1990 Directoire clergé 20

Communion sacerdotale

20 Communion avec la Trinité et avec le Christ

A la lumière de ce qui a déjà été dit sur son identité, la communion du prêtre se réalise surtout avec le Père, origine ultime de tout pouvoir; avec le Fils, dont il participe de la mission rédemptrice; avec l'Esprit-Saint, qui lui donne la force pour vivre et réaliser cette charité pastorale le qualifiant sacerdotalement.
En effet, "on ne peut pas définir la nature et la mission du sacerdoce ministériel hors de cette trame multiple et riche des rapports qui ont leur source dans la Très Sainte Trinité et qui se prolongent dans la communion de l'Eglise comme signe et instrument, dans le Christ, de l'union des hommes avec Dieu et de l'unité de tout le genre humain".(50)

(50) JEAN-PAUI. II, Exhort. ap. post-synodale Pastores dabo vobis,
PDV 12: l.c., 676; cf. CONC. CUM. VAT. II, Const. dogm. Lumen gentium, LG 1



21 Communion avec l'Eglise

De cette union-communion fondamentale avec le Christ et la Trinité découle, pour le prêtre, sa communion-relation avec l'Eglise dans ses aspects de mystère et de communauté.(51) En effet, c'est à l'intérieur du mystère de l'Eglise comme mystère de communion trinitaire en tension missionnaire que se révèle toute identité chrétienne et par conséquent, l'identité spécifique et personnelle du prêtre et de son ministère.
Concrètement, la communion ecclésiale du prêtre se réalise de diverses manières. Avec l'ordination sacramentelle, en effet, il établit des liens particuliers avec le Pape, avec le Corps épiscopal, avec son évêque, avec les autres prêtres, avec les fidèles laïcs.

(51) Cf. CONC. CUM. VAT. II, Const. dogm Lumen gentium,
LG 8


22 Communion hiérarchique

La communion comme caractéristique du sacerdoce se fonde sur l'unicité du Christ, Tête, Pasteur et Epoux de l'Eglise.(52)
C'est dans le cadre de cette communion ministérielle que prennent forme certains liens précis, d'abord avec le Pape, le collège épiscopal et l'évêque de chacun: "il n'y a pas de ministère sacerdotal en dehors de la communion avec le Souverain Pontife et le collège épiscopal, en particulier avec l'évêque du diocèse, auxquels "le respect filial et l'obéissance" promis à l'ordination doivent être rendus".(53) Il s'agit donc d'une communion hiérarchique, c'est-à-dire d'une communion dans la hiérarchie telle qu'elle est intérieurement structurée.
En vertu de la participation, à un degré subordonné aux évêques, à l'unique sacerdoce ministériel, cette communion implique aussi le lien spirituel, organique et structurel des prêtres avec tout l'ordre épiscopal, avec leur propre évêque,(54) et avec le Souverain Pontife, en tant que Pasteur de l'Eglise universelle(55) et de chacune des Eglises particulières. Cette réalité est renforcée du fait que l'ordre des évêques dans son ensemble et chaque évêque en particulier doivent être en communion hiérarchique avec la Tête du collège.(56) Ce collège, en effet, est constitué des seuls évêques consacrés en communion hiérarchique avec la Tête et les autres membres.

(52) Cf. S. AUGUSTIN, Sermo 46, 30: CCL 41, 555-557.
(53) JEAN-PAUL II, Exhort. ap. post-synodale Pastores dabo vobis,
PDV 28: l.c. 701-702.
(54) Cf. CONC. CUM. VAT. II, Const.dogm Lumen gentium, LG 28 DécrPresbyterorum Ordinis, PO 7 PO 15
(55) Cf. CIC 331 CIC 333n1
(56) Cf. CONC. CUM. VAT. II, Const. dogm. Lumen gentium, LG 22, Décr. Christus Dominus CD 4 CIC 336



