Catena Aurea 3612

v. 12

3612 Mt 6,12

S. Cypr. Après avoir demandé le secours de la nourriture le chrétien demande le pardon de ses péchés, afin que nourri de la main de Dieu, il puisse vivre tout en Dieu et pourvoir ainsi aux besoins non-seulement de la vie présente, mais encore de la vie éternelle, dont l'entrée lui est ouverte par la rémission des péchés que le Seigneur désigne sous le nom de dettes. «Remettez-nous nos dettes», comme dans cet autre endroit: «Je vous ai remis toute votre dette, parce que vous m'en avez prié»,La doctrine qui nous rappelle que nous sommes pé cheurs, en nous obligeant de prier tous les jours pour nos péchés est aussi salutaire qu'elle est nécessaire. Nous aurions pu nous complaire dans notre innocence prétendue, et rendre notre chute plus lourde par une fausse idée d'élévation; le commandement qui nous est fait de prier chaque jour pour nos péchés, prévient ce danger en nous rappelant que nous tombons tous les jours dans de nouveaux péchés.

S. Aug. (du don de la persév. chap. 5). Ces paroles sont comme un trait mortel qui frappe les Pélagiens, ces hérétiques qui osent dire que l'homme ne commet aucun péché dans cette vie, et que c'est en lui que se réalise, dans le siècle présent, l'Église sans tache et sans ride». (Ep 5,27) - S. Chrys. (hom. 20). Cette prière est la prière des fidèles; c'est ce que nous enseignent les lois de l'Église, et l'exorde même de cette prière qui nous apprend à appe ler Dieu notre Père. Or en nous faisant un précepte de demander la rémission de nos péchés, Notre-Seigneur prouve aussi contre les Novatiens que les péchés peuvent être remis après le bap tême.

S. Cypr. (de l'Or. Dom). Celui qui nous a fait un devoir de prier pour nos péchés nous a fait espérer par là même la miséricorde de son Père. Mais à ce précepte se trouve jointe une autre loi, une condition rigoureuse. Nous demandons qu'on nous remette nos dettes, mais selon la mesure du pardon que nous accordons nous-mêmes a nos débiteurs; c'est la condition expri mée dans ces paroles: «Comme nous les remettons à ceux qui nous doivent». - S. Grég. (Moral., 10, 11). Cette grâce que nous demandons à Dieu dans un sentiment de vrai repentir, Dieu veut que nous l'accordions d'abord nous-mêmes au prochain dès le premier moment de notre conversion. - S. Aug. Notre-Seigneur n'a point voulu parler ici exclusivement de l'argent, mais de toutes les choses qu'on peut faire servir à blesser nos droits, et par là même de l'argent; car celui qui étant votre débiteur, et qui pouvant vous payer ne le fait pas, commet une injustice à votre égard. Or si vous ne lui remettez pas cette offense, vous ne pourriez pas dire: Remettez-nous nos dettes, comme nous les remettons à nos débiteurs».

S. Chrys. (sur S. Matth). Quelle peut donc être l'espérance du chrétien qui prie en conservant des sentiments de haine contre celui qui l'a peut-être offensé? En priant Dieu, il fait un men songe (car il dit: Je remets, et il ne le fait pas); et Dieu à qui il demande le pardon ne le lui accorde pas. Mais il en est plusieurs qui ne voulant point pardonner à leurs ennemis évitent de faire à Dieu cette prière. Ce sont des insensés, car premièrement celui qui ne prie pas selon la règle donnée par Jésus-Christ n'est pas son disciple; en second lieu, le Père n'exauce pas vo lontiers une prière que le Fils n'a pas dictée; car le Père reconnaît la pensée et l'expression de son Fils et il rejette les inventions de l'esprit humain et ne reçoit que des suppliques inspirées par la sagesse de Jésus-Christ.

S. Aug. (Enchirid. chap. 73). Cependant cette vertu si élevée d'aimer ses ennemis et de leur remettre les dettes qu'ils ont contractées envers nous, n'est pas le partage de tous ceux en si grand nombre que nous croyons être exaucés, lorsqu'ils font à Dieu cette prière: «Remettez-nous nos dettes, comme nous les remettons à tous ceux qui nous doivent». Il faut donc ad mettre que cet engagement pris devant Dieu est fidèlement exécuté lorsqu'un chrétien n'étant pas encore assez parfait pour aimer son ennemi, lui pardonne cependant de tout coeur lorsque celui-ci vient l'en prier, parce qu'il veut que Dieu lui accorde à lui-même le pardon qu'il solli cite. Or celui qui demande pardon à un homme qu'il a offensé (si le repentir de sa faute le porte à cette démarche), ne doit plus être regardé comme ennemi, et il ne doit plus être difficile de l'aimer comme lorsqu'il donnait un libre cours à son inimitié.


v. 13

3613 Mt 6,13

- Et ne nous laissez pas succomber à la tentation.

