Catena Aurea 9711

vv. 11-17

9711 Lc 7,11-17

S. Cyr. Notre-Seigneur opère prodiges sur prodiges; dans le miracle précédent, il avait attendu qu'on vînt le prier, ici il vient sans être appelé: «Il s'en alla ensuite dans une ville appelée Naïm». - Bède. Naïm est une ville de Galilée, située à deux milles du mont Thabor; or, c'est par une permission divine que le Sauveur est suivi de cette grande multitude, Dieu veut ainsi multiplier les témoins d'un si grand miracle: «Et ses disciples l'accompagnaient avec une grande foule de peuple». - S. Grég. de Nysse. (Traité de l'âme et de la résurrection). Le Sauveur prouve la vérité de la résurrection moins par ses paroles que par ses oeuvres. Il commence par des miracles moins importants pour préparer notre foi à des prodiges plus éclatants, il essaie pour ainsi dire le pouvoir qu'il a de ressusciter sur la maladie désespérée du serviteur du centurion; puis, par un acte d'une plus grande puissance, il conduit les hommes à la foi de la résurrection, en rendant à la vie le fils d'une veuve qu'on portait au tombeau: «Comme il approchait de la porte de la ville, il se trouva qu'on portait en terre un mort, fils unique de sa mère». - Tite de Bostr. On avait pu dire du serviteur du centurion, que sa maladie n'était pas mortelle; aussi, pour réprimer ce langage téméraire, Jésus marche à la rencontre d'un jeune homme qui était mort, fils unique d'une veuve: «Et celle-ci était veuve, et beaucoup de gens de la ville l'accompagnaient». - S. Grég. de Nysse. (de la créat. de l'homme). Par ce peu de mots, l'Évangéliste nous fait connaître le poids de la douleur qui accablait cette pauvre mère. Elle était veuve, et ne pouvait plus espérer d'autres enfants, elle n'en avait aucun sur lequel elle pût reporter les regards de sa tendresse, à la place de celui qu'elle venait de perdre; il était le seul qu'elle eût nourri de son lait, lui seul était la joie de sa maison, lui seul était toute sa douceur, tout son trésor. - S. Cyr. Une si juste douleur était bien digne de compassion et bien capable d'attrister et de faire couler les larmes: «Le Seigneur l'ayant vue, fut touché de compassion pour elle, et lui dit: Ne pleurez point». - Bède. C'est-à-dire, cessez de pleurer comme mort celui que vous allez voir ressusciter plein de vie. - S. Chrys. (ou Tite dans la Ch. des Pèr. gr). En disant à cette femme: «Ne pleurez pas»,celui qui console les affligés nous apprend à nous consoler de la perte de ceux qui nous sont chers, par l'espérance de la résurrection; cependant il touche le cercueil comme la vie qui va à la rencontre de la mort: «Et il s'approcha et toucha le cercueil»,etc. - S. Cyr. Il n'opère point ce miracle par sa seule parole, mais il touche le cercueil et vous fait ainsi comprendre l'efficacité toute-puissante du corps sacré de Jésus-Christ pour le salut des hommes; c'est en effet un corps plein de vie et la chair du Verbe tout-puissant dont il a toute la vertu. De même, en effet, que le fer pénétré par le feu, produit les effets du feu; ainsi la chair étant unie au Verbe qui vivifie toutes choses, se pénètre elle-même d'une puissance vivifiante qui chasse la mort. - Tite de Bostr. Le Sauveur ne ressemble point ici au prophète Élie, qui pleure le fils de la femme de Sarepta (4R 4), ni à l'apôtre saint Pierre, qui prie Dieu de rendre la vie à la pieuse Thabitha (Ac 9); mais il est celui qui appelle ce qui n'est pas comme ce qui est (Rm 4), et qui peut faire entendre sa parole aux morts aussi bien qu'aux vivants: «Et il dit: Jeune homme, je te le commande, lève-toi». - S. Grég. de Nysse. En l'appelant «jeune homme»,Notre-Seigneur nous apprend qu'il était à la fleur de l'âge, dans la première jeunesse. Il y a quelques heures encore, il était la joie et le bonheur des regards de sa mère, peut-être déjà il soupirait après le temps, où uni à une tendre épouse, il deviendrait le chef de sa famille, la souche de sa postérité, et le bâton de vieillesse de sa mère.

