Catena Aurea 3112

vv. 12-15

3112 Mt 1,12-15

S. Chrys. (sur S. Matth). Après la transmigration, l'Évangéliste place Jéchonias parmi les per sonnes privées, comme n'étant lui-même qu'un simple particulier. - S. Aug. (sur S. Luc chap. 3). C'est de lui que Jérémie a dit: «Écrivez la déchéance de cet homme, car il ne sortira personne de sa race pour s'asseoir sur le trône de David (Jr 22,30). Mais comment le Prophète peut-il dire qu'aucun descendant de Jéchonias ne doit régner, car si le Christ a régné et qu'il descende d'ailleurs de Jéchonias, le Prophète s'est évidemment trompé. Nous répondons que le Prophète ne dit pas que Jéchonias n'aura pas de descendant, le Christ a donc pu naître de son sang, et on ne peut opposer à l'oracle du Prophète la royauté de Jésus-Christ, car cette royauté n'a pas été une royauté temporelle, comme Jésus-Christ l'atteste lui-même: «Mon royaume n'est pas de ce monde» (Jn 19).

La Glose. L'Évangéliste paraît ici en contradiction avec la généalogie qui se trouve au livre des Paralipomènes; nous y voyons, en effet, que Jéchonias engendra Salathiel et Phadaia; Phadaia, Zorobabel; et Zorobabel, Mosolla, Ananie et Salomith leur soeur. Mais nous savons que le texte des Paralipomènes a été fréquemment altéré par la négligence des copistes, et qu'il est pour les généalogies le sujet de difficultés sans fin que l'Apôtre nous ordonne d'éviter. On pourrait peut-être dire que Salathiel et Phadala sont une même personne sous un double nom, ou que ce sont deux frères dont les fils ont porté le même nom, ou l'historien sacré n'aurait suivi que la ligne de Zorobabel, fils de Phadaia, laissant de côté celle de Zorobabel, fils de Sa lathiel. D'Abias jusqu'à Joseph, on ne trouve aucun document historique dans les Paralipomè nes; mais il existait chez les Juifs d'autres annales, appelées les paroles des jours, et dont Hérode, roi de race étrangère, fit brûler, à ce que l'on dit, une grande partie pour détruire les traces de la race royale. C'est dans ces annales que Joseph aurait peut-être trouvé les noms de ses ancêtres, si d'ailleurs il ne les avait pas conservés d'une autre manière, et c'est d'après ces renseignements que l'Évangéliste aurait dressé la suite de cette généalogie. Remarquons que des deux Jéchonias le premier signifie la résurrection du Seigneur, le second la préparation du Seigneur, et que l'une et l'autre signification conviennent au Seigneur Jésus-Christ, qui a dit: «Je suis la résurrection et la vie» (Jn 11). Et encore: «Je vais vous préparer une place» (Jn 14). Le nom de Salathiel, ou ma demande est Dieu, convient aussi au Christ qui a dit: «Père saint, conservez ceux que vous m'avez donnés» (Jn 17). - Remi. Il est aussi Zorobabel, le maître de la confusion, lui à qui on a fait ce reproche: «Votre maître mange avec les publicains et avec les pécheurs» (Mt 9). Il est encore Abiud, qui veut dire celui-ci est mon père, lui qui a dit: «Mon Père et moi nous ne sommes qu'un» (Jn 10). Il est aussi Eliachim ou le Dieu qui ressuscite, selon ces paroles: «Je le ressusciterai au dernier jour». Il est Azor ou celui qui est aidé, car il a dit: «Celui qui m'a envoyé est avec moi».Il est Sadoc, le juste ou le justifié, selon ces paroles: «Le juste a été livré pour les injustes» (1P 3). Il est Achias ou celui-ci est mon frère, d'après ce qu'il a dit de lui-même: «Celui qui fait la volonté de mon père, celui-ci est mon frère» (Mt 7). Il est Eliud ou celui-ci est mon Dieu, d'après ces paroles: «Mon Dieu est mon Seigneur» (Ps 34). - La Glose. Il est Eléazar ou mon Dieu est mon aide, d'après ces autres paroles du Psalmiste: «Mon Dieu est mon soutien» (Ps 17). Il est Mathan, celui qui donne ou celui qui est donné, car il est écrit: «Il a répandu ses dons sur les hommes» (Ep 4); et encore: «C'est ainsi que Dieu a aimé le monde, qu'il lui a donné son Fils unique» (Jn 3). - Remi. Il est Jacob, celui qui supplante, car non seulement il a supplanté le démon, mais encore il a donné à ses enfants tout pouvoir sur lui par ces paroles: «Voici que je vous ai donné la puissance de marcher sur les serpents» (Lc 10). Enfin il est Joseph, celui qui ajoute, selon ce qu'il a dit lui-même: «Je suis venu pour qu'ils aient la vie, et qu'ils l'aient en plus grande abondance» (Jn 10).