S. Chrys. (sur S. Matth). Notre-Seigneur vient de donner aux hommes de sublimes préceptes, il leur a commandé d'appeler Dieu leur Père, de demander l'avènement de son règne; aussi croit-il devoir ajouter une leçon d'humilité, en disant: «Et ne nous laissez pas succomber à la tentation». - S. Aug. (serm. sur la mont., 2, 14). Quelques exemplaires portent: «Et ne nous faites pas entrer dans la tentation», ce qui me paraît présenter le même sens, ces deux variantes étant la traduction littérale du grec. Plusieurs traduisent de cette manière: «Ne souffrez pas que nous entrions en tentation», et expliquent ainsi dans quel sens nous disons: «Ne nous induisez pas», car ce n'est pas Dieu qui par lui-même fait entrer en tentation, mais il permet qu'on y entre, en abandonnant l'homme à ses propres forces. - S. Cypr. (de l'Or. Dom). Cette vérité nous apprend que notre ennemi ne peut rien contre nous, à moins que Dieu ne le permette, e t c'est ce qui doit nous faire placer en Dieu toute notre crainte comme toute notre affection».

S. Aug. (serm. sur la mont., 2, 14). Être induit en tentation, et être tenté sont deux choses dif férentes: Aucun homme s'il n'a été tenté ne peut passer pour éprouvé à ses propres yeux on aux yeux des autres (cf. Ps 25). Dieu au contraire connaît à fond tous les hommes avant toute espèce de tentation. Nous ne prions donc pas Dieu de nous faire échapper à la tentation, mais de ne pas nous induire en tentation, de même qu'un homme qui devrait être éprouvé par le feu, demanderait non de ne point en être atteint, mais de n'en être pas consumé. En effet nous sommes induits en tentation lorsque la tentation est si forte, que nous ne pouvons y ré sister. - S. Aug. (Lettre 121 à Proba., chap. 72). Lors donc que nous disons: «Ne nous induisez pas en tentation»,nous devons demander à Dieu de ne pas permettre que délaissés de sa grâce, nous succombions à la tentation, séduits par l'illusion ou vaincus par la souffrance. - S. Cypr. (de l'Or. Dom). Dieu nous rappelle ainsi notre faiblesse, notre infirmité et nous pré munit contre les prétentions arrogantes de l'orgueil; et sa bonté exauce volontiers une prière qui est précédée d'un aveu humble et modeste qui reconnaît que tout vient de lui.

S. Aug. (du don de la persév., chap. 5, 6, 7). Lorsque les Saints font cette prière: «Ne nous laissez pas succomber à la tentation», que demandent-ils si ce n'est la persévérance dans la sainteté? En effet il n'est aucun saint qui ayant reçu ce don de Dieu (la demande qu'il en fait à Dieu est une preuve que ce don vient de lui), ne persévère jusqu'a la fin dans la sainteté, car on ne cesse de persévérer dans la pratique de la vie chrétienne, qu'après avoir été induit d'abord en tentation. C'est pour prévenir ce malheur que nous demandons de ne pas entrer en tenta tion, et si nous l'évitons, c'est Dieu qui l'a permis, car tout ce qui se fait, c'est Dieu qui le fait, ou qui le permet. Dieu est donc assez puissant pour détourner la volonté du mal vers le bien, relever celui qui est tombé, et le conduire dans la voie qui lui est agréable, car ce n'est pas en vain que nous lui disons: «Ne nous laissez pas entrer en tentation». Si on n'est pas exposé aux effets de la tentation par une volonté abandonnée au mal, on n'en sera jamais victime, «car chacun est tenté par sa propre concupiscence». (Jc 1,14). Dieu nous fait donc un devoir de lui demander la grâce de ne point succomber à la tentation, bien qu'il pût nous l'accorder sans nos prières, parce qu'il a voulu nous faire reconnaître ainsi l'auteur des bienfaits dont nous sommes comblés. Que l'Église donc médite attentivement ses prières de tous les jours, elle demande la foi pour les infidèles, c'est donc Dieu qui les convertit à la foi; elle prie pour la persévérance des fidèles, c'est donc de Dieu que vient la persévérance finale.

Mais délivrez-nous du mal. Ainsi soit-il.

S. Aug. (serm. sur la mont. 2, 11 ou 16). Nous sommes obligés de prier non-seulement pour éloigner de nous le mal dont nous avons été jusqu'ici préservés, mais encore pour être délivrés du mal dans lequel nous sommes tombés. Aussi Notre-Seigneur ajoute: «Mais délivrez-nous du mal». - S. Chrys. (sur S. Matth). Peut-être que dans ce nom de mal il veut désigner le démon, tant à cause de sa malice extrême, malice qui vient de sa volonté et non de sa nature, que parce qu'il nous a déclaré une guerre implacable, c'est pour cela qu'il nous fait dire: «Délivrez-nous du mal».

