Catena Aurea 3313

vv. 13-15

3313 Mt 3,13-15

La Glose. Après avoir été annoncé au monde par la prédication de son précurseur, Jé sus qui depuis longtemps menait une vie cachée voulut enfin, se manifester aux hommes, comme l'indique le texte sacré: «Alors Jésus vînt de la Galilée au Jourdain trouver Jean pour être baptisé».

Remi. Dans ces paroles l'Évangéliste vous décrit les personnes, les lieux, le temps, et la nature du ministère. Le temps, par ce mot: «alors». - Rab. C'est-à-dire à l'âge de trente ans, pour nous apprendre que personne ne doit être élevé au sacerdoce ou chargé de la prédication à moins qu'il ne soit d'un âge mûr. C'est à tren te ans que Joseph prit le gouvernement de l'Égypte; c'est à ce même âge que David commença à régner, et qu'Ezéchiel reçut l'esprit prophétique (cf. Gn 41, 6; 2 R 5, 4; Ez 1, 1). - S. Chrys. (Hom. 10 sur S. Matth). Comme la loi devait être abrogée après ce baptême, Jésus qui pouvait expier les péchés de tous les hommes reçoit le baptême à cet âge, afin qu'en le voyant ainsi fidèle à l'observation de la loi, personne ne pût l'accuser de l'avoir abrogée parce qu'il n'avait pu l'accomplir.

S. Chrys. (sur S. Math). «Alors»,c'est-à-dire au moment même que Jean venait de prêcher la pénitence, pour confirmer sa prédication, et recevoir le témoignage qu'il devait lui rendre. De même que le soleil n'attend pas pour se lever que l'étoile du matin ait disparu, mais qu'il se lève alors qu'elle est encore sur l'horizon, et qu'il éclipse sa blanche clarté par l'éclat de ses rayons, ainsi le Christ n'a pas attendu que Jean eût achevé sa carrière, mais il s'est manifesté au monde pendant que son précurseur enseignait encore.

Remi. Les personnes sont désignées par ces paroles: «Jésus vint à Jean», c'est-à-dire Dieu vint trouver l'homme, le Seigneur son serviteur, le roi son soldat, la lumière celui qui n'était qu'une lampe. Les lieux témoins des événements par ces autres paroles: «De la Galilée au Jourdain».Le nom de Galilée signifie transmigration. Celui donc qui veut être baptisé doit, pour ainsi parler, émigrer des vertus aux vices, et s'humilier en s'approchant pour recevoir le baptême, car le mot Jourdain veut dire descente. - S. Aug. L'Écriture rapporte plusieurs prodiges dont ce fleuve avait été souvent le théâtre entre autres celui qu'elle rappelle en ces termes: «Le Jourdain est retourné en arrière».Autrefois, c'étaient les eaux qui retournèrent en arrière; maintenant ce sont les péchés; et de même que le prophète Élie avait séparé les eaux du Jourdain, ainsi, dans ce même fleuve le Christ a opéré la séparation des péchés.

Remi. L'Évangéliste nous fait connaître le ministère de Jean par ces paroles «Pour qu'il fût baptisé par lui». - S. Chrys. (sur S. Matth). Ce n'était pas pour recevoir par la vertu de ce baptême la rémission de ses péchés, mais afin de sanctifier à jamais les eaux pour ceux qui de vaient être baptisés dans la suite. - S. Aug. Si le Sa uveur a voulu recevoir le baptême, ce n'est point pour y venir puiser la pureté de l'âme, mais afin de purifier les eaux pour notre pro pre sanctification. C'est depuis qu'il a été plongé dans l'eau qu'il lui a communiqué la puis sance de laver tous les péchés. Et ne soyez pas surpris de voir l'eau, substance corporelle, par venir jusqu'à l'âme pour la purifier; elle y parvient certainement et pénètre dans toutes les profondeurs de la conscience. Elle est par elle-même subtile et déliée; mais, devenue plus sub tile encore par la bénédiction du Christ, elle traverse les sources cachées de la vie et pénètre par sa douce rosée jusqu'aux endroits les plus secrets de l'âme. Car le cours des bénédictions du ciel est plus pénétrant que le cours secret des eaux: aussi la bénédiction qui découle du baptême du Sauveur est comme un fleuve spirituel qui comble toutes les profondeurs des abî mes et remplit les veines de toutes les sources.

S. Chrys. (sur S. Matth). Jésus vient recevoir ce baptême, parce que s'étant revêtu de notre nature, il veut en accomplir toutes les conditions mystérieuses. Car, bien qu'il ne fût pas pé cheur, il avait cependant pris une nature de péché, et. quoique n'ayant pas besoin pour lui de ce baptême, la nature humaine demandait qu'il le reçût pour les autres. - S. Aug. (serm. sur l'Epiph). Il voulut encore être baptisé pour donner l'exemple de ce qu'il commandait aux au tres, et parce que, comme un bon maître, il cherchait moins à prêcher sa doctrine par ses paro les qu'à la rendre vivante dans ses oeuvres. - S. Aug. (Traité 5 sur saint Jean). Il s'abaissa donc jusqu'à recevoir le baptême de Jean, pour apprendre aux serviteurs avec quel empressement ils doivent courir au baptême du Seigneur, quand lui-même ne dédaigne pas de recevoir celui du serviteur. - S. Jér. Un autre motif enfin de son baptême, c'était de donner par cet acte un témoignage d'approbation au baptême de Jean.