Tite de Bostr. Ce jeune homme obéit aussitôt à l'ordre qui lui est donné, et se lève sur son séant, car rien ne peut résister à la puissance divine, elle ne souffre aucun retard, elle n'a besoin d'aucune instance: «Aussitôt le mort se leva sur son séant et commença à parler, et Jésus le rendit à sa mère». Ce sont là les signes d'une véritable résurrection, car un corps privé de la vie n'a point l'usage de la parole, et d'ailleurs cette femme n'eût point ramené dans sa maison le corps de son fils mort et inanimé. - Bède. L'Évangéliste suit un ordre admirable en nous représentant d'abord le Sauveur, touché de compassion pour cette pauvre mère, et puis rendant son fils à la vie; il nous donne ainsi d'un côté l'exemple de la compassion que nous devons imiter, et de l'autre, un motif de croire à sa puissance toute divine; aussi ajoute-t-il: «Tous furent saisis de crainte, et ils glorifiaient Dieu», etc.; - S. Cyr. Ce prodige surprenant se fit au milieu d'un peuple insensible et ingrat, quelques jours à peine s'étaient passés, et ils ne croyaient plus que Jésus fût un prophète, ni qu'il eût été envoyé pour le salut du peuple juif. Cependant ce miracle fut connu de tous les habitants de la Judée: «Et le bruit de ce prodige se répandit dans toute la Judée, et dans tout le pays d'alentour».

S. Max. Il est bon de remarquer que la sainte Écriture rapporte sept résurrections avant celle du Seigneur. La première est celle du fils de la veuve de Sarepta (); la seconde, celle du fils de la Sumanite (); la troisième, celle qu'opéra le corps d'Elisée (); la quatrième, celle du fils de la veuve de Naïm (Lc 7); la cinquième, celle de la fille du chef de la synagogue (Mc 5); la sixième, celle de Lazare (Jn 11); la septième, celle qui eut lieu au temps de la passion du Sauveur, alors que les corps d'un grand nombre de saints ressuscitèrent. La huitième est celle de Jésus-Christ, qui, vainqueur à jamais de la mort, vit pour ne plus mourir, et pour signifier que la résurrection générale qui aura lieu au huitième âge du monde, ne sera plus sujette à la mort, mais sera suivie d'une vie éternelle.

Bède. Ce mort qui ressuscite, hors des portes de la ville, sous les yeux d'une grande multitude, représente l'homme plongé dans le sommeil de ses fautes mortelles, et la mort de l'âme, qui ne reste plus cachée dans l'intérieur du coeur, mais qui se produit au dehors, et qui, par ses paroles et par ses oeuvres, s'expose aux regards de tous, comme aux portes d'une ville, car chacun des sens de notre corps peut être considéré comme la porte d'une ville. C'est avec raison que l'Évangéliste fait remarquer que ce jeune homme était fils unique, parce que l'Église, bien que composée d'un grand nombre de personnes, ne fait cependant qu'une seule mère; et toute âme qui se souvient d'avoir été rachetée par la mort du Seigneur, sait que l'Église est veuve. - S. Ambr. Cette veuve qui est entourée d'une multitude de peuple, est à mes yeux plus qu'une femme, elle qui a mérité d'obtenir par ses larmes la résurrection de son fils unique. Ainsi l'Église rappelle à la vie le peuple le plus jeune du milieu des tristes solennités de la mort, et on lui défend de pleurer celui qui doit bientôt ressusciter. - Bède. Ainsi se trouve confondue l'erreur des novatiens, qui, en voulant détruire la purification des pécheurs repentants, nient par la même que l'Église, notre mère, qui pleure la mort spirituelle de ses enfants, doive être consolée par l'espérance de leur rendre la vie.

S. Ambr. Ce mort était porté dans son cercueil par les quatre éléments terrestres; mais il avait l'espérance de ressusciter parce qu'il était porté dans le bois. Ce bois jusque-là ne nous était d'aucune utilité, mais dès que Jésus-Christ l'eut touché, il devint un instrument de vie, et le signe du salut que le bois de la croix devait apporter à tous les peuples. Nous sommes étendus sans mouvement et sans vie dans le cercueil, lorsque le feu d'une passion violente nous consume, ou lorsque les eaux de l'indifférence nous submergent, et que la vigueur de notre âme se trouve comme émoussée et appesantie par le poids de ce corps terrestre. - Bède. Ou bien encore, le cercueil dans lequel ce jeune homme est porté, c'est la conscience toujours alarmée du pécheur désespéré; ceux qui le portent au tombeau sont les désirs impurs ou les flatteries des amis qui s'arrêtent aussitôt que le Seigneur touche le cercueil; souvent, en effet, la conscience que touche la crainte des jugements de Dieu, rejette les voluptés charnelles et les louanges injustes, rentre en elle-même, et répond au Sauveur qui la rappelle à la vie. - S. Ambr. Si donc vous êtes coupable d'une grande faute que vous ne puissiez laver dans les larmes de la pénitence, recourez aux larmes de l'Église votre mère, que l'assemblée des fidèles vous aide aussi dans ce pieux travail, et vous sortirez du tombeau, et votre bouche s'ouvrira de nouveau à des paroles de vie, et tous seront saisis de crainte (car l'exemple d'un seul est profitable à tous ceux qui en sont témoins), et ils loueront Dieu qui nous a donné de si grands moyens d'éviter la mort. - Bède. ainsi Dieu a visité son peuple, non seulement lorsqu'il l'a incarné une fois dans un corps mortel, mais lorsqu'il ne cesse de l'envoyer dans les coeurs.

