impie a tremblé devant lui alors qu'il était encore suspendu au sein de sa mère. S. Léon, pape, (serm. 4 sur l'Epiph). Cependant tes craintes sont superflues, ô Hérode, ton palais ne peut contenir le Christ, le maître du monde ne peut être resserré dans les limites étroites de ton royaume; celui à qui tu veux défendre de régner dans la Judée étend son règne partout.



La Glose. Peut-être n'est-ce pas seulement la perte de son trône qu'il craignait, mais encore la colère des Romains qui avaient décidé qu'aucun roi, de même qu'aucun dieu ne serait pro clamé sans leur approbation.



S. Grég. (hom. 10 sur les Ev). A peine le roi du ciel est-il né que le roi de la terre est en proie à l'agitation et au trouble: c'est qu'en effet les hauteurs de la terre sont confondues, lorsque les grandeurs du ciel viennent à se découvrir. - S. Léon pape, (serm. 6 sur l'Ep). Hérode dans cette circonstance joue le rôle du démon, et le démon après avoir été son instigateur se montre depuis son infatigable imitateur, car la vocation des Gentils fait son tourment, et son plus grand supplice est de voir tous les jours la destruction de son empire.
- S. Chrys. (sur S. Matth). Tous deux sont troublés par des inquiétudes personnelles, tous deux craignent un successeur, l'un de son royaume de la terre, l'autre du royaume des cieux. Or voici que le peuple juif par tage lui-même ce trouble, alors qu'il aurait dû se réjouir de cette nouvelle; mais ce peuple en est troublé, parce que l'arrivée du Juste ne peut être un sujet de joie pour les impies; ou bien ils étaient troublés dans la crainte qu'Hérode irrité contre le roi des Juifs ne déchargeât sa co lère sur la nation dont il était sorti; c'est pourquoi l'auteur sacré ajoute: «Et toute la ville de Jérusalem avec lui».
- La Glose. La ville de Jérusalem voulait flatter celui qu'elle crai gnait, car le peuple favorise toujours plus qu'il ne le devrait ceux dont il supporte les violences. - Suite. «Et ayant assemblé tous les princes des prêtres», etc. Remarquez son empresse ment à chercher le Christ; il veut, s'il le trouve, exécuter les projets qu'il dévoilera plus tard, e t s'il ne le trouve pas, se ménager une excuse auprès des Romains. - Remi. On les appelait scribes, non seulement parce qu'ils transcrivaient les livres de la loi, mais parce qu'ils interpré taient les Écritures, car ils étaient docteurs de la loi.



Suite. «Il leur demanda où le Christ devait naître». Remarquez qu'il ne dit pas: «Où le Christ est né», mais «où le Christ devait naître». Il les questionne avec astuce pour s'assurer s'ils se réjouissaient de la naissance de ce nouveau roi. Il lui donne le nom de Christ, parce qu'il savait que le roi des Juifs recevrait l'onction royale. - S. Chrys. (sur S. Matth). Mais pourquoi cette question d'Hérode, s'il ne croyait pas aux Écritures? Ou s'il y croyait, com ment pouvait-il se flatter de pouvoir mettre à mort celui dont elles prédisaient la royauté? Mais il était poussé par le démon qui sait que les Écritures ne peuvent mentir. Ainsi sont tous les pécheurs: ce qu'ils croient, il ne leur est pas donné de le croire parfaitement; ils croient, tant est grande la puissance de la vérité, et ils ne croient point, aveuglés qu'ils sont par l'ennemi du salut. Car si leur foi était parfaite, ils ne vivraient pas comme devant rester éternellement en ce monde, mais comme devant en sortir après quelques instants de séjour.



Suite. Ceux-ci répondirent: «Dans Bethléem de Juda». - S. Léon pape. (serm. 1 sur l'Epiph). Les Mages guidés par un sentiment naturel crurent qu'ils devaient chercher dans la capitale du royaume le roi dont la naissance leur avait été révélée; mais celui qui avait daigné prendre la forme d'un esclave, et qui était venu pour être jugé, et non pas pour juger, fit choix de Bethléem pour sa naissance et de Jérusalem pour sa passion. - Théodote. (serm. au conc. d'Ephèse). S'il avait choisi Rome, la vil le par excellence, on aurait pu croire que le changement qu'il a opéré dans le monde était dû à la puissance des citoyens romains; s'il eût eu un empe reur romain pour père on eût attribué ses succès à son pouvoir. Qu'a-t-il donc fait? Il a choisi tout ce qui a le caractère de la pauvreté et de la bassesse, pour qu'il soit bien démontré que c'est la puissance divine qui a transformé le genre humain; voilà pourquoi il a fait choix d'une mère pauvre, et d'une patrie plus pauvre encore, voilà pourquoi il naît dans l'indigence, et c'est ce que la crèche vint enseigner. - S. Grég. (hom. 8 sur les Ev). C'est par suite d'un dessein providentiel qu'il naît à Bethléem, car Bethléem signifie maison du pain, et il a dit de lui-même: «Je suis le pain vivant descendu du ciel.



