1998 Catéchisme 214

III Dieu , "Celui qui est", est Vérité et Amour

214 Dieu, "Celui qui est", s'est révélé à Israël comme Celui qui est "riche en grâce et en fidélité" (Ex 34,6). Ces deux termes expriment de façon condensée les richesses du Nom divin. Dans toutes ses oeuvres Dieu montre sa bienveillance, sa bonté, sa grâce, son amour; mais aussi sa fiabilité, sa constance, sa fidélité, sa vérité. "Je rends grâce à ton nom pour ton amour et ta vérité" (Ps 138,2 cf. Ps 85,11). Il est la Vérité, car "Dieu est Lumière, en Lui point de ténèbres" (1Jn 1,5); Il est "Amour", comme l'apôtre Jean l'enseigne (1Jn 4,8).


Dieu est la Vérité

215 "Vérité, le principe de ta parole! pour l'éternité, tes justes jugements" (Ps 119,160). "Oui, Seigneur Dieu, c'est Toi qui es Dieu, tes paroles sont vérité" (2S 7,28); c'est pourquoi les promesses de Dieu se réalisent toujours (cf. Dt 7,9). Dieu est la Vérité même, ses paroles ne peuvent tromper. C'est pourquoi on peut se livrer en toute confiance à la vérité et à la fidélité de Sa parole en toutes choses. Le commencement du péché et de la chute de l'homme fut un mensonge du tentateur qui induit à douter de la parole de Dieu, de Sa bienvieillance et de Sa fidélité.

216 La vérité de Dieu est Sa sagesse qui commande tout l'ordre de la crétion et du gouvernement du monde (cf. Sg 13,1-9). Dieu qui, seul, a créé le ciel et la terre (cf. Ps 115,15), peut seul donner la connaissance véritable de toute chose créée dans sa relation à Lui (cf. Sg 7,17-21).

217 Dieu est vrai aussi quand Il se révèle: L'enseignement qui vient de Dieu est "une doctrine de vérité" (Ml 2,6). Quand Il enverra Son Fils dans le monde ce sera "pour rendre témoignage à la Vérité" (Jn 18,37): "Nous savons que le Fils de Dieu est venu et qu'Il nous a donné l'intelligence afin que nous connaissions le Véritable" (1Jn 5,20 cf. Jn 17,3).


Dieu est Amour

218 Au cours de son histoire, Israël a pu découvrir que Dieu n'avait qu'une raison de s'être révélé à Lui et de l'avoir choisi parmi tous les peuples pour être à Lui: son amour gratuit (cf. Dt 4,37 Dt 7,8 Dt 10,15). Et Israël de comprendre, grâce à ses prophètes, que c'est encore par amour que Dieu n'a cessé de le sauver (cf. Is 43,1-7) et de lui pardonner son infidélité et ses péchés (cf. Os 2).

219 L'amour de Dieu pour Israel est comparé à l'amour d'un père pour son fils (Os 11,1). Cet amour est plus fort que l'amour d'une mère pour ses enfants (cf. Is 49,14-15). Dieu aime son Peuple plus qu'un époux sa bien-aimée (cf. Is 62,4-5); cet amour sera vainqueur même des pires infidélités (cf. Ez 16 Os 11); il ira jusqu'au don le plus précieux: "Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique" (Jn 3,16).

220 L'amour de Dieu est "éternel" (Is 54,8): "Car les montagnes peuvent s'en aller et les collines s'ébranler, mais mon amour pour toi ne s'en ira pas" (Is 54,10)."D'un amour éternel, je t'ai aimé; c'est pourquoi je t'ai conservé ma faveur" (Jr 31,3).

221 Mais S. Jean ira encore plus loin en affirmant: "Dieu est Amour" (1Jn 4,8 1Jn 4,16): l'Etre même de Dieu est Amour. En envoyant dans la plénitude des temps son Fils unique et l'Esprit d'Amour, Dieu révèle son secret le plus intime (cf. 1Co 2,7-16 Ep 3,9-12): Il est Lui-même éternellement échange d'amour: Père, Fils et Esprit-Saint, et Il nous a destinés à y avoir part.



IV La portée de la foi en Dieu Unique

222 Croire en Dieu, l'Unique, et l'aimer de tout son être a des conséquences immenses pour toute notre vie:

223 C'est connaître la grandeur et la majesté de Dieu:"Oui, Dieu est si grand qu'il dépasse notre science" (Jb 36,26). C'est pour cela que Dieu doit être "premier servi" (Ste. Jeanne d'Arc, dictum).

224 C'est vivre en action de grâce: Si Dieu est l'Unique, tout ce que nous sommes et tout ce que nous possédons vient de Lui: "Qu'as-tu que tu n'aies reçu?" (1Co 4,7). "Comment rendrais-je au Seigneur tout le bien qu'il m'a fait?" (Ps 116,12).

225 C'est connaître l'unité et la vraie dignité de tous les hommes: Tous, ils sont faits "à l'image et à la ressemblance de Dieu" (Gn 1,26).