S. Cypr. (de l'Or. Dom). Après tout ce qui précède la prière se termine par une demande qui renferme toutes les autres dans sa concise brièveté. En effet que pourrons-nous encore deman der après avoir imploré la protection de Dieu contre le mal qui nous menace? Après avoir ob tenu cette protection nous sommes en sûreté contre toutes les entreprises du monde et du dé mon. Que peut-on craindre en effet du monde, quand on a Dieu pour défenseur contre le monde? - S. Aug. (Lettre 121 à Proba., chap. 11). Le sens de cette dernière demande de l'Oraison domini cale est tellement étendu, que tout chrétien, dans quelque tribulation qu'il se trouve peut en faire l'interprète de sa douleur, l'auxiliaire de ses gémissements et de ses larmes, commencer et finir par elle sa prière. C'est pour cela que le mot amen, ainsi soit-il, vient après comme l'expression du désir de celui qui prie. - S. Jér. Cet amen qui termine l'Oraison dominicale en est comme le sceau; Aquila traduit cette expression par fidèlement, ce que nous pouvons rendre par: «En vérité».

S. Cypr. (de l'Or. Dom). Qu'y a-t-il d'étonnant que la prière que Dieu lui-même nous a enseignée soit si excellente, alors que par un effet de sa divine sagesse, il a voulu qu'elle renfermât tout ce que nous pouvons demander, dans quelques phrases aussi riches que concises. C'est ce qu'Isaïe avait prédit en ces termes: «Le Seigneur a fait un discours abrégé sur la terre». (Is 10,22). Notre-Seigneur Jésus-Christ est venu pour tous les hommes pour réunir en un seul corps les savants et les ignorants, il a donné aux personnes de tout sexe et de tout âge les préceptes qui doivent les conduire au ciel; il en a donc fait un abrégé remarquable pour ne pas fatiguer la mémoire de ceux qui voudraient apprendre cette morale céleste et il leur offre les moyens de s'instruire rapidement de ce qui est nécessaire à la simplicité de la foi.

S. Aug. Quelles que soient les autres formules dont nous faisons usage avant ou après notre prière, comme expression ou comme aliment de notre piété, nous ne pouvons rien dire que ce que contient l'Oraison Dominicale, si notre prière est conforme à la règle que nous avons re çue. En disant à Dieu: «Faites éclater votre gloire parmi les nations, comme vous l'avez fait éclater parmi nous», (Qo 36) que disons-nous autre chose que: «Votre nom soit sanctifié ?» Cette prière: «Dirigez mes pas selon votre parole», (Ps 118) ne ressemble-elles pas à celle-ci: «Que votre volonté soit faite ?» Celui qui dit à Dieu: «Montrez-nous votre face et nous serons sauvés», (Ps 79) fait à Dieu cette demande: «Que votre règne arrive». Vous dites à Dieu: «Ne me donnez ni la pauvreté ni la richesse», (Pr 30) c'est lui dire équivalemment: «Donnez-nous aujourd'hui notre pain de chaque jour». Cette prière: «Souvenez-vous Seigneur de David et de toute sa douceur, (Ps 121) et cette autre: «Si j'ai rendu le mal à ceux qui m'en ont fait», (Ps 7) ne rentrent-elles pas dans celle-ci: «Remettez-nous nos dettes, comme nous les remettons à ceux qui nous doivent ?» Dire à Dieu: «Éloignez de mon coeur les désirs de l'impureté», (Qo23) n'est-ce pas lui dire: «Ne nous induisez pas en tentation ?» Enfin ces paroles: «Délivrez-moi de mes ennemis», (Ps 58) ne reviennent-elles pas à celles-ci: «Délivrez-nous du mal ?» Et si vous examinez en détail toutes les prières dictées par l'Esprit saint, vous n'y trouverez rien qui ne soit contenu dans l'Oraison dominicale. Toute prière en effet qui ne se rapporte pas à cette prière évangéli que, est une prière inspirée par la chair, et que j'ose appeler coupable, puisque le Seigneur a enseigné à ceux qui sont régénérés à ne prier qu'en esprit. Celui-là donc qui dans la prière dit à Dieu: «Seigneur, multipliez mes richesses, augmentez mes honneurs, et qui le dit dans un sentiment de pure convoitise, sans se propose r le bien spirituel que les hommes pourraient en retirer, ne trouvera certainement rien dans l'Oraison dominicale qui puisse appuyer sa de mande. Qu'il rougisse donc au moins de demander ce qu'il ne rougit pas de désirer; ou si la passion l'emporte sur la honte qu'il éprouve, la meilleure prière qu'il puisse faire c'est d'être affranchi de ce mal de la cupidité par celui à qui nous disons: «Délivrez-nous du mal».

