Catena Aurea 4521

vv. 21-28

4521 Mt 15,21-28

S. Jér. Notre-Seigneur laisse là les Juifs, les pharisiens et les calomniateurs et il se rend dans le pays de Tyr et dans celui de Sidon pour étendre ses bienfaits jusqu'aux habitants de cette contrée: «Et Jésus, étant parti de là, se retira dans le pays de Tyr et de Sidon».

Remi. Tyr et Sidon étaient des villes habitées par des Gentils; Tyr était la métropole des Chananéens, Sidon était situé sur les frontières de leur pays, du côté du nord. - S. Chrys. (hom. 53). Remarquons que c'est au moment qu'il affranchit les Juifs des observances qui leur interdisaient certaines nourritures, qu'il ouvre aux Gentils la porte de l'Évangile. C'est ainsi que Pierre reçut dans une vision l'ordre de s'affranchir de cette loi, et qu'il fut envoyé immédiatement vers le centurion Corneille (Ac 10). Si l'on demande pourquoi le Sauveur, qui avait dit à ses disciples: «Vous n'irez pas vers les nations», y a été lui-même, nous répondrons d'abord qu'il n'était pas soumis aux préceptes qu'il donnait à ses disciples, et, en second lieu, qu'il n'y alla point pour prêcher l'Évangile, mais pour y chercher une retraite, puisque saint Marc nous apprend (Mc 7,24) qu'il désirait que personne ne le sût.

Remi. Il y alla aussi pour faire sentir les effets de sa bonté aux habitants de Tyr et de Sidon, c'est-à-dire pour délivrer du démon la fille de cette pauvre femme et confondre, par l'exemple de sa foi, la méchanceté des scribes et des pharisiens. C'est cette femme, dont l'Évangéliste dit: «Voici qu'une femme chananéenne, qui était sortie de ce pays»,etc. - S. Chrys. (hom. 53). Il nous fait remarquer qu'elle était Chananéenne pour nous faire voir l'efficacité de la présence de Jésus-Christ dans cette contrée. Les Chananéens, en effet, qui avaient été chas sés de la Judée dans la crainte qu'ils ne vinssent à pervertir les Juifs, font ici preuve d'une plus grande sagesse en sortant de leur pays et en venant trouver Jésus-Christ. Or, cette femme, en s'approchant de Jésus, n'implore que sa miséricorde. Elle se met à crier à haute voix: «Ayez pitié de moi, Seigneur, fils de David».

La Glose. Nous voyons ici la grande foi de la Chananéenne; elle reconnaît un Dieu dans celui qu'elle appelle son Seigneur, elle confesse en même temps son humanité en l'appelant fils de David. Elle avoue qu'elle n'a aucun droit, aucun mérite, c'est la seule miséricorde de Dieu qu'elle implore en disant: «Ayez pitié de moi», car la douleur de la fille est la douleur de la mère. Pour toucher davantage le coeur du Seigneur, elle lui fait le tableau du malheur qui l'afflige: «Ma fille est misérablement tourmentée par le démon» paroles qui découvrent au médecin les plaies qu'il doit guérir et qui lui font connaître la grandeur et la nature du mal: sa grandeur, lorsqu'elle dit: «Elle est tourmentée misérablement»; sa nature, lorsqu'elle ajoute: «Par le démon».

S. Chrys. (hom. 17 sur divers textes de S. Matth). Voyez la sagesse de cette femme: elle n'a pas été trouver les hommes qui auraient pu la tromper; elle n'a point eu recours à de vaines amulettes; mais, abjurant toutes les pratiques du culte des démons, elle vient trouver le Seigneur. Elle ne s'adresse pas à Jacques, elle ne choisit pas Jean pour médiateur, elle ne vient pas trouver Pierre; elle se couvre de la protection du repentir et accourt seule se jeter aux pieds du Sauveur. Mais quel résultat inattendu ! elle prie, elle fait retentir l'air de ses lamenta tions et de ses cris, et ce Dieu si bon, si tendre pour les hommes, ne lui répond pas un mot, comme le rapporte l'Évangéliste: «Et il ne lui répondit pas un mot». - S. Jér. Ce n'est point sans doute par orgueil, comme les pharisiens; ce n'est point par arrogance, comme les scribes, mais pour ne point paraître contredire cet ordre qu'il avait donné: «Vous n'irez point vers les nations». Il ne voulait pas donner lieu à la calomnie et il réservait aux temps qui devaient sui vre sa passion et sa résurrection la parfaite conversion des Gentils. -
La Glose. S'il diffère de l'exaucer, s'il ne lui répond pas, c'est pour faire éclater la patience et la persévérance de cette femme. Disons encore que c'est pour donner lieu à la médiation des Apôtres et nous ap prendre ainsi la nécessité de l'intercession des saints pour obtenir les grâces que nous deman dons: «Et ses disciples s'approchant de lui, le priaient»,etc. -
S. Jér. Les disciples, qui ne connaissaient pas encore la conduite mystérieuse du Sauveur, le priaient pour cette Chana néenne, soit par un sentiment de compassion soit par le désir de se débarrasser de ses importu nités.