S. Chrys. (hom. 12 sur S. Matth). Comme le baptême de Jean était un baptême de pénitence, et qu'il était établi pour la déclaration des péchés, de peur qu'on vînt à supposer que le Christ s'approchait du Jourdain pour cette raison, le précurseur s'écrie en le voyant: «C'est moi qui dois être baptisé par vous, et vous venez à moi». - S. Chrys. (sur S. Matth). Comme s'il disait: Que je sois baptisé par vous, cela se conçoit parfaitement, c'est pour me rendre juste et digne du ciel; mais que moi je vous baptise, quelle peut en être la raison? Tout bien descend du ciel sur la terre, et ne monte pas de la terre au ciel. - S. Hil. (chap. 2 sur S. Matth). En un mot, Jean ne peut consentir à le baptiser comme Dieu, et Jésus lui-même lui enseigne qu'il le doit être comme homme: «Jésus lui répondant, lui dit: Laissez-moi faire pour cette heure». - S. Jér. Remarquez la justesse de cette parole: «Laissez-moi faire pour cette heure».Jésus voulait signifier par là qu'il devait être baptisé dans l'eau par Jean et que lui-même devait baptiser Jean dans l'esprit. Ou bien dans un autre sens: Laissez-moi faire pour cette heure, et puisque j'ai pris la condition et la forme d'un esclave, il est juste que j'en subisse toutes les humiliations; sachez du reste qu'au jour du jugement vous recevrez mon baptême. Ou bien enfin ces paroles signifient: Il est un autre baptême dont je dois être baptisé (cf. Lc 12); vous me bapti sez dans l'eau, afin que je vous baptise un jour pour moi dans votre sang.
- S. Chrys. (sur S. Matth). En dehors des livres apocryphes qui le disent expressément, nous avons ici une preuve que plus tard Jésus baptisa Jean-Baptiste. «Laissez-moi faire pour cette heure»,afin que j'accomplisse la justice du baptême, non pas en paroles, mais par des oeuvres; que je le reçoive d'abord avant de le prêcher. C'est le sens des paroles suivantes: «c'est ainsi qu'il faut que nous accomplissions toute justice». Elles ne signifient pas: Alors que je serai baptisé j'accomplirai toute justice, mais de même que j'ai accompli la justice du baptême par mes oeu vres et ensuite par mes prédications, ainsi je le ferai de toute autre justice, d'après cette pa role: «Jésus commença à faire, et ensuite il enseigna».Ou bien encore: Il nous faut accom plir toute justice comme la justice du baptême, c'est-à-dire en me soumettant aux conditions de la nature humaine, car c'est ainsi qu'il satisfait à la condition imposée à tout homme de naître, de croître, etc. - S. Hil. (can. 2 sur S. Matth). Lui seul pouvait accomplir toute justice, parce que c'est par lui seul que la loi pouvait être accomplie. - S. Jér. Il ne dit pas la justice de la loi ou de la nature, pour que nous comprenions que ce mot les renferme toutes deux. - Remi. Ou bien enfin: C'est ainsi qu'il faut accomplir toute justice, c'est-à-dire donner l'exemple de l'accomplissement de toute justice dans le baptême, sans lequel on ne peut entrer dans le royaume du ciel; ou bien donner aux superbes cet exemple d'humilité afin qu'ils ne dédaignent pas d'être baptisés par mes membres les plus humbles, en me voyant baptisé par vous qui êtes mon serviteur. - Remi. La véritable humilité est celle qui a pour compagne l'obéissance. Aus si «Jean ne lui résista plus»,c'est-à-dire qu'il consentit enfin à le baptiser.


v. 16

3316 Mt 3,16

S. Aug. (serm. sur l'Epiph). Nous l'avons déjà dit, au moment où le Sauveur est baptisé, toute l'eau qui doit servir à notre baptême est purifiée, afin que la grâce de la régénération coule désormais sur tous les peuples à venir dans la suite des siècles.