S. Aug. (serm. sur la mont., 1, 18). Le nombre de demandes dont se compose l'Oraison domi nale paraît aussi se rapporter aux sept béatitudes. En effet si c'est la crainte de Dieu, qui rend heureux les pauvres d'esprit, parce que le royaume des cieux leur appartient, demandons que le nom de Dieu soit sanctifié parmi les hommes, à l'aide de cette crainte chaste qui demeure dans les siècles des siècles. Si c'est la piété qui fait le bonheur de ceux qui sont doux, demandons que son règne nous arrive pour nous communiquer cette douceur qui ne connaît point la résis tance. Si c'est la science qui donne à ceux qui pleurent le secret du bonheur, prions que sa vo lonté se fasse sur la terre comme au ciel, car lorsque le corps qui est figuré par la terre sera soumis à l'esprit qui représente le ciel, nous ne serons plus dans les larmes. Si c'est la force qui rend heureux ceux qui ont faim, demandons que Dieu nous donne aujourd'hui notre pain de chaque jour, afin que nous puissions parvenir là où nous serons pleinement rassasiés. Si c'est le conseil qui fait le bonheur de ceux qui sont miséricordieux parce que Dieu leur fera miséri corde, remettons leurs dettes à ceux qui nous doivent, afin que Dieu nous remette ce que nous lui devons. Si c'est l'intelligence qui rend heureux ceux qui ont le coeur pur, demandons à Dieu de ne pas entrer en tentation, pour ne pas tomber dans la duplicité du coeur, en poursui vant les biens terrestres et périssables, qui sont pour nous la source de toutes les tentations. Si c'est enfin la sagesse qui rend heureux les pacifiques parce qu'ils seront appelés les enfants de Dieu, prions pour qu'il nous délivre du mal, car cette délivrance nous établira dans la sainte liberté des enfants de Dieu.

S. Chrys. (hom. 20). Notre-Seigneur avait pu nous attrister par ces paroles: «Délivrez-nous du mal» qui nous rappelaient le souvenir de notre ennemi, il relève donc notre courage par Ces autres paroles que l'on trouve dans quelques exemplaires grecs: «Parce qu'à vous seul appar tiennent l'empire, la puissance et la gloire».En effet si l'empire lui appartient, nous n'avons rien à craindre d'aucune créature puisque celui qui combat contre nous est son sujet. Et comme sa puissance et sa gloire sont infinies, non-seulement il peut nous arracher au mal, mais encore nous combler de gloire. - S. Chrys. (sur S. Matth). Cette conclusion peut aussi se rapporter à ce qui précède. Ces paroles: «A vous appartient l'empire», se rapportent à cel les-ci: «Que votre règne arrive», et préviennent cette objection: Dieu ne règne donc pas sur la terre. Celles qui suivent: «Et la puissance», se rattachent à cette demande: «Que votre vo lonté soit faite sur la terre comme au ciel»,et répondent à ceux qui prétendraient que Dieu ne fait pas ce qu'il veut. Enfin cette dernière parole: «Et la gloire», se rapporte aux demandes suivantes qui sont une manifestatio n de la gloire de Dieu.


vv. 14-15

3614 Mt 6,14-15

Rab. Le mot «Ainsi soit-il» qui termine cette prière nous apprend que Dieu accordera infail liblement tout ce que lui demanderont dans la forme prescrite ceux qui rempliront l'engagement et la condition qu'il exige; et c'est pour cela qu'il ajoute: «Si vous remettez aux hommes leurs péchés contre vous» etc. - S. Aug. (serm. sur la mont). Remarquons ici que de toutes les maximes qui composent la prière que le Seigneur nous a dictée, il a cru de voir insister principal ement sur celle qui a pour objet la rémission des péchés. C'est par là qu'il veut nous former à la miséricorde comme à l'unique moyen d'échapper à nos misères. - S. Chrys. (sur S. Matth). Il ne nous fait pas dire: «Que Dieu nous remette le premier nos dettes et nous les remettrons ensuite à nos débiteurs»,car le Seigneur sait que les hommes sont sujets au mensonge, et qu'après avoir obtenu la rémission de leurs péchés, ils ne pardon neraient pas à ceux qui les ont offensés; il exige donc que nous accordions d'abord ce pardon, avant de le solliciter par nous-mêmes.

