1998 Catéchisme 2590

En bref

2590 "La prière est l'élévation de l'âme vers Dieu ou la demande à Dieu des biens convenables" (S. Damascène, f. o. 3,24).

2591 Dieu appelle inlassablement chaque personne à la rencontre mystérieuse avec Lui. La prière accompagne toute l'histoire du salut comme un appel réciproque entre Dieu et l'homme.

2592 La prière d'Abraham et de Jacob se présente comme un combat de la foi dans la confiance en la fidélité de Dieu et dans la certitude de la victoire promise à la persévérance.

2593 La prière de Moïse répond à l'initiative du Dieu vivant pour le salut de son peuple. Elle préfigure la prière d'intercelui obéissent principe de salut éternel" (He 5,7-9).

2594 La prière du Peuple de Dieu s'épanouit à l'ombre de la demeure de Dieu, l'arche d'alliance et le Temple, sous la conduite des pasteurs, le roi David notamment, et des prophètes.

2595 Les prophètes appellent à la conversion du cour et, tout en recherchant ardemment la face de Dieu, tel Elie, ils intercèdent pour le peuple.

2596 Les Psaumes constituent le chef-d'ouvre de la prière dans l'Ancien Testament. Ils présentent deux composantes inséparables: personnelle et communautaire. Ils s'étendent à toutes les dimensions de l'histoire, commémorant les promesses de Dieu déjà accomplies et espérant la venue du Messie.

2597 Priés et accomplis dans le Christ, les Psaumes sont un élément essentiel et permanent de la prière de son Eglise. Ils sont adaptés aux hommes de toute condition et de tout temps.



Article 2 Dans la plénitude du temps

2598 Le drame de la prière nous est pleinement révélé dans le Verbe qui s'est fait chair et qui demeure parmi nous. Chercher à comprendre sa prière, à travers ce que ses témoins nous en annoncent dans l'Evangile, c'est nous approcher du Saint Seigneur Jésus comme du Buisson ardent: d'abord Le contempler Lui-même en prière, puis écouter comment Il nous enseigne à prier, pour connaître enfin comment Il exauce notre prière.



Jésus prie

2599 Le Fils de Dieu devenu Fils de la Vierge a appris à prier selon son cour d'homme. Il l'apprend de sa mère qui conservait toutes les " grandes choses " du Tout-Puissant et les méditait en son cour (Lc 1,49 Lc 2,19 Lc 2,51). Il l'apprend dans les mots et les rythmes de la prière de son peuple, à la synagogue de Nazareth et au Temple. Mais sa prière jaillit d'une source autrement secrète, comme Il le laisse pressentir à l'âge de douze ans: " Je Me dois aux affaires de mon Père " (Lc 2,49). Ici commence à se révéler la nouveauté de la prière dans la plénitude des temps: la prière filiale, que le Père attendait de ses enfants va enfin être vécue par le Fils unique Lui-même dans son Humanité, avec et pour les hommes.

2600 L'Evangile selon S. Luc souligne l'action de l'Esprit Saint et le sens de la prière dans le ministère du Christ. Jésus prie avant les moments décisifs de sa mission: avant que le Père témoigne de Lui lors de son Batpême (Lc 3,21) et de sa Transfiguration (Lc 9,28), et avant d'accomplir par sa passion le dessein d'amour du Père (Lc 22,41-44). Il prie aussi avant les moments décisifs qui vont engager la mission de ses apôtres: avant de choisir et d'appeler les Douze (Lc 6,12), avant que Pierre Le confesse comme " Christ de Dieu " (Lc 9,18-20) et afin que la foi du chef des apôtres ne défaille pas dans la tentation (Lc 22,32). La prière de Jésus avant les événements du salut que le Père Lui demande d'accomplir est une remise, humble et confiante, de sa volonté humaine à la volonté aimante du Père.

2601 " Un jour, quelque part, Jésus priait. Quand Il eut fini, un des disciples Lui demanda: Seigneur, apprends-nous à prier " (Lc 11,1). N'est-ce pas d'abord en contemplant son Maître prier que le disciple du Christ désire prier? Il peut alors l'apprendre du Maître de la prière. C'est en contemplant et en écoutant le Fils que les enfants apprennent à prier le Père.

2602 Jésus se retire souvent à l'écart, dans la solitude, sur la montagne, de préférence de nuit, pour prier (Mc 1,35 Mc 6,46 Lc 5,16). Il porte les hommes dans sa prière, puisque aussi bien Il assume l'humanité en son Incarnation, et Il les offre au Père en S'offrant Lui-même. Lui, le Verbe qui a " assumé la chair ", participe dans sa prière humaine à tout ce que vivent " ses frères " (He 2,12); Il compatit à leurs faiblesses pour les en délivrer (He 2,15 He 4,15). C'est pour cela que le Père L'a envoyé. Ses paroles et ses oeuvres apparaissent alors comme la manifestation visible de sa prière " dans le secret ".