S. Chrys. (sur S. Matth). Il semble que les princes des prêtres auraient dû cacher le mystère du roi prédestiné de Dieu, surtout en présence d'un roi étranger; et cependant, non contents de publier les oeuvres de Dieu, on les voit pour ainsi dire livrer ses mystères; et non seulement ils les dévoilent, mais ils apportent à l'appui le témoignage du prophète. Il est écrit dans le prophète: «Et toi Bethléem, terre de Juda». - La Glose. (Mi 5). L'Évangéliste rap porte cette prophétie telle qu'ils l'ont citée, en donnant plutôt le sens véritable que le texte même du prophète Michée. - S. Jér. On peut reprocher ici aux Juifs leur ignorance, car on lit dans le prophète Michée: «Et toi Bethléem Ephrata», et non pas comme ils disent: «Et toi Bethléem, terre de Juda». - S. Chrys. (sur S. Matth). Il y a plus encore, c'est qu'en supprimant une partie de la pro phétie ils sont devenus la cause du massacre des enfants. En effet la prophétie porte: «De toi sortira le roi qui gouvernera mon peuple d'Israël, et ses jours sont depuis les jours de l'éternité». Si donc ils l'avaient citée dans son entier, Hérode réfléchissant que ce roi dont la naissance date des jours de l'éternité ne pouvait être un roi de la terre, ne serait pas entré dans une si grande fureur. - S. Jér. (sur S. Matth. et Michée dans la Glose). Or voici le sens de cette prophétie: «Et toi Bethléem, terre de Juda, ou Ephrata» (elle est ainsi désignée parce qu'il y avait une autre Bethléem dans la Galilée), «quoique tu sois un petit bourg entre les vil les de Juda, cependant c'est de toi que naîtra le Christ qui régnera sur Israël, et qui sera de la race de David. Cependant je lui ai donné naissance avant tous les siècles»; c'est pour cela que le prophète ajoute: «Sa génération est dès le commencement, dès l'éternité, car au commen cement le Verbe était en Dieu». - La Glose. Quant à cette dernière partie, les Juifs la supprimèrent comme nous l'avons dit, et ils changèrent le reste de la prophétie, soit par igno rance comme nous l'avons supposé, soit afin de rendre plus clair et plus évident le sens de cette prédiction pour Hérode, qui était un étranger; ainsi pour le mot «Ephrata», qui était un mot ancien et qu'Hérode pouvait ignorer, ils mettent: «Terre de Juda», au lieu de lire: «la plus petite entre toutes les villes de Juda», avec le prophète lui avait voulu faire ressortir le peu d'importance de cette ville relativement à l'immense multitude du peuple de Dieu, ils di rent: «Tu n'es pas la moindre entre les principales villes de Juda», afin de montrer la gran deur que faisait rejaillir sur elle la dignité du roi qui devait naître dans son sein; paroles qui reviennent à celles-ci: Tu es grande entre toutes les cités qui ont donné le jour à des princes. - Remi. Ou bien on peut encore l'expliquer ainsi: «Quoique tu paraisses très petite au milieu des villes qui commandent aux autres, cependant tu ne l'es pas en réalité, car de toi sortira le chef qui conduira mon peuple d'Israël». Ce chef, c'est le Christ qui conduit et gouverne le peuple fidèle.