S. Aug. (Enchirid. chap. 74). Celui qui ne pardonne pas du fond du coeur à son frère qui l'en supplie et qui se repent de sa faute, ne doit espérer en aucune manière le pardon de ses propres péchés. «Si vous ne pardonnez point aux hommes» dit le Sauveur, «votre Père céleste ne vous pardonnera point non plus vos péchés». - S. Cypr. (de l'Or. Dom). Vous n'aurez au cune excuse à présenter au jour du jugement, car vous serez jugé d'après vos propres princi pes, et vous ne subirez que ce que vous aurez fait éprouver aux autres. - S. Jér. Si ces paroles de l'Écriture sainte: «Je l'ai dit, vous êtes des dieux, mais cependant vous mourrez comme des hommes»; (Ps 81,6; cf. Jn 10,31) sont adressées à ceux qui par leurs péchés sont tombés du rang des Dieux à celui des hommes: on peut bien donner le nom d'hommes à ceux à qui les péchés sont pardonnés. - S. Chrys. (hom. 20). Notre-Seigneur vous rappelle le souvenir des cieux et de son Père, pour exciter en vous une noble émulation, car rien ne vous rend plus semblable à Dieu que de pardonner à ceux qui vous ont offensé. Mais il y a souveraine inconvenance à ce que le fils d'un tel Père se montre cruel, et qu'étant appelé à posséder un jour le ciel, il conserve des sentiments terrestres et tout humains.


v. 16

3616 Mt 6,16

S. Chrys. (sur S. Matth). Puisqu'un esprit humble et un coeur contrit donnent à la prière une véritable puissance (cf. ), et que ces deux dispositions ne peuvent se concilier avec une vie de délices; il est évident que la prière séparée du jeûne, est sans force et sans vertu. Aussi tous ceux qui ont voulu obtenir de Dieu quelque grâce pressante ont toujours joint le jeûne à la prière, parce que le jeûne est le soutien de la prière. Voilà pourquoi Notre-Seigneur fait suivre la doctrine sur la prière, de ses enseignements sur le jeûne: «Lorsque vous jeûnez, dit-il, ne vous rendez pas tristes comme les hypocrites». Le Seigneur savait que la vaine gloire prend naissance au sein môme de toute vertu, il nous commande donc de couper l'épine de la vaine gloire qui pousse dans une bonne terre, pour qu'elle n'étouffe pas le fruit du jeûne. Il est im possible qu'on ne s'aperçoive pas que vous jeûniez, mais il vaut mieux que le jeûne vous fasse remarquer plutôt que de faire remarquer vous-même votre jeûne. Il est bien difficile que celui qui jeûne soit gai, aussi Notre-Seigneur ne dit-il pas: «Ne soyez pas tristes»,mais «ne vous rendez pas tristes». Ceux qui par exemple cherchent à tromper les regards par une pâleur fac tice, ceux-ci ne sont pas tristes mais cherchent à le devenir; celui au contraire qui est triste par un effet naturel du jeûne, ne cherche pas à se rendre triste, mais il l'est en réalité, c'est pour cela que le Sauveur ajoute: «Ils affectent de paraître avec un visage défiguré».

S. Jér. Le mot exterminer qui est employé fréquemment dans les saintes Écritures par suite de l'ignorance des interprètes, a un sens plus étendu que celui qu'on lui donne ordinairement. On dit des exilés qu'ils sont exterminés, c'est-à-dire envoyés au delà des frontières: nous devons nous, donner à ce mot le sens de détruire; or l'hypocrite détruit, exténue son visage pour paraître triste, et tandis que son coeur est plein de joie, il porte sur sa figure l'apparence du deuil. - S. Grég. (Moral., liv. 8, chap. 26). Vous voyez leur visage couvert de pâleur, leur corps tremblant de faiblesse, leur poitrine oppressée par leurs soupirs entrecoupés, et quel est le but de ces laborieux efforts? l'opinion des hommes.

S. Léon. (serm. 4 sur l'Epiph). Les jeûnes qui ne viennent point d'un principe de mortifica tion, mais qui sont le produit de la fourberie, ne sont pas des jeûnes purs aux yeux de Dieu. -
S. Chrys. (sur S. Matth). Or si celui qui jeûne et affecte la tristesse n'est qu'un hypocrite, quel n'est pas le crime de celui qui sans jeûner, a recours à certains moyens pour imprimer sur son visage, comme signe de jeûne une pâleur vénale ?

S. Aug. (serm. sur la mont., 2, 19). Une remarque importante à faire sur cette matière, c'est qu'on peut mettre de la vanité non-seulement dans l'éclat et le luxe de tout ce qui tient au corps, mais jusque dans l'extérieur négligé qui exprime le deuil et la tristesse, vanité alors d'autant plus dangereuse, qu'elle cherche à tro mper sous les apparences de la religion. Celui qui cherche à briller par une propreté affectée et par une recherche excessive dans ses vête ments ou dans les autres ornements du corps, est convaincu par ce seul fait d'être partisan des pompes du monde, et il ne trompe personne par l'apparence d'une sainteté hypocrite. Quant à celui qui, faisant profession d'une vie chrétienne, cherche à fixer sur lui les yeux du public par le spectacle d'une maigreur et d'une malpropreté extraordinaires, s'il le fait avec intention et sans y être réduit par la nécessité, l'ensemble de sa vie prouvera s'il agit ainsi par le mépris d'un luxe superflu, ou par un motif quelconque d'ostentation.