S. Aug. (De l'acc. des Evang., 2, 49). Il semblerait qu'il y a ici une certaine contradiction entre le récit de saint Matthieu et celui de saint Marc, qui raconte que cette femme vint trouver Notre-Seigneur dans une maison où il se trouvait alors. Or, on peut dire que saint Matthieu n'a point parlé de cette circonstance, tout en racontant le même fait; mais comme il rapporte que les Apôtres ont dit au Seigneur: «Renvoyez-la, parce qu'elle crie après nous», il paraît indiquer clairement que cette femme adressait ses supplications au Seigneur en marchant à sa suite. Saint Marc, de son côté, raconte que cette femme entra dans la maison où était Jésus, parce qu'il avait dit précédemment que le Sauveur était dans cette maison, tandis que saint Matthieu, en disant: «Il ne lui répondit pas», donne à entendre ce que ni l'un ni l'autre n'ont rapporté, que Jésus sortit de la maison en gardant le silence, et ainsi tout le reste se lie parfai tement sans l'ombre même de contradiction.

S. Chrys. (hom. 53). Je présume que les disciples furent attristés du malheur de cette femme, cependant ils n'osèrent dire au Seigneur: «Accordez-lui cette grâce», ils se contentent de lui dire: «Renvoyez-la». C'est ainsi que souvent, lorsque nous voulons amener quelqu'un à no tre sentiment, nous lui disons le contraire de ce que nous désirons. «Jésus leur répondit: Je ne suis envoyé qu'aux brebis de la maison d'Israël». - S. Jér. Il ne dit pas d'une manière ab solue qu'il n'est pas envoyé aux Gentils, mais il déclare qu'il a été envoyé premièrement au peuple d'Israël, et, ce peuple rejetant l'Évangile qui lui était offert, c'était avec justice que Dieu en faisait part aux Gentils. Remi. Il est aussi envoyé particulièrement pour le salut des Juifs, en ce sens qu'il devait les enseigner lui-même visiblement et en personne. - S. Jér. C'est avec intention qu'il dit: «Aux brebis perdues de la maison d'Israël», pour nous faire comprendre qu'il est ici question de cette brebis égarée dont il parle dans une autre parabole (Lc 15,3-7). - S. Chrys. (hom. 53). Mais lorsque cette femme vit que les Apôtres ne pouvaient rien pour elle, elle devînt impudente de la bonne sorte et saintement hardie; car elle n'avait osé d'abord se présenter devant lui, comme l'indiquent ces paroles des disciples: «Elle crie après nous»,et c'est au moment où il semble qu'elle va se retirer dans de mortelles angoisses, qu'elle s'approche de plus près: «Mais elle s'approcha de lui et l'adora». - S. Jér. Remarquez que cette Chananéenne commence par appeler à plusieurs reprises le Sauveur, Fils de David, puis ensuite, Seigneur, et qu'elle finit par l'adorer comme Dieu. - S. Chrys. (hom. 53). Aussi ne lui dit-elle pas: «Priez ou intercédez auprès de Dieu»,mais «Seigneur, secourez-moi». Mais plus cette femme multiplie ses supplications, plus aussi Jésus multiplie ses refus. Ce n'est plus le nom de brebis, mais celui d'enfants, qu'il donne aux Juifs; tandis qu'il ne donne à cette femme que le nom de chienne. «Et il lui répondit: Il n'est pas bon»,etc. - La Glose. Les enfants, ce sont tes Juifs engendrés et nourris par la loi dans le culte d'un seul Dieu; le pain, c'est l'Évangile, les miracles, et tout ce qui concourt à notre salut. Or, il n'est pas convenable que toutes ces grâces soient enlevées aux enfants et données aux Gentils qui sont ici désignés par les chiens, jusqu'à ce que les Juifs aient rejeté les biens qui leur sont offerts. - Rab. Les Gentils sont appelés chiens à cause de leur idolâtrie, parce que semblables aux chiens qui se nourrissent de sang et qui dévorent les cadavres, ils sont atteints d'une espèce de rage.