Il fallait aussi que le baptême de Jésus-Christ représentât les effets que le baptême produit dans les fidèles; c'est pour cela que l'Évangéliste ajoute: «Jésus, aussitôt qu'il fut baptisé, sortit de l'eau». - S. Chrys. (sur S. Matth). Ce qui se passe en Jésus-Christ représente le mystère qui devait se produire dans ceux qui devaient être baptisés par la suite, et c'est pour cela que l'Évangéliste ne dit pas simplement: «Il monta», mais «Il monta aussitôt», parce que tous ceux qui reçoivent le baptême de Jésus-Christ avec les dispositions convenables, montent aus sitôt hors de l'eau, c'est-à-dire marchent de vertus en vertus et s'élèvent à une dignité toute céleste. En effet, ils étaient entrés dans l'eau tout charnels et enfants d'Adam prévaricateurs, et ils sortent aussitôt de l'eau tout spirituels, et avec le titre d'enfants de Dieu. Si quelques-uns, par leur faute, ne profitent pas de la grâce de leur baptême, qu'est-ce que cela fait au bap tême? - Remi. Le Seigneur, non content de consacrer l'eau du baptême par le contact de son corps, nous apprend qu'après le baptême le ciel nous est ouvert, et que l'Esprit saint nous est donné; c'est ce qu'indiquent les paroles suivantes: «Les cieux furent ouverts». - S. Jér. Ils ne furent pas ouverts extérieurement, mais seulement aux yeux de l'âme, comme Ézéchiel nous dit au commencement de son livre qu'ils lui furent ouverts. - S. Chrys. (sur S. Matth). Car si les cieux visibles s'étaient littéralement entrouverts, l'Évangéliste n'aurait pas dit: «Lui furent ouverts», mais simplement «furent ouverts»; car ce qui est ouvert extérieurement l'est pour tous. On me demandera: Qu'est-ce que cela veut dire? Est-ce que les cieux avaient jamais été fermés aux yeux du Fils de Dieu, lui qui, quoique sur la terre, n'a jamais cessé d'être dans les cieux? Mais on doit savoir que c'est en vertu de l'économie de son incarnation que le Sau veur fut baptisé et que c'est par suite de la même économie que les cieux lui furent ouverts, car, selon la nature divine, il n'a jamais cessé d'être dans les cieux.

Remi. Mais, à ne le considérer que comme homme, est-ce que les cieux lui furent ouverts alors pour la première fois? La foi de l'Église est qu'ils lui furent ouverts aussi bien avant qu'après. Si donc il est dit ici qu'ils lui furent ouverts, c'est parce que la porte du ciel s'ouvre pour tous ceux qui sont régénérés dans les eaux du baptême. - S. Chrys. (sur S. Matth). Peut-être qu'auparavant certains obstacles invisibles s'opposaient à ce que les âmes entrassent dans le ciel, car je ne pense pas que depuis le péché d'Adam, qui en avait fermé les portes, aucune âme y soit entrée avant Jésus-Christ. Ce n'est qu'après son baptême que les portes en ont été ouvertes. Lorsque, par sa mort, Jésus-Christ eut triomphé du démon, les portes n'étaient plus nécessaires, puisque le ciel ne devait plus être jamais fermé (cf. Ap 21,25). Aussi, les anges ne disent pas: Ouvrez les portes, mais enlevez les portes».Ou bien, les cieux sont ouverts à ceux qui sont baptisés, en ce sens qu'ils voient les choses du ciel non pas des yeux du corps, mais des yeux spirituels que la foi donne à l'âme qui croit. Ou bien encore, les cieux sont les Écritures divines que tous lisent, mais que tous ne comprennent pas, à moins qu'avec le baptême ils n'aient reçu le Saint-Esprit. Voilà pourquoi les écrits des prophètes étaient d'abord pour les Apôtres un livre scellé; mais aussitôt qu'ils eurent reçu le Saint-Esprit, toutes les Écritures leur furent dévoilées. De quelque manière qu'on l'entende, les cieux lui furent ouverts c'est-à-dire qu'ils ont été ouverts pour tous les hommes, à cause de lui; de même qu'un empereur accordant une grâce qu'une personne lui demande pour un autre lui dirait: «Ce n'est pas à lui que j'accorde cette faveur, mais c'est à vous, ou si vous voulez, je la lui accorde à cause de vous». - La Glose. Ou bien le Christ fut entouré d'un tel éclat dans son baptême, que l'empyrée parut être ouvert au-dessus de lui. - S. Chrys. (homél. 12 sur S. Matth). Quoique vous n'ayez pas été témoin de ce prodige, ne laissez pas d'y ajouter foi, car lorsqu'il s'agit de fonder une oeuvre spirituelle, Dieu l'appuie toujours par des appari tions sensibles, en faveur de ceux qui ne peuvent avoir aucune idée de la nature invisible, afin que si par la suite, ces prodiges ne se renouvellent pas, les premiers qui ont en lieu les détermi nent à croire.

