1998 Catéchisme 934

En bref

934 "D'institution divine, il y a dans l'Eglise parmi les fidèles des ministres sacrés, qui en droit sont aussi appelés clercs; quant aux autres, ils sont nommés laïcs". Il y a enfin des fidèles qui appartiennent à l'une et l'autre catégorie et qui, par la profession des conseils évangéliques, se sont consacrés à Dieu et servent ainsi la mission de l'Eglise (CIC 207p.1-2).

935 Pour annoncer la foi et pour implanter son Règne, le Christ envoie ses apôtres et leurs successeurs. Il leur donne part à sa mission. De lui ils reçoivent le pouvoir d'agir en sa personne.

936 Le Seigneur a fait de S. Pierre le fondement visible de son Eglise. Il lui en a remis les clefs. L'évêque de l'Eglise de Rome, successeur de S. Pierre, est "le chef du Collège des Evêques, Vicaire du Christ et Pasteur de l'Eglise toute entière sur cette terre" (CIC 331).

937 Le Pape "jouit, par institution divine, du pouvoir suprême, plénier, immédiat, universel pour la charge des âmes" (CD 2).

938 Les évêques, établis par l'Esprit Saint, succèdent aux apôtres. Ils sont, "chacun pour sa part, principe visible et fondement de l'unité dans leurs Eglises particulières" (LG 23).

939 Aidés des prêtres, leurs coopérateurs, et des diacres, les évêques ont la charge d'enseigner authentiquement la foi, de célébrer le culte divin, surtout l'Eucharistie, et de diriger leur Eglise en vrais pasteurs. A leur charge appartient aussi le souci de toutes les Eglises, avec et sous le Pape.

940 "Le propre de l'état des laïcs étant de mener leur vie au milieu du monde et des affaires profanes, ils sont appeléés par Dieu à exercer leur apostolat dans le monde à la manière d'un ferment, grâce à la viguer de leur esprit chrétien" (AA 2).

941 Les laïcs participent au sacerdoce du Christ: de plus en plus unis à Lui, ils déploient la grâce du Baptême et de la Confirmation dans toutes les dimensions de la vie personnelle, familiale, sociale et ecclésiale, et réalisent ainsi l'appel à la sainteté adressé à tous les baptisés.

942 Grâce à leur mission prohétique les laïcs "sont aussi appelés à être, en toute circonstance et au coeur même de la communauté humaine, les témoins du Christ" (GS 43).

943 Grâce à leur mission royale, les laïcs ont le pouvoir d'arracher au péché son empire en eux-mêmes et dans le monde par leur abnégation et la sainteté de leur vie (cf. LG 36).

944 La vie consacrée à Dieu se caractérise par la profession publique des conseils évangéliques de pauvreté, de chasteté et d'obéissance dans un état de vie stable reconnu par l'Eglise.

945 Livré à Dieu suprêmement aimé, celui que le Baptême avait déjà destiné à Lui se trouve, dans l'état de vie consacrée, voué plus intimement au service divin et dédié au bien de toute l'Eglise.



Paragraphe 5 La communion des saints

946 Après avoir confessé "la sainte Eglise catholique", le Symbole des Apôtres ajoute "la communion des saints". Cet article est, d'une certaine façon, une explicitation du précédent: "Qu'est-ce que l'Eglise sinon l'assemblée de tous les saints?" (Nicétas, symb. 10). La communion des saints est précisément l'Eglise.

947 "Puisque tous les croyants forment un seul corps, le bien des uns est communiqué aux autres ... Il faut de la sorte croire qu'il existe une communion des biens dans l'Eglise. Mais le membre le plus important est le Christ, puisqu'il est la tête ... Ainsi, le bien du Christ est communiqué à tous les membres, et cette communication se fait par les sacrements de l'Eglise" (S. Thomas d'A., symb. 10). "Comme cette Eglise est gouvernée par un seul et même Esprit, tous les biens qu'elle a reçus deviennent nécessairement un fonds commun" (Catech. R. 1, 10, 24).

948 Le terme "communion des saints" a dès lors deux significations, étroitement liées: "communion aux choses saintes ('sancta')" et "communion entre les personnes saintes ('sancti')".

"Sancta sanctis!" (ce qui est saint pour ceux qui sont saints) est proclamé par le célébrant dans la plupart des liturgies orientales lors de l'élévation des saints Dons avant le service de la communion. Les fidèles ("sancti") sont nourris du Corps et du Sang du Christ ("sancta") afin de croître dans la Communion de l'Esprit Saint ("Koinônia") et de la communiquer au monde.