2603 Du Christ, durant son ministère, les évangélistes ont retenu deux prières plus explicites. Or elles commencent chacune par l'action de grâces. Dans la première (Mt 11,25-27 Lc 10,21), Jésus confesse le Père, Le reconnaît et Le bénit parce qu'Il a caché les mystères du Royaume à ceux qui se croient doctes et l'a révélé aux " tout-petits " (les pauvres des béatitudes). Son tressaillement " Oui, Père ! " esxprime le fond de son cour, son adhésion au " bon plaisir " du Père, en écho au Fiat de sa Mère lors de sa conception et en prélude à celui qu'Il dira au Père dans son agonie. Toute la prière de Jésus est dans cette adhésion aimante de son cour d'homme au " mystère de la volonté " du Père (Ep 1,9).

2604 La seconde prière est rapportée par S. Jean (Jn 11,41-42) avant la résurrection de Lazare. L'action de grâces précède l'événement: " Père, Je Te rends grâces de M'avoir exaucé ", ce qui implique que le Père écoute toujours sa demande; et Jésus ajoute aussitôt: " Je savais bien que Ti M'exauces toujours ", ce qui implique que, de son côté, Jésus demande d'une façon constante. Ainsi, portée par l'action de grâce, la prière de Jésus nous révèle comment demander: avant que le don soit donné, Jésus adhère à Celui qui donne et Se donne dans ses dons. Le Donateur est plus précieux que le don accordé. Il est le " Trésor ", et c'est en Lui qu'est le cour de son fils; le don est donné " par surcroît " (Mt 6,21 Mt 6,33).

La prière " sacerdotale " de Jésus (Jn 17) tient une place unique dans l'économie du salut. Elle sera méditée en finale de la première section. Elle révèle en effet la prière toujours actuelle de notre Grand Prêtre, et, en même temps, elle contient ce qu'Il nous enseigne dans notre prière à notre Père, laquelle sera développée dans la deuxième section.

2605 Quand l'Heure est venue où Il accomplit le dessein d'amour du Père, Jésus laisse entrevoir la profondeur insondable de sa prière filiale, non seulement avant de Se livrer librement ( " Abba ... non pas ma volonté, mais la tienne ": Lc 22,42), mais jusque dans ses dernières paroles sur la Croix, là où prier et se donner ne font qu'un " Mon Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu'ils font " (Lc 23,34); " En vérité, Je Te le dis, dès aujourd'hui Tu seras avec Moi dans le Paradis " (Lc 24,43); " Femme, voici ton fils (...) Voici ta mère " (Jn 19,26-27); " j'ai soif ! " (Jn 19,28); " Mon Dieu, pourquoi M'as-tu abandonné? " (Mc 15,34 Ps 22,2); " Tout est achevé " (Jn 19,30); " Père, Je remets mon esprit entre tes mains " (Lc 23,46), jusqu'à ce " grand cri " où Il expire en livrant l'esprit (Mc 15,37 Jn 19,30).

2606 Toutes les détresses de l'humanité de tous les temps, esclave du péché et de la mort, toutes les demandes et les intercessions de l'histoire du salut sont recueillies dans ce Cri du Verbe incarné. Voici que le Père les accueille et, au-delà de toute espérance, les exauce en ressuscitant son Fils. Ainsi s'accomplit et se consomme le drame de la prière dans l'économie de la création et du salut. Le Psautier nous en livre la clef dans le Christ. C'est dans l'Aujourd'hui de la Résurrection que le Père dit: " Tu es mon Fils, Moi, aujourd'hui Je T'ai engendré. demande, et Je Te donne les nations pour héritage, pour domaine les extrémités de la terre ! " (Ps 2,7-5 Ac 13,33)

L'Epître aux Hébreux exprime en des termes dramatiques comment la prière de Jésus opère la victoire du salut: " C'est Lui qui au jour de sa chair, ayant présenté, avec une violente clameur et des larmes, des implorations et des supplications à Celui qui pouvait Le sauver de la mort, et ayant été exaucé en raison de sa piété, tout Fils qu'Il était, Il apprit, de ce qu'Il souffrit, l'obéissance après avoir été rendu parfait, Il est devenu pour tous ceux qui Lui obéissent principe de salut éternel " (He 5,7-9).




Jésus enseigne à prier

2607 Quand Jésus prie il nous apprend déjà à prier. Le chemin théologal de notre prière est sa prière à son Père. Mais l'Evangile nous livre un enseignement explicite de Jésus sur la prière. En pédagogue il nous prend là où nous sommes et, progressivement, nous conduit vers le Père. S'adressant aux foules qui le suivent, Jésus part de ce qu'elles connaissent déjà de la prière selon l'Ancienne Alliance et les ouvre à la nouveauté du Royaume qui vient. Puis il leur révèle en paraboles cette nouveauté. Enfin, à ses disciples qui devront être des pédagogues de la prière dans son Eglise, il parlera ouvertement du Père et de l'Esprit Saint.