S. Chrys. (hom. 53). Admirez ici la prudence de cette femme: ni elle n'ose contredire le Sau veur, ni elle ne s'attriste des louanges qu'il donne aux autres, ni elle ne se laisse abattre par cette parole, outrageante. Mais elle répliqua: «Il est vrai, Seigneur; mais les petits chiens mangent au moins des miettes qui tombent de la table de leur maître». Jésus lui avait dit: «Il n'est pas juste»; elle répond: «Il est vrai, Seigneur». Il appelle les Juifs les enfants, elle en chérit et les appelle maîtres. Il lui a donné le nom de chienne, elle ajoute à cette qualification en rappelant ce que font les chiens, et semble dire au Sauveur: Si je suis un chien, je ne suis point étrangère. Vous me donnez le nom de chien, nourrissez-moi donc comme un chien, je ne puis m'éloigner de la table de mon Maître. - S. Jér. Quel exemple de foi, de patience, d'humilité dans cette femme; de foi, elle croit fermement que sa fille peut obtenir sa guérison; de pa tience, si souvent rebutée, elle continue de prier; d'humilité, elle se compare, non pas aux chiens, mais aux petits des chiens: «Je sais, dit-elle, que je ne suis pas digne de manger le pain des enfants, ni de recevoir une portion entière, ni de m'asseoir à table avec le père de famille; mais je me contente des restes que l'on donne aux petits chiens, afin de m'élever par l'humilité de ces miettes jusqu'à l'honneur de m'asseoir à la table où on sert le pain tout entier. - S. Chrys. (hom. 53). Voici la raison du retard que Jésus mettait à l'exaucer: il savait qu'elle lui tiendrait ce langage, et il ne voulait pas qu'une si grande vertu demeurât cachée, «Alors Jésus, lui répondant, lui dit: O femme, votre foi est grande, qu'il vous soit fait comme vous le dési rez». Ne semble-t-il pas lui dire: «Votre foi mériterait d'obtenir bien davanmais en at tendant, qu'il vous soit fait comme vous le désirez». Remarquez ici la part considérable qui revient à cette femme dans la guérison de sa fille. Aussi Jésus ne lui dit pas: «Que votre fille soit guérie», mais: «Votre foi est grande, qu'il vous soit fait comme vous le désirez», pour vous apprendre qu'elle parlait avec simplicité, sans flatterie, et que sa prière était animée par la foi la plus vive. Or, cette parole du Sauveur est semblable à cette autre que Dieu proça au commencement du monde: Que le firmament soit fait, et il fut fait»; car l'Évangéliste ajoute: «Et sa fille fut guérie». Remarencore qu'elle obtient elle-même ce que les Apôtres n'ont pu obtant la prière persévérante a de puissance ! Dieu, en e ffet, aime mieux que nous le prions beaucoup nous-mêmes pour nos péchés, que d'avoir recours aux prières des autres.

Remi. Nous avons encore ici un exemple de la nécessité d'instruire et de baptiser les enfants. Cette femme, en effet, ne dit pas: «Sauma fille, ou secourez-la», mais: «Ayez pitié de moi, et secou». De là est venue, dans l'Église, la coutume que les fidèles engagent leur foi pour leurs enfants, alors que ceux-ci n'ont ni l'âge ni la raison pour l'engager eux-mêmes à Dieu; et de même que c'est par la foi de cette femme que sa fille fut guérie, de même aussi c'est par la foi des parents catholiques que les péchés sont remis à leurs enfants.

Dans le sens allégorique, cette femme est la figure de la sainte Église, formée et rassemblée de toutes les nations. Le Seigneur, en abandonnant les scribes et les pharisiens pour venir dans le pays de Tyr et de Sidon, figurait l'abandon où il devait laisser les Juifs pour porter l'Évangile aux Gentils. Cette femme a passé les frontières de son pays, de même la sainte Église a quitté ses anciennes erreurs et ses vices d'autrefois. - S. Jér. Cette fille de la Chananéenne, ce sont les âmes des fidèles cruellement tourmentées par le démon, alors qu'elles étaient privées de la connaissance de leur Créateur et qu'elles adoraient des idoles de pierre. - Remi. Les enfants, ce sont les paet les prophètes de ce temps-là; la table figure la sainte Écriture; les miettes, les préceptes secondaires, ou les mystères intédont se nourrit la sainte Église; les croûtes de pain, les préceptes extérieurs et charnels qu'observaient les Juifs. Les miettes sont mangées sous la table, parce que l'Église se soumet avec humilité à l'accomplissement des préceptes divins. - Rab. Les petits chiens ne mangent pas les croûtes, mais les miettes du pain des enfants. Ainsi lorsque ceux qui étaient l'objet du mépris parmi les nations se convertissent à la foi, ils ne cherchent pas l'écorce de la lettre dans les saintes Écritures, mais le sens spirituel qui peut hâter leur progrès dans les bonnes oeuvres.

S. Jér. Quel étonnant changement s'est opéré ! Autrefois les Israélites étaient les enfants et nous étions les chiens; mais la foi si différente dans les uns et dans les autres a changé cette dénomination. Plus tard, alors que s'accomplissait ce mystère au temps de la passion, il est dit des Juifs: «Un grand nombre de chiens dévorants m'ont entouré». Pour nous, au contraire, nous avons entendu avec la Chananéenne cette parole: «Votre foi vous a sauvée». - Rab. C'est à juste titre que le Sauveur déclare que cette foi est grande; car sans avoir été ni pénétrés des enseignements de la loi, ni instruits par les oracles des prophètes, les Gentils ont obéi à la prédication des Apôtres aussitôt qu'ils ont entendu leur voix, et ont ainsi mérité la grâce du salut. Mais si le Seigneur diffère d'accorder le salut d'une âme aux preères larmes de l'Église suppliante, il ne faut ni désespérer, ni cesser de demander, mais redoubler de persévérance dans la prière.