S. Chrys. (hom. 1 sur S. Matth). Remarquez avec quelle exactitude s'exprime le prophète; il ne dit pas: «Il sera dans Bethléem», mais: «Il sortira de Bethléem», pour indiquer ainsi que cette ville ne serait témoin que de sa naissance». Comment peut-on rapporter cette prophétie à Zorobabel, comme quelques-uns le prétendent? Sa naissance ne date pas du commencement ni ses jours de l'éternité; Il n'est pas non plus sorti de Bethléem, puisqu'il n'est pas né dans la Judée, mais à Babylone. Une raison non moins forte c'est que la prophétie ajoute: «Tu n'es pas la plus petite, parce que de toi sortira», car aucun autre que le Christ n'a rendu célèbre le bourg où il est né, et depuis sa naissance on vient des extrémités de la terre visiter l'étable et la crèche où il est né. Si le prophète ne dit pas: «De toi sortira le Fils de Dieu»; mais: «De toi sortira le chef qui conduira mon peuple d'Israël», c'est que dans les commencements il fallait condescendre à la faiblesse des Juifs, ne pas les scandaliser, mais les attirer en leur faisant connaître ce qui avait rapport au salut du genre humain. Il faut prendre dans un sens figuré les paroles suivantes: «Qui conduira mon peuple d'Israël», c'est-à-dire ceux qui doivent croire d'entre les Juifs. Si tous ne se sont pas rangés sous la conduite du Christ, ils ne peuvent s'en prendre qu'à eux-mêmes. Le prophète n'a rien dit des Gentils et c'est encore pour ne pas scan daliser les Juifs. Voyez cependant comme tout est ici admirablement disposé. Les Juifs et les Mages s'instruisent mutuellement. Les Mages apprennent aux Juifs qu'une étoile annonce le Christ dans l'Orient, et les Juifs enseignent aux Mages que dans les temps anciens les prophètes l'ont prédit afin qu'affermis par ce double témoignage ils recherchent avec une foi plus ardente celui que révélaient à la fois l'éclat de l'étoile et l'autorité des prophéties. - S. Aug. (serm. sur l'Epiph). L'étoile qui conduisit les Mages au lieu où se trouvait le Dieu fait enfant avec la Vierge sa mère, aurait pu les conduire directement jusqu'à la ville même de Bethléem; cepen dant elle se cacha, et ne reparut que lorsque ayant demandé aux Juifs dans quelle ville le Christ devait naître, ils en eurent obtenu cette réponse: «Dans Bethléem de Juda». Les Juifs dans cette circonstance furent semblables aux ouvriers qui construisirent l'arche de Noé, et qui ne laissèrent pas de périr dans les eaux du déluge, après avoir fourni à d'autres le moyen de se sauver; ou bien encore, semblables aux pierres milliaires placées sur les routes, ils se contentè rent d'indiquer le chemin, sans pouvoir marcher eux-mêmes. Ceux qui cherchaient n'eurent pas plus tôt appris ce qu'ils demandaient qu'ils partirent aussitôt, tandis que les docteurs les enseignèrent et restèrent immobiles. Les Juifs ne cessent de nous offrir tous les jours le même spec tacle. Lorsque nous apportons aux païens des témoignages évidents de l'Écriture pour leur prouver que Jésus-Christ a été prédit bien longtemps avant sa naissance, il en est quelques-uns qui tiennent ces témoignages pour suspects et comme inventés peut-être par les chrétiens, et qui préfèrent s'en rapporter aux exemplaires qui sont entre les mains des Juifs; ces païens font comme les Mages autrefois, ils laissent les Juifs lire et relire sans aucun fruit leurs Écritures, et s'empressant de venir adorer avec foi Jésus-Christ.


vv. 7-8

3207 Mt 2,7-8

S. Chrys. (sur S. Matth). Hérode se trouvant en présence d'une réponse que rendait double ment probable et le témoignage des prêtres et l'autorité des prophètes, ne se détermine pas à rendre hommage au roi qui doit naître; mais il se laisse aller au coupable désir de s'en défaire par ruse. Il a vu qu'il ne pouvait ni ébranler les Mages par ses caresses, ni les effrayer par ses menaces, ni les corrompre par son or, et les amener ainsi à consentir au meurtre du roi qui leur est annoncé; il forme donc le dessein de les tromper. C'est ce qu'indique l'Évangéliste par ces paroles: «Hérode ayant fait venir les Mages en secret». Il les appelle en secret, parce qu'il se défiait des Juifs et qu'il craignait que le désir d'avoir un roi de leur nation ne fût pour eux un motif de trahir ses desseins. «Il demanda donc aux Mages avec soin le temps où l'étoile leur avait apparu». - Remi. Il les interroge avec soin, car c'était un homme astucieux, et il crai gnait qu'ils ne revinssent pas le trouver pour le renseigner sur l'enfant qu'il voulait mettre à mort.

S. Aug. (serm. 7 sur l'Epiph). Cette étoile leur avait apparu presque deux ans auparavant, et elle était pour eux depuis ce temps un objet d'étonnement. Il faut donc admettre qu'ils n'apprirent ce que signifiait cette étoile qu'ils voyaient depuis longtemps, qu'à la naissance de celui qu'elle figurait; et c'est après qu'il leur fut révélé que le Christ était né que les Mages vinrent de l'Orient, et qu'ils adorèrent le treizième jour celui dont ils avaient appris la naissance quelques jours auparavant. - S. Chrys. (hom. 7 sur S. Matth). Ou bien comme leur voyage devait être de longue durée, l'étoile leur apparaissait depuis longtemps, afin qu'ils pussent se trouver au berceau du Christ aussitôt qu'il serait né, et l'adorer enveloppé de langes qui le leur rendaient plus admirable encore. - La Glose. Suivant d'autres, cette étoile n'aurait apparu que le jour même de la naissance du Christ, elle avait été créée pour cette mission, et aussitôt qu'elle l'eut remplie elle disparut. - Saint Fulgence dit en effet (serm. sur l'Epiph). : «L'enfant nouveau-né créa une nouvelle étoile».