2608 Dès le Sermon sur la Montagne, Jésus insiste sur la conversion du coeur: la réconciliation avec le frère avant de présenter une offrande sur l'autel (cf. Mt 5,23-24), l'amour des ennemis et la prière pour les persécuteurs (cf. Mt 5,44-45), prier le Père "dans le secret" (Mt 6,6), ne pas rabâcher de multiples paroles (cf. Mt 6,7), pardonner du fond du coeur dans la prière (cf. Mt 6,14-15), la pureté du coeur et la recherche du Royaume (cf. Mt 6,21 Mt 25 Mt 6,33). Cette conversion est toute polarisée vers le Père, elle est filiale.


2609 Le coeur ainsi décidé à se convertir, apprend à prier dans la foi. La foi est une adhésion filiale à Dieu, au-delà de ce que nous sentons et comprenons. Elle est devenue possible parce que le Fils bien-aimé nous ouvre l'accès auprès du Père. Il peut nous demander de "chercher" et de "frapper", puisqu'il est lui- même la porte et le chemin (cf. Mt 7,7-11 Mt 7,13-14).

2610 De même que Jésus prie le Père et rend grâces avant de recevoir ses dons, il nous apprend cette audace filiale: "tout ce que vous demandez en priant, croyez que vous l'avez déjà reçu" (Mc 11,24). Telle est la force de la prière, "tout est possible à celui qui croit" (Mc 9,23), d'une foi "qui n'hésite pas" (Mt 21,22). Autant Jésus est attristé par le "manque de foi" de ses proches (Mc 6,6) et le "peu de foi" de ses disciples (Mt 8,26), autant il est saisi d'admiration devant la "grande foi" du centurion romain (Mt 8,10) et de la cananéenne (Mt 15,28).

2611 La prière de foi ne consiste pas seulement à dire "Seigneur, Seigneur", mais à accorder le coeur à faire la volonté du Père (Mt 7,21). Ce souci de coopérer au Dessein divin, Jésus appelle ses disciples à le porter dans la prière (cf. Mt 9,38 Lc 10,2 Jn 4,34).

2612 En Jésus "le Royaume de Dieu est tout proche", il appelle à la conversion et à la foi mais aussi à la vigilance. Dans la prière, le disciple veille attentif à Celui qui Est et qui Vient dans la mémoire de sa première Venue dans l'humilité de la chair et dans l'espérance de son second Avènement dans la Gloire (cf. Mc 13 Lc 21,34-36). En communion avec leur Maître, la prière des disciples est un combat, et c'est en veillant dans la prière que l'on n'entre pas en tentation (cf. Lc 22,40 Lc 22,46).

2613 Trois paraboles principales sur la prière nous sont transmises par S. Luc:


La première, "l'ami importun" (cf.
Lc 11,5-13), invite à une prière instante: "Frappez, et l'on vous ouvrira". A celui qui prie ainsi, le Père du ciel "donnera tout ce dont il a besoin", et surtout l'Esprit-Saint qui contient tous les dons.

La deuxième, "la veuve importune" (cf. Lc 18,1-8), est centrée sur l'une des qualités de la prière: il faut toujours prier sans se lasser avec la patience de la foi. "Mais le Fils de l'homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre"?


La troisième parabole, "le pharisien et le publicain" (cf. Lc 18,9-14), concerne l'humilité du coeur qui prie. "Mon Dieu, aie pitié du pécheur que je suis". Cette prière, l'Eglise ne cesse de la faire sienne: "Kyrie eleison!".

2614 Quand Jésus confie ouvertement à ses disciples le mystère de la prière au Père, il leur dévoile ce que devra être leur prière, et la nôtre, lorsqu'il sera retourné, dans son Humanité glorifiée, auprès du Père. Ce qui est nouveau maintenant est de "demander en son Nom" (Jn 14,13). La foi en Lui introduit les disciples dans la connaissance du Père, parce que Jésus est "le Chemin, la Vérité et la Vie" (Jn 14,6). La foi porte son fruit dans l'amour: garder sa Parole, ses commandements, demeurer avec Lui dans le Père qui en Lui nous aime jusqu'à demeurer en nous. Dans cette Alliance nouvelle, la certitude d'être exaucés dans nos demandes est fondée sur la prière de Jésus (cf. Jn 14,13-14).

