Catéchisme France 381

Grâce et engagement sacramentels

381 Les sacrements sont porteurs de la grâce du Christ.

La grâce est fondamentalement le don que Dieu fait de sa vie. Elle est le fruit de l'oeuvre du Christ. A l'endroit de l'homme pécheur, elle comporte un caractère "médicinal". Mais "sanctifiante", elle fait aussi participer à la vie même de Dieu. Elle intervient de manière gratuite, et toujours neuve, "actuelle", au sein de l'existence et de l'action humaines. Mais, donnée de manière "habituelle", elle peut aussi définir un "état".

Grâce du Christ, elle se communique de manière privilégiée dans la prolongation de ses gestes, que sont les sacrements. Les sacrements sont porteurs d'une grâce sacramentelle, propre à chacun d'eux. Celle-ci correspond à ce qu'ils signifient (nouvelle naissance dans le baptême, pardon des péchés dans la pénitence, vie du Christ reçue en nourriture dans l'eucharistie...).

Dans le monde grec, au mot "sacrement" correspond le mot "mystère". Celui-ci désigne la pensée secrète de Dieu manifestée et réalisée dans le don gratuit de la vie, de la mort et de la résurrection de Jésus Christ. Les sacrements témoignent de cette réalisation et comportent une profondeur qui ne se découvre pleinement que par la foi. Le mot "mystère" évoque également cette profondeur.

Don de Dieu, les sacrements engagent ceux qui les reçoivent dans la foi de l'Église. Ils se pratiquent. On parle justement de la pratique des sacrements. Dans cette pratique, la foi conserve son caractère éminemment personnel. Mais elle y acquiert et manifeste son caractère public et ecclésial. La réception d'un sacrement implique aussi un engagement de l'existence. La foi proclamée dans le sacrement "prend corps" dans la vie du croyant.


Les sacrements dans l'existence du chrétien

382 Les sacrements sont donnés à des moments déterminés mais rayonnent sur l'ensemble de la vie du croyant: du baptisé, du confirmé, du prêtre, des époux... La grâce du sacrement accompagne toute leur existence. Chaque jour de la semaine demeure sous le rayonnement puissant de l'eucharistie dominicale, à plus forte raison si l'eucharistie est aussi célébrée ou reçue quotidiennement.

Ainsi l'existence chrétienne tout entière revêt une dimension sacramentelle. Elle est transformée en "sacrifice saint, capable de plaire à Dieu" (
Rm 12,1). La vie morale devient l'expression de notre être chrétien.

Saint Paul en témoigne à propos du baptême (cf. Rm 6,3) et de l'eucharistie. Les divisions et rivalités, par exemple, contredisent la participation à l'eucharistie. "Celui qui mangera le pain ou boira la coupe du Seigneur indignement se rendra coupable envers le corps et le sang du Seigneur. Que chacun s'éprouve soi-même, avant de manger ce pain et de boire cette coupe; car celui qui mange et boit sans discerner le corps du Seigneur mange et boit sa propre condamnation" (1Co 11,27-29).


Un ensemble organique

Sept sacrements

383 Les sacrements ne doivent donc pas être isolés de l'ensemble de l'existence et de l'agir chrétiens. Ils ne doivent pas être détachés de l'ensemble de la vie de l'Église, et notamment de sa vie liturgique, qui "gravite" autour d'eux. Ils ne doivent pas non plus être séparés les uns des autres.

L'Église catholique reconnaît sept rites institués par le Christ, auxquels elle réserve l'appellation propre de sacrements. Ce sont le baptême, la confirmation, l'eucharistie, la pénitence, l'onction des malades, l'ordre et le mariage (cf. concile de Trente,
DS 1601 FC 663).

Les sept sacrements ont toujours été vécus et pratiqués dans l'Église, tant en Orient qu'en Occident. Cependant la réflexion sur l'unité organique entre ces sept sacrements n'apparaît qu'au XIIème siècle. Elle est liée à un approfondissement de la nature même des sacrements.