Après avoir pris des informations sur le temps et sur le lieu, il veut aussi connaître la personne de l'enfant, et il ajoute: «Allez et informez-vous exactement de l'enfant». Il leur enjoint de faire ce qu'ils devaient faire eux-mêmes sans avoir besoin de recommandation. - S. Chrys. (hom. 7). Il ne dit pas: Informez-vous du roi, mais informez-vous de l'enfant, car il ne peut souffrir qu'on lui donne ce nom, symbole de son autorité. -
S. Chrys. (sur S. Matth). Pour les amener à ses desseins, il feint le désir d'aller lui rendre hommage, et sous ce manteau d'hypocrisie il aiguise son glaive et veut dissimuler la perversité de son coeur sous les dehors de la soumission et de l'humilité. Ainsi font tous les méchants: c'est quand ils veulent porter en secret des coups plus terribles qu'ils font semblant de s'abaisser et qu'ils prodiguent les mar ques d'amitié; c'est ce qui fait dire à Hérode: «Lorsque vous l'aurez trouvé, faites-le moi savoir», etc. - S. Grég. (hom. 10 sur les Ev). Il feint de vouloir l'adorer, pour pouvoir plus facilement le mettre à mort, s'il vient à le trouver.

Suite: «Ayant entendu les paroles du roi, ils partirent». - Remi. Les Mages obéissent aux ordres d'Hérode pour chercher le Seigneur, mais non pour revenir le trouver; en cela ils étaient l'image de ceux qui écoutent la parole de Dieu dans un bon esprit; ils pratiquent les enseignements que leur donnent des prédicateurs vicieux, mais ils se gardent bien d'imiter leurs oeuvres.


v. 9

3209 Mt 2,9

S. Chrys. (sur S. Matth). On doit conclure de ces paroles que l'étoile, après avoir conduit les Mages jusqu'aux portes de Jérusalem, se déroba à leurs regards et les abandonna pour les for cer d'entrer dans cette ville et de demander aux habitants où était le Christ, en même temps qu'ils le faisaient connaître eux-mêmes. Dieu en cela se proposait premièrement de confondre les Juifs, en leur montrant des gentils qui, affermis dans la foi par la simple apparition d'une étoile, cherchaient le Christ à travers des contrées inconnues, tandis que les Juifs, nourris dès leur enfance des prophéties qui avaient le Christ pour objet, ne voulaient pas le recevoir alors qu'il était né dans leur propre pays. Dieu voulait encore que les prêtres interrogés sur le lieu où devait naître le Christ répondissent pour leur condamnation: «A Bethléem de Juda»; parce qu'en donnant à Hérode les explications qu'il demandait sur le Christ, ils ne le connaissaient pas eux-mêmes. Après que les Mages eurent obtenu la réponse à la demande qu'ils avaient faite, le texte ajoute: «Et voici que l'étoile qui leur avait apparu dans l'Orient les précédait». Témoins de l'hommage rendu par l'étoile à cet enfant, ils purent comprendre quelle était la dignité du nouveau roi. - S. Aug. (serm. sur l'Epiph). Et pour que cet hommage rendu au Christ fût plus éclatant, l'étoile ralentit sa marche jusqu'à ce qu'elle eut amené les Mages aux pieds de l'enfant. Elle se mit à la disposition des Mages, mais sans leur commander. Elle mon tra au Sauveur ses adorateurs, éclaira la grotte d'une abondante lumière, inonda le toit de cette étable de ses rayons éclatants et disparut ensuite. C'est ce que l'Évangéliste indique lorsqu'il ajoute: «Jusqu'à ce qu'étant arrivée sur le lieu où était l'enfant, elle s'y arrêta. - S. Chrys. (sur S. Matth). Qu'y a-t-il d'étonnant que le soleil de justice, sur le point de se lever, ait voulu être annoncé par une étoile miraculeuse? Elle s'arrêta au-dessus de la tête de l'enfant comme pour dire: «C'est lui». Elle le désignait en s'arrêtant au-dessus de lui, parce qu'elle ne pou vait le faire en parlant. - La Glose. On voit par là que cette étoile se trouvait dans notre atmosphère, et qu'elle était fort proche de la maison où était l'enfant, autrement les Mages n'auraient pu distinguer cette maison. - S. Amb. (sur S. Luc). Cette étoile c'est la voie, et la voie c'est le Christ, car par le mystère de son incarnation il est comme une étoile, étoile bril lante, étoile du matin, qu'on ne peut voir dans les lieux ou règne Hérode, mimais qui reparaît de nouveau là où habite le Christ pour nous montrer le chemin. - Remi. On peut dire encore que l'étoile figure la grâce de Dieu, comme Hérode est le symbole du démon. Or celui qui se soumet au démon par le péché perd aussitôt la grâce; s'il se détache du démon par la péni tence, il recouvre immédiatement la grâce, qui ne le quitte pas qu'elle ne l'ait conduit jusqu'à la maison de l'enfant, qui est l'Église. - La Glose. Ou bien encore l'étoile est la lumière de la foi qui conduit les âmes à Jésus-Christ et que les Mages voient disparaître en s'arrêtant chez les Juifs, car en demandant conseil aux méchants ils perdent la véritable lumière.