2615 Plus encore, ce que le Père nous donne lorsque notre prière est unie à celle de Jésus, c'est "l'autre Paraclet, pour être avec vous à jamais, l'Esprit de Vérité" (Jn 14,16-17). Cette nouveauté de la prière et de ses conditions apparaît à travers le Discours d'adieu (cf. Jn 14,23-26 Jn 15,7 Jn 15,16 Jn 16,13-15 Jn 16,23-27). Dans l'Esprit Saint, la prière chrétienne est communion d'amour avec le Père, non seulement par le Christ, mais aussi en Lui: "Jusqu'ici vous n'avez rien demandé en mon Nom. Demandez et vous recevrez, et votre joie sera parfaite" (Jn 16,24).


Jésus exauce la prière

2616 La prière à Jésus est déjà exaucée par lui durant son ministère, à travers des signes qui anticipent la puissance de sa Mort et de sa Résurrection: Jésus exauce la prière de foi, exprimée en paroles (le lépreux: cf. Mc 1,40-41; Jaïre: cf. Mc 5,36; la cananéenne: cf. Mc 7,29; le bon larron: cf. Lc 23,39-43) ou en silence (les porteurs du paralytique: cf. Mc 2,5; l'hémoroïsse qui touche son vêtement: cf. Mc 5,28; les larmes et le parfum de la pécheresse: cf. Lc 7,37-38). La demande pressante des aveugles: "Aie pitié de nous, fils de David" (Mt 9,27) ou "Fils de David, Jésus, aie pitié de moi" (Mc 10,48) a été reprise dans la tradition de la Prière à Jésus: "Jésus, Christ, Fils de Dieu, Seigneur, aie pitié de moi, pécheur!" Guérison des infirmités ou rémission des péchés, Jésus répond toujours à la prière qui l'implore avec foi: "Va en paix, ta foi t'a sauvé!".


S. Augustin résume admirablement les trois dimension de la prière de Jésus: "Orat pro nobis ut sacerdos noster, orat in nobis ut caput nostrum, oratur a nobis ut Deus noster. Agnoscamus ergo et in illo voces nostras et voces eius in nobis" (Ps 85,1 cf. IGLH 7).


La prière de la Vierge Marie

2617 La prière de Marie nous est révélée à l'aurore de la Plénitude des temps. Avant l'Incarnation du Fils de Dieu et avant l'effusion de l'Esprit Saint, sa prière coopère d'une manière unique au Dessein bienveillant du Père, lors de l'Annonciation pour la conception du Christ (cf. Lc 1,38), lors de la Pentecôte pour la formation de l'Eglise, Corps du Christ (cf. Ac 1,14). Dans la foi de son humble servante le Don de Dieu trouve l'accueil qu'il attendait depuis le commencement des temps. Celle que le Tout-Puissant a faite "pleine de grâce" répond par l'offrande de tout son être: "Voici la servante du Seigneur, qu'il m'advienne selon ta parole". Fiat, c'est la prière chrétienne: être tout à Lui puisqu'Il est tout à nous.

2618 L'Evangile nous révèle comment Marie prie et intercède dans la foi: à Cana (cf. Jn 2,1-12) la mère de Jésus prie son fils pour les besoins d'un repas de noces, signe d'un autre Repas, celui des noces de l'Agneau donnant son Corps et son Sang à la demande de l'Eglise, son Epouse. Et c'est à l'heure de la nouvelle Alliance, au pied de la Croix (cf. Jn 19,25-27), que Marie est exaucée comme la Femme, la nouvelle Eve, la véritable "mère des vivants".

2619 C'est pourquoi le cantique de Marie (cf. Lc 1,46-55; le "Magnificat" latin, le "Mégalinaire" byzantin) est à la fois le cantique de la Mère de Dieu et celui de l'Eglise, cantique de la Fille de Sion et du nouveau Peuple de Dieu, cantique d'action de grâces pour la plénitude de grâces répandues dans l'Economie du salut, cantique des "pauvres" dont l'espérance est comblée par l'accomplissement des Promesses faites à nos pères "en faveur d'Abraham et de sa descendance, à jamais".



En bref

2620 Dans le Nouveau Testament le modèle parfait de la prière réside dans la prière filiale de Jésus. Faite souvent dans la solitude, dans le secret, la prière de Jésus comporte une adhésion aimante à la volonté du Père jusqu'à la croix et une absolue confiance d'être exaucée.

2621 Dans son enseigenment, Jésus apprend à ses disciples à prier avec un coeur purifié, une foi vive et persévérante, une audace filiale. Il les appelle à la vigilance et les invite à présenter à Dieu leurs demandes en son Nom. Jésus Christ exauce lui-même les prières qui lui sont adressées.

2622 La prière de la Vierge Marie, en son Fiat et en son Magnificat, se caractérise par l'offrande généreuse de tout son être dans la foi.