226 C'est bien user des choses créées: La foi en Dieu l'Unique nous amène à user de tout ce qui n'est pas Lui dans la mesure où cela nous rapproche de Lui, et à nous en détacher dans la mesure où cela nous détourne de Lui (cf. Mt 5,29-30 Mt 16,24 Mt 19,23-24):

Mon Seigneur et mon Dieu, prends-moi tout ce qui m'éloigne de toi. Mon Seigneur et mon Dieu, donne-moi tout ce qui me rapproche de toi. Mon Seingeur et mon Dieu, détache-moi de moi-même pour me donner tout à toi (S. Nicolas de Flüe, prière).

227 C'est faire confiance à Dieu en toute circonstance, même dans l'adversité. Une prière de Ste. Thérèse de Jésus l'exprime admirablement:

Que rien ne te trouble / Que rien ne t'effraie
Tout passe / Dieu ne change pas
La patience obtient tout / Celui qui a Dieu
Ne manque de rien / Dieu seul suffit.

(poes. 30)



En bref

228 "Ecoute, Israël, le Seigneur notre Dieu est l'Unique Seigneur..." (Dt 6,4 Mc 12,29). "Il faut nécessairement que l'Etre suprême soit unique, c'est-à-dire sans égal ... Si Dieu n'est pas unique, il n'est pas Dieu" (Tertullien, Mc 1,3).

229 La foi en Dieu nous amène à nous tourner vers Lui seul comme vers notre première origine et notre fin ultime, et ne rien Lui préférer ou Lui substituer.

230 Dieu, en se révélant, demeure Mystère ineffable: "Si tu le comprenais, ce ne serait pas Dieu" (S. Augustin, serm. 52, 6, 16).

231 Le Dieu de notre foi s'est révélé comme Celui qui est; il s'est fait connaître comme "riche en grâce et en fidélité" (Ex 34,6). Son Etre même est Vérité et Amour.



Paragraphe 2 Le Père



I "Au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit"

232 Les chrétiens sont baptisés "au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit" (Mt 28,19). Auparavant ils répondent "Je crois" à la triple interrogation qui leur demande de confesser leur foi au Père, au Fils et à l'Esprit: "Fides omnium christianorum in Trinitate consistit" (S. Césaire d'Arles, symb.).

233 Les chrétiens sont baptisés "au nom" du Père et du Fils et du Saint-Esprit et non pas "aux noms" de ceux-ci (cf. Profession de foi du pape Vigile en 552: DS 415) car il n'y a qu'un seul Dieu, le Père tout puissant et son Fils unique et l'Esprit Saint: la Très Sainte Trinité.

234 Le mystère de la Très Sainte Trinité est le mystère central de la foi et de la vie chrétienne. Il est le mystère de Dieu en Lui-même. Il est donc la source de tous les autres mystères de la foi; il est la lumière qui les illumine. Il est l'enseignement le plus fondamental et essentiel dans la "hiérarchie des vérités de foi" (DCG 43). "Toute l'histoire du salut n'est autre que l'histoire de la voie et des moyens par lesquels le Dieu vrai et unique, Père, Fils et Saint-Esprit, se révèle, se réconcilie et s'unit les hommes qui se détournent du péché" (DCG 47).

235 Dans ce paragraphe, il sera exposé brièvement de quelle manière est révélé le mystère de la Bienheureuse Trinité (I), comment l'Eglise a formulé la doctrine de la foi sur ce mystère (II), et enfin, comment, par les missions divines du Fils et de l'Esprit-Saint, Dieu le Père réalise son "dessein bienveillant" de création, de rédemption et de sanctification (III).

236 Les Pères de l'Eglise distinguent entre la "Theologia" et l'"Oikonomia", désignant par le premier terme le mystère de la vie intime du Dieu-Trinité, par le second toutes les oeuvres de Dieu par lesquelles Il Se révèle et communique Sa vie. C'est par l'"Oikonomia" que nous est révélée la "Theologia"; mais inversement, c'est la "Theologia" qui éclaire toute l'"Oikonomia". Les oeuvres de Dieu révèlent qui Il est en Lui-même; et inversement, le mystère de Son Etre intime illumine l'intelligence de toutes Ses oeuvres. Il en est ainsi, analogiquement, entre les personnes humaines. La personne se montre dans son agir, et mieux nous connaissons une personne, mieux nous comprenons son agir.

237 La Trinité est un mystère de foi au sens strict, un des "mystères cachés en Dieu, qui ne peuvent être connus s'ils ne sont révélés d'en haut" (Cc. Vatican I: DS 3015). Dieu certes a laissé des traces de son être trinitaire dans son oeuvre de Création et dans sa Révélation au cours de l'Ancien Testament. Mais l'intimité de Son Etre comme Trinité Sainte constitue un mystère inaccessible à la seule raison et même à la foi d'Israël avant l'Incarnation du Fils de Dieu et la mission du Saint Esprit



II La révélation de Dieu comme Trinité


Le Père révélé par le Fils

238 L'invocation de Dieu comme "Père" est connue dans beaucoup de religions. La divinité est souvent considérée comme "père des dieux et des hommes". En Israël, Dieu est appelé Père en tant que Créateur du monde (cf. Dt 32,6 Ml 2,10). Dieu est Père plus encore en raison de l'Alliance et du don de la Loi à Israël son "fils premier-né" (Ex 4,22). Il est aussi appelé Père du roi d'Israël (cf. 2S 7,14). Il est tout spécialement "le Père des pauvres", de l'orphelin et de la veuve qui sont sous sa protection aimante (cf. Ps 68,6).