Théophyl. Par cette veuve, vous pouvez aussi entendre l'âme qui a perdu son époux, c'est-à-dire la parole divine; son fils qui est emporté hors de la ville des vivants, c'est l'intelligence; le cercueil, c'est son corps que plusieurs ont appelé un sépulcre. Or, aussitôt que le Seigneur le touche, il le relève, il rend la vie et la jeunesse à celui qui sort du péché et commence à parler et à instruire les autres; car avant sa résurrection on n'eût point ajouté foi à ses paroles.


vv. 18-23

9718 Lc 7,18-23

S. Cyr. (Ch. des Pèr. gr). Quelques-uns des disciples de Jean rapportèrent au saint Précurseur le miracle qu'avaient appris tous les habitants de la Judée et de la Galilée: «Cependant les disciples de Jean lui ayant annoncé», etc. - Bède. Ce ne fut pas, je pense, dans une intention bien droite, mais par un sentiment de jalousie; car nous les voyons ailleurs se plaindre de Jésus en ces termes: «Maître, celui qui était avec vous au delà du Jourdain, et auquel vous avez rendu témoignage, voilà qu'il baptise, et que tous vont à lui» (Jn 3). - S. Chrys. C'est surtout lorsque la nécessité nous presse, que nous devons nous élever jusqu'à Jésus, c'est pour cette raison que Jean, retenu dans les fers, envoie ses disciples à Jésus, alors qu'ils en avaient un plus grand besoin: «Jean-Baptiste appela deux de ses disciples, et les envoya vers Jésus pour lui dire: «Êtes-vous celui qui doit venir», etc. - Bède. Il ne dit pas: Êtes-vous celui qui êtes venu? mais: «Êtes-vous celui qui doit venir ?» c'est-à-dire: Je suis sur le point d'être mis à mort par Hérode, et de descendre aux enfers, faites-moi donc savoir si je dois annoncer votre arrivée dans les enfers, comme je l'ai annoncée sur la terre, ou bien si cette mission ne convenant pas au Fils de Dieu, vous devez en envoyer un autre pour l'accomplissement de ce mystère. - S. Cyr. Mais cette explication doit être entièrement rejetée; nulle part, en effet, nous ne lisons dans les saintes Écritures que Jean-Baptiste ait annoncé la venue du Sauveur aux habitants des limbes. Il est vrai aussi de dire que le saint Précurseur connaissait toute l'étendue du mystère de l'incarnation du Fils de Dieu; il savait donc, entre autres choses, qu'il devait porter la lumière à ceux qui habitaient les enfers, puisqu'il est mort pour tous les hommes, aussi bien pour les morts que pour les vivants. Mais comme les oracles de la sainte Écriture avaient prédit qu'il viendrait comme chef et comme Seigneur, et que les autres avaient été envoyés comme de simples serviteurs avant la venue du Christ, le Sauveur et le Seigneur de tous les hommes est appelé par les prophètes: «Celui qui vient», ou «celui qui doit venir», comme dans ce passage des Psaumes: «Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur» (Ps 117), et dans cet autre du prophète Habacuc: «Encore un peu de temps, et celui qui doit venir, viendra sans tarder» (Ha 2). Jean-Baptiste emprunte donc cette manière de parler à la sainte Écriture, et envoie quelques-uns de ses disciples pour demander à Jésus s'il est celui qui vient, ou qui doit venir.