Les communautés ecclésiales issues de la Réforme ne connaissent généralement que deux sacrements, baptême et eucharistie (ou Sainte Cène), qui ont d'ailleurs toujours été considérés, dans toute l'Église, comme les plus importants. Mais le concept de sacrement n'est pas le même dans la Réforme protestante et dans la doctrine catholique, telle qu'elle a été définie au concile de Trente.

384 Trois de ces sacrements, le baptême, la confirmation et l'ordre, ne peuvent pas être réitérés: ils impriment en ceux qui les reçoivent un "caractère, qui est une sorte de signe spirituel indélébile" (concile de Trente, DS 1609 FC 671).

Les sacrements sont distingués d'un certain nombre d'autres rites ou pratiques symboliques, qui reçoivent le nom de sacramentaux: ainsi l'imposition des cendres au début du carême, la bénédiction, la distribution et la procession des Rameaux, les funérailles, etc.

Alors que l'institution des sacrements remonte au Christ, celle des sacramentaux est le fait de l'Église, qui tout entière prie pour ses membres. "Par eux, les hommes sont disposés à recevoir l'effet principal des sacrements, et les diverses circonstances de la vie sont sanctifiées" (SC 60).

Même si les sacramentaux sont institués par l'Église, celle-ci les relie toujours d'une manière ou d'une autre à l'oeuvre du Christ, d'où procèdent toute bénédiction et toute grâce.


Une diversité structurée

385 Les sacrements constituent un ensemble organique au centre duquel se situent le baptême et l'eucharistie. Les rôles qu'ils exercent dans la vie des communautés et de chaque fidèle sont divers. Il convient cependant de les situer les uns par rapport aux autres.

Baptême, confirmation et eucharistie constituent les sacrements de "l'initiation chrétienne".

L'initiation chrétienne désigne traditionnellement l'ensemble de la démarche d'entrée dans la foi. Cette entrée est le plus souvent progressive, qu'il s'agisse de l'intelligence ou de la pratique de cette foi. L'idée d'initiation trouve un regain d'actualité là où, comme dans notre pays, la foi va de moins en moins de soi. Dans ces conditions il est nécessaire d'y être progressivement introduit.

Tel est notamment l'objectif du catéchuménat des adultes, qui revêt aujourd'hui une importance renouvelée dans les pays de tradition chrétienne eux-mêmes. Le rituel du baptême des enfants en âge scolaire prévoit une démarche du même type que celle de ce catéchuménat des adultes.

Mais la catéchèse postbaptismale elle-même, aussi bien pour les adultes que pour les enfants, envisage de plus en plus souvent une démarche analogue. En effet, "un certain nombre d'enfants baptisés dès la première enfance viennent à la catéchèse paroissiale sans avoir reçu aucune autre initiation à la foi, et sans avoir encore aucun attachement explicite et personnel à Jésus Christ" (
CTR 19).

386 Le baptême est au départ de toute vie sacramentelle. Il délivre du péché, configure au Christ, incorpore à l'Église et régénère en, faisant devenir enfant de Dieu. Aucun autre sacrement ne peut être conféré à celui qui n'est pas devenu fidèle du Christ par le baptême Dans la confirmation le baptisé est marqué par l'Esprit Saint, sanctifié et rendu témoin de l'Évangile. L'accomplissement de l'initiation chrétienne est donné dans l'eucharistie La place singulière occupée par l'eucharistie dans l'édifice sacramentaire tient à ce que ce sacrement contient non seulement la grâce, mais l'auteur même de la grâce (cf. concile de Trente, DS 1639 FC 738).

387 Celui qui s'approche du sacrement de pénitence et de réconciliation reçoit de la miséricorde de Dieu le pardon de ses péchés. Réconcilié avec Dieu, il est aussi réconcilié avec l'Église que son péché a blessée (cf. LG 11). Par l'onction des malades au temps de la maladie grave, "c'est l'Église tout entière qui recommande les malades au Seigneur souffrant et glorifié, pour qu'il les soulage et les sauve (cf. Jc 5,14-16) " (LG 11). L'onction des malades fait participer le malade gravement atteint à la puissance du Christ victorieux du mal et de la mort, miséricordieux et compatissant. Elle l'aide à "s'associer volontairement à la passion et à la mort du Christ" (LG 11), en apportant sa part au combat du peuple de Dieu pour le main! tien de sa santé et de sa vigueur.