Remi. Les paroles suivantes nous font connaître le fruit du jeûne des hypocrites: Pour faire voir aux hommes qu'ils jeûnent». Je vous le dis en vérité: ils ont reçu leur récompense»,c'est-à-dire celle qu'ils ont désirée.


vv. 17-18

3617 Mt 6,17-18

La Glose. Le Seigneur vient de nous apprendre ce qu'il fallait éviter, il nous enseigne mainte nant ce qu'il faut faire: «Pour vous, lorsque vous jeûnez, parfumez votre tête, etc».

S. Aug. (serm. sur la mont., 2, 20). J'entends souvent demander quel est le sens de ces paroles. Bien que nous ayons l'habitude de nous laver tous les jours le visage, il ser ait hors de raison de nous commander de parfumer aussi notre tête lorsque nous jeûnons, ce qui, de l'aveu de tous, est souverainement indigne d'un chrétien. - S. Chrys. (sur S. Matth). Pourquoi d'ailleurs après nous avoir défendu d'affecter un extérieur triste pour ne pas découvrir aux hommes que nous jeûnons, le Seigneur nous ordonne-t-il de nous laver la figure et de nous parfumer la tête? Car si ceux qui jeûnent observent ces pratiques, elles deviendront des indices de leur jeûne. - S. Jér. Notre-Seigneur parle donc ici en se conformant aux usages de la Palestine où on a l'habitude de se parfumer la tête aux jours de fête, et ce qu'il nous ordonne, c'est tout simplement de nous montrer nous-mêmes pleins de joie et avec un certain air de fête aux jours de jeûne. - S. Chrys. (sur S. Matth). Ces paroles, comme les précédentes doivent être entendues dans un sens tant soit peu hyperbolique. Notre-Seigneur veut donc nous dire: vous devez fuir avec tant de soin toute ostentation lorsque vous jeûnez, que s'il était possible et permis (ce qui ne l'est pas), vous devriez au contraire affecter les dehors du plaisir et de la bonne chère. «Et pourquoi ?» Pour que les hommes ne voient pas que vous jeûnez.

Chrys. (homél. 20). Pour l'aumône, il ne s'est pas exprimé de la sorte; il nous a dit qu'il ne fallait pas la faire devant les hommes, en ajoutant: «Pour en être remarqué». Il n'ajoute rien de semblable pour le jeûne et pour la prière, parce qu'il est impossible que l'aumône demeure entièrement secrète, tandis que le jeûne et la prière peuvent très bien rester inconnus. Or, ce n'est pas un médiocre avantage que de mépriser la gloire humaine, car alors on est affranchi de l'esclavage accablant des hommes et c'est dans un sens véritable qu'on pratique la vertu, en l'aimant non pas pour les autres, mais pour elle-même. Nous regardons comme un outrage d'être aimés par rapport à d'autres et non pour nous-mêmes; d'après cette règle, nous ne de vons point pratiquer la vertu pour les autres, nous ne devons pas obéir à Dieu à cause des hommes, mais pour Dieu seul; c'est pour cela que Notre-Seigneur ajoute: «Mais à votre Père qui est dans le secret». - La Glose. C'est-à-dire à votre Père céleste qui est invisible ou qui habite dans votre coeur par la foi. Or c'est jeûner pour Dieu que de se mortifier par amour pour lui, et on donne ainsi à un autre ce qu'on se retranche à soi même.

«Et votre Père qui voit dans le secret», etc. - Remi. Il vous suffit que celui qui voit ce qui se passe dans la conscience vous en récompense lui-même. - S. Chrys. (sur S. Matth). Dans le sens spirituel, la face de l'âme c'est la conscience; car, de même qu'un beau visage plaît aux regards des hommes, ainsi une conscience pure est un spectacle agréable aux yeux de Dieu. Les hypocrites, qui jeûnent pour plaire aux hommes, exténuent ces deux faces, voulant tromper à la fois Dieu et les hommes. En effet, la conscience de celui qui pèche est toujours couverte de blessures. Si donc vous avez fait disparaître le mal de votre âme, vous avez purifié votre cons cience et votre jeûne est louable. - S. Léon. (serm. 6 sur le jeûne). Il faut accomplir la loi du jeûne non-seulement par le retranchement des aliments, mais en s'abstenant du vice. Car, quel est le but de cette mortification? c'est d'éteindre en nous le foyer des désirs charnels; le genre de tempérance auquel nous devons nous livrer de préférence, c'est d'être sobres de toute vo lonté coupable, c'est de pratiquer le jeûne à l'égard de toute action criminelle. Cette manière d'accomplir la loi du jeûne convient également à ceux qui sont malades, car un corps languis sant peut renfermer une âme saine et robuste.