239 En désignant Dieu du nom de "Père", le langage de la foi indique principalement deux aspects: que Dieu est origine première de tout et autorité transcendante et qu'il est en même temps bonté et sollicitude aimante pour tous ses enfants. Cette tendresse parentale de Dieu peut aussi être exprimée par l'image de la maternité (cf. Is 66,13 Ps 131,2) qui indique davantage l'immanence de Dieu, l'intimité entre Dieu et Sa créature. Le langage de la foi puise ainsi dans l'expérience humaine des parents qui sont d'une certaine façon les premiers représentants de Dieu pour l'homme. Mais cette expérience dit aussi que les parents humains sont faillibles et qu'ils peuvent défigurer le visage de la paternité et de la maternité. Il convient alors de rappeler que Dieu transcende la distinction humaine des sexes. Il n'est ni homme, ni femme, il est Dieu. Il transcende aussi la paternité et la maternité humaines (cf. Ps 27,10), tout en en étant l'origine et la mesure (cf. Ep 3,14 Is 49,15): Personne n'est père comme l'est Dieu.

240 Jésus a révélé que Dieu est "Père" dans un sens inouï: Il ne l'est pas seulement en tant que Créateur, Il est éternellement Père en relation à son Fils unique, qui éternellement n'est Fils qu'en relation au Père: "Nul ne connaît le Fils si ce n'est le Père, comme nul ne connaît le Père si ce n'est le Fils et celui à qui le Fils veut bien Le révéler" (Mt 11,27).

241 C'est pourquoi les apôtres confessent Jésus comme "le Verbe qui était au commencement auprès de Dieu et qui est Dieu" (Jn 1,1), comme "l'image du Dieu invisible" (Col 1,15), comme "le resplendissement de sa gloire et l'effigie de sa substance" (He 1,3).

242 A leur suite, suivant la tradition apostolique, l'Eglise a confessé en 325 au premier concile oecuménique de Nicée que le Fils est "consubstantiel" au Père, c'est-à-dire un seul Dieu avec lui. Le deuxième concile oecuménique, réuni à Constantinople en 381, a gardé cette expression dans sa formulation du Credo de Nicée et a confessé "le Fils Unique de Dieu, engendré du Père avant tous les siècles, lumière de lumière, vrai Dieu du vrai Dieu, engendré non pas créé, consubstantiel au Père" (DS 150).


Le Père et le Fils révélés par l'Esprit

243 Avant sa Pâque, Jésus annonce l'envoi d'un "autre Paraclet" (Défenseur), l'Esprit Saint. A l'oeuvre depuis la création (cf. Gn 1,2), ayant jadis "parlé par les prophètes" (Symbole de Nicée-Constantinople), il sera maintenant auprès des disciples et en eux (cf. Jn 14,17), pour les enseigner (cf. Jn 14,26) et les conduire "vers la vérité tout entière" (Jn 16,13). L'Esprit-Saint est ainsi révélé comme une autre personne divine par rapport à Jésus et au Père.

244 L'origine éternelle de l'Esprit se révèle dans sa mission temporelle. L'Esprit-Saint est envoyé aux Apôtres et à l'Eglise aussi bien par le Père au nom du Fils, que par le Fils en personne, une fois retourné auprès du Père (cf. Jn 14,26 Jn 15,26 Jn 16,14). L'envoi de la personne de l'Esprit après la glorification de Jésus (cf. Jn 7,39) révèle en plénitude le mystère de la Sainte Trinité.

245 La foi apostolique concernant l'Esprit a été confessée par le deuxième Concile oecuménique en 381 à Constantinople: "Nous croyons dans l'Esprit Saint, qui est Seigneur et qui donne la vie; il procède du Père" (DS 150). L'Eglise reconnaît par là le Père comme "la source et l'origine de toute la divinité" (Cc. Tolède VI en 638: DS 490). L'origine éternelle de l'Esprit Saint n'est cependant pas sans lien avec celle du Fils: "L'Esprit Saint qui est la Troisième Personne de la Trinité, est Dieu, un et égale au Père et au Fils, de même substance et aussi de même nature... Cependant, on ne dit pas qu'il est seulement l'Esprit du Père, mais à la fois l'Esprit du Père et du Fils" (Cc. Tolède XI en 675: DS 527). Le Credo du Concile de Constantinople de l'Eglise confesse: "Avec le Père et le Fils il reçoit même adoration et même gloire" (DS 150).

246 La tradition latine du Credo confesse que l'Esprit "procède du Père et du Fils (filioque)". Le Concile de Florence, en 1438, explicite: "Le Saint Esprit tient son essence et son être à la fois du Père et du Fils et il procède éternellement de l'Un comme de l'Autre comme d'un seul Principe et par une seule spiration... Et parce que tout ce qui est au Père, le Père Lui-même l'a donné à Son Fils Unique en l'engendrant, à l'exception de son être de Père, cette procession même du Saint Esprit à partir du Fils, il la tient éternellement de Son Père qui l'a engendré éternellement" (DS 1300-1301).