388 Ordre et mariage contribuent à l'édification et à la croissance du peuple de Dieu. Le sacrement de l'ordre établit dans leur charge ceux qui sont appelés à exercer dans et pour l'Église, de manière permanente, reconnue et instituée, le ministère de pasteur au nom du Christ.

Une expression latine rend compte de cette configuration particulière du ministre ordonné au Christ (cf.
PO 2): elle dit qu'il agit in persona Christi Capitis, textuellement "dans la personne du Christ Tête". Ceci apparaît tout particulièrement lorsque le prêtre prononce les paroles consécratoires: "Ceci est mon corps..." Il agit réellement dans la personne du Christ ou comme le Christ en personne. Les expressions "au nom du Christ", "à la place du Christ", plus fréquemment utilisées dans la langue française, ne parviennent pas à exprimer toute la richesse de cette expression latine qui n'a pas son équivalent français.

Dans le mariage est contractée une union destinée à la fois à sanctifier les époux, à donner naissance à des enfants, c'est-à-dire à continuer la famille humaine et à faire croître le peuple de Dieu. Le mariage est fondé sur l'Alliance entre le Christ et l'Église, et signifie cette Alliance. Il participe à son mystère d'unité et d'amour fécond (cf. LG 11).


Le baptême

389 Le premier sacrement de l'initiation chrétienne est le baptême. Il est "la porte des sacrements" (CIC 849). C'est par lui que le croyant entre dans l'Alliance et commence à en vivre. Jésus déclare que le baptême est une nouvelle naissance, par laquelle on entre dans le royaume de Dieu: "Personne, déclare-t-il à Nicodème, à moins de naître de l'eau et de l'Esprit, ne peut entrer dans le royaume de Dieu" (Jn 3,5). Le concile Vatican II exprime cette nécessité du baptême: "Appuyé sur la Sainte Écriture et sur la Tradition, il enseigne que cette Église en marche sur la terre est nécessaire au salut. Seul, en effet, le Christ est médiateur et voie de salut: or, il nous devient présent en son Corps qui est l'Église; et en nous enseignant expressément la nécessité de la foi et du baptême (cf Mc 16,16 Jn 3,5), c'est la nécessité de l'Église elle-même, dans laquelle les hommes entrent par la porte du baptême, qu'il nous a confirmée en même temps" (LG 14).

Qu'en est-il du salut de ceux qui n'ont pas reçu le baptême? Le concile Vatican II répond de manière très claire: "Ceux qui, sans qu'il y ait de leur faute, ignorent l'Évangile du Christ et son Église, mais cherchent pourtant Dieu d'un coeur sincère et s'efforcent, sous l'influence de sa grâce, d'agir de façon à accomplir sa volonté telle que leur conscience la leur révèle et la leur dicte, ceux-là peuvent arriver au salut éternel" (LG 16).


Sacrement du "passage"

390 Toute initiation évoque un passage: l'entrée dans un monde inexploré. C'est spécialement le cas des types d'initiation pratiqués dans les sociétés traditionnelles et, en premier lieu, de cette initiation par laquelle l'enfant fait son entrée dans le monde des adultes.

Mais cela est beaucoup plus vrai de l'initiation chrétienne. Les Pères de l'Église l'appellent une "illumination". Elle fait passer des ténèbres du monde ancien, établi sous la loi du péché et de la mort, à la lumière du monde nouveau de Dieu, rayonnant des promesses de vie et d'éternité.

391 En grec, baptême signifie plongée. Par le baptême le chrétien est plongé dans le mystère du Christ mort et ressuscité. "Ne le savez-vous donc pas, demande saint Paul dans sa lettre aux Romains: nous tous, qui avons été baptisés [plongés] en Jésus Christ, c'est dans sa mort que nous avons été baptisés [plongés]. Si, le baptême dans sa mort, nous avons été mis au tombeau avec pour que nous menions une vie nouvelle, nous aussi, de même que le Christ, par la toute-puissance du Père, est ressuscité d'entre les morts. Car, si nous sommes déjà en communion avec lui par une mort qui ressemble à la sienne, nous le serons encore par une résurrection qui ressemblera à la sienne" (Rm 6,3-5).