I La communion des biens spirituels

949 Dans la communauté primitive de Jérusalem, les disciples "se montraient assidus à l'enseignement des apôtres, fidèles à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières" (Ac 2,42):

La communion dans la foi. La foi des fidèles est la foi de l'Eglise reçue des Apôtres, trésor de vie qui s'enrichit en étant partagé.

950 La communion des sacrements. "Le fruit de tous les Sacrements appartient à tous. Car les Sacrements, et surtout le Baptême qui est comme la porte par laquelle les hommes entrent dans l'Eglise, sont autant de liens sacrés qui les unissent tous et les attachent à Jésus-Christ. La communion des saints, c'est la communion des sacrements ... Le nom de communion peut s'appliquer à chacun d'eux, car chacun d'eux nous unit à Dieu ... Mais ce nom convient mieux à l'Eucharistie qu'à tout autre, parce que c'est elle principalement qui consomme cette communion" (Catech. R. 1, 10, 24).

951 La communion des charismes: Dans la communion de l'Eglise, l'Esprit Saint "distribue aussi parmi les fidèles de tous ordres ... les grâces spéciales" pour l'édification de l'Eglise (LG 12). Or, "à chacun la manifestation de l'Esprit est donnée en vue du bien commun" (1Co 12,7).

952 "Ils mettaient tout en commun" (Ac 4,32): "Tout ce que le vrai chrétien possède, il doit le regarder comme un bien qui lui est commun avec tous, et toujours il doit être prêt et empressé à venir au secours de l'indigent et de la misère du prochain" (Catech. R. 1, 10, 27). Le chrétien est un administrateur des biens du Seigneur (cf. Lc 16,1 Lc 16,3).

953 La communion de la charité: Dans la "sanctorum communio" "nul d'entre nous ne vit pour soi-même, comme nul ne meurt pour soi-même" (Rm 14,7). "Un membre souffre-t-il? tous les membres souffrent avec lui. Un membre est-il à l'honneur? tous les membres prennent part à sa joie. Or vous êtes le Corps du Christ, et membres chacun pour sa part" (1Co 12,26-27). "La charité ne cherche pas ce qui est à elle" (1Co 13,5 cf. 1Co 10,24). Le moindre de nos actes fait dans la charité retentit au profit de tous, dans cette solidarité avec tous les hommes, vivants ou morts, qui se fonde sur la communion des saints. Tout péché nuit à cette communion.



II La communion de l'Eglise du ciel et de la terre

954 Les trois états de l'Eglise. "En attendant que le Seigneur soit venu dans sa majesté accompagné de tous les anges et que la mort détruite, tout lui soit soumis, les uns parmi ses disciples continuent sur terre leur pèlerinage; d'autres, ayant achevé leur vie, se purifient encore; d'autres enfin sont dans la gloire contemplant 'dans la pleine lumière, tel qu'il est, le Dieu un en trois Personnes'" (LG 49):

Tous cependant, à des degrés divers et sous des formes diverses, nous communions dans la même charité envers Dieu et envers le prochain, chantant à notre Dieu le même hymne de gloire. En effet, tous ceux qui sont du Christ et possèdent son Esprit, constituent une seule Eglise et se tiennent mutuellement comme un tout dans le Christ (LG 49).

955 "L'union de ceux qui sont encore en chemin avec leurs frères qui se sont endormis dans la paix du Christ ne connaît pas la moindre intermittence; au contraire, selon la foi constante de l'Eglise, cette union est renforcée par l'échange des biens spirituels" (LG 49).

956 L'intercession des saints. "Etant en effet plus intimement liés avec le Christ, les habitants du ciel contribuent à affermir plus solidement l'Eglise en sainteté ... Ils ne cessent d'intercéder pour nous auprès du Père, offrant les mérites qu'ils ont acquis sur terre par l'unique Médiateur de Dieu et des hommes, le Christ Jésus ... Ainsi leur sollicitude fraternelle est du plus grand secours pour notre infirmité" (LG 49):

Ne pleurez pas, je vous serai plus utile après ma mort et je vous aiderai plus efficacement que pendant ma vie (S. Dominique, mourant, à ses frères, cf. Jourdain de Saxe, lib. 93).

Je passerai mon ciel à faire du bien sur la terre (Ste. Thérèse de l'Enfant-Jésus, verba).