247 L'affirmation du filioque ne figurait pas dans le symbole confessé en 381 à Constantinople. Mais sur la base d'une ancienne tradition latine et alexandrine, le pape S. Léon l'avait déjà confessé dogmatiquement en 447 (cf. DS 284) avant même que Rome ne connût et ne recût, en 451, au concile de Chalcédoine, le symbole de 381. L'usage de cette formule dans le Credo a été peu à peu admis dans la liturgie latine (entre le huitième et le onzième siècle). L'introduction du Filioque dans le Symbole de Nicée-Constantinople par la liturgie latine constitue cependant, aujourd'hui encore, un différend avec les Eglises orthodoxes.

248 La tradition orientale exprime d'abord le caractère d'origine première du Père par rapport à l'Esprit. En confessant l'Esprit comme "issu du Père" (Jn 15,26), elle affirme que celui-ci est issu du Père par le Fils (cf. AGD 2). La tradition occidentale exprime d'abord la communion consubstantielle entre le Père et le Fils en disant que l'Esprit procède du Père et du Fils (Filioque). Elle le dit "de manière légitime et raisonnable" (Cc. Florence en 1439: DS 1302), car l'ordre éternel des personnes divines dans leur communion consubstantielle implique que le Père soit l'origine première de l'Esprit en tant que "principe sans principe" (DS 1331), mais aussi qu'en tant que Père du Fils Unique, il soit avec lui "l'unique principe d'où procède l'Esprit Saint" (Cc. Lyon II en 1274: DS 850). Cette légitime complémentarité, si elle n'est pas durcie, n'affecte pas l'identité de la foi dans la réalité du même mystère confessé.



III La Sainte Trinité dans la doctrine de la foi


La formation du dogme trinitaire

249 La vérité révélée de la Sainte Trinité a été dès les origines à la racine de la foi vivante de l'Eglise, principalement au moyen du baptême. Elle trouve son expression dans la règle de la foi baptismale, formulée dans la prédication, la catéchèse et la prière de l'Eglise. De telles formulations se trouvent déjà dans les écrits apostoliques, ainsi cette salutation, reprise dans la liturgie eucharistique: "La grâce du Seigneur Jésus-Christ, l'amour de Dieu et la communion du Saint-Esprit soient avec vous tous" (2Co 13,13 cf. 1Co 12,4-6 Ep 4,4-6).

250 Au cours des premiers siècles, l'Eglise a cherché de formuler plus explicitement sa foi trinitaire tant pour approfondir sa propre intelligence de la foi que pour la défendre contre des erreurs qui la déformaient. Ce fut l'oeuvre des Conciles anciens, aidés par le travail théologique des Pères de l'Eglise et soutenus par le sens de la foi du peuple chrétien.

251 Pour la formulation du dogme de la Trinité, l'Eglise a dû développer une terminologie propre à l'aide de notions d'origine philosophique: "substance", "personne" ou "hypostase", "relation", etc. Ce faisant, elle n'a pas soumis la foi à une sagesse humaine mais a donné un sens nouveau, inouï à ces termes appelés à signifier désormais aussi un Mystère ineffable, "infiniment au-delà de tout ce que nous pouvons concevoir à la mesure humaine" (SPF 2).

252 L'Eglise utilise le terme "substance" (rendu aussi parfois par "essence" ou par "nature") pour désigner l'être divin dans son unité, le terme "personne" ou "hypostase" pour désigner le Père, le Fils et le Saint-Esprit dans leur distinction réelle entre eux, le terme "relation" pour désigner le fait que leur distinction réside dans la référence des uns aux autres.


Le dogme de la Sainte Trinité

253 La Trinité est Une. Nous ne confessons pas trois dieux, mais un seul Dieu en trois personnes: "la Trinité consubstantielle" (Cc. Constantinople II en 553: DS 421). Les personnes divines ne se partagent pas l'unique divinité mais chacune d'elles est Dieu tout entier: "Le Père est cela même qu'est le Fils, le Fils cela même qu'est le Père, le Père et le Fils cela même qu'est le Saint-Esprit, c'est-à-dire un seul Dieu par nature" (Cc. Tolède XI en 675: DS 530). "Chacune des trois personnes est cette réalité, c'est-à-dire la substance, l'essence ou la nature divine" (Cc. Latran IV en 1215: DS 804).

254 Les personnes divines sont réellement distinctes entre elles. "Dieu est unique mais non pas solitaire" (Fides Damasi: DS 71). "Père", "Fils", "Esprit Saint" ne sont pas simplement des noms désignant des modalités de l'être divin, car ils sont réellement distincts entre eux: "Celui qui est le Fils n'est pas le Père, et celui qui est le Père n'est pas le Fils, ni le Saint-Esprit n'est celui qui est le Père ou le Fils" (Cc. Tolède XI en 675: DS 530). Ils sont distincts entre eux par leurs relations d'origine: "C'est le Père qui engendre, le Fils qui est engendré, le Saint-Esprit qui procède" (Cc. Latran IV en 1215: DS 804). L'Unité divine est Trine.