Article 3 Dans le temps de l'Eglise

2623 Le jour de la Pentecôte, l'Esprit de la Promesse a été répandu sur les disciples, "assemblés en un même lieu" (Ac 2,1), l'attendant "tous d'un même coeur, assidus à la prière" (Ac 1,14). L'Esprit qui enseigne l'Eglise et lui rappelle tout ce que Jésus a dit (cf. Jn 14,26), va aussi la former à la vie de prière.

2624 Dans la première communauté de Jérusalem, les croyants "se montraient assidus à l'enseignement des apôtres, fidèles à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières" (Ac 2,42). La séquence est typique de la prière de l'Eglise: fondée sur la foi apostolique et authentifiée par la charité, elle est nourrie dans l'Eucharistie.

2625 Ces prières sont d'abord celles que les fidèles écoutent et lisent dans les Ecritures, mais ils les actualisent, celles des Psaumes en particulier, à partir de leur accomplissement dans le Christ (cf. Lc 24,27 Lc 24,44). L'Esprit Saint, qui rappelle ainsi le Christ à son Eglise orante, la conduit aussi vers la Vérité tout entière et suscite des formulations nouvelles qui exprimeront l'insondable Mystère du Christ à l'oeuvre dans la vie, les sacrements et la mission de son Eglise. Ces formulations se développeront dans les grandes traditions liturgiques et spirituelles. Les formes de la prière, telles que les révèlent les Ecritures apostoliques canoniques, resteront normatives de la prière chrétienne.



I La bénédiction et l'adoration

2626 La bénédiction exprime le mouvement de fond de la prière chrétienne: elle est rencontre de Dieu et de l'homme; en elle le Don de Dieu et l'accueil de l'homme s'appellent et s'unissent. La prière de bénédiction est la réponse de l'homme aux dons de Dieu: parce que Dieu bénit, le coeur de l'homme peut bénir en retour Celui qui est la source de toute bénédiction.

2627 Deux formes fondamentales expriment ce mouvement: tantôt, elle monte, portée dans l'Esprit Saint, par le Christ vers le Père (nous Le bénissons de nous avoir bénis; cf. Ep 1,3-14 2Co 1,3-7 1P 1,3-9); tantôt, elle implore la grâce de l'Esprit Saint qui, par le Christ, descend d'auprès du Père (c'est lui qui nous bénit; cf. 2Co 13,13 Rm 15,5-6 Rm 15,13 Ep 6,23-24).

2628 L'adoration est la première attitude de l'homme qui se reconnaît créature devant son Créateur. Elle exalte la grandeur du Seigneur qui nous a fait (cf. Ps 95,1-6) et la toute- puissance du Sauveur qui nous libère du mal. Elle est le prosternement de l'esprit devant le "Roi de gloire" (Ps 24,9-10) et le silence respectueux face au Dieu "toujours plus grand" (S. Augustin, Ps 62,16). L'adoration du Dieu trois fois saint et souverainement aimable confond d'humilité et donne assurance à nos supplications.



II La prière de demande

2629 Le vocabulaire de la supplication est riche en nuances dans le Nouveau Testament: demander, réclamer, appeler avec insistance, invoquer, clamer, crier, et même "lutter dans la prière" (cf. Rm 15,30 Col 4,12). Mais sa forme la plus habituelle, parce que la plus spontanée, est la demande: C'est par la prière de demande que nous traduisons la conscience de notre relation à Dieu: créatures, nous ne sommes ni notre origine, ni maître des adversités, ni notre fin ultime, mais aussi, pécheurs, nous savons, comme chrétiens, que nous nous détournons de notre Père. La demande est déjà un retour vers Lui.

2630 Le Nouveau Testament ne contient guère de prières de lamentation, fréquentes dans l'Ancien Testament. Désormais dans le Christ ressuscité la demande de l'Eglise est portée par l'espérance, même si nous sommes encore dans l'attente et que nous ayons chaque jour à nous convertir. C'est d'une autre profondeur que jaillit la demande chrétienne, celle que s. Paul appelle le gémissement: celui de la création "en travail d'enfantement" (Rm 8,22), le nôtre aussi "dans l'attente de la rédemption de notre corps, car notre salut est objet d'espérance" (Rm 8,23-24), enfin "les gémissements ineffables" de l'Esprit Saint lui-même qui "vient au secours de notre faiblesse, car nous ne savons que demander pour prier comme il faut" (Rm 8,26).

2631 La demande du pardon est le premier mouvement de la prière de demande (cf. le publicain: "aie pitié du pécheur que je suis": Lc 18,13). Elle est le préalable d'une prière juste et pure. L'humilité confiante nous remet dans la lumière de la communion avec le Père et son Fils Jésus Christ, et les uns avec les autres (cf. 1Jn 1,7-2,2): alors "quoi que nous Lui demandions, nous le recevrons de Lui" (1Jn 3,22). La demande du pardon est le préalable de la liturgie eucharistique, comme de la prière personelle.