Remi. Or, de même que la porte du royaume des cieux est ouverte à tous ceux qui sont régé nérés par le baptême; ainsi tous dans le baptême reçoivent les dons de l'Esprit saint, comme l'indiquent les paroles suivantes: «Et il vit l'Esprit de Dieu descendant en forme de colombe et s'arrêtant au-dessus de lui. -
S. Aug. (serm. sur l'Epiph). Jésus-Christ après qu'il est né pour les hommes veut encore renaître par les sacrements; il veut que, comme nous l'avons admiré prenant naissance dans le sein d'une mère immaculée, nous l'admirions encore plongé dans les flots d'une onde pure. Sa mère a engendré le Fils de Dieu, et elle est chaste; l'eau a lavé le Christ et elle est sanctifiée; enfin l'Esprit saint qui l'avait assisté dans le sein de sa mère, l'entoure d'une brillante lumière au milieu du Jourdain; celui qui a conserve alors la chasteté de Marie, sanctifie maintenant les eaux du fleuve. C'est pour cela que l'Évangéliste ajoute :«Et j'ai vu l'Esprit de Dieu qui descendait».

S. Chrys. (sur S. Matth). L'Esprit saint a voulu paraître sous la forme d'une colombe, parce que de tous les animaux, la colombe est celui qui cultive le plus le sentiment de l'amour. Or toutes les espèces le vertus que les serviteurs de Dieu ont dans la vérité, les serviteurs du dé mon peuvent les avoir en apparence; il n'y a que la charité seule de l'Esprit saint que l'esprit immonde ne puisse contrefaire. C'est peur cela que l'Esprit saint s'est réservé cette vertu particulière de la charité, car il n'est point de témoignage plus évident de sa présence dans une âme que la grâce de la charité. - Rab. La colombe nous représente aussi les sept vertus pro pres à ceux qui sont baptisés. La colombe habite sur les bords d'une eau courante; aussitôt qu'elle aperçoit l'épervier, elle s'y plonge pour lui échapper; elle choisit toujours le meilleur grain, elle nourrit les petits des autres oiseaux, elle ne déchire pas avec son bec, elle n'a pas de fiel, elle fait son nid dans le trou des rochers, et pour tout chant elle n'a que son gémissement. C'est ainsi que les saints habitent au bord des courants de la parole divine, pour échapper aux attaques du démon; ils choisissent pour nourrir leur âme les saines maximes, de préférence aux maximes des hérétiques; ils nourrissent du pain de l'exemple et de la doctrine ceux qui se sont montrés les enfants du démon en l'imitant; ils ne corrompent pas les vérités saintes en les dé chirant à l'exemple des hérétiques, on ne voit point en eux de colère sans raison; ils placent leur nid, c'est-à-dire leur refuge et leur espérance, da ns les plaies de Jésus, qui est pour eux la pierre ferme, et toute leur joie est de gémir sur leurs péchés, comme la joie des enfants du monde est de se livrer aux chants du plaisir. - S. Chrys. (homél. 12). Ce prodige nous rappelle aussi un fait des premiers temps. Nous voyons, en effet, à l'époque du déluge, apparaître la colombe portant un rameau d'olivier, et annonçant à tout l'univers le retour du calme et de la paix, figure de ce qui devait arriver dans la suite, car c'est encore la colombe qui nous appa raît pour nous montrer notre libérateur, et pour apporter au genre humain, au lieu du rameau d'olivier, le bienfait de l'adoption divine.

S. Aug. (serm. sur la Trinité). il est facile de comprendre pourquoi l'Évangéliste dit que le Saint-Esprit a été envoyé, lorsqu'il descendit sur la personne du Seigneur sous la forme visible d'une colombe. Dieu créa sur-le-champ une forme extérieure sous laquelle l'Esprit saint pût paraître visiblement. Or cette création rendue visible et offerte aux regards des hommes a été appelée mission de l'Esprit saint; elle n'avait pas pour fin de découvrir son invisible nature, mais de frapper les coeurs des hommes par cette apparition visible, et de les attirer vers les se crets de la nature éternelle. Cependant l'Esprit saint ne s'est pas uni cette nature corporelle dont il a revêtu la forme comme Jésus-Christ s'est uni en unité de personne la nature humaine qu'il avait reçue de la Vierge Marie: car l'Esprit ne sanctifia pas la colombe, et ne l'éleva pas jusqu'à lui être unie personnellement pour l'éternité. Il s'ensuit que, bien que cette colombe ait reçu le nom d'Esprit saint, pour rappeler que c'est sous cette forme que l'Esprit saint s'est manifesté, nous ne pouvons cependant dire de l'Esprit saint qu'il est Dieu et colombe, comme nous disons que le Fils de Dieu est tout à la fois Dieu et homme. Nous ne pouvons même l'appeler ainsi dans le sens où Jean-Baptiste appelle le Fils agneau de Dieu, nom que lui donne aussi saint Jean l'évangéliste dans l'Apocalypse lorsqu'il vit cet Agneau immolé (Jn 1,26 Jn 1,36 Jn 5,6), car cette vision prophétique ne fut pas révélée aux yeux du corps sous une forme sensible, mais elle eut lieu en esprit, et au moyen d'images toutes spirituelles des objets sensibles, tandis que personne ne doute que cette colombe n'ait été visible aux yeux du corps. Nous ne pouvons non plus appeler la colombe Esprit saint, dans le même sens que le Fils est appelé la pierre, car il est écrit: «La pierre c'était le Christ (1Co 10,4) »; en effet, cette pierre existait déjà dans la nature, et c'est pour exprimer une des propriétés du Christ que le nom de pierre a été donné au Christ dont elle était la figure; la colombe au contraire a reçu soudainement l'existence au moment de son apparition. Je comparerais plus volontiers cette apparition de la colombe à celle du feu qui apparut dans le buisson aux yeux de Moïse (Ex 3); à cette flamme lumineuse qui précédait le peuple dans le désert (Ex 14), aux éclairs qui fendirent la minée et au tonnerre qui se fit entendre lor sque la loi fut donnée sur la montagne (Ex 19), car tous ces phénomènes ex térieurs n'eurent qu'une existence passagère pour figurer les choses que Dieu voulait annoncer. C'est donc à cause de ces formes extérieures qu'on dit de l'Esprit saint qu'il a été envoyé; ces mêmes apparences corporelles n'existèrent qu'un instant pour révéler ce qu'elles devaient ap prendre, et rentrèrent immédiatement après dans le néant.