Le langage de saint Paul devient encore plus parlant lorsque le baptême est donné par immersion, comme c'est le cas chez les chrétiens d'Orient. Dans la liturgie romaine, le baptême par immersion n'a jamais cessé d'être autorisé chaque fois qu'il est réalisable (cf introduction au rituel, 22).

Le "passage" du Christ vers son Père, sa "Pâque", a été préfiguré dans le passage des Hébreux à travers la mer Rouge; ils échappaient alors, par grâce, à l'esclavage d'Égypte (cf. 1Co 10,1-2). Plongé dans l'eau du baptême, le fidèle du Christ échappe à l'esclavage du péché et naît à la liberté des enfants de Dieu.

392 Arrachement et renonciation au monde du péché

Tout passage comporte un point de départ et un point d'arrivée. Plus précisément encore, il est abandon de la situation dans laquelle on se tenait, afin de pouvoir s'établir dans la nouvelle. Le baptême comporte une face, qu'on peut dire négative, d'arrachement à la situation dans laquelle naissent tous les fils et toutes les filles d'homme: celle que définit la doctrine du péché originel. Le baptême nous délivre de ce péché (mais non de ses conséquences et séquelles). En même temps, de façon positive, il nous fait commencer une vie de communion et d'alliance avec Dieu.

Le baptême libère aussi le catéchumène des péchés personnels dont il est vraiment repentant. Libération du péché et participation à la vie même de Dieu ne peuvent se comprendre l'une sans l'autre. C'est parce qu'il lui est donné de participer à la vie même de Dieu que le baptisé est libéré du péché: "L'homme qui est né de Dieu ne commet pas le péché" (
1Jn 5,18). La liturgie du baptême met successivement en valeur ces deux aspects de la vie nouvelle.


Dans le baptême des adultes

393 Le rituel du baptême des adultes prévoit toute une suite de démarches par lesquelles s'expriment l'arrachement et les renoncements à réaliser.

Vers la fin du catéchuménat, en lien généralement avec les dimanches du Carême, ont lieu les "scrutins". Cet ancien terme de la tradition liturgique rappelle l'examen que l'on faisait, devant la communauté, de ce que le catéchumène avait retenu de la formation reçue Il suggère aussi que le catéchumène est convié à ouvrir son coeur au regard pénétrant de Dieu et à sa lumière. "Dieu ne regarde [scrute] pas comme les hommes, car les hommes regardent l'apparence, mais le Seigneur regarde le coeur" (
1S 16,7). Ce regard est un regard d'amour et de miséricorde. Il permet de vivre autrement l'expérience humaine du combat contre toutes les forces de mort et d'enfermement. C'est un regard libérateur, qui fait passer des ténèbres à la lumière, de la mort à la vie, du péché à la grâce.

Les scrutins sont conclus par une prière d'exorcisme, inspirée des gestes et des paroles de Jésus en faveur d'un certain nombre de ses contemporains que les esprits mauvais tenaient enchaînés (cf. Mc 5,8).

Enfin, au moment même de professer la foi de l'Église, le catéchumène est appelé à déclarer personnellement qu'il veut renoncer au péché, à Satan, et fuir le mal en évitant les occasions de péché. Il s'engage alors dans la foi de l'Église avant d'être "plongé" dans la mort et la résurrection du Christ par la puissance de l'Esprit de Dieu.


Dans le baptême des petits enfants

394 Le rituel du baptême des petits enfants ne comporte évidemment pas les scrutins. Mais il prévoit, en plus de la prière d'exorcisme, une renonciation analogue à celle qui est fixée pour le baptême des adultes et que prononcent les parents et les parrains.

Même si le baptême des petits enfants s'est généralisé, surtout lorsque l'ensemble de la société est devenue chrétienne, l'Église, dès les premiers siècles, gardait en mémoire la parole de Jésus sur la nécessité de "naître de l'eau et de l'Esprit" (
Jn 3,5) pour entrer dans le royaume de Dieu. Elle a ainsi compris que les enfants ne devaient pas être privés du baptême: que tout enfant en danger de mort devait être baptisé "dans la foi de l'Église", professée en particulier par les parents et les parrains. C'est dans ces perspectives que les parents se doivent d'entrer en relation avec leur curé "afin de demander le sacrement pour leur enfant et d'y être dûment préparés" (CIC 867).