S. Ambr. Mais comment peut-il se faire qu'après avoir proclamé Jésus celui qui efface les péchés du monde, Jean-Baptiste ne reconnut pas encore en lui le Fils de Dieu? car, ou c'est une témérité impardonnable que d'attribuer sans raison les attributs de la divinité à celui qu'il ne connaît pas, ou c'est une coupable infidélité que de douter qu'il soit le Fils de Dieu. Quelques-uns ont vu dans Jean-Baptiste un grand prophète éclairé d'en haut, pour reconnaître le Christ; mais sans admettre que le doute soit entré dans son esprit, ils ont supposé que par un sentiment de pieuse affection, il avait cru que celui qu'il avait annoncé, ne serait pas sujet à la mort. Ce n'est donc point l'incrédulité, mais son amour pour le Sauveur qui est la cause de ce doute; c'est ainsi que nous voyons saint Pierre dire à Jésus-Christ «A Dieu ne plaise, Seigneur, cela ne vous arrivera point» (Mt 16). - S. Cyr. (Trés., liv. 2, chap. 4). Ou bien, c'est avec un dessein particulier que Jean-Baptiste fait cette question. Il connaissait, en effet, comme précurseur, le mystère de la passion du Christ; mais il voulait que ses disciples apprissent par eux-mêmes l'excellence du Sauveur; il envoie donc vers lui les plus sages d'entre eux, en leur recommandant de s'informer et d'apprendre de la bouche même du Sauveur, s'il était celui qu'on attendait: «Ces hommes étant donc venus, lui dirent: Jean-Baptiste nous a envoyés vous demander: Êtes-vous celui qui doit venir», etc. Or, Jésus, sachant comme Dieu dans quelle intention Jean les avait envoyés et le motif de leur venue, opéra sous leurs yeux un grand nombre de miracles éclatants: «A cette heure même, Jésus guérit un grand nombre de personnes affligées», etc. Il ne leur dit pas en termes exprès: «Je suis celui qui doit venir», mais il leur en donne une plus grande certitude, et veut qu'ils puisent la foi en sa divinité dans des preuves sans réplique, avant de retourner vers celui qui les a envoyés. Il ne répond donc pas à la question, mais à l'intention de celui qui les a envoyés: «Alors il répondit aux envoyés: Allez rapporter à Jean ce que vous avez vu et entendu», c'est-à-dire: Racontez à Jean-Baptiste ce que vous avez entendu des prophètes, et ce que vous avez vu s'accomplir en moi-même. Il accomplissait, en effet, les merveilles que les prophètes avaient prédit de lui, et qu'il rappelle en leur disant: «Les aveugles voient, les boiteux marchent», etc.

S. Ambr. Ce témoignage était sans doute plus que suffisant pour que le saint Précurseur fût convaincu que Jésus était son Seigneur; car c'est de lui que les prophètes avaient prédit: «Le Seigneur donne la nourriture à ceux qui ont faim, le Seigneur délie les captifs, il éclaire les aveugles, il redresse ceux qui sont courbés, et celui qui opère ces prodiges, règnera dans l'éternité» (Ps 145). Ce ne sont point les oeuvres de l'homme, mais les actes d'une puissance toute divine. De tels prodiges étaient rares, ou presque nuls avant l'Évangile; Tobie est le seul que nous voyons recouvrer la vue, et ce fut un ange et non pas un homme qui le guérit (Tb 11). Élie a ressuscité des morts, mais à force de prières et de larmes (), ici Jésus n'a besoin que de commander; Élisée a guéri un lépreux, néanmoins ce ne fut point par l'autorité de son commandement, mais en figure d'un grand mystère. - Théophyl. C'était à la vue de ces prodiges, qu'Isaïe disait: «Dieu viendra lui-même et vous sauvera. Alors les yeux des aveugles verront le jour, et les oreilles des sourds seront ouvertes; alors le boiteux bondira comme le cerf». - Bède. Et ce qui n'est pas un miracle moins éclatant: «Les pauvres sont évangélisés», c'est-à-dire que les pauvres d'esprit ou des biens de la terre sont éclairés intérieurement, de sorte que les pauvres et les riches ont également part à la grâce de la prédication. C'est là une preuve de la vérité du Maître, que tous ceux qu'il peut sauver soient égaux devant lui. - S. Ambr. Et cependant ce sont là encore de faibles témoignages de la divinité du Sauveur; ce qui donne à la foi toute sa plénitude, c'est la croix du Seigneur, sa mort, sa sépulture. Voilà pourquoi il ajoute: «Et bienheureux celui qui ne se sera pas scandalisé de moi». La croix, en effet, pourrait être un sujet de scandale, même pour les élus, et cependant c'est la plus grande preuve de la divinité du Christ; car il n'y a rien qui soit plus au-dessus de l'humanité que de s'être offert seul pour le salut du monde entier. - S. Cyr. Peut-être aussi voulait-il les convaincre par là, qu'aucune des pensées de leur coeur ne pouvait échapper à ses regards; car c'étaient eux-mêmes qui se scandalisaient de sa personne divine.

S. Ambr. Nous avons dit plus haut que Jean était la figure de la loi qui a été comme le précurseur du Christ. Jean-Baptiste envoie donc ses disciples vers Jésus-Christ pour donner à leur science toute sa perfection; car le Christ est la plénitude de la loi. Ces deux disciples peuvent aussi figurer les deux peuples, les Juifs qui embrassèrent la foi, et les Gentils qui crurent après avoir entendu. Ils voulaient voir de leurs yeux, parce que bienheureux sont les yeux qui voient. Mais lorsqu'ils sont parvenus jusqu'à l'Évangile, et qu'ils ont reconnu que les aveugles ont recouvré la vue, que les boiteux marchent, etc.; alors ils diront: «Nous avons vu de nos yeux» (1Jn 1). Car nous nous figurons que nous voyons ce que nous lisons; ou bien encore, il nous semble que nous avons parcouru toute la suite de la passion du Sauveur dans quelque partie de notre corps; car c'est par quelques-uns seulement que la foi s'est étendue à la multitude des fidèles. Ainsi la loi annonçait le Christ qui devait venir, et l'Évangile confirme sa venue.