vv. 10-11

3210 Mt 2,10-11



La Glose. Après avoir montré comment l'étoile s'était mise au service des Mages, l'Évangéliste nous apprend quelle fut la joie de ces derniers: «Lorsqu'ils virent l'étoile, ils furent transportés d'une joie extrême». - Remi. Et remarquez qu'il ne se contente pas de dire: «Ils furent dans la joie» mais: «Ils furent transportés d'une joie extrême». S. Chrys. (sur S. Matth). Ils furent transportés de joie, parce que leur espérance, loin d'être trompée, se trouvait affermie, et qu'ils ne s'étaient pas exposés inutilement aux fatigues d'un si long voyage: - La Glose. On est transporté de joie quand on se réjouit pour Dieu, qui est la joie véritable. L'Évangéliste ajoute: «d'une grande joie», parce que l'objet de cette joie était considérable. - S. Chrys. (sur S. Matth). Le ministère rempli par cette étoile leur fit com prendre que la dignité du roi qui venait de naître surpassait de beaucoup celle de tous les rois de la terre. L'auteur sacré ajoute: «d'une joie extrême». -
Remi. Il veut nous apprendre par là qu'on se réjouit beaucoup plus des choses qu'on retrouve que de celles qu'on n'a jamais perdues.



Suite. «Et entrant dans la maison, ils trouvèrent l'enfant». S. Léon. pape. (serm. 4 sur l'Epiph). Ils le trouvèrent petit de forme, réduit à avoir besoin du secours d'autrui, incapable de parler, ne différant en rien de la généralité des autres enfants; car de même que des témoi gnages incontestables prouvaient qu'en lui se trouvait l'invisible majesté de Dieu, de même il devait être démontré que cette nature éternelle du Fils de Dieu s'était unie à la vérité de la na ture humaine.



Suite. «Avec Marie, sa mère». - S. Chrys. (sur S. Matth). Elle n'était pas couronnée du diadème, elle ne reposait pas sur un lit doré, elle avait à peine une simple tunique, non point pour orner son corps, mais pour le couvrir, le vêtir, et telle que pouvait en porter en voyage la femme d'un charpentier. Si donc ils étaient venus chercher un roi de la terre, la joie eût fait place chez eux à un sentiment de confusion, de ce qu'un si grand voyage était pour eux sans résultat. Mais comme le roi qu'ils cherchaient était le roi du ciel, bien qu'ils ne découvraient en lui rien de royal, contents du témoignage que lui rendait l'étoile, ils se réjouissaient à la vue de ce pauvre enfant dont l'Esprit saint leur dévoilait au fond du coeur la redoutable majesté; c'est pour cela qu'ils se prosternèrent pour l'adorer, car si leurs yeux ne voient en lui qu'un homme, ils reconnaissent un Dieu. - Rab. Par une disposition providentielle, Joseph se trouvait alors absent, pour ne point donner aux Gentils l'occasion d'un soupçon injurieux. - La Glose. Bien qu'ils aient suivi les usages de leur nation dans les dons qu'ils offraient au Sauveur, les Arabes trouvant en abondance dans leur pays l'or, l'encens et des parfums de toute espèce, cependant dans leur intention ces présents avaient une signification mystérieuse. Le texte sacré ajoute donc: «Ayant ouvert leurs trésors, ils lui offrirent pour présents de l'or, de l'encens et de la myrrhe». - S. Grég. (hom. 10 sur les Evang). L'or convient à la dignité royale, l'encens faisait partie des sacrifices offerts à Dieu, et la myrrhe sert à embaumer les morts... - S. Aug. (Serm. sur l'Epiph). Ils lui offrent de l'or comme à un roi puissant, l'encens comme à un Dieu, la myrrhe comme à celui qui devait mourir pour le salut de tous. - S. Chrys. (sur S. Matth). Que les Mages ne comprissent pas alors la grandeur du mystère qui les faisait agir ainsi, ou la signification mystérieuse de chacun de leurs présents, peu importe, car la grâce qui leur avait inspiré toute cette conduite avait tout disposé suivant ses vues. - Remi. il ne faut pas oublier que chacun des trois Mages ne présenta pas en particulier un seul de ces trois présents, mais que chacun d'eux les offrit tous les trois, procla mant ainsi tous les trois par la nature de leurs présents le roi, le lieu et l'homme. - S. Chrys. (hom. 7 sur S. Matth). Que Marcion et Paul de Samosate rougissent donc, eux qui refusent de reconnaître ce qu'ont reconnu les Mages, qui ont donné naissance à l'Église, et qui ont adoré Dieu dans une chair mortelle. Que celui qu'ils adorent fût revêtu d'un corps mortel, les langes et la crèche le disent assez; mais qu'ils aient adoré en lui non pas un simple mortel, mais un Dieu, nous en avons la preuve dans les présents qu'il était juste d'offrir à la divinité. Que les Juifs soient aussi couverts de honte, eux qui sont prévenus par les Mages, et qu i ne se mettent pas en peine de venir du moins à leur suite.