"A travers sa doctrine et sa pratique, l'Église a manifesté ne pas connaître d'autre moyen, en dehors du baptême, pour assurer aux enfants l'accès à la béatitude éternelle: pour cela, qu'on se garde donc de négliger la mission reçue du Seigneur de faire renaître de l'eau et de l'Esprit tous ceux qui peuvent être baptisés. Quant aux enfants morts sans baptême, l'Église ne peut que les confier à la miséricorde de Dieu, comme elle le fait dans le rite des obsèques prévu pour eux" (Congrégation pour la doctrine de la foi, Instruction sur le baptême des petits enfants, 1980, no. 13).

Parrain et marraine tiennent souvent une place importante dans l'esprit des familles. Leur présence témoigne de la part que doit prendre dans le baptême, au-delà des parents, la communauté chrétienne, plus large que la famille, dans laquelle le baptême fait officiellement entrer. Ils sont invités à se soucier, en même temps que les parents, de l'éducation chrétienne de leur filleul(e). Ils peuvent même être amenés, en certains cas, à remplacer les parents dans cette tâche.



Incorporation au Christ et à l'Église

Profession de foi trinitaire

395 L'incorporation au Christ et à l'Église, c'est-à-dire au peuple de Dieu sauvé, constitue l'aspect prépondérant du baptême.

Il est souhaitable que le baptême soit célébré dans la communauté rassemblée, spécialement aux grandes fêtes comme Pâques, Pentecôte et Noël.

L'Église est communauté de foi. Le baptême est par excellence "sacrement de la foi". Aussi implique-t-il, comme premier moment, la confession de foi. Dans le cas du baptême des adultes, le Symbole des Apôtres est "remis", c'est-à-dire transmis et exposé, au catéchumène au cours de sa longue préparation, pour qu'il puisse progressivement se l'approprier. Ayant ainsi reçu le Symbole, il le professe à son tour. La Tradition parle à ce propos de "reddition" du Symbole par le catéchumène. Au jour du baptême il le prononce en faisant "profession de foi", preuve de l'adhésion personnelle qu'il lui apporte.

396 La profession de foi, dans le cas du baptême des petits enfants, est prononcée par les parents et par les parrains et marraines. Elle se fait en réponse aux questions que pose, au nom de l'Église, le ministre du baptême, normalement l'évêque, le prêtre ou le diacre. L'interrogation porte sur chacune des Personnes de la Trinité, dans leur être intime et dans leur oeuvre de salut.

C'est alors, en invoquant le nom de ces trois Personnes, que le ministre accomplit le rite essentiel du baptême: l'immersion, ou le geste de verser l'eau sur la tête du baptisé, avec les paroles:

"N., je te baptise
au nom du Père, et du Fils,
et du Saint-Esprit."

Il est bon de rappeler qu'en cas d'urgence absolue, toute personne peut donner le baptême, à condition de respecter le rite et l'intention de l'Église (cf
CIC 861).


Participation, dans l'Église, à la triple fonction du Christ

397 La première épître de Pierre exprime, dans le cadre d'une exhortation., ce que donne cette incorporation au Christ et à l'Église: "Vous êtes la race choisie, le sacerdoce royal, la nation sainte, le peuple qui appartient à Dieu; vous êtes donc chargés d'annoncer les merveilles de celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière" (1P 2,9).

L'apôtre Pierre s'adresse ainsi à l'ensemble des baptisés et non aux seuls ministres. "La participation des laïcs à la triple fonction de Jésus, Prêtre, Prophète et Roi, trouve d'abord sa racine dans l'onction du baptême, puis son développement dans la confirmation, et son achèvement et son soutien dans l'eucharistie" (CL 14).