2632 La demande chrétienne est centrée sur le désir et la recherche du Royaume qui vient, conformément à l'enseignement de Jésus (cf. Mt 6,10 Mt 6,33 Lc 11,2 Lc 11,13). Il y a une hiérarchie dans les demandes: d'abord le Royaume, ensuite ce qui est nécessaire pour l'accueillir et pour coopérer à sa venue. Cette coopération à la mission du Christ et de l'Esprit Saint, qui est maintenant celle de l'Eglise, est l'objet de la prière de la communauté apostolique (cf. Ac 6,6 Ac 13,3). C'est la prière de Paul, l'Apôtre par excellence, qui nous révèle comment le souci divin de toutes les Eglises doit animer la prière chrétienne (cf. Rm 10,1 Ep 1,16-23 Ph 1,9-11 Col 1,3-6 Col 4,3-4 Col 4,12). Par la prière tout baptisé travaille à la Venue du Royaume.

2633 Quand on participe ainsi à l'amour sauveur de Dieu, on comprend que tout besoin puisse devenir objet de demande. Le Christ qui a tout assumé afin de tout racheter est glorifié par les demandes que nous offrons au Père en son Nom (cf. Jn 14,13). C'est dans cette assurance que Jacques (cf. Jc 1,5-8) et Paul nous exhortent à prier en toute occasion (cf. Ep 5,20 Ph 4,6-7 Col 3,16-17 1Th 5,17-18).



III La prière d'intercession

2634 L'intercession est une prière de demande qui nous conforme de près à la prière de Jésus. C'est Lui l'unique Intercesseur auprès du Père en faveur de tous les hommes, des pécheurs en particulier (cf. Rm 8,34 1Jn 2,1 1Tm 2,5-8). Il est "capable de sauver de façon définitive ceux qui par lui s'avancent vers Dieu, étant toujours vivant pour intercéder en leur faveur" (He 7,25). L'Esprit Saint lui-même "intercède pour nous... et son intercession pour les saints correspond aux vues de Dieu" (Rm 8,26-27).

2635 Intercéder, demander en faveur d'un autre, est, depuis Abraham, le propre d'un coeur accordé à la miséricorde de Dieu. Dans le temps de l'Eglise, l'intercession chrétienne participe à celle du Christ: elle est l'expression de la communion des saints. Dans l'intercession, celui qui prie ne "recherche pas ses propres intérêts, mais songe plutôt à ceux des autres" (Ph 2,4), jusqu'à prier pour ceux qui lui font du mal (cf. Etienne priant pour ses bourreaux, comme Jésus: cf. Ac 7,60 Lc 23,28 Lc 23,34).

2636 Les premières communautés chrétiennes ont vécu intensément cette forme de partage (cf. Ac 12,5 Ac 20,36 Ac 21,5 2Co 9,14). L'Apôtre Paul les fait participer ainsi à son ministère de l'Evangile (cf. Ep 6,18-20 Col 4,3-4 1Th 5,25), mais il intercède aussi pour elles (cf. 2Th 1,11 Col 1,3 Ph 1,3-4). L'intercession des chrétiens ne connaît pas de frontières: "pour tous les hommes, pour les dépositaires de l'autorité" (1Tm 2,1), pour ceux qui persécutent (cf. Rm 12,14), pour le salut de ceux qui repoussent l'Evangile (cf. Rm 10,1).




IV La prière d'action de grâces

2637 L'action de grâces caractérise la prière de l'Eglise qui, en célébrant l'Eucharistie, manifeste et devient davantage ce qu'elle est. En effet, dans l'oeuvre du salut, le Christ libère la création du péché et de la mort pour la consacrer de nouveau et la faire retourner au Père, pour sa Gloire. L'action de grâces des membres du Corps participe à celle de leur Chef.

2638 Comme dans la prière de demande, tout événement et tout besoin peuvent devenir offrande d'action de grâces. Les lettres de S. Paul commencent et se terminent souvent par une action de grâces, et le Seigneur Jésus y est toujours présent. "En toute condition, soyez dans l'action de grâces. C'est la volonté de Dieu sur vous dans le Christ Jésus" (1Th 5,18). "Soyez assidus à la prière; qu'elle vous tienne vigilants dans l'action de grâces" (Col 4,2).



V La prière de louange

2639 La louange est la forme de prière qui reconnaît le plus immédiatement que Dieu est Dieu! Elle le chante pour Lui-même, elle lui rend gloire, au-delà de ce qu'il fait, parce qu'IL EST. Elle participe à la béatitude des coeurs purs qui l'aiment dans la foi avant de le voir dans la Gloire. Par elle, l'Esprit se joint à notre esprit pour témoigner que nous sommes enfants de Dieu (cf. Rm 8,16), il rend témoignage au Fils unique en qui nous sommes adoptés et par qui nous glorifions le Père. La louange intègre les autres formes de prière et les porte vers Celui qui en est la source et le terme: "le seul Dieu, le Père, de qui tout vient et pour qui nous sommes faits" (1Co 8,6).