vv. 24-28

9724 Lc 7,24-28

S. Cyr. (Tres., 2, 24). Le Seigneur qui pénétrait le secret des coeurs, comprit qu'il s'en trouverait pour dire: Si Jean-Baptiste a été jusqu'à ce jour sans connaître Jésus, comment a-t-il pu le montrer au peuple en disant: «Voici l'Agneau de Dieu qui efface les péchés du monde ?» C'est donc pour guérir cette impression défavorable, qu'il éloigne de leur esprit ce qui pouvait être pour eux un sujet de scandale: «Lorsque les envoyés de Jean furent partis, il commença à dire au peuple, en parlant de Jean: Qu'êtes-vous allés voir dans le désert? un roseau agité par le vent ?» comme s'il disait: Vous avez été pleins d'admiration pour Jean-Baptiste, bien des fois vous avez été le trouver malgré les difficultés d'un voyage long et pénible dans le désert. Or, pourquoi cette admiration, cet empressement, si vous le croyez léger comme le roseau qui plie à tous les vents? car voilà ce qu'il serait, si par légèreté d'esprit, il déclarait ignorer ce qu'il a connu. - Tite. Mais vous n'auriez point quitté les villes pour vous enfoncer dans le désert qui ne peut vous offrir aucun agrément, si vous n'aviez de cet homme une plus haute idée. - Siméon. (Ch. des Pèr. gr). Notre-Seigneur attendit le départ des disciples pour parler ainsi de Jean-Baptiste, il n'avait pas voulu faire en leur présence l'éloge du saint Précurseur, vo ulant éviter tout ce qui aurait l'apparence de la flatterie. - S. Ambr. Ce n'est point sans raison que le Sauveur fait ici l'éloge de Jean-Baptiste qui, sacrifiant généreusement l'amour de la vie aux intérêts de la vérité et de la justice, demeura inébranlable en face même de la mort. Ce monde, en effet, peut être comparé à un désert stérile et inculte, où le Seigneur nous défend de marcher sur les traces, et en suivant les exemples de ces hommes remplis des pensées de la chair, vides de toute vertu intérieure, et qui s'enorgueillissent de l'éclat fragile de la gloire mondaine. Constamment agités par les tempêtes de ce monde, ils sont toujours en proie à la mobilité de leurs désirs, et méritent par là d'être comparés à des roseaux. - Siméon. Le vêtement de Jean-Baptiste est un témoignage de la sainteté de sa vie, aussi bien que la prison, où il est détenu; car jamais il n'aurait été jeté dans les fers, s'il eût flatté les passions des princes: «Qu'êtes-vous allés voir? un homme vêtu avec mollesse? Mais ceux qui portent des vêtements précieux et vivent dans les délices, habitent les maisons des rois». Ces hommes vêtus mollement, représentent ceux qui passent leur vie dans les délices. - S. Chrys. (hom. 29 sur l'Ep. aux Héb). La mollesse des vêtements affaiblit la vigueur de l'âme, et le corps fût-il ami de l'austérité et de la mortification, est bientôt énervé par cette molle délicatesse. Or, quand le corps est amolli, l'âme ne tarde pas à l'être; car les inclinations de l'âme sont presque toujours conformes aux dispositions du corps. - S. Cyr. (Très., 2, 4). Comment donc Jean-Baptiste, avec ce soin religieux de soumettre les passions de la chair, aurait-il pu tomber dans une si grande ignorance, sinon par la légèreté d'un esprit qui a horreur des austérités, et se laisse séduire par les délices du monde? Si donc Jean vous paraît digne d'imitation, parce qu'il fuit cette vie délicate et mondaine, accordez-lui la fermeté qui convient à cette vie mortifiée; si au contraire, vous ne devez rien à cette vie pénitente et austère, pourquoi donc refuser votre admiration aux délices du monde, pour l'accorder à cet habitant du désert, à l'antre misérable qui lui sert de demeure, et à la peau de chameau dont il est couvert.

S. Chrys. (hom. 38 sur S. Matth). Par ces deux comparaisons, le Sauveur veut faire comprendre que Jean-Baptiste n'était point d'un caractère mobile et inconstant, et qu'aucune volonté n'était capable de le faire fléchir. - S. Ambr. Bien qu'il soit vrai de dire que la recherche de la mollesse dans les vêtements, énerve la vigueur de l'âme dans le plus grand nombre; Notre-Seigneur paraît vouloir indiquer ici un autre genre de vêtement, c'est-à-dire le corps dont notre âme est comme revêtue. Ces vêtements délicats sont les oeuvres de la volupté et du plaisir. Or, ceux qui laissent énerver leurs membres au contact de ces fausses délices sont bannis du royaume des cieux; les princes de ce monde et les puissances des ténèbres s'en emparent; car ils sont les rois qui exercent leur empire absolu sur les i mitateurs de leurs oeuvres.