S. Jér. La colombe s'arrêta sur la tête de Jésus, pour que personne ne pût s'imaginer que la voix du Père s'adressait à Jean et non pas au Seigneur. Aussi est-il dit: «Elle s'arrêta sur lui».


v. 17

3317 Mt 3,17

S. Aug. (serm. sur l'Epiph). Ce n'est plus comme autrefois par Moïse, ou par les prophètes, par des figures ou par des images que Dieu le Père nous annonce l'avènement futur de son Fils dans la chair, il nous le montre à découvert au milieu de nous en nous disant: «Celui-ci est mon Fils». - S. Hil. Ou bien ce qui avait lieu dans la personne du Christ, nous apprenait qu'après le bain de la régénération, l'Esprit saint descend sur nous des portes ouvertes du ciel, nous sommes inondés de l'onction de la gloire céleste, et nous devenons enfants de Dieu par l'adoption de sa voix paternelle.

S. Jér. Le mystère de la Trinité nous est révélé dans le baptême de Jésus-Christ, le Fils qui est baptisé, l'Esprit saint qui descend sous la forme d'une colombe, le Père dont la voix rend té moignage à son Fils. - S. Aug. (serm. sur l'Epiph). Qu'y a-t-il d'étonnant que le mystère de la Trinité ait été révélé au baptême de Jésus-Christ, puisque l'invocation de ce mystère rend par fait notre baptême, car le Seigneur à voulu d'abord accomplir dans sa personne ce qu'il devait exiger du genre humain tout entier.

S. Aug. (de la foi de Pierre, 9). Quoique le Père, le Fils et l'Esprit saint n'aient qu'une seule et même nature, cependant vous devez croire très fermement qu'ils forment trois personnes distinctes, que le Père est le seul qui fait entendre ces paroles: «Celui-ci est mon Fils bien-aimé»; le Fils, le seul sur lequel a retenti la voix du Père; et l'Esprit saint, le seul qui soit des cendu sur le Christ après son baptême sous la forme d'une colombe. - S. Aug. (liv. 4 de la Trinité, chap. 21). Ces oeuvres appartiennent à la Trinité tout entière; dans leur nature le Père, le Fils et le Saint-Esprit ne sont qu'un, sans aucune séparation de temps ou de lieu. Ils sont séparés au contraire dans nos paroles, qui ne peuvent prononcer à la fois le Père, le Fils et l'Esprit Saint. Il en est ainsi dans l'Écriture, où ces noms divers occupent des places différen tes; car on comprend très bien par comparaison que la Trinité qui est indivisible en elle-même ne puisse être révélée qu'à l'aide d'objets extérieurs et d'expressions distinctes, Que la voix soit seulement la voix du Père, nous en avons la preuve dans ces paroles: «Celui-ci est mon Fils». - S. Hil. (Liv. de la Trinité). Ce n'est pas seulement par le nom qu'il lui donne que le Père atteste qu'il est son Fils, mais par la propriété qu'il lui attribue. En effet, nous sommes un nombre considérable d'enfants de Dieu; mais ce Fils est bien différent de nous, car il est son propre Fils, son Fils véritable d'origine et non d'adoption, dans la réalité et non pas seulement par le nom qu'il porte, par naissance et non par création.

S. Aug. (Traité 14 sur S. Jean). Le Père aime son Fils, non pas comme un maître aime son serviteur, mais comme un père aime son enfant; comme un père aime son fils unique et non pas comme on aime un fils d'adoption, et c'est pour cela qu'il ajoute: «En qui j'ai mis mes com plaisances».