L'incorporation à l'Église, Corps du Christ, se réalise concrètement au sein de communautés locales diverses. C'est là qu'un appui doit être cherché pour que le nouveau chrétien persévère sur les chemins d'une vie nouvelle selon le royaume de Dieu. C'est là aussi qu'il découvrira sa forme personnelle de participation active à la vie de l'Église.

398 Catéchèse aux nouveaux baptisés

Vous avez été conduits par la main
à la piscine du baptême,
comme le Christ est allé de la croix au tombeau
qui est là devant vous.
On a demandé à chacun
s'il croyait au nom du Père, et du Fils,
et du Saint-Esprit.
Vous avez proclamé
la confession de foi qui donne le salut
et vous avez été plongés trois fois dans l'eau,
et ensuite vous en êtes sortis.
C'est ainsi que vous avez rappelé symboliquement
la sépulture du Christ pendant trois jours.
De même, en effet, que Notre Sauveur
a passé trois jours et trois nuits au coeur de la terre,
c'est ainsi que vous,
en sortant de l'eau pour la première fois,
vous avez représenté la première journée du Christ
dans la terre, et la nuit,
en étant plongés.
Celui qui est dans la nuit ne voit plus rien,
tandis que celui qui est dans le jour vit dans la lumière.
C'est ainsi qu'en étant plongés comme dans la nuit
vous ne voyiez rien;
mais en sortant de l'eau
vous vous retrouviez comme dans le jour.
Dans un même moment vous mouriez et vous naissiez.
Cette eau de salut
est devenue à la fois votre sépulture et votre mère.
Cyrille, évêque de Jérusalem, mort en 386.

399 Le baptisé participe à la fonction sacerdotale du Christ quand, par amour, il offre à Dieu sa personne et son existence. Tout spécialement lors de la célébration eucharistique, par sa participation consciente et active.

Le baptisé participe à la fonction prophétique du Christ quand il annonce la Bonne Nouvelle par ses paroles et le témoignage d'une conduite selon l'Évangile.

Le baptisé participe à la fonction royale du Christ chaque fois qu'il combat contre les forces du mal en lui-même et dans le monde, par le service de ses frères, chaque fois qu'il contribue à réorienter la création dans le sens voulu par le Créateur.

L'onction, prévue après le rite de l'eau quand la confirmation ne suit pas immédiatement le baptême, est significative de cette consécration sacerdotale, prophétique et royale.

Sauf raison grave, la confirmation suit immédiatement le rite de l'eau dans la célébration du baptême des adultes. Il en va de même pour les petits enfants dans les Églises d'Orient.


Participation à la vie même de Dieu

400 L'incorporation au Christ et à l'Église fait participer le baptisé à la vie même de Dieu Père, Fils et Esprit. Le baptisé est alors habité par la grâce sanctifiante, don de l'Esprit Saint.

La grâce sanctifiante unit le baptisé à Dieu, soit de manière "habituelle", par un lien d'amitié (il est alors en "état de grâce"), soit de manière "actuelle", sous forme d'un secours spécial dans une circonstance déterminée.

Par le baptême, le baptisé participe au mystère du Christ (cf.
Rm 6,4-5). Il devient fils de Dieu. "L'Esprit que vous avez reçu ne fait pas de vous des esclaves, des gens qui ont encore peur; c'est un Esprit qui fait de vous des fils; poussés par cet Esprit, nous crions vers le Père en l'appelant: Abba! C'est donc l'Esprit Saint lui-même qui affirme à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu" (Rm 8,15-16). De son côté, saint Jean s'exclame: "Voyez comme il est grand, l'amour dont le Père nous a comblés: il a voulu que nous soyons appelés enfants de Dieu - et nous le sommes" (1Jn 3,1). La deuxième épître de Pierre parle de devenir "participants de la nature divine" (2P 1,4). Et les Pères de l'Église n'hésiteront pas à parler de "divinisation".


Une existence nouvelle

401 La nouveauté de l'existence inaugurée par la grâce du baptême est marquée par deux rites symboliques secondaires.

Le premier est celui du vêtement blanc, qui évoque le vêtement du Christ dans sa transfiguration (cf.
Lc 9,29) et, plus généralement, cette vie nouvelle que le baptisé vient de "revêtir": "Vous êtes une créature nouvelle, vous avez revêtu le Christ" déclare le ministre du sacrement, faisant allusion à certaines formules de saint Paul (cf. Ga 3,27 Rm 13,14).