Rab. Mais voyons ce que signifient au sens moral les noms des ancêtres du Seigneur. Après Jéchonias, qui veut dire préparation du seigneur, vient Salathiel, ou Dieu est ma demande, car celui qui est déjà préparé par l'Esprit saint ne demande rien que le Seigneur. Il devient encore Zorobabel ou le maître de Babylone, c'est-à-dire des frontières des hommes auquel il fait connaître que Dieu est Père. Alors ce peuple sort du tombeau de ses vices; ce que veut dire le mot Eliachim ou résurrection, et il ressuscite pour se livrer aux bonnes oeuvres intérieures, ce que signifie Azor. Il devient Sadoc ou juste, et alors la charité fraternelle lui fait tenir ce lan gage: Il est mon frère, selon la signification du mot Achim, et l'amour de Dieu lui inspire ces paroles «Mon Dieu»,ou Eliud. Il devient ensuite Eléazar, ou Dieu est mon aide, parce qu'il reconnaît que Dieu est son secours. Le mot Mathan, qui signifie celui qui donne ou qui est donné, indique le but qu'il se propose, c'est-à-dire qu'il attend les dons de Dieu et qu'il com bat contre les vices à la fin de sa vie comme il l'a fait au commencement, ce que signifie le nom de Jacob, et on arrive ainsi à Joseph, c'est-à-dire à l'accroissement des vertus.


v. 16

3116 Mt 1,16

Après la généalogie des ancêtres de Jésus-Christ, l'Évangéliste donne en dernier lieu celle de Joseph, époux de Marie, à laquelle toutes les autres se rapportaient: «Et Jacob engendra Joseph». S. Jér. Julien Auguste voit ici une preuve de contradiction entre les Évangélistes; pourquoi, dit-il, Matthieu écrit-il que Joseph est le fils Jacob, tandis que Luc le donne comme le fils d'Héli? Julien paraît ne pas comprendre le langage de l'Écriture, qui appelle également du nom de père et celui qui l'est par nature et celui qui l'est en vertu de la loi. C'est ce que nous apprend la loi de Moïse, expression de la volonté divine, en ordonnant, lorsqu'un homme meurt sans enfant, que son frère ou un de ses proches parents prenne pour épouse la femme du défunt pour donner des enfants à ce dernier (Deut). Africanus le chronologiste et Eusèbe de Césarée (dans son traité intitulé d éáöùíéáò Åõáíãåëéùí ou de la divergence des E vangélistes) ont par faitement discuté et résolu cette question.

Eusèbe. (Hist. eccl., liv. 1, chap. 7). Mathan et Melchi eurent, chacun à des époques différentes, des enfants de la même femme appelée Jesca. Mathan qui descendait de Salomon l'avait eue le premier pour épouse, et il était mort en lui laissant un fils unique appelé Jacob. Après sa mort, la loi ne défendant pas à sa veuve de prendre un autre époux, Melchi, qui était parent de Mathan, de la même tribu, mais non de la même famille, épousa la femme de Mathan et en eut un fils nommé Héli. C'est ainsi que Jacob et Héli, frères utérins, naquirent de deux pères diffé rents. Jacob, de son côté, en vertu de la prescription expresse de la loi, épousa la femme de son frère Héli, mort sans enfants, et en eut un fils, Joseph; c'est pour cela que nous lisons: «Jacob engendra Joseph». Joseph fut donc le fils naturel de Jacob, tandis qu'il était considéré comme le fils légal d'Héli, dont Jacob n'avait épousé la veuve que pour donner des enfants à son frère. C'est ainsi que se trouvent justifiées la vérité et l'intégrité des généalogies de saint Matthieu et de saint Luc. Ce dernier a suffisamment distingué la succession légale qui était une espèce d'adoption à l'égard du défunt, en évitant, dans l'exposé de ces successions, de parler de génération proprement dite. - S. Aug. (De l'Acc. des Evang., 2, 3). L'expression de fils à l'égard de celui qui ne l'était que par adoption, était plus convenable et plus juste que celle d'engendré, puisqu'il n'était pas né de son sang. Saint Matthieu, au contraire, en commençant sa généalogie par ces mots: «Abraham engendra Isaac», et en s'exprimant toujours de même jusqu'à la fin, où il dit: «Jacob engendra Joseph»,marque assez par là que ce père l'a en gendré selon l'ordre naturel, et que Joseph est, non pas son fils adoptif, mais son véritable fils. Et toutefois, quand même saint Luc aurait employé la même expression à l'égard de Joseph adopté par Héli, nous ne devrions pas en être embarrassé, car on peut sans absurdité dire d'un homme qu'il a engendré, par l'affection et non dans la réalité, l'enfant qu'il a cru devoir adop ter.

Eusébe. (Hist. ecclés). Ce ne sont pas là des documents arbitraires, trouvés par hasard et dé pourvus de toute authenticité, car ce sont les parents du Sauveur qui nous les ont transmis, soit par le désir de faire connaître une naissance si auguste, soit pour rétablir la vérité des faits.