Remi. Si l'on rapporte ces paroles à l'humanité du Christ, et qu'on lise: «En qui j'ai mis mes complaisances»,le sens sera: en qui je me suis complu, parce que je l'ai trouvé seul juste et sans péché. Si au contraire on lit: «dans lequel il m'a plu»; il faut sous-entendre: de placer ma volonté, de faire par lui ce que je devais faire, c'est-à-dire de racheter le genre humain. - S. Aug. (de l'accord des Evang., liv, 2, chap. 14). Deux autres évangélistes, saint Marc et saint Luc, rapportent ces paroles d'une manière semblable; mais leur récit varie sur celles qui se firent entendre du haut du ciel, bien que le sens soit le même. Ainsi, au lieu qu'on lit dans saint Matthieu: «Celui-ci est mon Fils bien-aimé»; saint Marc et saint Luc ont écrit: «Vous êtes mon Fils bien-aimé».Mais ces deux versions reviennent au même. La voix du Ciel a nécessai rement employé l'une de ces deux locutions; mais l'Évangéliste a voulu faire comprendre que ce qui avait été dit revenait à cette manière de s'expliquer: «Celui-ci est mon Fils bien-aimé», pour bien faire connaître à ceux qui étaient présents qu'il était vraiment le Fils de Dieu. C'est pour cela qu'il a rendu cette locution: «Vous êtes mon Fils bien-aimé», par cette autre: «Celui-ci est mon Fils bien-aimé».Car cette voix n'avait pas pour but d'apprendre au Christ ce qu'il savait, mais d'instruire ceux qui étaient présents. Quant aux autres variantes que pré sentent les Évangélistes, l'un: «Dans lequel j'ai mis mes complaisances»; l'autre: «J'ai mis en vous mes complaisances»; un autre: «C'est en vous qu'il m'a plu» (Lc 3,23 Mt 3,17 Mc 1,12); si vous me demandez quelle est celle que la voix céleste a fait entendre, je répon drai que vous pouvez c hoisir celle que vous voudrez, pourvu que vous compreniez que le sens reste le même dans toutes ces locutions différentes. Ces paroles: «J'ai mis en vous mes com plaisances»,nous montrent le Père plaçant toutes ses complaisances dans son Fils; ces autres: «Il m'a plu en vous»,nous apprennent que le Père a été agréable aux hommes dans son Fils. Il est donc facile de comprendre que ces différentes manières de s'exprimer des Évangélistes re viennent à dire: J'ai placé en vous mon bon plaisir, c'est-à-dire: j'ai résolu d'accomplir par vous ce qui m'est agréable.


CHAPITRE IV


vv. 1-2

3401 Mt 4,1-2

S. Chrys. (sur S. Matth). Après avoir été baptisé dans l'eau par Jean-Baptiste, le Sauveur est conduit par l'Esprit dans le désert, pour y être baptisé dans le feu de la tentation (cf. Is 4, 4). Alors, dit l'Évangéliste, «Jésus fut conduit par l'Esprit dans le désert». Alors, c'est-à-dire aussitôt que le Père eut fait entendre cette voix du haut du ciel: «Celui-ci est mon Fils bien-aimé». - S. Chrys. (hom. 13 sur S. Matth). Qui que vous soyez, qui après le baptême vous trouvez en butte à de plus fortes tentations, ne vous en troublez point. Ce n'est pas pour rester oisif, mais pour combattre que Dieu nous a revêtus d'une armure divine. Il ne défend pas à la tentation d'approcher de vous, pour vous apprendre premièrement que vous êtes devenu beau coup plus fort; secondement pour que la grandeur des grâces que vous avez reçues ne soit pas pour vous un principe d'orgueil; troisièmement pour faire connaître par expérience au démon que vous avez rompu entièrement avec lui; quatrièmement pour augmenter la force dont vous êtes revêtu; cinquièmement pour vous donner une juste idée du trésor qui vous est confié (cf. 2 Co 4, 7), car le démon ne viendrait pas pour vous tenter, s'il ne vous voyait élevé à une plus grande dignité. - S. Hil. (Can. 3 sur S. Matth). C'est contre ceux qui ont été sanctifiés que le démon dirige ses plus violents efforts, car la victoire qu'il désire le plus ardemment est celle qu'il peut remporter sur les Saints.