S. Grég. (hom. 10). On peut encore donner une autre interprétation de ces présents. L'or si gnifie la sagesse, au témoignage de Salomon: «Un trésor désirable se trouve sur les lèvres du Sage» (Pr 21,20), l'encens qu'on brûle devant Dieu figure la vertu de la prière selon ces paroles: «Que ma prière se lève comme l'encens en votre présence; la myrrhe est le symbole de la mortifica tion de la chair. Nous offrons à ce roi nouveau-né l'or lorsque nous resplendissons devant lui de l'éclat de la sagesse; nous lui offrons l'encens lorsque par la prière nous exhalons devant Dieu le parfum de nos hommages; nous lui offrons la myrrhe en mortifiant par l'abstinence les vices de la chair. - La Glose. Ces trois hommes qui offrent à Dieu leurs présents figurent les nations venues des trois parties du monde. Ils ouvrent leurs trésors en manifestant la foi de leurs coeurs par le témoignage qu'ils en donnent. Ils les ouvrent dans l'intérieur de la maison pour nous apprendre à ne pas étaler par vanité aux yeux du public le trésor d'une bonne conscience; ils offrent trois présents, c'est-à-dire leur foi en la sainte Trinité. On peut dire encore qu'ils ouvrent les trésors des Écritures et qu'ils en tirent les trois sens historique, moral et allégorique; ou bien la logi que, la physique et la morale en tant qu'il les soumettent à la foi.


v. 12

3212 Mt 2,12

S. Aug. L'impie Hérode, que la crainte rendait cruel, voulait donner un libre cours à sa fureur, mais comment pouvait-il se rendre maître par la ruse de celui qui venait détruire toutes les ru ses et les perfidies? C'est pour nous apprendre comment sa perfidie fut déjouée que l'Évangéliste ajoute: «Et ayant reçu en songe un avertissement». - S. Jér. Ceux qui ont offert leurs présents au Seigneur en reçoivent un avertissement; ce n'est point par un ange qu'il leur est donné, pour rendre plus éclatant le privilège que Joseph devait à ses vertus. - La Glose. Cet avertissement vient du Seigneur lui-même, car nul autre ne peut indiquer la voie du retour que celui qui a dit: «Je suis la voie». Toutefois ce n'est pas l'enfant qui leur parle, pour ne pas révéler sa divinité avant le temps, et pour confir mer au contraire la vérité de son humanité. L'Évangéliste dit: «Et ayant reçu réponse»,car de même que Moïse criait vers Dieu tout en gardant le silence, de même les Mages interro geaient par leurs pieux désirs la volonté divine. Il est dit encore: «Ils s'en retournèrent en leur pays par un autre chemin», parce qu'ils ne devaient plus se mêler à l'incrédulité des Juifs.

S. Chrys. (hom. 8 sur S. Matth). Considérez la foi des Mages: ils ne sont pas scandalisés de cet avertissement, et ils ne disent pas: Si cet enfant est si puissant, pourquoi cette fuite, pour quoi ce retour secret? Un des caractères de la vraie foi, c'est de ne pas rechercher les raisons des ordres qui nous sont donnés, mais d'y acquiescer avec docilité. - S. Chrys. (sur S. Matth). Si les Mages avaient recherché le Christ comme un roi de ce monde, ils seraient de meurés près de lui après l'avoir trouvé: tandis qu'après avoir adoré ce roi du ciel ils s'en vont dans leur pays. Lorsqu'ils furent de retour, ils se montrèrent plus que jamais adorateurs fidèles du vrai Dieu; ils en instruisirent un grand nombre par leurs prédications, et lorsque saint Tho mas arriva plus tard dans ces contrées, ils se joignirent à lui et après avoir reçu le baptême ils devinrent ses coadjuteurs dans l'apostolat.