S. Aug. (De l'Accord des Evang., 2, 4). C'est avec raison que saint Luc, qui place la généalo gie du Christ, non pas en tête de son Évangile, mais au baptême du Christ, en le présentant surtout comme le prêtre chargé de l'expiation de nos péchés, a choisi de préférence l'origine d'adoption, car c'est par l'adoption et en croyant au Fils de Dieu que nous devenons nous-mêmes les enfants de Dieu. Dans la génération charnelle, au contraire, que raconte saint Mat thieu, le Fils de Dieu se montre surtout à nous comme s'étant fait homme pour nous. D'ailleurs, saint Luc nous apprend assez qu'en appelant Joseph fils d'Héli, il veut parler de son adoption, puisqu'il donne le nom de fils de Dieu à Adam, que Dieu avait établi comme un fils dans le paradis terrestre en vertu d'une grâce qu'il perdit plus tard.

S. Chrys. (Hom. 4 sur S. Matthieu). Après avoir énuméré tous les ancêtres de Jésus-Christ, il finit par Joseph, et il ajoute: «L'époux de Marie», pour montrer que c'est à cause de Marie qu'il l'a placé dans la généalogie. - S. Jér. Que ce nom «l'époux de Marie»ne vous rappelle aucune idée de mariage, car les saintes Écritures donnent ordinairement le nom d'époux ou d'épouse aux simples fiancés.

Gennad. (Des Dogm. de l'égl., chap. 2). Le Fils de Dieu est né de l'homme (c'est-à-dire de Marie), et non par le moyen de l'homme, c'est-à-dire des relations de l'homme avec la femme, comme le prétend Ebion, et c'est avec un dessein marqué que l'Évangéliste ajoute: «Marie, de laquelle est né Jésus». - S. Aug. (Des Hérés., chap. 2). Ces paroles condamnent l'opinion de Valentin, qui soutenait que le Christ n'avait rien reçu de Marie, mais qu'il n'avait fait que pas ser par elle comme par un ruisseau ou par un canal.

S. Aug. (Des Hérés., chap. 2). Que le Christ ait voulu prendre dans le sein d'une femme un corps semblable au nôtre, c'est chez lui l'effet d'une haute sagesse, soit qu'il ait voulu ainsi honorer les deux sexes en prenant la forme d'un homme et en recevant l'existence par le moyen d'une femme, soit pour tout autre motif qu'il ne nous appartient pas d'examiner. - S. Aug. (Des Quest. du Nouv. et de l'Anc. Test). Ce que Dieu donnait par l'onction à ceux qui étaient sacrés rois, l'Esprit saint le confère à l'humanité du Christ, en la sanctifiant. C'est pour cela qu'à sa naissance il reçut le nom de Christ, ainsi que l'ajoute l'Évangéliste: «Qui est appelé le Christ».

S. Aug. (De l'Acc. des Evang). Cependant il n'est pas permis de conclure qu'il n'y avait pas de mariage entre Marie et Joseph de ce que le Christ n'était pas né de leur union, mais qu'il avait été enfanté par une vierge. C'est un magnifique exemple donné aux fidèles engagés dans les liens du mariage, et qui leur apprend que tout en gardant la continence d'un mutuel accord, le mariage ne laisse pas d'exister, par la seule union des âmes, sans l'union des corps, alors surtout qu'on voit naître ici un fils sans qu'il y ait en d'union charnelle.

S. Aug. (Du Mariage et de la concupis., 1, 2). Tous les biens du mariage se trouvent réunis dans cette union de Joseph et de Marie: la fidélité, les enfants, le pacte mutuel. Jésus-Christ est leur enfant béni. La fidélité du mariage a été gardée, puisqu'il n'y a pas eu d'adultère, il y a eu pacte sacré puisqu'il n'y a pas eu de divorce.

S. Jér. Un lecteur attentif fera peut-être cette question: Puisque Joseph n'est pas le père du Dieu sauveur, quel rapport peut avoir avec Jésus cette généalogie qui descend jusqu'à Joseph? Nous répondrons d'abord que ce n'est pas l'usage des écrivains sacrés de donner dans les généalogies la descendance des femmes; en second lieu que Joseph et Marie étaient de la même tribu et que Joseph était obligé de la prendre pour épouse à cause de la parenté qui existait entre eux, ce que prouve leur inscription simultanée à Bethléem comme étant de la même fa mille.

S. Aug. (Du Mariage et de la concupisc). Un autre motif pour lequel la généalogie devait des cendre jusqu'à Joseph, c'était de conserver dans cette union la prééminence à son sexe, alors surtout que la vérité des faits n'avait pas à en souffrir, puisque Joseph et Marie étaient tous deux de la race de David. -
S. Aug. (Contre Faust., lib. 23, chap. 9). Nous croyons donc que Marie était de la race de David, sur la foi des Écritures qui nous apprennent ces deux choses que le Christ était de la race de David selon la chair, et que Marie était sa mère non en vertu de son mariage, mais en demeurant vierge.