S. Chrys. (sur S. Matth). Dans le sens spirituel, le Christ est votre tête; donnez à boire à celui qui a soif, à manger à celui qui a faim et vous aurez ainsi répandu sur votre tête le parfum de la miséricorde, c'est-à-dire sur Jésus-Christ qui vous dit dans l'Évangile (Mt 25): «Ce que vous avez fait aux plus petits d'entre les miens, c'est à moi-même que vous l'avez fait». - S. Grég. (hom. 16 sur les Evang). Dieu approuve le jeûne, qui lève en sa présence des mains riches d'aumônes. Ce que vous vous retranchez, donnez-le à un autre, afin que le corps de votre frère qui est dans l'indigence soit soulagé par cette nourriture dont vous imposez la pri vation à votre propre corps. - S. Aug. (serm. sur la mont). Par la tête, nous pouvons encore entendre la raison, parce qu'elle est la reine de notre âme et qu'elle dirige toutes les autres facultés de l'âme et les autres mem bres du corps. Or, parfumer sa tête est un signe de joie. Réjouissez-vous donc intérieurement de votre jeûne, vous qui, en jeûnant, avez rompu avec les désirs du monde pour vous soumet tre à Jésus-Christ. - La Glose. Voici une preuve que dans l'Évangile il ne faut pas tout prendre à la lettre, car il serait ridicule de se parfumer la tête lorsqu'on jeûne. Mais nous de vons parfumer notre âme de l'esprit d'amour du Sauveur aux souffrances duquel la mortifica tion nous fait participer. - S. Chrys. (sur S. Matth). C'est dans un sens très juste qu'on nous commande de laver notre visage et de parfumer seulement notre tête sans la laver, car tant que nous habitons ce corps mortel, notre conscience est souillée par le péché, tandis que notre chef qui est le Christ n'a pu se rendre coupable d'aucun péché.


vv. 19-21

3619 Mt 6,19-21

S. Chrys. (hom. 21). Après avoir guéri la maladie de la vaine gloire, Notre-Seigneur amène on ne peut plus naturellement son discours sur le mépris des richesses, car rien ne les fait au tant désirer que l'amour de la gloire. Pourquoi, en effet, les hommes recherchent-ils avec ar deur cette foule de serviteurs et ces chevaux couverts d'or et ces tables toutes d'argent? Ce n'est ni pour leur nécessité, ni pour leur plaisir, mais uniquement pour les étaler aux yeux de la multitude. C'est contre cette passion des richesses que Notre-Seigneur s'élève en disant: «Ne vous faites pas de trésors sur la terre». - S. Aug. (serm. sur la mont., 2, 2). Si quelqu'un se propose pour motif de sa conduite un intérêt temporel, son coeur ne peut demeurer pur en se traînant ainsi sur la terre. Car on dégrade sa nature quand on l'unit à une nature inférieure, bien que cette nature ne soit pas souillée dans son espèce. Est-ce que par exemple l'argent, quoique pur lui-même, ne ternit pas l'or auquel on le mêle? Ainsi, notre âme est souillée par le désir des choses terrestres, bien que la terre soit pure en elle-même et dans son genre.

S. Chrys. (sur S. Matth). ou peut encore donner cette explication; Notre-Seigneur, dans ce qui précède, n'a donné aucun précepte positif de l'aumône, de la prière, du jeûne; il s'est contenté de combattre la fausse apparence de ces vertus. Il déduit maintenant les conséquences de sa doctrine qui correspondent à ces trois points: la première regarde l'aumône: «N'amassez pas de trésors sur la terre, où la rouille et les vers», etc.; voici donc la suite de son discours: «Lorsque vous faites l'aumône, ne faites pas sonner de la trompette devant vous»,etc.; en suite: «N'amassez pas de trésors sur la terre»,etc.

Ainsi, il donne d'abord le conseil de faire l'aumône; secondement, il démontre son utilité, et en troisième lieu il combat la crainte de la misère qui pourrait entraver la volonté prête à secourir le pauvre.

S. Chrys. (hom. 21). Après ces paroles: «Ne vous amassez pas de trésors sur la terre»,il ajoute: «Où la rouille et les vers les consument»,nous apprenant ainsi combien sont nuisibles les trésors de la terre, et de quelle utilité, au contraire, sont les trésors du ciel; et il apporte à l'appui de son raisonnement le lieu où sont ces trésors et ce qu'ils renferment de nuisible, comme s'il disait: Que craignez-vous que votre argent ne s'épuise, si vous le donnez en au mône? Faites donc l'aumône, et Dieu ajoutera à ce que vous avez déjà, car ce sont les trésors du ciel qui vous seront donnés. Si vous refusez de donner, vous perdez tout; il ne dit pas: vous les laissez à d'autres, car cela même est une satisfaction pour les hommes. - Rab. Notre-Seigneur indique ici trois diverses manières dont les richesses peuvent se perdre en rapport avec leur nature, l'or et l'argent par la rouille, les vêtements par les vers. Quant aux richesses qui ne craignent ni la rouille ni les vers, comme les pierres précieuses, il indique une cause générale de danger et de perte: ce sont les voleurs qui peuvent nous ravir toute sorte de ri chesses.