2640 S. Luc mentionne souvent dans son Evangile l'émerveillement et la louange devant les merveilles du Christ, les souligne aussi pour les actions de l'Esprit Saint que sont les Actes des Apôtres: la communauté de Jérusalem (cf. Ac 2,47), l'impotent guéri par Pierre et Jean (cf. Ac 3,9), la foule qui en glorifie Dieu (cf. Ac 4,21), et les païens de Pisidie qui "tout joyeux, glorifient la Parole du Seigneur" (Ac 13,48).

2641 "Récitez entre vous des psaumes, des hymnes et des cantiques inspirés; chantez et célébrez le Seigneur de tout votre coeur" (Ep 5,19 Col 3,16). Comme les écrivains inspirés du Nouveau Testament, les premières communautés chrétiennes relisent le livre des Psaumes en y chantant le Mystère du Christ. Dans la nouveauté de l'Esprit, elles composent aussi des hymnes et des cantiques à partir de l'Evénement inouï que Dieu a accompli en son Fils: son Incarnation, sa Mort victorieuse de la mort, sa Résurrection et son Ascension à sa droite (cf. Ph 2,6-11 Col 1,15-20 Ep 5,14 1Tm 3,16 1Tm 6,15-16 2Tm 2,11-13). C'est de cette "merveille" de toute l'Economie du salut que monte la doxologie, la louange de Dieu (cf. Ep 1,3-14 Rm 16,25-27 Ep 3,20-21 Jud 24-25).

2642 La Révélation "de ce qui doit arriver bientôt", l'Apocalypse, est portée par les cantiques de la Liturgie céleste (cf. Ap 4,8-11 Ap 5,9-14 Ap 7,10-12) mais aussi par l'intercession des "témoins" (martyrs: Ap 6,10). Les prophètes et les saints, tous ceux qui furent égorgés sur la terre pour le témoignage de Jésus (cf. Ap 18,24), la foule immense de ceux qui, venus de la grande tribulation, nous ont précédés dans le Royaume, chantent la louange de gloire de Celui qui siège sur le Trône et de l'Agneau (cf. Ap 19,1-8). En communion avec eux, l'Eglise de la terre chante aussi ces cantiques, dans la foi et l'épreuve.La foi, dans la demande et l'intercession, espère contre toute espérance et rend grâce au "Père des lumières de qui descend tout don excellent" (Jc 1,17). La foi est ainsi une pure louange.




2643 L'Eucharistie contient et exprime toutes les formes de prière: elle est "l'offrande pure" de tout le Corps du Christ "à la gloire de son Nom" (cf. Ml 1,11); elle est, selon les traditions d'Orient et d'Occident, "le sacrifice de louange".



En bref

2644 L'Esprit Saint qui enseigne l'Eglise et lui rappelle tout ce que Jésus a dit, l'éduque aussi à la vie de prière, en suscitant des expressions qui se renouvellent au sein de formes permanentes: bénédiction, demande, intercession, action de grâce et louange.

2645 C'est parce que Dieu le bénit que le coeur de l'homme peut bénir en retour Celui qui est la source de toute bénédiction.

2646 La prière de demande a pour objet le pardon, la recherche du Royaume ainsi que tout vrai besoin.

2647 La prière d'intercession consiste en une demande en faveur d'un autre. Elle ne connait pas de frontière et s'étend jusqu'aux ennemis.

2648 Toute joie et toute peine, tout événement et tout besoin peuvent être la matière de l'action de grâce qui, participant à celle du Christ, doit emplir toute la vie: "En toute condition, soyez dans l'action de grâce" (1Th 5,18).

2649 La prière de louange, toute désintéressée, se porte vers Dieu; elle le chante pour Lui, elle Lui rend gloire, au-delà de ce qu'il fait, parce qu'Il EST.





Chapitre deuxième

La tradition de la prière


2650 La prière ne se réduit pas au jaillissement spontané d'une impulsion intérieure: pour prier, il faut le vouloir. Il ne suffit pas non plus de savoir ce que les Ecritures révèlent sur la prière: il faut aussi apprendre à prier. Or, c'est par une transmission vivante (la sainte Tradition) que l'Esprit Saint, dans "l'Eglise croyante et priante" (DV 8), apprend à prier aux enfants de Dieu.

2651 La tradition de la prière chrétienne est l'une des formes de croissance de la Tradition de la foi, en particulier par la contemplation et l'étude des croyants qui gardent en leur coeur les événements et les paroles de l'Economie du salut, et par la pénétration profonde des réalités spirituelles dont ils font l'expérience (cf. DV 8).