23 Communion dans la célébration eucharistique

La communion hiérarchique se trouve exprimée de façon significative dans la prière eucharistique, quand le prêtre, en priant pour le Pape, le collège épiscopal et son propre évêque, n'exprime pas seulement un sentiment de dévotion mais témoigne de l'authenticité de sa célébration.(57)
De même, la concélébration eucharistique, dans les circonstances et les conditions prévues,(58) surtout quand elle est présidée par l'évêque et avec la participation des fidèles, manifeste bien l'unité du sacerdoce du Christ dans la pluralité de ses ministres, en même temps que l'unité du sacrifice et du Peuple de Dieu.(59) En outre, la concélébration contribue à consolider la fraternité ministérielle existant entre les prêtres.(60)

(57) Cf. CONCREGATION POUR LA DOCTRINE DELA FOI, Lettre sur l'Eglise comme communion Communionis notio (28 mai 1992), 14
Koinonia : AAS 85 (1993), 847.
(58) Cf. CIC 902 S. CONCREGATION POUR LES SACREMENTS ET CULTE DIVIN, Décr. part. Promulgato Codice (12 septembre 1983), II, I, 153; Notitiae 19 (1983), 542.
(59) Cf. S. THOMAS D'AQUIN, Summa Theol., III 82,2 ad 2; Sent. IV, d. 13, q.1, a.2, q.2; CONC. CUM. VAT. II, Const. Sacrosanctum Concilium SC 41 SC 57 S. CONGREGATION DES RITES, Décret général Ecclesiae semper (7 mars 1965): AAS 57 (1965), 410-412; Instruction Eucharisticum Mysterium (25 mai 1965), 47: AAS 59 (1967), 565-566.
(60) Cf. S. CONCRECATION DES RITES, Instruction Eucharisticum Mysterium (25 mai 1967), 47: AAS 59 (1967), 565-566.



24 Communion dans l'activité ministérielle

Chaque prêtre entretiendra un lien de charité profond, humble et filial envers, la personne du Saint-Père et adhérera à son ministère de successeur de Pierre dans le domaine du Magistère, de la sanctification et du gouvernement, dans un esprit d'adhésion exemplaire.(61)
Il réalisera la communion requise par l'exercice de son ministère sacerdotal, dans la fidélité et le service à l'autorité de son Evêque. Il est facile pour les pasteurs les plus expérimentés de constater la nécessité d'éviter toute forme de subjectivisme dans l'exercice du ministère, et d'adhérer aux programmes pastoraux en esprit de coresponsabilité. Cette adhésion, en plus d'être une expression de maturité, contribue à édifier l'unité dans la communion indispensable à l'oeuvre d'évangélisation.(62)
Dans le plein respect de la subordination hiérarchique, le prêtre sera promoteur d'un rapport direct avec son évêque, emprunt de confiance sincère, d'amitié cordiale, d'un véritable effort d'harmonie et de convergence d'idées et de programme, qui ne supprime rien à l'intelligente capacité d'initiative personnelle et d'entreprise dans le domaine de la pastorale.(63)

(61) Cf.
CIC 273
(62) Cf. CONC. CUM. VAT. II, Décr. Presbyterorum Ordinis, PO 15 JEAN-PAUL II, Exhort. ap. post-synodale Pastores dabo vobis, PDV 65 PDV 79: l.c., 770-772, 796-798.
(63) S. IGNACE D'ANTIOCHE, Ad Ephesios XX, 1-2: "...le Seigneur me révèle que chacun d'entre vous et tous ensemble... vous êtes unis par le coeur dans une soumission totale à l'évêque et au presbyterium, partageant le pain qui est remède d'immortalité, antidote pour ne pas mourir mais pour vivre toujours dans le Christ Jésus ..." Patres Apostolici , ed. F.X. FUNK, II, 203-205.