957 La communion avec les saints. "Nous ne vénérons pas seulement au titre de leur exemple la mémoire des habitants du ciel; nous cherchons bien davantage par là à renforcer l'union de toute l'Eglise dans l'Esprit grâce à l'exercice de la charité fraternelle. Car tout comme la communion entre les chrétiens de la terre nous approche de plus près du Christ, ainsi la communauté avec les saints nous unit au Christ de qui découlent, comme de leur chef, toute grâce et la vie du Peuple de Dieu lui-même" (LG 50):

Le Christ, nous l'adorons, parce qu'il est le fils de Dieu; quant aux martyrs, nous les aimons comme disciples et imitateurs du Seigneur, et c'est juste, à cause de leur dévotion incomparable envers leur roi et maître; puissions-nous, nous aussi, être leurs compagnons et leurs condisciples (S. Polycarpe, mart. 17).

958 La communion avec les défunts. "Reconnaissant dès l'abord cette communion qui existe à l'intérieur de tout le corps mystique de Jésus-Christ, l'Eglise en ses membres qui cheminent sur terre a entouré de beaucoup de piété la mémoire des défunts dès les premiers temps du christianisme en offrant aussi pour eux ses suffrages; car 'la pensée de prier pour les morts, afin qu'ils soient délivrés de leurs péchés, est une pensée sainte et pieuse' (2M 12,45)" (LG 50). Notre prière pour eux peut non seulement les aider mais aussi rendre efficace leur intercession en notre faveur.

959 ... dans l'unique famille de Dieu. "Lorsque la charité mutuelle et la louange unanime de la Très Sainte Trinité nous font communier les uns aux autres, nous tous, fils de Dieu qui ne faisons dans le Christ qu'une seule famille, nous répondons à la vocation profonde de l'Eglise" (LG 51).



En bref

960 L'Eglise est "communion des saints": cette expression désigne d'abord les "choses saintes" ("sancta"), et avant tout l'Eucharistie, par laquelle "est représentée et réalisée l'unité des fidèles qui, dans le Christ, forment un seul Corps" (LG 3).

961 Ce terme désigne aussi la communion des "personnes saintes" ("sancti") dans le Christ qui est "mort pour tous", de sorte que ce que chacun fait ou souffre dans et pour le Christ porte du fruit pour tous.

962 "Nous croyons à la communion de tous les fidèles du Christ, de ceux qui sont pèlerins sur la terre, des défunts qui achèvent leur purification, des bienheureux du ciel, tous ensemble formant une seule Eglise, et nous croyons que dans cette communion l'amour miséricordieux de Dieu et de ses saints est toujours à l'écoute de nos prières" (SPF 30).



Paragraphe 6 Marie - Mère du Christ, Mère de l'Eglise

963 Après avoir parlé du rôle de la Vierge Marie dans le Mystère du Christ et de l'Esprit, il convient de considérer maintenant sa place dans le Mystère de l'Eglise. "En effet, la Vierge Marie ... est reconnue et honorée comme la véritable Mère de Dieu et du Rédempteur ... Elle est aussi vraiment 'Mère des membres (du Christ) ... ayant coopéré par sa charité à la naissance dans l'Eglise des fidèles qui sont les membres de ce Chef' (S. Augustin, virg. 6)" (LG 53). "... Marie Mère du Christ, Mère de l'Eglise" (Paul VI, discours 21 novembre 1964).



I La Maternité de Marie envers l'Eglise


Toute unie à son Fils ...

964 Le rôle de Marie envers l'Eglise est inséparable de son union au Christ, elle en découle directement. "Cette union de Marie avec son Fils dans l'oeuvre du salut est manifeste dès l'heure de la conception virginale du Christ, jusqu'à sa mort" (LG 57). Elle est particulièrement manifeste à l'heure de sa passsion:

La bienheureuse Vierge avança dans son pèlerinage de foi, gardant fidèlement l'union avec son Fils jusqu'à la Croix où, non sans un dessein divin, elle était debout, souffrant cruellement avec son Fils unique, associée d'un coeur maternel à son sacrifice, donnant à l'immolation de la victime, née de sa chair, le consentement de son amour, pour être enfin, par le même Christ Jésus mourant sur la Croix, donnée comme sa Mère au disciple par ces mots: "Femme, voici ton fils" (Jn 19,26-27) (LG 58).