Le second symbole est celui du cierge pascal et de la lumière. Dans le baptême, appelé "illumination" par les chrétiens d'Orient, le nouveau baptisé est éclairé de la lumière de Pâques. Il accueille le Christ, lumière du monde, pour être à son tour lumière dans le monde.


Porte du salut

402 Le baptême est le premier pas dans le monde nouveau qui agit, par la Pâque du Christ, à l'intérieur du monde ancien. Avec le baptême, les fondements de la vie chrétienne sont posés. Ceux qui ont reçu le baptême sont définitivement marqués pour le Royaume. Cette marque indélébile s'appelle le "caractère" baptismal, qui rend le baptisé apte à participer pleinement au culte de l'eucharistie en communiant au corps du Christ. Les deux autres sacrements de l'initiation chrétienne viendront parachever ce qui a été accompli au baptême.


Un trésor oecuménique

403 Avec la Bible, le baptême est un des grands trésors partagés par les chrétiens, par-delà leurs divisions. Il constitue pour la tâche oecuménique un point d'appui solide, en même temps qu'un perpétuel rappel. Déjà "ceux qui croient au Christ et qui ont reçu validement le baptême se trouvent dans une certaine communion, bien qu'imparfaite, avec l'Église catholique" (UR 3).



La confirmation

404 La confirmation rend "parfaite", en quelque sorte, l'oeuvre du baptême. "N. a été baptisé et rendu parfait", disait un ancien formulaire oriental de la confirmation. Dans le même sens, après avoir parlé des baptisés, Vatican II déclare: "Par le sacrement de confirmation, leur lien avec l'Église est rendu plus parfait, ils sont enrichis d'une force spéciale de l'Esprit Saint et obligés ainsi plus strictement tout à la fois à répandre et à défendre la foi par la parole et par l'action en vrais disciples du Christ" (LG 11).

Le signe de cette perfection est celui de la chrismation, nom ancien de ce sacrement. L'onction d'huile était traditionnellement le rite par lequel les rois, les prêtres et les prophètes choisis par Dieu étaient consacrés et recevaient leur dignité et leur fonction. "Christ", en hébreu "Messie", signifie "Oint" (cf. Lc 4,18). Cette onction est faite avec le "saint chrême", huile parfumée consacrée par l'évêque, pour tout son diocèse, au moment de Pâques. Elle signifie l'acte de Jésus Christ donnant son Esprit. En faisant cette onction, l'évêque, ministre ordinaire de la confirmation dans l'Église latine, dit:

"N., sois marqué de l'Esprit Saint, le don de Dieu."

L'imposition des mains est le second rite accompli dans la célébration de la confirmation. Geste traditionnel pour communiquer l'Esprit Saint aux baptisés envoyés en mission, il est hautement significatif. Quand il refait ce geste sur les confirmands, l'évêque demande à Dieu de répandre en plénitude sur eux "l'Esprit qui reposait sur son Fils Jésus: esprit de sagesse et d'intelligence, esprit de conseil et de force, esprit de connaissance et d'affection filiale, [...] esprit d'adoration" (cf. rituel romain, 25).

405 "Les fidèles sont tenus par l'obligation de recevoir ce sacrement en temps opportun" (CIC 890). La confirmation les soutient dans les luttes qu'ils ont à mener pour vivre dans la foi, l'espérance et la charité.

Pour être admis à la confirmation on doit être en état de grâce. Un adulte doit bénéficier d'une catéchèse adaptée, entrer en relation avec la communauté chrétienne, être préparé à rendre témoignage de sa vie chrétienne et disposé à exercer l'apostolat. Dans le cas d'un enfant, il est nécessaire qu'il ait pris conscience de l'engagement de son baptême et qu'il soit disposé à l'assumer personnellement, à sa mesure (cf. rituel romain, 12).

En France, "à la décision de chaque évêque pour son diocèse, l'âge de la confirmation pourra se situer dans la période de l'adolescence, c'est-à-dire de douze à dix-huit ans" (Bulletin officiel de la conférence des évêques de France, no. 30).