25 Communion dans le presbyterium

En vertu du sacrement de l'Ordre "chaque prêtre est uni aux autres membres du presbyterium, par des liens particuliers de charité apostolique, de ministère et de fraternité"(64) En effet, il est inséré dans l'Ordo Presbyterorum, constituant une unité qui peut se définir comme une véritable famille ou les liens ne viennent pas de la chair et du sang, mais de la grâce de l'Ordre.(65)
L'appartenance à un presbyterium concret (66), se réalise toujours, dans une Eglise particulière, un Ordinariat ou une Prélature personnelle. En effet, à la différence du collège épiscopal, il semble qu'il n'y ait pas de base théologique pour affirmer l'existence d'un "presbyterium universel".
La fraternité sacerdotale et l'appartenance au presbyterium sont par conséquent des éléments qui caractérisent le prêtre. A cet effet, dans l'ordination presbytérale, le rite de l'imposition des mains de la part de l'évêque, auquel prennent part tous les prêtres présents, est particulièrement significatif; il indique soit que tous participent au même degré de ministère, soit que le prêtre ne peut agir seul, mais toujours à l'intérieur du presbyterium, devenant confrère de tous ceux qui le constituent.(67)

(64) JEAN-PAUL II, Exhort. ap. post-synodale Pastores dabo vobis,
PDV 17: l.c.,683; cf. CONC. CUM. VAT. II, Const. dogm. Lumen gentium, LG 28 Décr. Presbyterorum Ordinis, PO 8 CIC 275,1
(65) Cf. JEAN-PAUL II, Exhort. ap. post-synodale Pastores dabo vobis, PDV 74: l.c., 790; CONCREGATION POUR L'EVANGELISATION DES PEUPLES, Guide pastoral pour les prêtres diocésains des Eglises dépendantes de la Congrégation pour l'Evangélisation des Peuples (1er octobre 1989), 6 Pastoral .
(66) Cf. CONC. CUM.VAT. II, Décr. Presbyterorum Ordinis, PO 8 CIC 369 CIC 498 CIC 499
(67) Cf. Pontificale Romanum - De ordinatione Episcopi; Presbyterorum et Diaconorum, cap. II, n. 105; 130, ed. typica altera 1990, pp. 54; 66-67; CONC. CUM.VAT. II, Décr. Presbyterorum Ordinis, PO 8



26 Incardination dans une Eglise particulière

L'incardination dans une Eglise particulière déterminée (68) constitue un authentique lien juridique (69) qui a également une valeur spirituelle. En effet, c'est d'elle que provient "le rapport avec l'évêque dans l'unité du presbyterium, le partage de la sollicitude pour l'Eglise, le dévouement pastoral au service du Peuple de Dieu dans les conditions historiques et sociales concrètes".(70) Dans cette perspective, le lien avec l'Eglise particulière est aussi source de signification pour l'action pastorale.
On ne doit pas oublier à ce sujet que les prêtres séculiers non incardinés dans le diocèse et les prêtres membres d'un Institut religieux ou d'une Société de vie apostolique qui vivent dans le diocèse et exercent à son service un office quelconque, même s'ils sont soumis à leurs Ordinaires légitimes, appartiennent de plein droit ou à un titre différent au presbyterium du diocèse en question,(71) ou ils "ont droit à la voix tant active que passive pour constituer le conseil presbytéral".(72) Les prêtres religieux en particulier, dans l'unité de leurs forces, partagent la même sollicitude pastorale en apportant leurs charismes et en "stimulant par leur présence l'Eglise particulière à vivre plus intensément son ouverture universelle".(73)
Les prêtres incardinés dans un diocèse, mais pour le service d'un mouvement ecclésial quelconque approuvé par l'autorité ecclésiastique compétente,(74) seront conscients d'être membres du presbyterium du diocèse ou ils réalisent leur ministère, et de devoir sincèrement collaborer avec celui-ci. L'évêque d'incardination à son tour, respectera le style de vie requis par l'appartenance au mouvement et saura, selon les normes du droit, permettre que le prêtre apporte son service à d'autres Eglises, si cela fait partie du charisme du mouvement.(75)