Du Concile d'Ephèse. Il faut se garder de l'erreur de Nestorius, dont voici le raisonnement: Toutes les fois que l'Écriture parle ou de la naissance temporelle de Jésus-Christ, ou de sa mort, elle ne lui donne jamais le nom de Dieu, mais celui de Christ ou celui de Fils, ou celui de Seigneur, car ces trois noms désignent les deux natures, tantôt la nature divine, tantôt la nature humaine, tantôt l'une et l'autre réunies. En voici un exemple: «Jacob engendra Joseph, l'époux de Marie, de laquelle est né Jésus, qu'on appelle Christ».Or le Verbe, qui est Dieu, n'a pu avoir besoin de naître une seconde fois d'une femme.
- S. Aug. (Contre Félicien, chap. 11, 12). Le Fils de Dieu n'est autre que le Fils de l'homme, mais c'est le même Christ qui est à la fois le Fils de l'homme et le Fils de Dieu. De même que dans un seul et même homme l'esprit et le corps sont deux choses différentes, ainsi dans le médiateur de Dieu et des hommes, le Fils de Dieu et le Fils de l'homme sont deux choses distinctes, mais qui concourent à former un seul et même Seigneur Christ; car s'il y a ici deux choses distinctes parce qu'il y a deux substances, il n'y a cependant qu'une seule et même personne. Les hérétiques nous font cette objection: Je ne sais pas comment vous enseignez que celui qui, selon vous, est coéternel au Père, ait put naître dans le temps, car naître c'est comme le mouvement que fait avant sa naissance un être qui n'existe pas, et dont le but est de se procurer l'existence par le moyeu de cette naissance. Donc il faut conclure que celui qui existait n'a pu naître, ou que s'il a pu prendre naissance, c'est qu'il n'existait pas. Voici comment saint Augustin répond à cette difficulté: Supposons, comme plusieurs auteurs le prétendent, qu'il y ait dans le monde une âme universelle qui vivifie les germes de tous les êtres par une opération ineffable, en restant toujours distincte de ce qu'elle anime et vivifie. Lorsqu'elle pénétrera dans le sein de la mère pour y donner la forme à la matière passive qu'elle y trouve, elle fera de cette matière, d'une nature toute différente de la sienne, une seule personne avec elle. C'est ainsi que l'opération de l'âme et la passibilité de la matière concourent à former un seul homme de deux substances distinctes, l'âme étant tout à fait différente du corps, et nous disons que l'âme prend naissance dans le sein de la mère, tout en reconnaissant d'ailleurs que c'est en venant elle-même dans le sein maternel qu'elle y donne bu vie au germe qui est conçu.

Nous disons qu'elle est née du sein de la mère, parce qu'elle s'y est unie à un corps dans lequel elle put naître, sans qu'on puisse en conclure qu'elle n'existait pas avant sa naissance. C'est ainsi, ou plutôt c'est d'une manière bien plus incompréhensible et plus élevée, que le Fils de Dieu a pris naissance dans le sein de sa mère en s'y revêtant de la nature humaine tout entière, lui qui, par su toute-puissance unique, donne l'être à tout ce qui est engendré dans l'univers.


v. 17

3117 Mt 1,17

S. Chrys. (Sur S. Matth). L'Évangéliste, voulant établir les diverses générations qui séparent Abraham du Christ, les divise en trois séries de quatorze générations chacune, parce que la fin de chaque série correspond à un changement dans l'état et le gouvernement des Juifs. En effet, depuis Abraham jusqu'à David, ils furent gouvernés par des juges; depuis David jusqu'à la transmigration de Babylone, par des rois; depuis la transmigration de Babylone jusqu'au Christ, par des pontifes. Ce que l'écrivain sacré veut démontrer, c'est que de même qu'après les deux premières séries de quatorze générations, l'état des Juifs fut changé, ainsi, après les quatorze générations que l'on compte depuis la transmigration de Babylone jusqu'au Christ, le divin Sauveur devait nécessairement changer l'état de l'humanité. C'est ce qui arriva, car, à dater de la venue du Christ, toutes les nations lui obéirent comme à leur juge, leur roi et leur pontife. Or, comme les juges, les rois et les pontifes figuraient la dignité du Christ, le premier d'entre eux fut toujours un homme qui en était le symbole évident, comme le premier des juges, Jésus, fils de Nave (Si 46,1); le premier des rois, David; le premier des pontifes, Jésus, fils de Josedech, personnages que chacun sait avoir été la figure du Christ. - S. Chrys. (Hom. 4 sur S. Matth). Ou bien peut-être l'Évangéliste a partagé toutes les gé nérations en trois séries pour nous montrer que le changement de gouvernement ne rendit pas les Juifs meilleurs, mais qu'ils ont persévéré dans leurs crimes sous les juges, sous les rois, sous les pontifes et les prêtres. Il fait aussi mention de la captivité de Babylone, pour nous appren dre qu'elle n'a point servi à les ramener au bien. Si leur séjour en Égypte est passé sous silence, c'est que la tyrannie des Égyptiens n'avait pas inspiré aux Israélites le même effroi que la do mination des Partîtes et des Assyriens, que d'ailleurs elle était moins récente, et qu'enfin elle n'avait pas été, comme la captivité de Babylone, le châtiment de leurs péchés.