S. Aug. (Quest. évang., 1, 16 ou 17). Le serviteur du centurion et la fille de la Chananéenne ont été guéris sans que le Seigneur soit entré dans leurs maisons, et figurent les nations, qui, sans être visitées extérieurement par Jésus-Christ, seront sauvées par sa parole. C'est à la prière du centurion et de la Chananéenne que leurs enfants sont guéris, et ils sont en cela la figure de l'Église, qui est tout à la fois pour elle-même et la mère, et les enfants; car la réunion de tous ceux qui composent l'Église, porte le nom de mère, et chacun des membres reçoit le nom d'enfant. - S. Hil. Ou bien encore, cette femme, qui franchit les frontières de son pays, est la fi gure des prosélytes; elle sort du milieu des nations, pour venir au milieu d'un peuple qui lui est étranger; elle prie pour sa fille, c'est-à-dire pour le peuple des Gentils, soumis à la domination des esprits immondes, et comme la loi lui a fait connaître le Seigneur, elle l'appelle fils de Da vid. - Rab. Disons encore que celui dont la conscience est souillée de la tache du péché a sa fille tourmentée cruellement par le démon; de même celui qui empoisonne ses bonnes oeuvres par le venin du péché, a également sa fille agitée par les fureurs de l'esprit impur, et ils doivent tous deux avoir recours aux prières et aux larmes, et réclamer le recours et l'intercession des saints.


vv. 29-31

4529 Mt 15,29-31

La Glose. Après avoir guéri la fille de la Chananéenne, Notre-Seigneur retourne dans la Ju dée: «Jésus, étant sorti de là, vint le long de la mer de Galilée». - Remi. Cette mer porte différents noms; elle s'appelle mer de Galilée, parce qu'elle est proche de la Galilée, et mer de Tibériade, parce que la ville de Tibériade est bâtie sur ses bords.

«Et, étant monté sur la montagne, il s'y assit». - S. Chrys. (hom. 83). Remarquons que tantôt le Sauveur parcourt le pays pour guérir les malades, tantôt il s'assied pour les attendre. C'est donc avec raison que l'Évangéliste ajoute: «Et de grandes troupes de peuple vinrent le trouver». - S. Jér. Le mot grec êõëëïõò, que le traducteur latin a rendu par infirmes, ne signifie pas infirmité en général, mais une infirmité particulière; et de même qu'on appelle boi teux celui qui boite d'un pied, ainsi on appelle êõëëßò ou manchot celui qui est privé de l'usage d'une main. - S. Chrys. Or, ces infirmes manifestaient leur foi de deux manières et en gravis sant la montagne, et en étant convaincus qu'il leur suffisait pour être guéris d'être jetés aux. pieds de Jésus. Ils ne cherchent pas encore à toucher la frange de ses vêtements, mais ils font preuve d'une foi plus grande, comme le remarque l'Évangéliste: «Et ils les mirent à ses pieds». Il a guéri la fille de la Chananéenne après l'avoir fait longtemps attendre, pour faire éclater la vertu de cette femme, tandis qu'il guérit immédiatement tous ces infirmes, non pas qu'ils fussent meilleurs, mais afin de fermer la bouche aux Juifs incrédules: «Et il les guérit tous». Le grand nombre de ceux qui étaient guéris, et la promptitude avec laquelle il les gué rissait les jetaient dans l'étonnement, «de telle sorte», dit le texte sacré, «que ces peuples étaient dans l'admiration en voyant les muets qui parlaient», etc.