(68) Cf.
CIC 265
(69) Cf. JEAN-PAUL II, Discours dans la Cathédrale de Quito aux Evêques, aux Prêtres, aux Religieux et aux Séminaristes (29 janvier 1985): Insegnamenti VII/1 (1985), 247-253.
(70) JEAN-PAUL II, Exhort. ap. post-synodale Pastores dabo vobis, PDV 31: l.c., 708.
(71) Cf. ibid., PDV 17 PDV 74: l.c., 683; 790.
(72) CIC 498 n1 et 2
(73) JEAN-PAUL II, Exhort. ap. post-synodale Pastores dabo vobis, PDV 31: l.c., 708-709.
(74) Cf. ibid., PDV 31 PDV 41 PDV 68: l.c. 708, 728-729; 775-777.
(75) Cf. CIC 271



27 Le presbyterium, lieu de sanctification

Le presbyterium est un lieu privilégié ou le prêtre devrait pouvoir trouver les moyens spécifiques de sanctification et d'évangélisation. Il devrait y être aidé à surmonter les limitations et les faiblesses propres à la nature humaine, qui aujourd'hui sont particulièrement ressenties.
Le prêtre par conséquent fera un effort pour éviter de vivre son sacerdoce de manière isolée et subjective. Il cherchera à favoriser la communion fraternelle en donnant et en recevant de prêtre à prêtre la chaleur de l'amitié, de l'aide affectueuse, de l'accueil, de la correction fraternelle, bien conscient que la grâce de l'Ordre "assume et élève les rapports humains, psychologiques, affectifs, amicaux et spirituels... et se révèle concrètement dans les formes les plus variées d'entraide spirituelle et aussi matérielle" (76)
Tout cela est bien exprimé dans la liturgie de la Messe in Cena Domini du Jeudi-Saint, qui montre comment à partir de la communion eucharistique née durant la Dernière Cène les prêtres reçoivent la capacité de s'aimer les uns les autres, comme le Maître les aime.(77)

(76) JEAN-PAUL II, Exhort. ap. post-synodale Pastores dabo vobis,
PDV 74: l.c., 790.
(77) JEAN-PAUL II, Catéchèse de l'Audience Générale du 4 août 1993, n. 4: "L'Osservatore Romano", 5 août 1993.



28 Amitié sacerdotale

Le profond sens ecdésial du presbyterium, non seulement ne met pas obstacle, mais facilite les responsabilités personnelles de chaque prêtre dans l'exercice du ministère particulier confié par l'évêque.(78) La capacité de cultiver et de vivre des amitiés sacerdotales mûres et profondes apparaît comme une source de sérénité et de joie dans l'exercice du ministère, un soutien décisif dans les difficultés, et une aide précieuse pour la croissance de la charité pastorale, que le prêtre doit exercer d'une façon particulière envers les confrères en difficulté qui ont besoin de compréhension, d'aide et de soutien.(79)

(78) Cf. CONC. CUM. VAT. II, Décr. Presbyterorum Ordinis,
PO 12-14
(79) Cf. ibid, PO 8



29 Vie commune

Une manifestation de cette communion est aussi la vie commune favorisée depuis toujours par l'Eglise,(80) récemment encouragée par les documents du Concile Vatican II (81) et le Magistère postérieur,(82) et appliquée positivement dans de nombreux diocèses.
Parmi ses différentes réalisations (maison commune, table commune, etc.), on doit retenir comme la plus importante la participation communautaire à la prière liturgique.(83) Ces diverses modalités doivent être favorisées selon les possibilités et les convenances pratiques, sans imiter nécessairement des modèles louables propres à la vie religieuse. D'une façon particulière, il faut louer ces associations qui favorisent la fraternité sacerdotale, la sainteté dans l'exercice du ministère, la communion avec l'évêque et avec toute l'Eglise.(84)
Il faut souhaiter que les curés favorisent la vie commune dans la maison paroissiale avec leurs vicaires,(85) en les considérant effectivement en tant que collaborateurs et participants à la sollicitude pastorale; de leur côté, les vicaires, pour construire la communion sacerdotale, doivent reconnaître et respecter l'autorité du curé.(86)