S. Cyr. (Trés., 2, 4). Mais vous jugez sans doute qu'il est superflu d'excuser Jean-Baptiste de légèreté et de mollesse, puisque vous avouez qu'il est digne d'imitation; alors: «Qu'êtes-vous donc allés voir? Un prophète. Oui, je vous le dis, et plus qu'un prophète, car les prophètes prédisaient seulement qu'il allait venir; mais pour Jean-Baptiste, non seulement il a prédit sa venue, mais il a démontré sa présence au milieu des hommes, lorsqu'il a dit: Voici l'agneau de Dieu». - S. Ambr. Oui certes, il est plus grand ou plus qu'un prophète, lui qui atteint la fin que se proposaient les prophètes, car beaucoup ont désiré contempler celui qu'il a mérité de voir et de baptiser (Mt 13; Lc 10). - S. Cyr. (Trés., 2, 4). Après avoir fait l'éloge de la vie de Jean-Baptiste et par le lieu qu'il habitait, et par ses vêtements, et par le concours qui se faisait autour de lui, Notre-Seigneur cite en sa faveur le témoignage du prophète Malachie: «C'est de lui qu'il est écrit: Voilà que j'envoie mon ange». - Tite de Bostr. Il lui donne le nom d'ange, non pas qu'il le fût en réalité, puisqu'il était homme par nature, mais parce qu'il remplissait les fonctions d'un ange en annonçant la venue du Christ. - Siméon. Ces paroles: «Devant votre face»,nous montrent les rapports étroits de Jean-Baptiste avec Jésus-Christ; il parut, en effet, au moment de la venue de Jésus-Christ, et c'est pour cela que nous devons l'estimer plus qu'un prophète, car ceux qui, dans les armées, se tiennent aux côtés du roi, sont les premiers dignitaires du royaume et ses familiers les plus intimes.

S. Ambr. Jean-Baptiste a préparé la voie au Seigneur, non seulement par le caractère miraculeux de sa naissance, et par la prédication de la foi, mais en précédant Jésus dans sa glorieuse passion: «Qui préparera la voie devant vous». - S. Ambr. Mais si Jésus-Christ est prophète, comment Jean-Baptiste est-il plus grand que tous les prophètes? Il est le plus grand de ceux qui sont nés de la femme et non d'une vierge, c'est-à-dire, qu'il a été le plus grand de tous ceux qui lui étaient semblables par leur naissance: «Je vous le dis, parmi ceux qui sont nés des femmes, il n'est point de prophète plus grand que Jean-Baptiste».
- S. Chrys. (hom. 38 sur S. Matth). Il suffisait sans doute de ce témoignage rendu par le Sauveur, que Jean était le plus grand des enfants des hommes; cependant, si vous voulez voir cette vérité confirmée par les faits, considérez quelle était la nourriture du saint Précurseur, sa vie, sa grandeur d'âme; en effet, il vivait sur la terre comme un homme descendu du ciel, ne prenant aucun soin de son corps, l'esprit toujours occupé des pensées du ciel, uni à Dieu seul, n'ayant aucun souci des choses de la terre; sa Parole était à la fois pleine de sévérité et de douceur; il parlait au peuple juif avec vigueur et fermeté, au roi Hérode avec courage, et il instruisait ses disciples avec douceur; rien de vain et de léger dans sa conduite toujours pleine de dignité. - S. Isid. Jean est encore le plus grand de ceux qui sont nés de la femme, parce qu'il prophétisa dans le sein même de sa mère, et qu'au milieu des ténèbres qui l'environnaient, il reconnut la lumière qui allait éclairer l'univers.

S. Ambr. Il est si vrai qu'il ne pouvait exister aucune comparaison entre Jean-Baptiste et le Fils de Dieu, que le Sauveur le place même au-dessous des anges: «Celui qui est le plus petit dans le royaume des cieux est plus grand que lui». - Bède. Ce passage peut être interprété de deux manières, ou bien pa r ce royaume de Dieu, le Sauveur veut entendre ce royaume dont nous ne sommes pas encore en possession et qu'habitent les anges; or, le plus petit dans ce royaume est plus grand que tout juste revêtu de ce corps qui appesantit l'âme (Sg 9, 15). Ou bien, le royaume de Dieu, dans l'intention du Sauveur, c'est l'Église du temps présent, et alors c'est de lui-même que Notre-Seigneur veut parler, lui qui est inférieur à Jean par la date de sa naissance, mais qui est plus grand par son autorité divine et par sa souveraine puissance. Dans le premier sens, il faut donc ainsi séparer les membres de cette proposition: «Celui qui est le plus petit dans le royaume de Dieu», ajoutez: «Est plus grand que lui»; dans le second sens: «Celui qui est plus petit que lui», ajoutez: «Dans le royaume de Dieu est plus grand que lui». - S. Chrys. (hom. 38 sur S. Matth). Notre-Seigneur fait cette réserve, de peur que la grandeur des louanges qu'il vient de donner à Jean-Baptiste, ne fût pour les Juifs une occasion de le mettre au-dessus du Christ. Ne croyez pas cependant qu'il ait voulu établir une comparaison en déclarant que Jean est plus grand que lui. - S. Ambr. En effet, sa nature est toute différente et ne peut être comparée en aucune façon à la nature humaine, car nulle comparaison n'est possible entre Dieu et l'homme.