Article 1 Aux sources de la prière


2652 L'Esprit Saint est "l'eau vive" qui, dans le coeur priant, "jaillit en Vie éternelle" (Jn 4,14). C'est lui qui nous apprend à l'accueillir à la Source même: le Christ. Or, il y a dans la vie chrétienne des points de source où le Christ nous attend pour nous abreuver de l'Esprit Saint:



La Parole de Dieu

2653 L'Eglise "exhorte avec force et de façon spéciale tous les chrétiens... à acquérir par une lecture fréquente des divines Ecritures 'la science éminente de Jésus-Christ'... Mais la prière doit accompagner la lecture de la Sainte Ecriture pour que se noue un dialogue entre Dieu et l'homme, car 'c'est à lui que nous nous adressons quand nous prions, c'est lui que nous écoutons quand nous lisons les oracles divins' (S. Ambroise, off. 1,88)" (DV 25).

2654 Les Pères spirituels, paraphrasant Mt 7,7, résument ainsi les dispositions du coeur nourri par la Parole de Dieu dans la prière: "Cherchez en lisant, et vous trouverez en méditant; frappez en priant, et il vous sera ouvert par la contemplation" (cf. Guigue le Chartreux, scala: PL 184,476C).



La Liturgie de l'Eglise

2655 La mission du Christ et de l'Esprit Saint qui, dans la Liturgie sacramentelle de l'Eglise, annonce, actualise et communique le Mystère du salut, se poursuit dans le coeur qui prie. Les Pères spirituels comparent parfois le coeur à un autel. La prière intériorise et assimile la Liturgie pendant et après sa célébration. Même lorsqu'elle est vécue "dans le secret" (Mt 6,6), la prière est toujours prière de l'Eglise, elle est communion avec la Trinité Sainte (cf. IGLH 9).


Les vertus théologales

2656 On entre en prière comme on entre en Liturgie: par la porte étroite de la foi. A travers les signes de sa Présence, c'est la Face du Seigneur que nous cherchons et désirons, c'est sa Parole que nous voulons écouter et garder.

2657 L'Esprit Saint qui nous apprend à célébrer la Liturgie dans l'attente du retour du Christ, nous éduque à prier dans l'espérance. Inversément, la prière de l'Eglise et la prière personnelle nourrissent en nous l'espérance. Les psaumes tout particulièrement, avec leur langage concret et varié, nous apprennent à fixer notre espérance en Dieu: "J'espérais le Seigneur d'un grand espoir, il s'est penché vers moi, il écouta mon cri" (Ps 40,2). "Que le Dieu de l'espérance vous donne en plénitude dans votre acte de foi la joie et la paix afin que l'espérance surabonde en nous par la puissance de l'Esprit Saint" (Rm 15,13).

2658 "L'espérance ne peut décevoir, puisque l'amour de Dieu est répandu dans nos coeurs par le Saint-Esprit qui nous fut donné" (Rm 5,5). La prière, formée par la vie liturgique, puise tout dans l'Amour dont nous sommes aimés dans le Christ et qui nous donne d'y répondre en aimant comme Lui nous a aimés. L'Amour est la source de la prière; qui y puise, atteint le sommet de la prière:

Je vous aime, ô mon Dieu, et mon seul désir est de vous aimer jusqu'au dernier soupir de ma vie. Je vous aime, ô mon Dieu infiniment aimable, et j'aime mieux mourir en vous aimant, que de vivre sans vous aimer. Je vous aime, Seigneur, et la seule grâce que je vous demande, c'est de vous aimer éternellement... Mon Dieu, si ma langue ne peut dire à tous moments que je vous aime, je veux que mon coeur vous le répète autant de fois que je respire (S. Marie Baptiste Viannay, prière).


"Aujourd'hui"

2659 Nous apprenons à prier à certains moments en écoutant la Parole du Seigneur et en participant à son Mystère pascal, mais c'est en tout temps, dans les événements de chaque jour, que son Esprit nous est offert pour faire jaillir la prière. L'enseignement de Jésus sur la prière à notre Père est dans la même ligne que celui sur la Providence (cf. Mt 6,11 Mt 6,34): le temps est entre les mains du Père; c'est dans le présent que nous le rencontrons, ni hier ni demain, mais aujourd'hui: "Aujourd'hui, puissiez vous écouter sa voix; n'endurcissez pas vos coeurs" (Ps 95,7-8).

2660 Prier dans les événements de chaque jour et de chaque instant est l'un des secrets du Royaume révélés aux "tout-petits", aux serviteurs du Christ, aux pauvres des béatitudes. Il est juste et bon de prier pour que la venue du Royaume de justice et de paix influence la marche de l'histoire, mais il est aussi important de pétrir par la prière la pâte des humbles situations quotidiennes. Toutes les formes de prière peuvent être ce levain auquel le Seigneur compare le Royaume (cf. Lc 13,20-21).




1998 Catéchisme 2590