S. Amb. (sur S. Luc). Nous ne devons pas omettre de faire remarquer que de David à Jécho nias, saint Matthieu ne compte que quatre générations, alors qu'il y eut certainement dix-sept r ois de Juda. Pour faire disparaître cette contradiction apparente il suffit de se rappeler que les successions peuvent être plus nombreuses que les générations; quelques-uns, en effet, peuvent vivre longtemps et avoir très tard des enfants, ou même mourir sans en laisser. La durée des règnes n'est donc pas toujours la durée des générations. - La Glose. Ou peut dire aussi que les noms de trois d'entre les rois ont été omis pour les raisons indiquées plus haut.

S. Amb. (sur S. Luc). Remarquons encore que l'Évangéliste donne quatorze générations à la troisième série, bien qu'on n'en compte que douze dans l'énumération qu'il en fait, depuis Jéchonias jusqu'à Joseph. Mais en examinant attentivement, vous trouverez aussi dans celle énumération l'équivalent de quatorze générations. On en compte, en effet, douze jusqu'à Joseph, or le Christ forme la treizième, et l'histoire ( voyez ci-dessus) nous apprend qu'il y a eu deux Joachim, c'est-à-dire deux Jéchonias, le père et le fils. L'Évangile n'a donc pas supprimé l'un des deux, il les a exprimés tous les deux, et c'est en ajoutant ce second Jé chonias qu'on trouve quatorze générations. S. Chrys. (sur S. Matth). Ou bien il est possible que le même Jéchonias soit compté deux fois, une première fois avant la transmigration de Babylone, et une seconde fois après, car ce Jéchonias quoique étant un seul et même homme, a passé par deux conditions différentes: il a été roi avant la transmigration, et roi par le choix du peuple de Dieu, et après la transmigration il a été réduit à la condition privée. Voilà pourquoi il est placé parmi les rois avant la captivité, et depuis, parmi les simples parti culiers. S. Aug. (de l'Acc. des Evang. 2, 4). Peut-être encore qu'un des aïeux du Christ, Jé chonias a été compté deux fois, parce qu'il a été l'auteur d'un certain écart vers les nations étrangères, lors de la transmigration de Babylone. Or ce qui s'écarte de la ligne droite pour aller dans une direction opposée fait comme un angle, et ce qui est formé par cet angle compte pour une seconde ligne différente de la première. Et c'est là une figure du Christ, qui devait aller de la circoncision à la gentilité et devenir ainsi la pierre angulaire.

Remi. L'Évangéliste compte quatorze générations, parce que le nombre dix signifie le Dé calogue, et le nombre quatre les quatre Évangélistes, et ainsi se trouve figuré le parfait accord de la loi avec l'Évangile. Le nombre quatorze se trouve multiplié trois fois, pour montrer que la loi, les prophètes et la grâce acquièrent leur perfection dans la foi en la sainte Trinité.

La Glose. Ou bien la grâce du Saint-Esprit aux sept dons est figurée dans ce nombre qua torze, qui est composé du nombre sept répété deux fois. En doublant ce nombre, l'écrivain sacré a voulu signifier que la grâce est nécessaire tout à la fois pour le salut de l'âme et pour salut du corps. Cette généalogie est donc partagée en trois séries de quatorze générations cha cune; la première série va d'Abraham jusqu'à David inclusivement. la seconde de David exclu sivement jusque y compris la transmigration de Babylone; la troisième depuis la captivité de Babylone jusqu'au Christ, et si nous admettons que Jéchonias y est compté deux fois, la capti vité y sera comprise. Or la première série représente les hommes avant la loi, et nous y trou vons de fidèles observateurs de la loi naturelle, c'est-à-dire Abraham, Isaac et Jacob, tous jus qu'à Salomon. La seconde, figure les hommes qui ont vécu sons la loi, car tous ceux qui s'y trouvent compris ont été soumis à la loi. La troisième, représente le s hommes de la grâce et se termine au Christ qui a été l'auteur de la grâce. Nous y voyons la délivrance de la captivité de Babylone comme figure de l'affranchissement de l'esclavage du démon, dont Jésus-Christ nous a délivrés.

S. Aug. (de l'Acc. des Evang., 2, 4). Après avoir divisé les générations en trois séries de quatorze chacune, l'Évangéliste ne les additionne pas en disant: toutes font un total de qua rante-deux, car un des ancêtres de Jésus-Christ, Jéchonias, y est compté deux fois. C'est pour quoi nous trouvons non pas quarante-deux générations, total de trois fois quatorze, mais qua rante et une générations. Saint Matthieu, qui voulait nous présenter Jésus-Christ comme roi, compte jusqu'à lui, sans le comprendre, quarante générations. Ce nombre est le symbole du temps pendant lequel le Christ doit nous soumettre à une discipline sévère, que figurait ce sceptre de fer dont le Roi-prophète dit: «Vous les gouvernerez avec une verge de fer».Or, une preuve facile à comprendre que ce nombre quarante si gnifie la vie de la terre et du temps, c'est que les années s'écoulent par une succession de quatre parties différentes et que le monde lui-même est comme limité par les quatre parties connues sous le nom d'Orient, d'Occident, de Nord et de Midi. Le nombre quarante est formé par le nombre dix répété quatre fois, et le nombre dix lui-même est formé de nombres qui vont en augmentant de un à quatre.