S. Cyr. Dans le sens mystique, en même temps que le Sauveur proclame la supériorité de Jean-Baptiste sur tous les enfants des femmes, il lui oppose quelque chose de plus grand, celui qui devient Fils de Dieu par la naissance qu'il reçoit de l'Esprit saint, car le royaume du Seigneur, c'est l'Esprit de Dieu. Aussi, bien que sous le rapport des oeuvres et de la sainteté de la vie, nous soyons inférieurs à ceux qui ont pénétré le mystère de la loi, et dont Jean-Baptiste est la figure; cependant nous nous élevons plus haut par Jésus-Christ qui nous rend participants de la nature divine (2P 1,4).


vv. 29-35

9729 Lc 7,29-35

S. Chrys. (hom. 38 sur S. Matth). Après avoir fait l'éloge de Jean-Baptiste, le Sauveur fait ressortir le crime énorme des pharisiens et des docteurs de la loi qui, même après l'exemple donné par les publicains, n'ont pas voulu recevoir le baptême de Jean. - S. Ambr. Dieu est justifié dans le baptême, lorsque les hommes se justifient eux-mêmes en confessant leurs péchés. En effet, celui qui, après avoir péché, confesse à Dieu ses fautes, justifie Dieu, en se soumettant au pouvoir de ce vainqueur, et en espérant de lui la grâce du salut. - Eusèbe. Ceux qui ont cru ont aussi justifié Dieu, car ils l'ont trouvé juste dans toutes ses oeuvres. Les pharisiens, au contraire, qui refusaient d'écouter Jean-Baptiste, par un sentiment de désobéissance, se mettaient en opposition avec ces paroles du prophète: «Afin que vous soyez reconnu juste dans vos paroles» (Ps 51,6). «Or, les pharisiens et les docteurs de la loi ont méprisé le conseil de Dieu», etc. - Bède. Cette réflexion est de l'Évangéliste, ou de Notre-Seigneur lui-même (comme plusieurs le pensent); cette expression: «Sur eux», ou: «Contre eux», signifie que celui qui méprise la grâce de Dieu, agit contre ses intérêts, ou bien encore, le Sauveur condamne ici la conduite de ces insensés et de ces ingrats, qui n'ont pas voulu recevoir le conseil que Dieu leur manifestait. Or, le conseil de Dieu, c'est le décret de sauver le monde par la passion et la mort de Jésus-Christ, conseil que les pharisiens et les docteurs de la loi ont méprisé.
- S. Ambr. Gardons-nous de mépriser, à l'exemple des pharisiens, le conseil de Dieu. Ce conseil de Dieu s'est manifesté dans le baptême de Jean-Baptiste, qui donc peut douter qu'il se manifeste également dans le baptême de Jésus-Christ? C'est le conseil dont l'ange du grand conseil est l'auteur, et que personne ne connaît: «Car qui connaît les desseins de Dieu (Rm 11,34) ?» Personne ne méprise le conseil d'un homme, qui oserait rejeter le conseil de Dieu.