965 Après l'Ascension de son Fils, Marie a "assisté de ses prières l'Eglise naissante" (LG 69). Réunie avec les apôtres et quelques femmes, "on voit Marie appelant elle aussi de ses prières le don de l'Esprit qui, à l'Annonciation, l'avait déjà elle-même prise sous son ombre" (LG 59).


... aussi dans son Assomption ...

966 "Enfin la Vierge immaculée, préservée par Dieu de toute atteinte de la faute originelle, ayant accompli le cours de sa vie terrestre, fut élevée corps et âme à la gloire du ciel, et exaltée par le Seigneur comme la Reine de l'univers, pour être ainsi plus entièrement conforme à son Fils, Seigneur des seigneurs, victorieux du péché et de la mort" (LG 59 cf. la proclamation du dogme de l'Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie par le Pape Pie XII en 1950: DS 3903). L'Assomption de la Sainte Vierge est une participation singulière à la Résurrection de son Fils et une anticipation de la résurrection des autres chrétiens:

Dans ton enfantement tu as gardé la virginité, dans ta dormition tu n'as pas quitté le monde, ô Mère de Dieu: tu as rejoint la source de la Vie, toi qui conçus le Dieu vivant et qui, par tes prières, délivreras nos âmes de la mort (Liturgie byzantine, Tropaire de la fête de la Dormition (15 août)).


... elle est notre Mère dans l'ordre de la grâce

967 Par son adhésion entière à la volonté du Père, à l'oeuvre rédemptrice de son Fils, à toute motion de l'Esprit Saint, la Vierge Marie est pour l'Eglise le modèle de la foi et de la charité. Par là elle est "membre suréminent et absolument unique de l'Eglise" (LG 53), elle constitue même "la réalisation exemplaire" ("typus") de l'Eglise (LG 63).

968 Mais son rôle par rapport à l'Eglise et à toute l'humanité va encore plus loin. "Elle a apporté à l'oeuvre du Sauveur une coopération absolument sans pareil par son obéissance, sa foi, son espérance, son ardente charité, pour que soit rendue aux âmes la vie surnaturelle. C'est pourquoi elle est devenue pour nous, dans l'ordre de la grâce, notre Mère" (LG 61).

969 "A partir du consentement qu'elle apporta par sa foi au jour de l'Annonciation et qu'elle maintint dans sa fermeté sous la Croix, cette maternité de Marie dans l'économie de la grâce se continue sans interruption jusqu'à la consommation définitive de tous les élus. En effet, après son Assomption au ciel, son rôle dans le salut ne s'interrompt pas: par son intercession répétée elle continue à nous obenir les dons qui assurent notre salut éternel... C'est pourquoi la bienheureuse Vierge est invoquée dans l'Eglise sous les titres d'advocate, d'auxiliatrice, de secourable, de médiatrice" (LG 62).

970 "Le rôle maternel de Marie à l'égard des hommes n'offusque cependant et ne diminue en rien l'unique médiation du Christ: il en manifeste au contraire la vertu. Car toute influence salutaire de la part de la bienheureuse Vierge ... découle de la surabondance des mérites du Christ; elle s'appuie sur sa médiation, dont elle dépend en tout et d'où elle tire toute sa vertu" (LG 60). "Aucune créature en effet ne peut jamais être mise sur le même plan que le Verbe incarné et rédempteur. Mais tout comme le sacerdoce du Christ est participé sous formes diverses, tant par les ministres que par le peuple fidèle, et tout comme l'unique bonté de Dieu se répand réellement sous des formes diverses dans les créatures, ainsi l'unique médiation du Rédempteur n'exclut pas, mais suscite au contraire une coopération variée de la part des créatures, en dépendance de l'unique source" (LG 62).



II Le culte de la Sainte Vierge

971 "Toutes les générations me diront bienheureuse" ( Lc 1,48): "La piété de l'Eglise envers la Saint Vierge est intrinsèque au culte chrétien" (MCU 56). La sainte Vierge "est légitimement honorée par l'Eglise d'un culte spécial. Et de fait, depuis les temps les plus reculés, la bienheureuse Vierge est honorée sous le titre de 'Mère de Dieu'; les fidèles se réfugient sous sa protection, l'implorant dans tous leurs dangers et leurs besoins ... Ce culte ... bien que présentant un caractère absolument unique; il n'en est pas moins essentiellement différent du culte d'adoration qui est rendu au Verbe incarné ainsi qu'au Père et à l'Esprit Saint; il est éminement apte à le servir" (LG 66); il trouve son expression dans les fêtes liturgiques dédiées à la Mère de Dieu (cf. SC 103) et dans la prière mariale, telle le Saint Rosaire, "abrégé de tout l'Evangile" (cf. MCU 42).