S. Chrys. (sur S. Matth). Une autre version porte: Les vers et le manger les consument, car tous les biens de ce monde périssent de ces trois manières: ou bien ils vieillissent d'eux-mêmes et sont rongés par les vers, comme les vêtements; ou bien ils sont dévorés par leurs maîtres, amis du plaisir; ou bien ils deviennent la proie des étrangers qui s'en emparent à l'aide de la ruse, de la violence, de la calomnie ou de tout autre moyen injuste. Or, tous ceux qui les enlèvent ainsi sont appelés voleurs, parce que c'est l'iniquité qui les pousse à s'approprier les biens des autres. Mais, me direz-vous, est-ce que tous ceux qui sont en possession de ces biens les perdent? Je réponds: Si ce n'est tous, un grand nombre du moins. Quant aux riches ses que vous gardez par un motif coupable, si vous ne les perdez pas matériellement, vous les perdez au moins spirituellement, puisqu'elles vous deviennent complètement inutiles pour le salut.

Rab. Dans le sens allégorique, la rouille signifie l'orgueil qui ternit l'éclat des vertus; les vers, c'est ce qui met pour ainsi dire en pièces les bonnes résolutions et détruit ainsi l'étroite liaison qui forme l'unité chrétienne. Les voleurs, ce sont les hérétiques et les démons, toujours prêts à nous dépouiller des biens spirituels. - S. Hil. La gloire céleste au contraire est éternelle; ni le voleur ne peut s'en emparer par adresse, ni les vers, ni la rouille de l'envie ne peuvent la consumer. C'est pour cela que Notre-Seigneur ajoute: «Faites-vous des trésors dans le ciel, où ni la rouille, ni les vers ne les consument, et où il n'y a point de voleurs qui les déterrent et les dérobent».

S. Aug. (serm. sur la mont., 2, 13 ou 21). Il ne faut pas entendre ici le ciel dans un sens maté riel, car tout ce qui est corporel doit être considéré comme de même nature que la terre. Or, tout l'univers est digne de mépris aux yeux de celui qui amasse des trésors pour le ciel dont il est dit (Ps 113): «Le ciel des cieux appartient au Seigneur», c'est-à-dire pour le firmament des esprits. Le ciel et la terre passeront (Mt 24,35 Mc 13,31 Lc 21,33); or, ce n'est pas dans ce qui passe que nous devons placer notre trésor, c'est-à-dire notre coeur, mais dans ce qui demeure éternellement.

S. Chrys. (sur S. Matth). Que vaut-il donc mieux pour nous, ou de placer notre trésor sur la terre, où il est fort douteux que nous puissions le conserver, ou de le placer dans le ciel, où la conservation nous en est assurée? Quelle est donc cette folie de laisser ce trésor dans un lieu que vous devez quitter et de ne pas l'envoyer par avance dans la patrie vers laquelle vous vous dirigez. Placez donc vos richesses là où vous avez votre patrie.

S. Chrys. (hom. 21). Cependant, comme il y a des trésors de ce monde qui sont inaccessibles à la rouille, aux vers et aux voleurs, le Sauveur propose cette autre considération: «Où est votre trésor, là est votre coeur», paroles qui reviennent à dire: Supposez que vous n'ayez à craindre aucune des pertes signalées plus haut, vous éprouverez un immense dommage en restant attachés à ces choses si basses, en vous rendant leurs esclaves, en perdant tout droit aux biens du ciel en devenant incapable d'aucun noble sentiment, d'aucune pensée élevée. - S. Jér. Tels sont les sentiments que nous devons avoir à l'égard non-seulement de l'argent, mais encore de tous les biens qui peuvent venir en notre possession. En effet, le dieu de l'intempérant, c'est son ventre; le trésor de l'impudique, c'est la débauche; celui du volup tueux, les plaisirs criminels. Chacun devient l'esclave de la passion qui le domine; il a donc son coeur là où est son trésor.

S. Chrys. (sur S. Matth). Dans un autre sens, Notre Seigneur fait voir ici l'utilité de l'aumône. Celui qui place ses richesses sur la terre n'a plus rien à espérer dans le ciel. Pourquoi jeter ses regards vers le ciel où il ne place aucune réserve? Il commet donc un double péché, d'abord parce qu'il amasse des richesses pernicieuses, et ensuite parce que son coeur est attaché à la terre. Par une raison contraire, celui qui place son trésor dans le ciel fait une action doublement méritoire.



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