S. Jér. Il ne dit rien de ceux qui étaient estropiés, parce qu'il ne pouvait exprimer leur guérison en un seul mot.

Rab. Dans le sens mystique, Notre-Seigneur, après avoir donné une figure de la conversion des Gentils dans la guérison de la fille de la Chananéenne, vient dans la Judée, parce qu'en effet, après que la plénitude des nations sera entrée dans l'Église, tout Israël sera sauvé» (Rm 11). - La Glose. La mer, sur les bords de laquelle arrive Jésus, est la figure du trouble et de l'agitation de cette vie; c'est la mer de Galilée, parce que les hommes passent de la pratique des vices a celle des vertus. - S. Jér. Il monte sur le sommet de la montagne comme l'oiseau qui provoque ses petits encore faibles à prendre leur essor. - Rab. C'est afin d'élever l'esprit de ses auditeurs jusqu'à la méditation des vérités sublimes et célestes. Il s'assied sur le sommet, pour nous montrer qu'on ne doit chercher le repos que dans les choses du ciel. Pendant qu'il est assis sur la montagne, c'est-à-dire dans la cité des cieux, une multitude de fidèles s'approchent de lui avec un saint empressement, conduisant avec eux les muets et les aveugles», etc., et ils les mettent aux pieds de Jésus, parce que c'est à lui seul qu'ils présentent pour être guéris ceux qui confessent leurs péchés. La manière dont il les guérit excite l'admiration de la foule, et ils rendent gloire au Dieu d'Israël; c'est ainsi que les fidèles chantent les louanges de Dieu, lorsqu'ils voient ceux dont l'âme était languissante et mas'enrichir des oeuvres des vertus chrétiennes. - La Glose. Les muets sont ceux qui ne louent jamais Dieu; les aveugle s, ceux qui ne comprennent pas les voies de la véritable vie; les sourds, ceux qui n'obéissent pas à sa parole; les boiteux, ceux qui ne marchent pas droit dans le chemin du devoir; les infirmes et les estropiés, ceux qui sont comme frappés d'impuissance par les bonnes oeuvres.


vv. 32-38

4532 Mt 15,32-38

S. Jer. Notre Seigneur Jésus-Christ a commencé par rendre la santé aux infirmes, il nourrit maintenant ceux qu'il vient de guérir: Il réunit ses disciples et leur apprend ce qu'il va faire: «Et Jésus», etc. Il agit ainsi pour enseigner aux maîtres, par son exemple, a communiquer leurs desseins à leurs inférieurs et à leurs disciples, et aussi pour que cet entretien rende plus éclatant le miqu'il va faire. - S. Chrys. (hom. 54). Cette multitude, qui n'évenue que pour obtenir sa guérison, n'osait demander du pain; mais Jésus, qui est l'ami des hommes et qui prend soin de tous, leur en donne sans attendre qu'ils en demandent: «J'ai compassion de ce peuple, leur dit-il. Et pour qu'on ne puisse pas dire qu'ils avaient apporté leur nourriture avec eux, il ajoute: «Car voilà trois jours qu'ils demeurent continuellement avec moi et ils n'ont rien à man». Quand même ils auraient eu des vivres avec eux lorsqu'ils arrièrent, ils étaient déjà consommés; aussi ne fait-il pas ce miracle le premier ou le second jour, mais le troisième, alors que toutes les provisions étaient épuisées, afin que le sentiment du besoin leur fit recevoir avec un désir plus ardent le prodige qu'il allait opérer. Il fait voir qu'ils étaient ve nus de loin et qu'il ne leur restait plus rien en disant: «Je ne veux pas les renvoyer qu'ils n'aient mangé». Son intention est bien de les nourrir par un nouveau miracle; cependant il en diffère l'exécution, car il veut, par cette question et par la réponse qui doit la suivre, rendre ses disciples plus attentifs et les forcer à manifester leur foi, en lui demandant de faire une nouvelle multiplication des pains. Mais quoique Jésus-Christ eût réuni dans le premier miracle les cir constances qui devaient en rendre toujours présent le souvenir à leur esprit, comme de distri buer eux-mêmes le pain, de recueillir les restes dans les corbeilles, cependant leurs disétaient encore bien imparfaites, ainsi que le prouve la réponse qu'ils font à Jésus: «Comment pourrons-nous trouver», etc. Cette réponse, qui indique une foi faible, met cependant à l'abri de tout soupçon le miracle qui va s'opérer. Car, afin qu'on ne puisse supposer que les provi sions ont été apportées de quelque bourg voisin; le miracle se fait dans la solitude, à une grande distance de tout endroit habité. Cependant, le Sauveur, pour élever leur âme, leur adresse une question dont la nature seule doit leur rappeler le premier miracle: «Et Jésus leur dit: Combien avez-vous de pains? - Sept, lui dirent-ils». Mais ils n'ajoutent pas comme la première fois: «Qu'est-ce que cela pour un si grand nombre ?» Ils avaient fait quelques progrès, quoiqu'il y eût encore bien des choses qu'ils ne pussent comprendre. Admirez toutefois leur amour pour la vérité ils ne son gent pas, dans un récit dont ils sont les auteurs, à cacher leurs plus grands défauts; car ce n'est pas une accusation ordinaire, ce n'est pas une faute légère que l'oubli si rapide d'un aussi grand prodige. Admirez encore un autre trait de leur sagesse: comme ils savent dompter le besoin de la faim, et ne se préoccupent guère des soins de la nourriture. Ils sont dans le désert et ils y restent trois jours, n'ayant seulement avec eux que sept pains. Notre-Seigneur suit la même marche que pour le premier miracle: il fait asseoir la foule sur la terre et multiplie les pains dans les mains de ses dis: «Et il ordonna à la foule de s'asseoir», etc. - S. Jér. Il est inutile de rappeler ici ce que nous avons dit plus haut; arrêtons-nous seulement aux circonstances qui nous offrent quelque différence.