S. Grég. (hom. 10 sur les Ev). Les Mages en retournant dans leur pays par un autre chemin nous donnent une grande leçon. Notre patrie, c'est le ciel, et après avoir connu le Sauveur Jé sus, nous ne pouvons y retourner par la voie que nous avons d'abord suivie. En effet nous nous sommes éloignés de notre patrie par l'orgueil, par la désobéissance, par l'attachement aux choses visibles, et en goûtant au fruit défendu; nous ne pouvons y revenir que par les larmes, par l'obéissance, par le mépris des choses de la terre et la mortification des désirs de la chair. -
S. Chrys. (sur S. Matth). D'ailleurs il n'était pas possible que ceux qui avaient quitté Hé rode pour venir trouver Jésus-Christ, retournassent vers ce roi impie et cruel. Ceux en effet qui abandonnent Jésus-Christ et qui passent au démon par le péché, reviennent à Jésus-Christ par la pénitence. Celui qui a vécu jusqu'alors dans l'innocence, ignore le mal et se laisse facilement tromper; mais lorsqu'il a connu par expérience le mal dans lequel il est tombé, et qu'il se rappelle le bien qu'il a perdu, il revient à Dieu, le repentir dans le coeur. Or l'homme qui aban donne le démon pour venir à Jésus-Christ revient difficilement au démon, parce que la joie qu'il goûte au milieu des biens qu'il a retrouvés, et le souvenir des maux auxquels il a échappé, lui rendent difficile le retour vers le mal.


v. 13-15

3213 Mt 2,13-15

Rab. Saint Matthieu passe sous silence la cérémonie de la Purification dans laquelle on devait présenter au temple l'enfant premier-né, et offrir un agneau, ou deux tourterelles, ou deux pe tits de colombes. Malgré la crainte que leur inspirait Hérode, les parents de Jésus n'osèrent transgresser la loi qui les obligeait à porter l'enfant au temple. Mais lorsque le bruit de la nais sance de l'enfant commença à se répandre, un ange fut envoyé pour avertir Joseph de trans porter l'enfant en Égypte: «L'ange du Seigneur apparut en songe à Joseph, mi poursuit l'Évangéliste. Remi. - L'ange est toujours envoyé à Joseph pendant son sommeil, et ce saint patriarche est la figure de ceux qui, s'affranchissant des soins de la terre et des préoccupations du monde méritent d'être favorisés de la vision des anges. L'ange lui dit donc: «Levez-vous, prenez la mère et l'enfant». - S. Hil. Pour exprimer qu'elle était fiancée à cet homme juste, l'Évangéliste l'appelle son épouse; mais après l'enfantement, il ne la présente plus que comme la mère de Jésus, et ce n'est pas sans raison: le mariage avec le juste Joseph devait être regar dé comme le plus sûr garant de la virginité de Marie, et cette virginité était comme consacrée dans la mère de Jésus par sa maternité divine.

S. Chrys. (sur S. Matth). - L'ange ne dit pas: «Prenez la mère et l'enfant», mais «prenez l'enfant et la mère; car l'enfant n'est pas né pour la mère, mais la mère a été préparée pour l'enfant: «Et fuyez en Égypte». Mais comment le Fils de Dieu peut-il fuir devant un homme? Qui nous délivrera de nos ennemis, si lui-même en est réduit à craindre les siens? Il fallait d'abord qu'il se soumît en cela aux conditions de la nature humaine qu'il avait prise, conditions qui exigent tille la nature humaine et l'enfance abandonnée à elle-même fuient devant un pou voir qui les menace. En second lieu, c'est une leçon donnée aux chrétiens, qui ne doivent point rougir de prendre la fuite lorsque la persécution la rend nécessaire. Mais pourquoi fuir en Égypte? Le Seigneur dont la colère ne dure pas éternellement, s'est souvenu de tous les maux dont Il avait autrefois accablé l'Égypte, et il lui envoie son Fils pour lui donner un signe écla tant de réconciliation. Il veut ainsi guérir par cet unique et puissant remède les dix plaies an ciennes de l'Égypte. Il veut aussi que le peuple qui a été autrefois le persécuteur de son peuple premier-né, devienne le gardien de son Fils unique; que ceux qui ont fait peser sur ce peuple leur domination tyrannique soient les serviteurs les plus empressés de son Fils, et qu'au lieu d'aller s'engloutir dans les flots de la mer Rouge ils soient appelés à se plonger dans les eaux vivifiantes du baptême.
- S. Aug. Prêtez l'oreille à ce grand mystère. Moïse avait autrefois répandu une profonde nuit sur l'Égypte perfide; le Christ en arrivant dans cette contrée rend la lumière à ceux qui étaient assis dans les ténèbres; il fuit, mais c'est pour éclairer et non pas pour se dérober à ses ennemis.