III Marie - Icône eschatologique de l'Eglise

972 Après avoir parlé de l'Eglise, de son origine, de sa mission et de sa destinée, nous ne saurions mieux conclure qu'en tournant le regard vers Marie pour contempler en elle ce qu'est l'Eglise dans son Mystère, dans son "pèlerinage de la foi", et ce qu'elle sera dans la patrie au terme de sa marche, où l'attend, "dans la gloire de la Très Sainte et indivisible Trinité", "dans la communion de tous les saints" (LG 69), celle que l'Eglise vénère comme la Mère de son Seigneur et comme sa propre Mère:

Tout comme dans le ciel où elle est déjà glorifiée corps et âme, la Mère de Jésus représente et inaugure l'Eglise en son achèvement dans le siècle futur, de même sur terre, en attendant la venue du jour du Seigneur, elle brille déjà comme un signe d'espérance assurée et de consolation devant le Peuple de Dieu en pèlerinage (LG 68).



En bref

973 En prononçant le "fiat" de l'Annonciation et en donnant son consentement au Mystère de l'Incarnation, Marie collabore déjà à toute l'oeuvre que doit accomplir son Fils. Elle est mère partout où Il est Sauveur et Tête du Corps mystique.

974 La Très Sainte Vierge Marie, ayant accompli le cours de sa vie terrestre, fut enlevée corps et âme à la gloire du ciel, où elle participe déjà à la gloire de la resurrection de son Fils, anticipant la resurrection de tous les membres de son Coprs.

975 "Nous croyons que la Très Sainte Mère de Dieu, nouvelle Eve, Mère de l'Eglise, continue au ciel son rôle maternel à l'égard des membres du Christ" (SPF 15).



Article 10 "Je crois au pardon des péchés"


976 Le Symbole des Apôtres lie la foi au pardon des péchés à la foi en l'Esprit-Saint, mais aussi à la foi en l'Eglise et en la communion des saints. C'est en donnant l'Esprit-Saint à ses apôtres que le Christ ressuscité leur a conféré son propre pouvoir divin de pardonner les péchés: "Recevez l'Esprit-Saint. Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis; ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus" (Jn 20,22-23).

(La IIe partie du Catéchisme traitera explicitement du pardon des péchés par le Baptême, le Sacrement de Pénitence et les autres sacrements, surtout l'Eucharistie. Il suffit donc d'évoquer ici brièvement quelques données de base).



I Un seul baptême pour le pardon des péchés

977 Notre Seigneur a lié le pardon des péchés à la foi et au Baptême: "Allez par le monde entier, proclamez la Bonne Nouvelle à toute la création. Celui qui croira et sera baptisé, sera sauvé" (Mc 16,15-16). Le Baptême est le premier et principal sacrement du pardon des péchés parce qu'il nous unit au Christ mort pour nos péchés, ressuscité pour notre justification (cf. Rm 4,25), afin que "nous vivions nous aussi dans une vie nouvelle" (Rm 6,4).

978 "Au moment où nous faisons notre première profession de Foi, en recevant le saint Baptême qui nous purifie, le pardon que nous recevons est si plein et si entier, qu'il ne nous reste absolument rien à effacer, soit de la faute originelle, soit des fautes commises par notre volonté propre, ni aucune peine à subir pour les expier... Mais néanmoins la grâce du Baptême ne délivre personne de toutes les infirmités de la nature. Au contraire nous avons encore à combattre les mouvements de la concupiscence qui ne cessent de nous porter au mal" (Catech. R. 1, 11, 3).

979 En ce combat avec l'inclination au mal, qui serait assez vaillant et vigilant pour éviter toute blessure du péché? "Si donc il était nécessaire que l'Eglise eût le pouvoir de remettre les péchés, il fallait aussi que le Baptême ne fût pas pour elle l'unique moyen de se servir de ces clefs du Royaume des cieux qu'elle avait reçues de Jésus-Christ; il fallait qu'elle fût capable de pardonner leurs fautes à tous les pénitents, quand même ils auraient péché jusqu'au dernier moment de leur vie" (Catech. R. 1, 11, 4).

980 C'est par le sacrement de pénitence que le baptisé peut être réconcilié avec Dieu et avec l'Eglise:

Les pères ont eu raison d'appeler la pénitence "un baptême laborieux" (S. Grégoire de Naz., or. 39,17). Ce sacrement de pénitence est, pour ceux qui sont tombés après le Baptême, nécessaire au salut, comme l'est le baptême lui-même pour ceux qui ne sont pas encore régénérés (Cc. Trente:
DS 1672).