S. Chrys. (hom. 54). Ces deux miracles ne se terminent pas de la même manière. Ils emportent ici sept corbeilles pleines des morceaux qui étaient restés. Or, ceux qui en mangèrent étaient au nombre de quatre mille hommes», etc. Pourquoi les restes furent-ils moins conérables dans ce miracle que dans le premier, alors que ceux qui mangèrent étaient en plus petit nombre? C'est peut-être que les corétaient plus grandes que les paniers, ou bien le Sauveur vouque la différence de ces deux miracles en rendît le souvenir plus facile. Voilà pourquoi dans le premier il y avait autant de paniers que de disciples, tandis que dans celui-ci il y a au tant de corbeilles qu'il y avait de pains.

Remi. Dans ce récit de l'Évangile, nous devons considérer la double opération de la divinité et de l'humanité dans Jésus-Christ. La comqu'il ressent pour ce peuple est une preuve qu'il a pris les sentiments de notre faible nature, et le miracle qu'il fait en multiles pains et en nourrissant cette multitude fait éclater en lui la toute-puissance divine. Ainsi se trouve renversée l'erreur d'Eutychès, qui ne voulait reconnaître en Jésus-Christ qu'une seule nature.

S. Aug. (De l'acc. des Evang., 2, 50). Il n'est pas inutile de remarici que si l'un des Évan gélistes avait raconté ce miracle sans avoir rapporté, celui de la multiplication des cinq pains, on pourrait le supposer en contradiction avec les autres. Mais comme ce sont les mêmes qui ont raconté à la fois le miracle des cinq et celui des sept pains, il n'y a plus de difficulté et il faut admettre la vérité de ces deux miracles. Nous faisons cette remarque afin que lorsque l'on trouve dans un Évangéliste un fait de la vie de Notre-Seigneur qui paraît contredire dans une de ses circonstances un fait semblable raconté par un autre Évangéliste, sans qu'on puisse les concilier, on en conclue que ces deux faits distincts ont eu lieu et que l'un a été raconté par un Évangéliste et l'autre par un autre.

La Glose. Remarquons encore que Notre-Seigneur commence par guérir les infirmités et qu'il donne ensuite à manger à ceux qu'il a guéris, parce qu'en effet il faut d'abord faire disparaître les péchés de l'âme avant de la nourrir de la parole de vie. - S. Hil. (can. 13). Ce peuple qu'il a nourri en premier lieu représentait les Juifs qui emèrent la foi; ainsi cette nouvelle mul titude est une figure du peuple des Gentils, et dans ces quatre mille personnes rassemblées nous voyons représentée cette multitude innombrable réunie des quatre parties du monde. - S. Jér. Nous ne comptons pas ici cinq mille personnes, mais quatre mille seulement. Le nombre quatre a toujours une signification heureuse: la pierre qui est carrée ne vacille pas, elle n'est point sujette à chanceler, et c'est pourquoi les Évangiles se trouvent consacrés par ce nombre quatre. Dans le miracle précédent, comme le chiffre de la multitude se rapproche du nombre des cinq sens, ce n'est pas le Seigneur qui paraît y faire attention, mais ses disciples; ici, au contraire, c'est le Sauveur lui-même qui déclare qu'il a compassion de ce peuple qui depuis trois jours persévère avec lui, parce qu'en effet ils croyaient au Père, au Fils et au Saint-Esprit. - S. Hil. (can. 3). Ou bien ils passent avec le Seigneur un temps égal à celui de sa passion; ou bien en core, avant de recevoir le baptême, ils conqu'ils croient à sa passion et à sa résurrection; ou bien enfin, par un mouvement de sympathique compassion, ils veulent jeûner tout le temps qu'a duré la passion du Seigneur. - Rab. Ou bien, dans un autre sens, cette circons tance nous rappelle les trois époques où, pendant toute la durée des siècles, la grâce nous est donnée; la première avant la loi, la seconde sous la loi, la troisième sous la grâce, la quatrième s'accomplira dans le ciel dont la perspective ranime celui qui en fait le terme de tous ses efforts. - Rémi. Ou bien enfin, c'est qu'en faisant pénitence des péchés qu'on a commis, on se conver tit au Seigneur dans les pensées, dans les paroles et dans les actions. Le Seigneur ne voulut pas renvoyer ce peuple sans qu'il eut mangé, de peur qu'il ne tombât en défaillance dans le chemin, car c'est ainsi que les pécheurs convertis par la pénitence sont exposés a périr dans le cours de cette vie qui passe, si on les renvoie privés de la nourriture de la sainte doctrine.

La Glose. Les sept pains sont les écrits du Nouveau Testament qui nous révèle et nous donne à la fois la grâce de l'Esprit saint. Ce ne sont point des pains d'orge, comme précédemment, parce que, dans le Nouveau Testament, l'aliment qui donne la vie n'est pas de même que sous la loi, enveloppé de figures, comme d'une paille qui adhère fortement. Nous n'avons point ici deux poissons, figure des deux seules personnes qui, sous la loi, recevaient l'onction sainte, le grand-prêtre et le roi, mais quelques poissons, figure des saints du Nouveau Testament, qui, arrachés aux flots du siècle, supportent les agitations de la mer et, nous ranimant par leur exemple, nous emêchent de défaillir dans le chemin.