S. Grég. (hom. 13 sur les Evang). Il en est qui n'osent décider quel fut l'esprit qui conduisit Jésus dans le désert, à cause de cette circonstance que l'Évangéliste rapporte plus loin: «Le démon le transporta dans la cité sainte». Mais il est hors de doute, et c'est le seul sens conve nable, que Jésus fut conduit par l'Esprit saint, c'est-à-dire que son propre esprit le conduisit dans le désert, où le malin esprit devait venir pour le tenter. - S. Aug. (de la Trinité, chap. 13) - Pourquoi s'est-il rendu accessible à la tentation? pour nous aider comme médiateur à triompher des tentations, non seulement par la puissance de son secours, mais encore par l'efficacité de son exemple. - S. Chrys. (sur S. Matth). Il ne fut pas conduit dans le désert comme un inférieur qui obéit au commandement de son supérieur. En effet, on n'est pas seulement conduit lorsqu'on marche sous les ordres d'un autre, mais lorsqu'on se détermine par quelque sage raison qu'il apporte; c'est ainsi que nous lisons qu'André trouva Simon son frère, et qu'il le conduisit à Jésus. - S. Jér. (sur S. Matth). Il n'est conduit ni par force, ni par vio lence, mais par le désir qu'il a de combattre. - S. Chrys. (sur S. Matth). Le démon vient trouver les hommes pour les tenter; mais co mme il ne pouvait marcher le premier contre le Christ, c'est le Christ qui s'avance contre lui, c'est pour cela qu'il est dit :«Afin qu'il fût tenté par le diable». - S. Grég. (hom. 16 sur les Evang). La tentation nous attaque en trois manières, par la suggestion, par la délectation, par le consentement. Lorsque nous sommes tentés, nous tombons presque toujours dans le consentement ou dans la délectation, parce que nous tirons notre origine du péché de la chair, et que nous portons en nous-même la cause des combats que nous avons à soutenir; tandis que le Dieu incarné dans le sein d'une vierge, étant venu dans le monde sans péché, ne portait en lui aucun principe de lutte intérieure. Il a donc pu être tenté par la suggestion; mais la dé lectation du péché n'a eu aucune prise sur son âme, et tous les efforts du démon dans cette tentation se bornèrent à l'extérieur, sans aller plus avant.

S. Chrys. (hom. 13). Le démon redouble surtout ses tentations à l'égard de ceux qu'il voit seuls; c'est ainsi qu'au commencement il a tenté la femme qu'il trouvait éloignée de son mari; et la présence de Jésus-Christ qu'il voit seul dans le désert, devient également pour lui une oc casion de le tenter. -
La Glose. Ce désert s'étend entre Jérusalem et Jéricho; il était habité par des voleurs, et on l'appelait Dammaïm, c'est-à-dire désert du sang, à cause des meurtres qu'y commettaient ces brigands. Aussi lisons-nous que cet homme qui descendait de Jérusalem à Jéricho tomba entre les mains des voleurs. Cet homme représentait Adam qui fut vaincu par les démons. Il convenait donc que le démon fût vaincu à son tour par le Christ dans ce même endroit où existait une figure de son triomphe sur l'humanité.

S. Chrys. (sur S. Matth). Jésus-Christ n'est pas le seul qui soit conduit dans le désert par l'Esprit; il en est ainsi de tous les enfants de Dieu que l'Esprit saint dirige. Ils ne peuvent sup porter de rester inactifs, car l'Esprit saint les presse d'entreprendre quelque oeuvre importante, et pour le démon, une de ces oeuvres, c'est de se retirer dans le désert, car on n'y voit aucune de ces injustices qui font sa joie. Tout vrai bien d'ailleurs se trouve en dehors de la chair et du monde, parce qu'il n'est pas conforme à la volonté de la chair et du monde. C'est donc dans ce désert que se retirent tous les enfants de Dieu pour être éprouvés par la tentation. Si, par exemple, vous avez résolu de ne pas vous marier, c'est l'Esprit saint qui vous a conduit dans le désert, c'est-à-dire, au delà des limites de la chair et du sang, pour y être tenté par la concupiscence de la chair. Car comment celui qui se trouve continuellement avec sa femme pourrait-il ressentir les atteintes de la concupiscence? Sachons donc que les enfants de Dieu ne sont tentés par le démon que lorsqu'ils se retirent dans le désert. Au contraire, les enfants du diable, placés au milieu du monde et sous l'empire de la chair, sont tous les jours brisés et se soumettent à l'esclavage. Ainsi un homme vertueux est marié, il ne se livre pas à la fornication, mais sa femme lui suffit; un homme vicieux au contraire n'en est pas content, et se rend coupable d'infidélité envers son épouse; et il en est ainsi de tous les autres devoirs. Les fils du démon ne vont donc pas au-devant de lui pour être tentés, car qu'est-il nécessaire de combattre pour celui qui ne désire pas la victoire? Au contraire, les plus illustres des enfants de Dieu franchissent les limites de la chair pour marcher contre le démon, parce qu'ils aspirent à la gloire du triomphe. C'est pour cela que le Christ vint dans ce désert à la rencontre du dé mon afin d'y être tenté par lui.

S. Chrys. (hom. 12). Notre-Seigneur commence par jeûner, sans avoir besoin du jeûne, mais pour nous apprendre quelle est son excellence, quel bouclier il nous offre contre les traits du démon, et aussi qu'après le baptême, nous devons nous appliquer non pas aux plaisirs, mais à la mortification des sens. - S. Chrys. (Sur S. Matth). Il jeûna quarante jours et quarante nuits pour fixer lui-même la durée du jeûne quadragésimal: «Après qu'il eut jeûné quarante jours et quarante nuits»,dit l'Évangéliste. - S. Chrys. (hom. 13). Il ne prolongea pas son jeûne au delà du jeûne de Moïse et d'Élie (cf. Ex 24,18 Ex 34,28 Dt 9,9 Dt 9,18 1R 19,8), pour ne pas faire douter de la vérité de son in carnation.