255 Les personnes divines sont relatives les unes aux autres. Parce qu'elle ne divise pas l'unité divine, la distinction réelle des personnes entre elles réside uniquement dans les relations qui les réfèrent les unes aux autres: "Dans les noms relatifs des personnes, le Père est référé au Fils, le Fils au Père, le Saint-Esprit aux deux; quand on parle de ces trois personnes en considérant les relations, on croit cependant en une seule nature ou substance" (Cc. Tolède XI en 675: DS 528). En effet, "tout est un (en eux) là où l'on ne rencontre pas l'opposition de relation" (Cc. Florence en 1442: DS 1330). "A cause de cette unité, le Père est tout entier dans le Fils, tout entier dans le Saint-Esprit; le Fils est tout entier dans le Père, tout entier dans le Saint-Esprit; le Saint-Esprit tout entier dans le Père, tout entier dans le Fils" (Cc. Florence en 1442: DS 1331).

256 Aux Catéchumènes de Constantinople, S. Grégoire de Nazianze, que l'on appelle aussi "le Théologien", confie ce résumé de la foi trinitaire:

Avant toutes choses, gardez-moi ce bon dépôt, pour lequel je vis et je combats, avec lequel je veux mourir, qui me fait supporter tous les maux et mépriser tous les plaisirs: je veux dire la profession de foi en le Père et le Fils et le Saint-Esprit. Je vous la confie aujourd'hui. C'est par elle que je vais tout à l'heure vous plonger dans l'eau et vous en élever. Je vous la donne pour compagne et patronne de toute votre vie. Je vous donne une seule Divinité et Puissance, existant Une dans les Trois, et contenant les Trois d'une manière distincte. Divinité sans disparate de substance ou de nature, sans degré supérieur qui élève ou degré inférieur qui abaisse ... C'est de trois infinis l'infinie connaturalité. Dieu tout entier chacun considéré en soi-même ... Dieu les Trois considérés ensemble ... Je n'ai pas commencé de penser à l'Unité que la Trinité me baigne dans sa splendeur. Je n'ai pas commencé de penser à la Trinité que l'unité me ressaisit ... (or. 40, 41).



IV Les oeuvres divines et les missions trinitaires

257 "O lux beata Trinitas et principalis Unitas" (LH, hymne de vêpres)! Dieu est éternelle béatitude, vie immortelle, lumière sans déclin. Dieu est amour: Père, Fils et Esprit Saint. Librement Dieu veut communiquer la gloire de sa vie bienheureuse. Tel est le "dessein bienveillant" (Ep 1,9) qu'il a conçu dès avant la création du monde en son Fils bien-aimé, "nous prédestinant à l'adoption filiale en celui-ci" (Ep 1,4-5), c'est-à-dire "à reproduire l'image de Son Fils" (Rm 8,29) grâce à "l'Esprit d'adoption filiale" (Rm 8,15). Ce dessein est une "grâce donnée avant tous les siècles" (2Tm 1,9-10), issue immédiatement de l'amour trinitaire. Il se déploie dans l'oeuvre de la création, dans toute l'histoire du salut après la chute, dans les missions du Fils et de l'Esprit, que prolonge la mission de l'Eglise (cf. AGD 2-9).

258 Toute l'économie divine est l'oeuvre commune des trois personnes divines. Car de même qu'elle n'a qu'une seule et même nature, la Trinité n'a qu'une seule et même opération (cf. Cc Constantinople II en 553: DS 421). "Le Père, le Fils et le Saint-Esprit ne sont pas trois principes des créatures mais un seul principe" (Cc. Florence en 1442: DS 1331). Cependant, chaque personne divine opère l'oeuvre commune selon sa propriété personnelle. Ainsi l'Eglise confesse à la suite du Nouveau Testament (cf. 1Co 8,6): "un Dieu et Père de qui sont toutes choses, un Seigneur Jésus-Christ pour qui sont toutes choses, un Esprit Saint en qui sont toutes choses" (Cc. Constantinople II: DS 421). Ce sont surtout les missions divines de l'Incarnation du Fils et du don du Saint-Esprit qui manifestent les propriétés des personnes divines.

259 Ouvre à la fois commune et personnelle, toute l'économie divine fait connaître et la propriété des personnes divines et leur unique nature. Aussi, toute la vie chrétienne est communion avec chacune des personnes divines, sans aucunement les séparer. Celui qui rend gloire au Père le fait par le Fils dans l'Esprit Saint; celui qui suit le Christ, le fait parce que le Père l'attire (cf. Jn 6,44) et que l'Esprit le meut (cf. Rm 8,14).