II Le pouvoir des clefs

981 Le Christ après sa résurrection a envoyé ses apôtres "annoncer à toutes les nations le repentir en son Nom en vue de la rémission des péchés" (Lc 24,47). Ce "ministère de la réconciliation" (2Co 5,18), les apôtres et leurs successeurs ne l'accomplissent pas seulement en annonçant aux hommes le pardon de Dieu mérité pour nous par le Christ et en les appelant à la conversion et à la foi, mais aussi en leur communicant la rémission des péchés par le Baptême et en les réconciliant avec Dieu et avec l'Eglise grâce au pouvoir des clefs reçu du Christ:

L'Eglise a reçu les clés du Royaume des cieux, afin que se fasse en elle la rémission des péchés par le sang du Christ et l'action du Saint-Esprit. C'est dans cette Eglise que l'âme revit, elle qui était morte par les péchés, afin de vivre avec le Christ, dont la grâce nous a sauvés (S. Augustin, serm. 214,11).

982 Il n'y a aucune faute, aussi grave soit-elle, que la Sainte Eglise ne puisse remettre. "Il n'est personne, si méchant et si coupable qu'il soit, qui ne doive espérer avec assurance son pardon, pourvu que son repentir soit sincère" (Catech. R. 1, 11, 5). Le Christ qui est mort pour tous les hommes, veut que, dans son Eglise, les portes du pardon soient toujours ouvertes à quiconque revient du péché (cf. Mt 18,21-22).

983 La catéchèse s'efforcera d'éveiller et de nourrir chez les fidèles la foi en la grandeur incomparable du don que le Christ ressuscité a fait à son Eglise: la mission et le pouvoir de pardonner véritablement les péchés, par le ministère des apôtres et de leurs successeurs:

Le Seigneur veut que ses disciples aient un pouvoir immense: il veut que ses pauvres serviteurs accomplissent en son nom tout ce qu'il avait fait quand il était sur la terre (S. Ambroise, poenit. 1,34).

Les prêtres ont reçu un pouvoir que Dieu n'a donné ni aux anges ni aux archanges... Dieu sanctionne là-haut tout ce que les prêtres font ici-bas (S. Chrysostome, sac. 3,5).

Si dans l'Eglise il n'y avait pas la rémission des péchés, nul espoir existerait, nulle espérance d'une vie éternelle et d'une libération éternelle. Rendons grâce à Dieu qui a donné à son Eglise un tel don (S. Augustin, serm. 213,8).



En bref

984 Le Credo met en relation "le pardon des péchés" avec la profession de foi en l'Esprit Saint. En effet, le Christ ressuscité a confié aux apôtres le pouvoir de pardonner les péchés lorsqu'il leur a donné l'Esprit Saint.

985 Le Baptême est le premier et principal sacrement pour le pardon des péchés: il nous unit au Christ mort et ressuscité et nous donne l'Esprit Saint.

986 De par la volonté du Christ, l'Eglise possède le pouvoir de pardonner les péchés des baptisés et elle l'exerce par les évêques et les prêtres de façon habituelle dans le sacrement de pénitence.

987 "Dans la rémission des péchés, les prêtres et les sacrements sont de purs instruments dont notre Seigneur Jésus-Christ, unique auteur et dispensateur de notre salut, veut bien se servir pour effacer nos iniquités et nous donner la grâce de la justification" (Catech. R. 1, 11, 6).



Article 11 "Je crois à la résurrection de la chair"


988 Le Credo chrétien - profession de notre foi en Dieu le Père, le Fils et le Saint Esprit, et dans son action créatrice, salvatrice et sanctificatrice - culmine en la proclamation de la résurrection des morts à la fin des temps, et en la vie éternelle.

989 Nous croyons fermement, et ainsi nous espérons, que de même que le Christ est vraiment ressuscité des morts, et qu'il vit pour toujours, de même après leur mort les justes vivront pour toujours avec le Christ ressuscité et qu'il les ressuscitera au dernier jour (cf. Jn 6,39-40). Comme la sienne, notre résurrection sera l'oeuvre de la Très Sainte Trinité:

Si l'Esprit de Celui qui a ressuscité Jésus d'entre les morts habite en vous, Celui qui a ressuscité Jésus-Christ d'entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels, par son Esprit qui habite en vous (Rm 8,11 cf. ).