S. Grég. (hom. 16). L'auteur de toutes choses ne prit absolument aucune nourriture pendant quarante jours et quarante nuits; nous donc aussi, autant que nos forces nous le permettent, mortifions notre chair par l'abstinence pendant le temps du Carême. Le nombre quarante est ici consacré, parce qu'il est formé par le nombre dix répété quatre fois, et que la perfection du Décalogue trouve son accomplissement dans les quatre livres du saint Évangile. Ou bien, c'est parce que notre corps est composé de quatre éléments, et que la concupiscence, dont il est la source, nous met en opposition avec les dix commandements de Dieu.

Or, puisque les désirs de la chair nous portent à transgresser les commandements du Décalo gue, il est bien juste de mortifier cette chair pendant quarante jours. On peut dire encore que, comme autrefois le Seigneur exigeait la dixième partie des biens de la terre, nous nous effor çons de lui offrir la dixième partie des jours de l'année. En effet, du premier dimanche de Ca rême à la fête de Pâques, on compte six semaines, c'est-à-dire quarante-deux jours, et trente-six seulement, si l'on supprime les six dimanches qui sont exempts de la loi du jeûne. Or l'année étant composée de trois cent soixante-cinq jours, en consacrant trente-six de ces jours à la pénitence, nous offrons à Dieu la dixième partie des jours de l'année. - S. Aug. (liv. des LXXXIII, quaest. 8). Ou bien, dans un autre sens, toute la sagesse consiste à connaître le Créateur et la créature. Le Créateur c'est la Trinité, le Père, le Fils et le Saint-Esprit; la créa ture est en partie invisible, comme l'âme, dans laquelle le nombre trois est consacré par le triple commandement qui nous est fait d'aimer Dieu de tout notre coeur, de toute notre âme, de tout notre esprit; elle est en partie visible comme le corps, auquel convient le nombre quatre, à cause des quatre prophéties qu'il renferme, le chaud et le froid, l'humide et le sec. Le nombre dix, qui rappelle le Décalogue et résume toute la morale, étant multiplié par le nombre quatre qui est le nombre spécial et distinct du corps, parce que le corps est chargé de la direction des choses extérieures, forme le nombre quarante. Or les parties égales de ce nombre font cin quante. En effet, les nombres un, deux, quatre, cinq, huit, dix et vingt, qui sont les parties du nombre quarante, additionnés ensemble, donnent cinquante. Ainsi donc le temps des gémisse ments et de la douleur est figuré par le nombre quarante, et le temps de la félicité et de la joie par le nombre cinquante, qui s'écoule entre la fête de Pâques et celle de la Pentecôte. - S. Aug. (serm. pour le Carême). De ce que le Christ a voulu jeûner immédiatement après son baptême, il ne faut pas en conclure qu'il nous ait imposé par là l'obligation rigoureuse de jeû ner aussitôt que nous avons reçu le baptême. C'est lorsque le démon nous livre de plus violen tes attaques, qu'il faut recourir au jeûne, afin que le corps s'exerce aux combats de la mortifi cation et que l'âme puisse remporter la victoire par ses humiliations.

S. Chrys. (sur S. Matth). Le Seigneur connaissait le dessein que le démon avait de le tenter; en effet le démon avait appris la naissance du Christ par l'apparition des anges, par le rapport des bergers, par les recherches des Mages et par la déclaration de Jean-Baptiste. Le Seigneur s'avança donc contre lui, non comme Dieu, mais comme homme, ou plutôt comme Dieu et homme, car il n'est pas dans la nature de l'homme de ne point éprouver la faim pendant qua rante jours, comme il n'est pas dans la nature de Dieu d'être jamais soumis à la nécessité de la faim. Il eut faim, pour ne pas rendre la divinité trop évidente, car le démon aurait ainsi perdu tout espoir de le tenter, et lui-même l'occasion d'en triompher; c'est pour cela qu'il est dit :«Après cela il eut faim». - S. Hil. Ce ne fut pas pendant les quarante jours qu'il eut faim, mais seulement lorsqu'ils furent écoulés. Lors donc que le Seigneur éprouva le besoin de la faim, ce ne fut pas l'effet naturel du jeûne, mais parce qu'il abandonna en ce moment la nature humaine à sa faiblesse, car c'est par la faiblesse de la chair et non par la force divine que l'enfer devait être vaincu. Ainsi nous est figurée la faim mystérieuse qu'il devait avoir du salut des hommes, lorsque, les quarante jours qu'il passa sur la terre après sa résurrection étant écoulés, il porta dans les cieux à son Père ce présent si désiré de l'humanité qu'il s'était unie.



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