260 La fin ultime de toute l'économie divine, c'est l'entrée des créatures dans l'unité parfaite de la Bienheureuse Trinité (cf. Jn 17,21-23). Mais dès maintenant nous sommes appelés à être habités par la Très Sainte Trinité: "Si quelqu'un m'aime, dit le Seigneur, il gardera ma parole, et mon Père l'aimera et nous viendrons à lui, et nous ferons chez lui notre demeure" (Jn 14,23):

O mon Dieu, Trinité que j'adore, aidez-moi à m'oublier entièrement pour m'établir en Vous, immobile et paisible comme si déjà mon âme était dans l'éternité; que rien ne puisse troubler ma paix ni me faire sortir de Vous, ô mon Immuable, mais que chaque minute m'emporte plus loin dans la profondeur de votre Mystère! Pacifiez mon âme. Faites-en votre ciel, votre demeure aimée et le lieu de votre repos. Que je ne Vous y laisse jamais seul, mais que je sois là, toute entière, toute éveillée en ma foi, toute adorante, toute livrée à votre action créatrice (Prière de la Bienheureuse Élisabeth de la Trinité).



En bref

261 Le mystère de la Très Sainte Trinité est le mystère central de la foi et de la vie chrétienne. Dieu seul peut nous en donner la connaissance en Se révélant comme Père, Fils et Saint-Esprit.

262 L'Incarnation du Fils de Dieu révèle que Dieu est le Père éternel, et que le Fils est consubstantiel au Père, c'est-à-dire qu'il est en lui et avec lui le même Dieu unique.

263 La mission du Saint-Esprit, envoyé par le Père au nom du Fils (cf. Jn 14,26) et par le Fils "d'auprès du Père" (Jn 15,26) révèle qu'il est avec eux le même Dieu unique. "Avec le Père et le Fils il reçoit même adoration et même gloire".

264 "Le Saint-Esprit procède du Père en tant que source première et, par le don éternel de celui-ci au Fils, du Père et du Fils en communion" (S. Augustin, Trin. 15, 26, 47).

265 Par la grâce du baptême "au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit", nous sommes appelés à partager la vie de la Bienheureuse Trinité, ici-bas dans l'obscurité de la foi, et au-delà de la mort, dans la lumière éternelle (cf. SPF 9).

266 "Fides autem catholica hæc est, ut unum Deum in Trinitate, et Trinitatem in unitate veneremur, neque confundentes personas, neque substantiam separantes: alia enim est persona Patris, alia Filii, alia Spiritus Sancti; sed Patris et Filii et Spiritus Sancti una est divinitas, æqualis gloria, coæterna maiestas" (Symbolum "Quicumque" ).

267 Inséparables dans ce qu'elles sont, les personnes divines sont aussi inséparables dans ce qu'elles font. Mais dans l'unique opération divine chacune manifeste ce qui lui est propre dans la Trinité, surtout dans les missions divines de l'Incarnation du Fils et du don du Saint-Esprit.



Paragraphe 3 Le Tout-puissant

268 De tous les attributs divins, seule la toute-puissance de Dieu est nommée dans le Symbole: la confesser est d'une grande portée pour notre vie. Nous croyons qu'elle est universelle, car Dieu qui a tout créé (cf. Gn 1,1 Jn 1,3), régit tout et peut tout; aimante, car Dieu est notre Père (cf. Mt 6,9); mystérieuse, car seule la foi peut la discerner lorsqu'"elle se déploie dans la faiblesse" (2Co 12,9 cf. ).


"Tout ce qu'Il veut, Il le fait" (Ps 115,3)

269 Les Saintes Ecritures confessent à maintes reprises la puissance universelle de Dieu. Il est appelé "Le Puissant de Jacob" (Gn 49,24 Is 1,24 e.a.), "le Seigneur des armées", "le Fort, le Vaillant" (Ps 24,8-10). Si Dieu est tout-puissant "au ciel et sur la terre" (Ps 135,6), c'est qu'il les a faits. Rien ne lui est donc impossible (cf. Jr 32,17 Lc 1,37) et il dispose à son gré de son oeuvre (cf. Jr 27,5); il est le Seigneur de l'univers dont il a établi l'ordre qui lui demeure entièrement soumis et disponible; il est le Maître de l'histoire: il gouverne les coeurs et les événements selon son gré (cf. Est 4,17 Pr 21,1 Tb 13,2): "Ta grande puissance est toujours à ton service, et qui peut résister à la force de ton bras?" (Sg 11,21).


"Tu as pitié de tous, parce que tu peux tout" (Sg 11,23)

270 Dieu est le Père tout-puissant. Sa paternité et sa puissance s'éclairent mutuellement. En effet, il montre sa Toute-puissance paternelle par la manière dont Il prend soin de nos besoins (cf. Mt 6,32); par l'adoption filiale qu'il nous donne ("Je serai pour vous un père, et vous serez pour moi des fils et des filles, dit le Seigneur Tout-puissant": 2Co 6,18); enfin par sa miséricorde infinie, puisqu'il montre sa puissance au plus haut point en pardonnant librement les péchés.

271 La toute-puissance divine n'est nullement arbitraire: "En Dieu la puissance et l'essence, la volonté et l'intelligence, la sagesse et la justice sont une seule et même chose, de sorte que rien ne peut être dans la puissance divine qui ne puisse être dans la juste volonté de Dieu ou dans sa sage intelligence" (S. Thomas d'A., I 25,5, ad 1).