S. Cyr. Voici l'espèce de jeu auquel se livraient les enfants des Juifs: une troupe d'enfants se partageaient en deux pour se jouer des vicissitudes si rapides de la vie présente; les uns chantaient, et les autres se lamentaient; mais ni ceux qui pleuraient ne participaient à la joie de ceux qui chantaient, ni ceux qui se réjouissaient ne prenaient part à la tristesse de ceux qui pleuraient, et alors ils se reprochaient mutuellement leur absence de sympathie. C'est l'image de la conduite du peuple juif et des princes des prêtres, au témoignage de Jésus-Christ: «A qui donc comparerai-je les hommes de cette génération et à qui sont-ils semblables? Ils sont semblables à des enfants», etc. -
Bède. La génération présente des Juifs est comparée à des enfants, parce qu'ils avaient autrefois pour docteurs les prophètes dont il est écrit: «Vous avez tiré la louange la plus parfaite de la bouche des enfants et de ceux qui sont à la mamelle (Ps 8,3) ». - S. Ambr. Or, les prophètes ont chanté, proclamant dans leurs mélodies spirituelles les oracles du salut du monde; ils ont pleuré pour attendrir par leurs plaintives lamentations les coeurs endurcis des Juifs. Ce n'était ni dans le Forum, ni sur les places publiques que ces chants se faisaient entendre, mais dans la ville de Jérusalem, car cette ville est comme le Forum du Seigneur, où se publient les droits immuables des commandements célestes. Les chants et les lamentations ne sont que l'effet d'une émotion vive de joie et de tristesse. Les instruments de musique laissent échapper une mélodie sympathique qui porte l'homme à manifester les sentiments intérieurs qu'elle fait naître par le mouvement cadencé de son pied ou de tout son corps; voilà pourquoi ces enfants disent: «Nous avons chanté et vous n'avez pas dansé»; «nous nous sommes lamentés et vous n'avez point pleuré». - S. Aug. (Quest. évang., 2, 11). Notre-Seigneur fait ici allusion à la conduite dès Juifs à l'égard de Jean-Baptiste et de Jésus-Christ: «Ces paroles: Nous nous sommes lamentés et vous n'avez point pleuré», se rapportent à la prédication de Jean-Baptiste, qui, par l'austérité de sa manière de vivre, figurait la tristesse de la pénitence; aussi Notre-Seigneur ajoute: «Car Jean-Baptiste est venu ne mangeant point de pain et ne buvant point de vin», et vous dites: «Il est possédé du démon». - S. Cyr. Ils osent incriminer un homme digne de toute leur admiration, et ils traitent de possédé celui qui mortifiait la loi du péché cachée dans nos membres. - S. Aug. (Quest. év., 2, 11). Les paroles qui précèdent: «Nous avons joué de la flûte et vous n'avez pas dansé», sont une allusion à Notre-Seigneur lui-même, qui, en adoptant la manière de vivre ordinaire des hommes avec lesquels il mangeait et buvait, était la figure de la joie du royaume: «Le Fils de l'homme est venu mangeant et buvant», etc. - Tite de Bostr. Jésus-Christ, en effet, n'a point voulu s'interdire l'usage de ces aliments pour ôter tout prétexte aux hérétiques (cf. 1Tm 4,1-4), qui disent que les créatures sont mauvaises et qui condamnent l'usage des viandes et du vin. - S. Cyr. Mais où ont-ils donc trouvé que le Seigneur était un homme de bonne chère? Ne voyons-nous pas au contraire qu'en toute circonstance il se garde de tout excès et conseille la tempérance et la modération? Il ne dédaignait pas, il est vrai, d'entrer en relations avec les publicains et les pécheurs, aussi l'accusaient-ils d'être «l'ami des publicains et des pécheurs», bien que cette fréquentation ne pût lui être aucunement nuisible, mais qu'elle devint, au contraire, pour les pécheurs la cause de leur conversion et de leur salut. En effet, est-ce que le soleil qui inonde toute la terre de ses rayons, contracte la moindre souillure, parce que sa lumière pénètre les corps immondes? Comment donc le soleil de justice pourrait-il éprouver la moindre altération dans ses rapports avec les méchants. Cependant gardons-nous tous, qui que nous soyons, de prétendre aux mêmes privilèges que Jésus-Christ, mais à la vue de notre propre fragilité, évitons le commerce des méchants, car les mauvaises conversations corrompent les bonnes moeurs (1Co 15,33).

«Et la sagesse a été justifiée par tous ses enfants». - S. Ambr. Le Fils de Dieu est la sagesse de Dieu par nature et non par le progrès de l'âge ou de l'étude; cette sagesse est justifiée dans le baptême, lorsqu'elle n'est pas rejetée par opiniâtreté, mais qu'elle est reçue par la justice comme une grâce de Dieu. La justification de Dieu consiste donc à ce que ses dons soient communiqués, non à ceux qui s'en rendent indignes par leurs crimes, mais à ceux qui sont devenus justes et saints par le baptême. - S. Chrys. (hom. sur les Psaumes). Il appelle les sages les fils de la sagesse, car c'est la coutume de l'Écriture, de désigner les méchants par le mal qu'ils commettent, et d'appeler les bons, fils de la vertu qui les caractérise. - S. Ambr. Il dit avec raison: «Par tous ses enfants», car la justice doit s'exercer sur tous les hommes, sur les justes, pour leur salut, sur les infidèles pour leur condamnation. - S. Aug. (Quest. évang). Ou bien encore, ces paroles: «La sagesse a été justifiée par tous ses enfants», nous font entendre que les fils de la sagesse comprennent que la justice ne consiste ni à se permettre, ni à s'interdire la nourriture, mais à supporter la pauvreté avec patience, car ce n'est point l'usage modéré, mais la sensualité qui est ici coupable, et rien de plus légitime que de se conformer pour le choix des aliments aux habitudes de ceux avec lesquels vous êtes appelé à vivre.



Catena Aurea 9711