990 Le terme "chair" désigne l'homme dans sa condition de faiblesse et de mortalité (cf. Gn 6,3 Ps 56,5 Is 40,6). La "résurrection de la chair" signifie qu'il n'y aura pas seulement, après la mort, la vie de l'âme immortelle, mais que même nos "corps mortels" (Rm 8,11) reprendront vie.

991 Croire en la résurrection des morts a été dès ses débuts un élément essentiel de la foi chrétienne. "Fiducia christianorum resurrectio mortuorum; illam credentes, sumus" (Tertullien):

Comment certains d'entre vous peuvent-ils dire qu'il n'y a pas de résurrection des morts? S'il n'y a pas de résurrection des morts, le Christ non plus n'est pas ressuscité. Mais si le Christ n'est pas ressuscité, alors notre prédication est vide, vide aussi votre foi... Mais non, le Christ est ressuscité des morts, prémices de ceux qui se sont endormis (
1Co 15,12-14 1Co 15,20).



I La résurrection du Christ et la nôtre


Révélation progressive de la Résurrection

992 La résurrection des morts a été révélée progressivement par Dieu à son Peuple. L'espérance en la résurrection corporelle des morts s'est imposée comme une conséquence intrinsèque de la foi en un Dieu créateur de l'homme tout entier, âme et corps. Le créateur du ciel et de la terre est aussi Celui qui maintient fidèlement son Alliance avec Abraham et sa descendance. C'est dans cette double perspective que commencera à s'exprimer la foi en la résurrection. Dans leurs épreuves, les martyrs Macchabées confessent:

Le Roi du monde nous ressuscitera pour une vie éternelle, nous qui mourons pour ses lois (
2M 7,9). Mieux vaut mourir de la main des hommes en tenant de Dieu l'espoir d'être ressuscité par lui (2M 7,14 cf. 2M 7,29 Da 12,1-13).

993 Les Pharisiens (cf. Ac 23,6) et bien des contemporains du Seigneur (cf. Jn 11,24) espéraient la résurrection. Jésus l'enseigne fermement. Aux Sadducéens qui la nient il répond: "Vous ne connaissez ni les Ecritures ni la puissance de Dieu, vous êtes dans l'erreur" (Mc 12,24). La foi en la résurrection repose sur la foi en Dieu qui "n'est pas un Dieu des morts, mais des vivants" (Mc 12,27).

994 Mais il y a plus: Jésus lie la foi en la résurrection à sa propre personne: "Je suis la Résurrection et la vie" (Jn 11,25). C'est Jésus lui-même qui ressuscitera au dernier jour ceux qui auront cru en lui (cf. Jn 5,24-25 Jn 6,40) et qui auront mangé son corps et bu son sang (cf. Jn 6,54). Il en donne dès maintenant un signe et un gage en rendant la vie à certains morts (cf. Mc 5,21-42 Lc 7,11-17 Jn 11), annonçant par là sa propre Résurrection qui sera cependant d'un autre ordre. De cet événement unique Il parle comme du "signe de Jonas" (Mt 12,40), du signe du Temple (cf. Jn 2,19-22): il annonce sa Résurrection le troisième jour après sa mise à mort (cf. Mc 10,34).

995 Etre témoin du Christ, c'est être "témoin de sa Résurrection" (Ac 1,22 cf. Ac 4,33), "avoir mangé et bu avec lui après sa Résurrection d'entre les morts" (Ac 10,41). L'espérance chrétienne en la résurrection est toute marquée par les rencontres avec le Christ ressuscité. Nous ressusciterons comme Lui, avec Lui, par Lui.

996 Dès le début, la foi chrétienne en la résurrection a rencontré incompréhensions et oppositions (cf. Ac 17,32 1Co 15,12-13). "Sur aucun point la foi chrétienne ne rencontre plus de contradiction que sur la résurrection de la chair" (S. Augustin, Psal. 88, 2, 5). Il est très communément accepté qu'après la mort la vie de la personne humaine continue d'une façon spirituelle. Mais comment croire que ce corps si manifestement mortel puisse ressusciter à la vie éternelle?


Comment les morts ressuscitent-ils?

997 Qu'est-ce que "ressusciter"? Dans la mort, séparation de l'âme et du corps, le corps de l'homme tombe dans la corruption, alors que son âme va à la rencontre de Dieu, tout en demeurant en attente d'être réunie à son corps glorifié. Dieu dans sa toute-puissance rendra définitivement la vie incorruptible à nos corps en les unissant à nos âmes, par la vertu de la Résurrection de Jésus.