S. Hil. Or, la multitude s'asseoit sur la terre, car elle n'avait pu se reposer sur aucune des oeuvres de la loi, et elle tenait encore fortement à l'origine de son corps et à la source de ses péchés. - La Glose. Ou bien on peut dire que dans le premier miracle elle s'asseoit sur le gazon pour comprimer les désirs de la chair: ici elle est assise sur la terre, car il lui est ordonné d'abandonner le monde. La montagne sur laquelle le Seigneur nourrit ce peuple, c'est la hauteur du Christ. D'un côté, la terre est recouverte de gazon, parce que la hauteur du Christ s'y trouve recouverte, pour les hommes charnels, d'espérance et de désirs terrestres; ici, au contraire, tout désir charnel est éloigné, et la fermeté d'une espérance permanente soutient les convives du Nouveau Testament. Là il y a cinq mille hommes, parce que les hommes charnels sont esclaves de leurs sens; ici, quatre mille, figure des quatre vertus qui donnent à l'âme la vie spirituelle, c'est-à-dire la tempérance, la prudence, la force, la justice. De ces quatre vertus, la première donne la connaissance de ce qu'il faut rechercher et de ce qu'il faut éviter; la deuxième met un frein à la cupidité des plaisirs des sens; la troisième nous donne la fermeté pour supporter toutes les épreuves de la vie; la quatrième, qui se répand dans toutes les autres, est l'amour de Dieu et du prochain. De part et d'autre, les femmes et les enfants ne sont point compés, car, dans l'Ancien comme dans le Nouveau Testament, ceux qui ne peuvent atteindre l'état de l'homme parfait, soit par faiblesse, soit par légèreté d'esprit, ne peuvent être admis près du Seigneur. Ces deux collations ont eu lieu sur la montagne, car les livres de l'Ancien et du Nouveau Testament nous rappellent à la fois la sublimité des préceptes divins et des récompenses célestes et proclament la grandeur et l'élévation du Christ. Quant aux mystères plus sublimes que la multitude ne peut comprendre, les Apôtres les soulèvent et les accomplissent, et ils sont en cela la figure des coeurs parfaits que la grâce de l'Esprit aux sept dons a remplis d'intelligence. Les corbeilles sont ordinairement faites avec des joncs et des feuilles de palmier; elles représentent les saints qui enfoncent la racine de leur coeur dans la source même de la vie; semblables au jonc dans l'eau, ils ne sont point exposés à se dessécher et ils portent dans leur coeur la palme de la récompense éternelle.


v. 39

4539 Mt 15,39

S. Chrys. (hom. 54). Le Seigneur renvoie maintenant le peuple, comme il a fait après le mira cle des cinq pains, et il ne prend pas pour se retirer le chemin de terre, mais il monte dans une barque pour que la foule ne puisse le suivre. «Après cela, Jésus ayant rené la foule, monta dans une barque et vint sur les confins de Mageddan. - S. Aug. (De l'acc. des Evang., 2, 51). Saint Marc (Mc 8,10) dit: «dans le pays de Dalmanutha»; mais il est évident qu'il s'agit du même lieu, car, même dans plusieurs exemplaires de saint Marc, on ne trouve que le mot Mageddan. - Rab. Mageddan est un pays situé en face de Gerasam; il signifie fruits ou nouvelles et il est une figure de ce jardin dont il est dit: «Jardin fermé, fontaine scellée», (Ct 4) jardin qui produit les fruits des vertus et où le nom du Seigneur est annoncé. Cette interprétation apprend aux prédicateurs qu'après avoir distribué au peuple le pain de la parole sainte, ils doivent, dans le secret de leurs coeurs, reprendre de nouvelles forces en se nourrissant des fruits des vertus.