Le mystère de l'apparente impuissance de Dieu

272 La foi en Dieu le Père Tout-puissant peut-être mise à l'épreuve par l'expérience du mal et de la souffrance. Parfois Dieu peut sembler absent et incapable d'empêcher le mal. Or, Dieu le Père a révélé sa toute-puissance de la façon la plus mystérieuse dans l'abaissement volontaire et dans la Résurrection de son Fils, par lesquelles il a vaincu le mal. Ainsi, le Christ crucifié est "puissance de Dieu et sagesse de Dieu. Car ce qui est folie de Dieu est plus sage que les hommes et ce qui est faiblesse de Dieu est plus fort que les hommes" (1Co 1,24-25). C'est dans la Résurrection et dans l'exaltation du Christ que le Père a "déployé la vigueur de sa force" et manifesté "quelle extraordinaire grandeur revêt sa puissance pour nous les croyants" (Ep 1,19-22).

273 Seule la foi peut adhérer aux voies mystérieuses de la toute-puissance de Dieu. Cette foi se glorifie de ses faiblesses afin d'attirer sur elle la puissance du Christ (cf. 2Co 12,9 Ph 4,13). De cette foi, la Vierge Marie est le suprême modèle, elle qui a cru que "rien n'est impossible à Dieu" (Lc 1,37) et qui a pu magnifier le Seigneur: "Le puissant fit pour moi des merveilles, saint est son Nom" (Lc 1,49).

274 "Rien n'est donc plus propre à affermir notre Foi et notre Espérance que la conviction profondément gravée dans nos âmes que rien n'est impossible à Dieu. Car tout ce que (le Credo) nous proposera ensuite à croire, les choses les plus grandes, les plus incompréhensibles, aussi bien que les plus élevées au-dessus des lois ordinaires de la nature, dès que notre raison aura seulement l'idée de la toute-puissance divine, elle les admettra facilement et sans hésitation aucune" (Catech. R. 1,2, 13).



En bref

275 Avec Job, le juste, nous confessons: "Je sais que Tu es tout-puissant: ce que Tu conçois, Tu peux le réaliser" (Jb 42,2).

276 Fidèle au témoignage de l'Ecriture, l'Eglise adresse souvent sa prière au "Dieu tout-puissant et éternel" ("omnipotens sempiterne Deus ..."), croyant fermement que "rien n'est impossible à Dieu" (Gn 18,14 Lc 1,37 Mt 19,26).

277 Dieu manifeste sa toute-puissance en nous convertissant de nos péchés et en nous rétablissant dans son amitié par la grâce ("Deus, qui omnipotentiam tuam parcendo maxime et miserando manifestas ...": MR, collecte du 26e dimanche).

278 A moins de croire que l'amour de Dieu est tout-puissant, comment croire que le Père a pu nous créer, le Fils nous racheter, l'Esprit-Saint nous sanctifier?



Paragraphe 4 Le Créateur

279 "Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre" (Gn 1,1). C'est avec ces paroles solennelles que commence l'Ecriture Sainte. Le Symbole de la foi reprend ces paroles en confessant Dieu le Père Tout-puissant comme "le Créateur du ciel et de la terre", "de l'univers visible et invisible". Nous parlerons donc d'abord du Créateur, ensuite de sa création, enfin de la chute du péché dont Jésus Christ, le Fils de Dieu, est venu nous relever.

280 La création est le fondement de "tous les desseins salvifiques de Dieu", "le commencement de l'histoire du salut" (DCG 51) qui culmine dans le Christ. Inversement, le Mystère du Christ est la lumière décisive sur le Mystère de la création.; il révèle la fin en vue de laquelle, "au commencement, Dieu créa le ciel et la terre" (Gn 1,1): dès le commencement, Dieu avait en vue la gloire de la nouvelle création dans le Christ (cf. Rm 8,18-23).

281 C'est pour cela que les lectures de la Nuit Pascale, célébration de la création nouvelle dans le Christ, commencent par le récit de la création; de même, dans la liturgie byzantine, le récit de la création constitue toujours la première lecture des vigiles des grandes fêtes du Seigneur. Selon le témoignage des anciens, l'instruction des catéchumènes pour le baptême suit le même chemin (cf. Ethérie, pereg. 46; S. Augustin, catech. 3, 5).



I La catéchèse sur la Création

282 La catéchèse sur la Création revêt une importance capitale. Elle concerne les fondements mêmes de la vie humaine et chrétienne: car elle explicite la réponse de la foi chrétienne à la question élémentaire que les hommes de tous les temps se sont posée: "D'où venons-nous?" "Où allons-nous?" "Quelle est notre origine?" "Quelle est notre fin?" "D'où vient et où va tout ce qui existe?" Les deux questions, celle de l'origine et celle de la fin, sont inséparables. Elles sont décisives pour le sens et l'orientation de notre vie et de notre agir.