(80) Cf. S. AUGUSTIN, sermons 355, 356. De vita et moribus clericorum: PL 39, 1568-1581.
(81) Cf. CONC. CUM. VAT. II, Const. dogm Lumen gentium,
LG 28 Décr. Presbyterorum Ordinis, PO 8 Décr. Christus Dominus CD 30.
(82) Cf. S. CONGREGATION POUR LES EVEQUES, Directoire Ecclesiae Imago (22 février 1973), n. 112; CIC 280 CIC 245,2 CIC 550,1 JEAN-PAUL II, Exhort. ap. post-synodale Pastores dabo vobis, PDV 81: l.c., 799-800.
(83) Cf. CONC. CUM. VAT. II, Const. Sacrosanctum Concilium SC 26 SC 99 Liturgia Horarum Institutio Generalis, n. 25.
(84) Cf. CIC 278,2 JEAN-PAUL II, Exhort. ap. post-synodale Pastores dabo vobis, PDV 31 PDV 68 PDV 81: l.c., 708, 777, 799.
(85) Cf. CIC 550,2
(86) Cf. ibid, CIC 545n1



30 Communion avec les fidèles laïcs

Homme de communion, le prêtre ne pourra exprimer son amour pour le Seigneur et pour l'Eglise sans le traduire dans un amour effectif et inconditionnel pour le peuple chrétien, objet de son soin pastoral.(87)
Prolongeant la présence du Christ, le prêtre se rendra "en quelque sorte transparent à lui au milieu du troupeau" qui lui est confié,(88) en se plaçant dans une "relation positive et encourageante" avec les fidèles laïcs. En reconnaissant en eux la dignité de fils de Dieu, il travaillera à la promotion de leur rôle propre dans l'Eglise, et mettra à leur service tout son ministère sacerdotal et sa charité pastorale.(89) Connaissant la profonde communion qui le lie aux fidèles laïcs et aux religieux, le prêtre mettra tous ses efforts pour "susciter et développer la coresponsabilité dans une même et unique mission de salut, en valorisant avec empressement et de bon coeur tous les charismes et les fonctions que l'Esprit répartit aux croyants pour la construction de l'Eglise".(90)
Plus concrètement, le curé en recherchant toujours le bien commun dans l'Eglise, favorisera les associations de fidèles et les mouvements qui se proposent des finalités religieuses,(91) en les accueillant tous et en les aidant à trouver entre eux une unité de buts, dans la prière et dans l'action apostolique.
Dans la mesure ou il réunit la famille de Dieu et réalise l'Eglise-communion, le prêtre devient pontife, celui qui unit l'homme avec Dieu, se faisant "frère des hommes du même fait qu'il veut être leur pasteur, leur père et leur maître"(92) Pour l'homme d'aujourd'hui qui cherche le sens de son existence, il est le guide qui conduit à la rencontre avec le Christ, rencontre qui se réalise dans l'Eglise comme annonce et comme réalité déjà présente, bien que de manière non-définitive. De cette manière, le prêtre mis au service du Peuple de Dieu se présentera comme expert en humanité, homme de vérité et de communion, témoin de la sollicitude de l'Unique Pasteur pour toutes et chacune de ses brebis. La communauté pourra compter avec sécurité sur son zèle, sur sa disponibilité, sur son infatigable oeuvre d'évangélisation, et surtout sur son amour fidèle et inconditionnel.
Il exercera donc sa mission spirituelle avec amabilité et fermeté, avec humilité et esprit de service,(93) en restant ouvert à la compassion, en participant aux souffrances qui frappent les hommes avec les différentes formes de pauvreté spirituelle et matérielle, ancienne et nouvelle. Il saura aussi se pencher avec miséricorde sur le chemin difficile et incertain de la conversion des pécheurs, auxquels il réservera le don de la vérité et la bienveillance patiente et encourageante du Bon Pasteur, qui ne fait pas de remontrances à la brebis perdue, mais la charge sur ses épaules et fête son retour à la bergerie (
Lc 15,4-7) .(94)