CHAPITRE XVI


vv. 1-4

4601 Mt 16,1-4

Remi. «Les pharisiens et les sadducéens s'approchèrent de lui», etc. Etonnant aveuglement des pharisiens et des sadducéens ! Ils demandent un prodige dans le ciel, comme si les faits dont ils étaient témoins n'étaient pas de véritables prodiges. Saint Jean nous apprend (Jn 6,30) quelle espèce de miracle ils lui demandaient, en rapportant qu'après que Jésus eut nourri le peuple avec cinq pains, le peuple s'approcha de lui, et lui dit: «Quel miracle faites-vous, afin que nous le voyions et que nous croyions en vous ?» Nos pères ont mangé la manne dans le désert, ainsi qu'il est écrit: Il leur a donné à manger le pain du ciel (Ps 78,24). C'est dans ce même sens que les phalui disent ici: «Faites-nous voir un prodige dans le ciel», c'est-à-dire faites tomber la manne un ou deux jours de suite, afin que tout le peuple soit rassasié, comme cela s'est fait si longtemps dans le désert. Mais le Sauveur qui, comme Dieu, pénétrait leurs pensées, et savait bien qu'alors même qu'il ferait paraître à leurs yeux un prodige dans le ciel» ils ne croiraient pas davantage, ne voupas leur donner le signe qu'ils demandaient. «Il leur répondit: Le soir vous dites: Il fera beau», etc. - S. Jér. Cette phrase manque dans plusieurs des exemplaires grecs. Le sens, d'ailleurs, en est clair, c'est-à-dire que d'après les phé nomènes réguliers des éléments, on peut prédire d'avance le beau temps et les jours de pluie. Mais les scribes et les pharisiens qui paraissaient être les docteurs de la loi, ne pouvaient re connaître dans les oracles des prophètes le temps de la venue du Christ. - S. Aug. (Quest. évang., 1, 20). Ces paroles du Seigneur: «Le soir vous dites: Il fera beau, car le ciel est rouge», peuvent signifier que la rémission des péchés est accordée dans le premier avènement par le sang que Jésus-Christ a versé dans sa pas; et les autres: «Le matin vous dites: il y aura de l'orage aujourd'hui, car le ciel est d'un rouge sombre», que dans le second avènement le Christ sera précédé par le feu. - La Glose. Ou bien dans un autre sens, le ciel est sombre et rougeâtre, c'est-à-dire les Apôtres auront à souffrir après ma résurrection, et vous pouvez savoir qu'après eux, je dois exercer mon jugement; car si je n'épargne pas les souffrances à mes serviteurs, à plus forte raison ne les éparpas aux autres un jour à venir.

«Vous savez donc discerner les différentes apparences du ciel, et vous ne savez pas reconnaître les signes des temps ?» - Rab. Ces signes des temps sont dans la pensée, du Seigneur, son avènement ou sa passion qui nous sont représentés par un ciel qui est rouge le soir; et la tribulation qui précédera son second avènement, figurée par un ciel qui, le matin, est sombre et rougeâtre.

S. Chrys. (hom. 54). De même que dans le ciel les signes qui anle beau temps sont différents de ceux qui présagent la pluie, ainsi en est-il de ce qui me concerne. Maintenant, dans mon premier avènement, il est nécessaire que j'opère ces prodiges qui éclatent sur la terre, ceux qui auront le ciel pour théâtre sont réservés pour mon second avènement. Je suis venu actuellement comme un médecin alors je viendrai comme un juge. C'est pour cela qu'aujour d'hui je suis venu en voilant ma divinité; alors je viendrai avec un grand éclat, et toutes les puissances du ciel seront ébranlées. Mais le temps de ces prodiges n'est pas encore arrivé; car je suis venu pour mouet souffrir auparavant toutes les ignominies. Cette génération cor rompue et adultère demande un prodige, et il ne lui sera pas donné. - S. Aug. (de l'accord des Evang). Saint Matthieu a déjà rapporté ces mêmes paroles (Mt 12), ce qui doit nous convaincre que le Seigneur a souvent dit plusieurs fois la même chose; et lorsque nous ne pouvons faire disparaître la contradiction qui existe entre deux récits, nous devons en conclure que ces paroles ont été dites dans deux circonstances différentes. - La Glose. Il les appelle génération corrompue et adultère, c'est-à-dire, n'ayant qu'une intelligence charnelle, incapable de comprendre les choses spirituelles.
- Rab. Le Seigneur ne donnera donc point à cette génération qui le tente de prodige dans le ciel, comme ils le demandent, eux qu'il a rendus témoins de tant de prodiges sur la terre; mais il réserve ces prodiges pour la génération de ceux qui cherchent le Seigneur (Ps 23,6 Ps 99,9-10), c'est-à-dire pour les Apôtres qui le virent monter au ciel, et auxquels il envoya l'Esprit saint.

S. Jér. Nous avons dit plus haut ce que signifie ce prodige de Jonas (Mt 12,40-41). - S. Chrys. (hom. 54). Or, les pharisiens qui entendaient cette réponse pour la seconde fois auraient dû interroger le Sauveur, et lui demander quel était le sens de ces paroles? Mais ils se sont gardés de faire cette demande au Seigneur dans le désir de s'instruire. C'est pourquoi Notre-Seigneur se sépare d'eux. «Et, les laissant là, il s'en alla». - Rab. C'est-à-dire ayant quitté cette mauvaise géération des Juifs, il passa au delà du lac, et le peuple des Gentils le suivit. Et remarquez qu'il n'est point dit qu'il se retira après avoir renvoyé le peuple comme dans les autres circonstances, mais qu'il les abandonna, parce que l'erreur de l'incrédulité s'était emparée de leurs esprits orgueilleux.



Catena Aurea 4521