283 La question des origines du monde et de l'homme fait l'objet de nombreuses recherches scientifiques qui ont magnifiquement enrichi nos connaissances sur l'âge et les dimensions du cosmos, le devenir des formes vivantes, l'apparition de l'homme. Ces découvertes nous invitent à admirer d'autant plus la grandeur du Créateur, de lui rendre grâce pour toutes ses oeuvres et pour l'intelligence et la sagesse qu'il donne aux savants et aux chercheurs. Avec Salomon, ceux-ci peuvent dire: "C'est Lui qui m'a donné la science vraie de ce qui est, qui m'a fait connaître la structure du monde et les propriétés des éléments ... car c'est l'ouvrière de toutes choses qui m'a instruit, la Sagesse" (Sg 7,17-21).

284 Le grand intérêt réservé à ces recherches est fortement stimulé par une question d'un autre ordre, et qui dépasse le domaine propre des sciences naturelles. Il ne s'agit pas seulement de savoir quand et comment a surgi matériellement le cosmos, ni quand l'homme est apparu, mais plutôt de découvrir quel est le sens d'une telle origine: si elle est gouvernée par le hasard, un destin aveugle, une nécessité anonyme, ou bien par un Etre transcendant, intelligent et bon, appelé Dieu. Et si le monde provient de la sagesse et de la bonté de Dieu, pourquoi le mal? D'où vient-il? Qui en est responsable? Et y en a-t-il une libération?

285 Depuis ses débuts, la foi chrétienne a été confrontée à des réponses différentes de la sienne sur la question des origines. Ainsi, on trouve dans les religions et les cultures anciennes de nombreux mythes concernant les origines. Certains philosophes ont dit que tout est Dieu, que le monde est Dieu, ou que le devenir du monde est le devenir de Dieu (panthéisme) d'autres ont dit que le monde est une émanation nécessaire de Dieu, s'écoulant de cette source et retournant vers elle; d'autres encore ont affirmé l'existence de deux principes éternels, le Bien et le Mal, la Lumière et les Ténèbres, en lutte permanente (dualisme, manichéisme); selon certaines de ces conceptions, le monde (au moins le monde matériel) serait mauvais, produit d'une déchéance, et donc à rejeter ou à dépasser (gnose); d'autres admettent que le monde ait été fait par Dieu, mais à la manière d'un horloger qui l'aurait, une fois fait, abandonné à lui-même (déisme); d'autres enfin n'acceptent aucune origine transcendante du monde, mais y voient le pur jeu d'une matière qui aurait toujours existé (matérialisme). Toutes ces tentatives témoignent de la permanence et de l'universalité de la question des origines. Cette quête est propre à l'homme.

286 L'intelligence humaine peut, certes, déjà trouver une réponse à la question des origines. En effet, l'existence de Dieu le Créateur peut être connue avec certitude par ses oeuvres grâce à la lumière de la raison humaine (cf. DS 3026), même si cette connaissance est souvent obscurcie et défigurée par l'erreur. C'est pourquoi la foi vient confirmer et éclairer la raison dans la juste intelligence de cette vérité: "Par la foi, nous comprenons que les mondes ont été formés par une parole de Dieu, de sorte que ce que l'on voit provient de ce qui n'est pas apparent" (He 11,3).

287 La vérité de la création est si importante pour toute la vie humaine que Dieu, dans sa tendresse, a voulu révéler à son Peuple tout ce qui est salutaire à connaître à ce sujet. Au-delà de la connaissance naturelle que tout homme peut avoir du Créateur (cf. Ac 17,24-29 Rm 1,19-20), Dieu a progressivement révélé à Israël le Mystère de la création. Lui qui a choisi les patriarches, qui a fait sortir Israël d'Egypte, et qui, en élisant Israël, l'a créé et formé (cf. Is 43,1), il se révèle comme celui à qui appartiennent tous les peuples de la terre, et la terre entière, comme celui qui, seul, "a fait le ciel et la terre" (Ps 115,15 Ps 124,8 Ps 134,3).

288 Ainsi, la révélation de la création est inséparable de la révélation et de la réalisation de l'Alliance de Dieu, l'Unique, avec son Peuple. La création est révélée comme le premier pas vers cette Alliance, comme le premier et universel témoignage de l'amour tout-puissant de Dieu (cf. Gn 15,5 Jr 33,19-26). Aussi, la vérité de la création s'exprime-t-elle avec une vigueur croissante dans le message des prophètes (cf. Is 44,24), dans la prière des psaumes (cf. Ps 104) et de la liturgie, dans la réflexion de la sagesse (cf. Pr 8,22-31) du Peuple élu.

289 Parmi toutes les paroles de l'Ecriture Sainte sur la création, les trois premiers chapitres de la Genèse tiennent une place unique. Du point de vue littéraire ces textes peuvent avoir diverses sources. Les auteurs inspirés les ont placés au commencement de l'Ecriture de sorte qu'ils expriment, dans leur langage solennel, les vérités de la création, de son origine et de sa fin en Dieu, de son ordre et de sa bonté, de la vocation de l'homme, enfin du drame du péché et de l'espérance du salut. Lus à la lumière du Christ, dans l'unité de l'Ecriture Sainte et dans la Tradition vivante de l'Eglise, ces paroles demeurent la source principale pour la catéchèse des Mystères du "commencement": création, chute, promesse du salut.




1998 Catéchisme 214