"La confirmation se rattachant étroitement au baptême, il convient que le parrain de baptême soit aussi le parrain de confirmation. Ainsi la fonction et les responsabilités de parrain peuvent être exercées de manière plus efficace" (rituel romain, 5). On peut cependant choisir un parrain de confirmation différent, si cela parait opportun."


L'Esprit de Pentecôte

406 Dans le déroulement de l'initiation chrétienne, on peut rapprocher le lien existant entre le baptême et la confirmation de celui qui existe entre Pâques et Pentecôte. Le don de l'Esprit à la confirmation est, comme dans le baptême, un fruit direct de l'événement pascal (cf. Jn 20,21-22). Néanmoins les Actes des apôtres relatent une venue de l'Esprit tout à fait décisive cinquante jours après Pâques, au jour de la Pentecôte (cf. Ac 2,1-41). C'est alors que se manifestent les fruits extraordinaires du don de l'Esprit.

L'Église commence sa "mission"; elle se répand à travers le monde pour porter l'Évangile aux peuples de toutes langues et de toutes cultures. A Babel, les hommes ne se comprennent plus (cf. Gn 11,1-9); à la Pentecôte, l'unique Bonne Nouvelle est entendue par chacun dans sa propre langue.

La confirmation est la Pentecôte de ceux qui sont entrés par le baptême dans la Pâque du Christ. L'unité de l'initiation chrétienne est manifestée dans la célébration de la confirmation par le renouvellement de la profession de foi baptismale et de la renonciation au péché.

La confirmation communique aux confirmands l'Esprit de Pentecôte. Le confirmand est ainsi "marqué" à jamais d'un nouveau "caractère": celui d'envoyé en mission en vue du règne de Dieu.

407 En Occident, c'est habituellement l'évêque qui donne le sacrement (il peut en concéder la faculté à des prêtres déterminés). "Ainsi la confirmation est plus clairement reliée à la première effusion de l'Esprit Saint au jour de la Pentecôte. En effet, les Apôtres, après avoir été remplis de l'Esprit Saint, le transmirent eux-mêmes par l'imposition des mains à ceux qui crurent. Ainsi, le fait de recevoir l'Esprit Saint par le ministère de l'évêque met davantage en valeur le lien qui rattache les confirmés à toute l'Église, et le commandement reçu du Christ de rendre témoignage au milieu des hommes" (rituel romain, 7).


Une responsabilité accrue dans l'Eglise et dans le monde

408 "Par [le] don de l'Esprit Saint", reçu dans la confirmation, "les fidèles sont rendus plus parfaitement semblables au Christ, et ils sont fortifiés de la force de l'Esprit pour rendre témoignage au Christ afin que le corps du Christ s'édifie dans la foi et la charité" (rituel romain, 2). La confirmation est un temps fort de l'action de l'Esprit aujourd'hui dans l'Église et dans le monde, un événement privilégié dans l'assemblée des baptisés (cf. rituel romain, 2).

Comme le suggère son nom, la confirmation rend "ferme", fort dans la foi. Elle communique la force de l'Esprit Saint pour le témoignage à rendre au Christ. Elle engage à participer à la mission prophétique de l'Église avec une aptitude renouvelée, à lutter contre le mal et ce qui conduit au péché, même dans les situations difficiles, et à s'investir au service de la foi, de la liberté et de la paix, à la suite du Christ.

409 Dans la confirmation se réalise ce que le prophète Joël avait annoncé pour la fin des temps, et dont saint Pierre dévoile la réalisation au jour de la Pentecôte: "Il arrivera dans les derniers jours, dit Dieu, que je répandrai mon Esprit sur toute créature, vos fils et vos filles deviendront prophètes, vos jeunes gens auront des visions, et vos anciens auront des songes. Même sur mes serviteurs et mes servantes je répandrai mon Esprit en ces jours-là, et ils seront prophètes" (Ac 2,17-18).

Sacrement bien spécifique, "la confirmation ne prend [cependant] tout son sens que dans sa liaison organique avec le baptême et l'eucharistie" (rituel romain, 2).


Catéchisme France 381