La Glose. (ou S. Anselme). Le nombre dix peut figurer le Décalogue, le nombre quatre la vie présente qui se partage en quatre époques différentes; ou bien le nombre dix représente l'Ancien Testament et le nombre quatre le Nouveau. - Remi. Si l'on demande ce que signifie le nombre quarante-deux, (puisqu'il faut compter deux Jéchonias), nous répondrons que ce nombre représente la sainte Église. Car ce nombre quarante-deux est formé du nombre sept et du nombre six, puisque six fois sept font quarante-deux. Or le nombre six est le symbole du travail et le nombre sept la figure du repos.


v. 18

3118 Mt 1,18

S. Chrys. (sur S. Matth). L'Évangéliste avait dit précédemment: «Jacob engendra Joseph», dont l'épouse Marie mit au monde Jésus. Mais dans la crainte qu'on ne vînt à penser que la génération du Sauveur était semblable à celle de ses aïeux, il change la forme qu'il a suivie jus qu'à présent pour s'exprimer de la sorte: «Or la naissance de Jésus-Christ arriva ainsi», ex pressions qui reviennent à celles-ci: La génération des aïeux du Christ a eu lieu comme je l'ai dit, mais celle du Christ lui-même a été toute différente, et voici comment elle est arrivée: «Marie sa mère étant fiancée»,etc. - S. Chrys. (hom. 4 sur S. Matth). Il annonce qu'il va décrire le mode de cette génération comme étant d'un ordre nouveau, dans la crainte que le nom d'époux de Marie donné à Joseph ne vous fasse croire que Jésus est né selon les lois ordi naires de la nature. - Remi. On peut encore rapporter ces paroles à ce qui précède, en ce sens: «La génération du Christ a eu lieu comme je l'ai dit, c'est-à-dire: Abraham engendra Isaac, etc».

S. Jér. Mais pourquoi Jésus est-il conçu d'une vierge fiancée, et non pas d'une vierge dans l'état ordinaire? C'était d'abord pour que l'origine de Marie fût prouvée par la génération de Joseph; en second lieu, pour ne pas l'exposer à être lapidée par les Juifs comme adultère; troi sièmement, afin qu'elle eût un soutien et un consolateur pendant la fuite en Égypte. Saint Ignace martyr donne une quatrième raison: ce fut, dit-il, afin que la naissance du Christ de meurât voilée pour le démon, qui le croyait ainsi né d'une femme mariée, et non pas d'une vierge. - S. Chrys. (sur S. Matth). Elle était mariée et habitait avec son mari, car de même que celui qui conçoit un enfant dans la maison de son mari est supposée l'avoir eu de lui, ainsi celle qui conçoit hors de la maison conjugale tombe sous le soupçon d'un commerce illégitime.

S. Jér. Un certain Helvidius, homme inquiet et turbulent, ayant cherché matière à dispute, s'est mis à blasphémer contre la mère de Dieu, et a formulé ainsi sa première objection: «Vous le voyez, dit-il, elle était fiancée et non pas confiée comme un dépôt, ainsi que vous le dites, et elle n'était fiancée que pour se marier quelque temps après».

Orig. Oui elle fut en effet fiancée à Joseph, mais jamais elle ne lui fut unie par les liens de la concupiscence charnelle. Sa mère fut une mère immaculée, une mère sans souillure, une mère chaste. Nous disons sa mère, la mère de qui? la mère du Seigneur, du Fils unique de Dieu, du Roi, du Sauveur, du Rédempteur de tous les hommes. - S. Cyril. (aux moines d'Égypte). Que peut-on voir dans la sainte Vierge de supérieur aux au tres femmes? Si elle n'est pas la mère de Dieu, comme le soutient Nestorius, mais seulement la mère du Christ ou du Seigneur, qu'y aurait-il d'absurde à donner le nom de mère du Christ à toutes les mères de ceux qui ont reçu l'onction sainte du baptême. Cependant la sainte Vierge seule entre toutes les femmes est reconnue et proclamée à la fois vierge et mère du Christ, parce qu'elle n'a pas enfanté un homme ordinaire, mais le Verbe engendré de Dieu le Père, qui s'est incarné et s'est fait homme. Peut-être m'objectera-t-on: Dites-moi, pensez-vous que la Vierge soit devenue la mère de la divinité: Voici notre réponse: Le Verbe est né de la subs tance de Dieu, il a toujours existé égal à son Père sans jamais avoir eu de commencement. Il s'est fait chair dans ces derniers temps, c'est-à-dire qu'il s'est uni un corps vivifié par une âme raisonnable, et c'est pour cela que nous disons qu'il est né aussi de la femme selon la chair. Notre naissance présente quelqu'analogie avec ce mystère. Nos mères fournissent à la nature, un peu de chair coagulée qui doit recevoir la forme humaine, et c'est Dieu qui envoie une âme dans cette matière. Cependant, bien que nos mères ne soient que les mères de nos corps, elles sont regardées comme ayant enfanté l'homme tout entier, et non pas seulement la chair. Quel que chose de semblable s'est passé dans la naissance de l'Emmanuel. Le Verbe de Dieu est né de la substance du Père; cependant comme il a pris une chair humaine et se l'est rendue pro pre, il faut reconnaître qu'il est véritablement né d'une femme selon la chair, et comme il est réellement Dieu, comment hésiter à proclamer la sainte Vierge mère de Dieu? - S. Léon Pape. (Serm. sur la Nativ). Que les mots de conception, d'enfantement ne vous effrayent ni ne vous troublent, car ici la virginité calme toutes les craintes de la pudeur. Et en quoi la pudeur recevrait-elle quelqu'atteinte dans l'union de la divinité avec la pureté qui lui est toujours si chère, dans cette union annoncée par un ange, contractée sons les auspices de la foi et consommée dans la chasteté, dans cette union qui a la vertu pour dot, la conscience pour arbi tre, Dieu pour objet, et où nous voyons une conception sans souillure, un enfantement imma culé, une mère vierge? - S. Cyril. (à Jean d'Antioche). Si au contraire, comme le prétend Valentin le corps sacré de Jésus avait été formé d'une matière céleste, et non de la chair virgi nale de Marie, comment pourrait-elle être considérée comme la mère de Dieu? L'Évangéliste nous fait connaître le nom de sa Mère lorsqu'il ajoute: «Marie». - Bède. Le nom de Marie en hébreu signifie étoile de la mer, et en syriaque maî tresse, parce qu'elle a enfanté et la lumière du salut, et le Seigneur du monde.