998 Qui ressuscitera? Tous les hommes qui sont morts: "ceux qui auront fait le bien ressusciteront pour la vie, ceux qui auront fait le mal, pour la damnation" (Jn 5,29 cf. Da 12,2).

999 Comment? Le Christ est ressuscité avec son propre corps: "Regardez mes mains et mes pieds: c'est bien moi" (Lc 24,39); mais Il n'est pas revenu à une vie terrestre. De même, en Lui, "tous ressusciteront avec leur propre corps, qu'ils ont maintenant" (Cc. Latran IV: DS 801), mais ce corps sera "transfiguré en corps de gloire" (Ph 3,21), en "corps spirituel" (1Co 15,44):

Mais, dira-t-on, comment les morts ressuscitent-ils? Avec quel corps reviennent-ils? Insensé! Ce que tu sèmes, toi, ne reprend vie, s'il ne meurt. Et ce que tu sèmes, ce n'est pas le corps à venir, mais un grain tout nu... On sème de la corruption, il ressuscite de l'incorruption; ... les morts ressusciteront incorruptibles ... Il faut en effet que cet être corruptible revête l'incorruptibilité, que cet être mortel revête l'immortalité (1Co 15,35-37 1Co 15,42 1Co 15,52-53).

1000 Ce "comment" dépasse notre imagination et notre entendement; il n'est accessible que dans la foi. Mais notre participation à l'Eucharistie nous donne déjà un avant-goût de la transfiguration de notre corps par le Christ:

De même que le pain qui vient de la terre, après avoir reçu l'invocation de Dieu, n'est plus du pain ordinaire, mais eucharistie, constituée de deux choses, l'une terrestre et l'autre céleste, de même nos corps qui participent à l'eucharistie ne sont plus corruptibles, puisqu'ils ont l'espérance de la résurrection (S. Irénée, hær. 4, 18,4-5)

1001 Quand? Définitivement "au dernier jour" (Jn 6,39-40 Jn 6,44 Jn 6,54 Jn 11,24); "à la fin du monde" (LG 48). En effet, la résurrection des morts est intimement associée à la Parousie du Christ:

Car lui-même, le Seigneur, au signal donné par la voix de l'archange et la trompette de Dieu, descendra du ciel, et les morts qui sont dans le Christ ressusciteront en premier lieu (1Th 4,16).


Ressuscités avec le Christ

1002 S'il est vrai que le Christ nous ressuscitera "au dernier jour", il est vrai aussi que, d'une certaine façon, nous sommes déjà ressuscités avec le Christ. En effet, grâce à l'Esprit Saint, la vie chrétienne est, dès maintenant sur terre, une participation à la mort et à la Résurrection du Christ:

Ensevelis avec le Christ lors du Baptême, vous en êtes aussi ressuscités avec lui, parce que vous avez cru en la force de Dieu qui l'a ressuscité des morts... Du moment donc que vous êtes ressuscités avec le Christ, recherchez les choses d'en-haut, là où se trouve le Christ, assis à la droite de Dieu (
Col 2,12 Col 3,1)

1003 Unis au Christ par le Baptême, les croyants participent déjà réellement à la vie céleste du Christ ressuscité (cf. Ph 3,20), mais cette vie demeure "cachée avec le Christ en Dieu" (Col 3,3) "Avec lui Il nous a ressuscités et fait asseoir au cieux, dans le Christ Jésus" (Ep 2,6). Nourris de son Corps dans l'Eucharistie, nous appartenons déjà au Corps du Christ. Lorsque nous ressusciterons au dernier jour nous serons aussi "manifestés avec lui pleins de gloire" (Col 3,3).

1004 Dans l'attente de ce jour, le corps et l'âme du croyant participent déjà à la dignité d'être "au Christ"; d'où l'exigence de respect envers son propre corps, mais aussi envers celui d'autrui, particulièrement lorsqu'il souffre:

Le corps est pour le Seigneur, et le Seigneur pour le corps. Et Dieu, qui a ressuscité le Seigneur, nous ressuscitera, nous aussi, par sa puissance. Ne savez-vous pas que vos corps sont des membres du Christ? ... Vous ne vous appartenez pas ... Glorifiez donc Dieu dans votre corps (
1Co 6,13-15 1Co 6,19-20).




1998 Catéchisme 934