Suite. «Et demeurez-y jusqu'à ce que je vous le dise; car Hérode cherche l'enfant pour le faire mourir». Ce tyran infortuné craignait d'être précipité de son trône par l'avènement du Sauveur; il se trompait, le Christ n'était pas venu pour s'emparer de la puissance et de la gloire des autres, mais pour communiquer la sienne.

Suite. «Et il prit la mère et l'enfant pendant la nuit, et il se retira en Égypte». S. Hil. - Ajoutez, pleine d'idoles. C'est ainsi que persécuté par les Juifs il les abandonne à leur igno rance et se présente au monde de la Gentilité pour en être adoré.
- S. Jér. Lorsque Joseph prend la mère et l'enfant pour fuir en Égypte, c'est pendant la nuit et dans les ténèbres; lors qu'il retourne dans la Judée, il n'est plus fait mention ni de la nuit ni de l'obscurité. - S. Chrys. (sur S. Matth). Les angoisses produites par la persécution sont comparées à la nuit, comme la consolation est figurée par la lumière du jour. - Rab. Peut-être aussi est-ce que les ennemis de la lumière restèrent plongés dans les ténèbres par le départ de la lumière, et qu'ils furent de nouveau éclairés par son retour. - S. Chrys. (hom. 8 sur S. Matth). Voyez, à peine l'enfant est-il né, le tyran entre en fureur, et la mère avec l'enfant sont obligés de fuir dans une terre étrangère. Si donc après vous être dévoués a une oeuvre spirituelle, la tribulation vient fondre sur vous, ne vous troublez pas, mais profitez de cet exemple pour supporter tout avec courage. - Bède (hom. sur les SS. Innocents). Le Sauveur obligé de fuir en Égypte sur les bras de ses parents nous apprend que souvent les bons sont chassés de leurs demeures, et quel quefois même jetés en exil par la perversité des méchants. Jésus, qui devait donner aux siens ce commandement: Quand on vous persécutera dans une ville, fuyez dans une autre, pratique le premier ce qu'il recommande aux autres, et il fuit devant un homme, comme s'il était un homme mortel, lui qu'une étoile du haut du ciel a présenté comme Dieu aux adorations des Mages. - Remi. Isaïe avait prédit cette fuite du Seigneur en Égypte en ces termes (Is 19,1): Voici que le Seigneur est porté sur un nuage léger, il entrera en Égypte et il renversera les idoles de l'Égypte.

Saint Matthieu a pour habitude d'appuyer toujours ce qu'il avance de quelque témoignage, parce qu'il écrivait pour les Juifs; c'est pour cela qu'il ajoute: «Afin que cette parole que le Seigneur avait dite par le prophète fut accomplie: «J'ai rappelé mon Fils de l'Égypte». - S. Jér. (De la meilleure manière d'interprét). On ne lit point cette prophétie dans les Septante, mais le texte hébreu d'Osée porte littéralement: «J'ai aimé Israël lorsqu'il n'était qu'un en fant; j'ai appelé mon Fils de l'Égypte», ce que les Septante ont traduit: «J'ai aimé Israël lorsqu'il n'était qu'un enfant, j'ai appelé ses enfants de l'Égypte.

S. Jér. (sur Osée). L'Évangéliste cite ce témoignage du prophète parce qu'il se rapporte figu rativement au Christ. Il faut remarquer en effet que ce prophète comme tous les autres prédi rent l'avènement du Christ et la vocation des Gentils, en ne laissant jamais entièrement de côté le fond historique du récit. - S. Chrys. (hom. 8 sur S. Matth). C'est un des caractères de la prophétie dont l'application est fréquente, que ce qu'elle prédit des uns s'accomplit en d'autres; nous en avons un exemple dans cette prophétie qui avait pour objet Siméon et Lévi: «Je les diviserai dans Jacob, et je les disperserai au milieu d'Israël»,et qui n'a pas été accomplie dans ces deux enfants de Jacob, mais dans leurs descendants. C'est ce que nous voyons encore ici; car le Christ est le Fils de Dieu par nature et c'est en lui que la prophétie a son véritable accomplissement.
- S. Jér. Nous pouvons encore donner une autre explication en faveur de ceux qui se rendent difficilement, en produisant ce témoignage tiré du Livre des Nombres, où Balaam dit: «Dieu l'a appelé de l'Égypte, sa gloire est comme celle du rhinocéros». - Remi. Joseph représente ici les prédicateurs de l'Évangile; Marie, la sainte Écriture; l'enfant, la connaissance du Sauveur; la persécution d'Hérode, celle qu'eut à souffrir la primitive Église; la fuite de Joseph en Égypte, le passage des apôtres chez les nations infi dèles (l'Égypte signifie les ténèbres); le temps qu'il resta en Égypte, celui qui sépare l'Ascension de la venue de l'Antéchrist; la mort d'Hérode, l'extinction de l'envie qui existait dans le coeur des Juifs.



Catena Aurea 3203