Il nous apprend ensuite quel était son époux en ajoutant le nom de Joseph. - S. Chrys. (sur S. Matth). Marie avait pour époux un ouvrier qui travaillait le bois en figure de ce que Jésus-Christ devait opérer le salut du monde sur le bois de la croix.

S. Chrys. (Hom. 4 sur S. Matth). Ces paroles: «Avant qu'ils fussent ensemble»,ne veulent pas dire: Avant que Marie fût conduite dans la maison de son époux, car elle y était déjà, selon la coutume assez suivie des anciens d'avoir les fiancées dans leurs maisons, ce qui se voit en core aujourd'hui; c'est ainsi que les gendres de Loth habitaient la même maison que lui avant d'avoir épousé ses filles. - La Glose. Ces paroles: Avant qu'ils fussent ensemble, doivent être entendues dans le sens de l'union charnelle. - S. Chrys. (sur S. Matth). Cela s'est fait pour que le Christ ne dût pas sa naissance aux inclinations de la chair et du sang, lui qui venait détruire l'empire de la chair et du sang. - S. Aug. (Du mariage et de la concupisc. liv. 1, chap. 12). Il n'y eut point ici de relation conjugale, parce qu'elle ne pouvait avoir lieu dans une chair de péché sans être accompagnée de la concupiscence de la chair qui vient du péché. Celui qui devait être sans péché voulut être conçu en dehors de la concupiscence, pour nous appren dre que toute chair qui naît de l'union de l'homme et de la femme est une chair de péché, puis que la seule chair exempte de cette origine est la seule qui n'eût pas été une chair de péché. - S. Aug. (serm. sur la Nativ). Le Christ a voulu naître d'une femme qui eût conservé sa virgi nité, parce qu'il était contraire à toute idée de justice que la volupté donnât le jour à la vertu, la luxure à la chasteté, la corruption à la sainteté, et aussi parce que celui qui venait renverser l'antique empire de la mort ne pouvait descendre du ciel que d'après les lois d'un ordre nou veau. La Mère du Roi de la chasteté devait donc être la reine de la virginité. Le Seigneur vou lut encore se choisir une habitation virginale pour nous apprendre à porter Dieu dans un coeur chaste. Celui donc qui écrivit sur les tables de fer sans se servir d'un poinçon de fer, féconda lui-même le sein de Marie par l'opération du Saint-Esprit, suivant ces paroles de l'écrivain sa cré: «Il se trouva qu'elle avait conçu».

S. Jér. Ce secret ne fut pas découvert par un autre que Joseph, qui en vertu des droits que lui conférait son titre d'époux, connaissait tout ce qui avait rapport à sa future épouse. - S. Chrys. (sur S. Matth). D'après un témoignage historique assez vraisemblable, Joseph était absent lorsqu'eurent lieu les faits racontés par saint Luc, car on ne peut guère croire que l'ange, s'il eût apparu à Marie en présence de Joseph, lui eût tenu le langage qu'il lui adressa et que Marie lui eût répondu tout ce que nous lisons dans l'Évangile. Si nous supposons que l'ange ait pu parvenir jusqu'à Marie et lui parler, du moins n'est-il pas possible d'admettre que, Joseph étant présent, Marie eût entrepris un voyage dans les montagnes et qu'elle soit de meurée trois mois avec Élisabeth, car Joseph se serait nécessairement informé des raisons d'une absence et d'un séjour si prolongé. Ce fut lorsqu'elle revint de ce voyage qui dura plu sieurs mois, qu'il la trouva dans un état de grossesse évidente. - S. Chrys. (homél. 4 sur S. Matth). Ces paroles: «elle fut trouvée»,sont justement choisies parce qu'elles expriment or dinairement une chose à laquelle on était loin de s'attendre. Du reste ne fatiguez pas l'Évangéliste de vos questions, en lui demandant comment une vierge a pu devenir mère, il se débarrasse de toutes ces questions par cette simple réponse: «Il se trouva qu'elle avait conçu du Saint-Esprit».Comme s'il disait: c'est l'Esprit saint qui a fait ce miracle, ni l'archange Gabriel ni saint Matthieu n'ont pu en dire davantage.

La Glose. (ou S. Anselme). L'Évangéliste ajoute: «Par l'opération du Saint-Esprit», afin que ces paroles: «Il se trouva qu'elle avait conçu», ne pussent laisser aucun soupçon fâcheux dans l'esprit de ceux qui les entendaient. - S. Jér. (Explic. de la foi cath). Nous ne parta geons pas l'opinion impie de quelques-uns qui prétendent que l'Esprit saint a remplacé ici ce qui, d'après les lois ordinaires, aurait fécondé le sein de Marie, mais nous disons que tout s'est fait par la puissance et la vertu du Créateur. - S. Amb. (de l'Esprit saint, liv. 2, chap. 5). Ce lui qui tire son origine d'un principe quelconque, vient ou de sa substance ou de sa puissance: de sa substance comme le Fils qui est engendré du Père; de sa puissance, comme toutes les choses créées viennent de Dieu, et c'est de cette manière que Marie a conçu du Saint-Esprit. - S. Aug. (à Laurentius). La manière miraculeuse dont le Christ est né de l'Esprit saint, nous rappelle cette grâce divine en vertu de laquelle la nature humaine dépourvue de tous mérites au premier moment de son existence a été unie au Verbe d'une union si étroite qu'elle ne fait plus qu'une même personne qui est le Fils de Dieu. Mais, puisque l'oeuvre de la conception et de l'enfantement de Marie, bien que n'ayant pour objet que la personne du Fils, est l'oeuvre de la Trinité tout entière (les oeuvres de la Trinité sont indivisibles) pourquoi l'Esprit saint est-il nommé comme en étant le seul auteur? Faut-il entendre que toute la Trinité est censée agir alors que l'action n'est attribuée qu'à une seule des trois personnes? - S. Jér. (contre Helvidius). Helvidius objecte que l'Évangéliste voulant parler de personnes qui ne devraient pas s'unir ne se serait pas exprimé de la sorte: «Avant qu'ils fussent ensem ble», de même qu'on ne pourrait dire: Avant de dîner dans le port j'ai fait voile vers l'Afrique, si l'on ne devait pas dîner une fois qu'on serait arrivé au port. Mais ne peut-on pas dire plutôt que bien que le mot avant indique souvent ce qui doit suivre, cependant il n'exprime quelque fois que ce qui était d'abord l'objet de la pensée, sans qu'il soit nécessaire que ce objet se ré alise, alors surtout qu'il se présente quelqu'obstacle qui en empêche l'exécution. - S. Jér. On ne peut donc pas conclure qu'ils se soient unis plus tard, car l'Écriture sainte se contente de dire ce qui n'est pas arrivé. - Remi. On peut dire encore que ce mot: «être ensemble»,exprime non pas l'union conjugale, mais l'époque de la célébration des noces, c'est-à-dire le moment ou la fiancée devient épouse, et alors le sens serait: «Avant qu'ils fussent ensem ble»; c'est-à-dire avant la célébration solennelle du mariage.

S. Aug. (de l'acc. des Ev. 2, 5). Ce que saint Mathieu a passé sous silence, c'est-à-dire la ma nière dont s'est accompli ce mystère, saint Luc nous le raconte après le récit de la conception de saint Jean-Baptiste: «Au sixième mois, dit-il, l'ange fut envoyé»,et plus bas: «l'Esprit saint surviendra en vous». C'est ce que saint Matthieu rappelle en ces termes: «Il se trouva qu'elle avait conçu du Saint-Esprit». Il n'y a ici aucune contradiction entre ces deux Évangé listes, parce que saint Luc raconte ce que saint Matthieu a passé sous silence, et il n'y en a pas davantage lorsque saint Matthieu enchaîne dans son récit ce qui a été omis par saint Luc. On lit en effet plus bas dans saint Mathieu: «Joseph, son mari, étant juste», etc. et tout ce qui suit jusqu'à l'endroit où nous voyons les Mages retourner dans leur pays par un autre chemin. Or si quelqu'un voulait composer d'après l'ordre chronologique un seul et unique récit de toutes les circonstances de la naissance du Christ qui sont racontées par l'un et omises par l'autre, il de vrait commencer à ces mots: «Or voici quelle fut la génération du Christ. Il y eut aux jours d'Hérode»,etc. jusqu'à ces autres: «Marie resta avec elle environ trois mois; et elle revint dans sa maison»; et puis ajouter ce que nous venons d'exposer: «Il se trouva qu'elle avait conçu du Saint-Esprit».



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