(87) Cf. JEAN-PAUL II, Catéchèse de l'Audience générale du 7 juillet 1993: "L'Osservatore Romano", 8 juillet 1993; CONC. CUM. VAT. II, Décr. Presbyterorum Ordinis, PO 15.
(88) JEAN-PAUL II, Exhort. ap. post-synodale Pastores dabo vobis, PDV 15: l.c., 679-680.
(89) Cf. CONC. CUM. VAT. II, Décr. Presbyterorum Ordinis, PO 9 CIC 275n2 CIC 529n2
(90) JEAN-PAUL II, Exhort. ap. post-synodale Pastores dabo vobis PDV 74: l.c., 788.
(91) Cf. CIC 529n2
(92) Cf. JEAN-PAUL II, Exhort. ap. post-synodale Pastores dabo vobis, PDV 74: l.c., 788; PAUL VI, Encycl. Ecclesiam suam (6 août 1964), III: AAS 56 (1964), 647
(93) Cf. JEAN-PAUL II, Catéchèse de l'Audience Générale du 7 juillet 1993: "L'Osservatore Romano", 8 juillet 1993.
(94) Cf. CIC 529n1



31 Communion avec les membres des Instituts de vie consacrée

Il réservera une attention particulière aux relations avec les frères et les soeurs engagés dans la vie d'une spéciale consécration à Dieu, quelle qu'en soit la forme, en leur démontrant une estime sincère et un esprit effectif de collaboration apostolique, dans respect et la promotion de leurs charismes spécifiques. Il coopérera en outre à ce que la vie consacrée apparaisse toujours plus lumineuse, pour le bien de l'Eglise entière, et toujours plus convaincante et attirante pour les nouvelles générations.
Dans cet esprit d'estime pour la vie consacrée, le prêtre apportera un soin particulier aux communautés qui pour diverses raisons ont davantage besoin de bonne doctrine, d'assistance et d'encouragement dans la fidélité.


32 Pastorale des vocations

Le prêtre réservera un soin particulier à la pastorale des vocations, en ne manquant pas d'encourager la prière à cette intention, de se dépenser dans la catéchèse, de soigner la formation des servants à l'autel, de favoriser des initiatives appropriées au moyen d'un rapport personnel qui fasse découvrir les talents et sache reconnaître la volonté de Dieu pour un choix courageux à la suite du Christ.(95)
Certainement, la conscience claire de son identité, la cohérence de sa vie, la joie transparente et l'ardeur missionnaire constituent autant d'éléments indispensables de cette pastorale des vocations qui doit s'intégrer dans la pastorale générale ordinaire.
Avec le séminaire, berceau de sa vocation et terrain d'une première expérience de vie de communion, le prêtre maintiendra toujours des rapports de collaboration cordiale et d'affection sincère.
C'est "une exigence incontournable de la charité pastorale" (96) que chaque prêtre secondant la grâce du Saint-Esprit se préoccupe de susciter au moins une vocation sacerdotale qui puisse continuer son ministère.

(95) Cf. CONC. CUM. VAT. II, Décr. Presbyterorum Ordinis,
PO 11 CIC 233n1
(96) JEAN-PAUL II, Exhort. ap. post-synodale Pastores dabo vobis, PDV 74: l.c., 789.



33 Engagement politique et social

Le prêtre, serviteur de l'Eglise qui par son universalité et sa catholicité ne peut se lier à aucune contingence historique, se tiendra au dessus de tout parti politique. Il ne peut pas prendre une part active dans des partis politiques ou dans la direction d'associations syndicales, sauf si, d'après le jugement de l'autorité ecclésiastique compétente, la défense des droits de l'Eglise et la promotion du bien commun le requièrent.(97) En effet, ces fonctions, tout en étant bonnes en elles-mêmes sont toutefois étrangères à l'état clérical, puisqu'elles peuvent constituer un grave danger de rupture de la communion ecclésiale.(98)
Comme Jésus (cf.
Jn 6,15), le prêtre "doit renoncer à toute forme active d'engagement politique, spécialement quand celle-ci est partisane, comme cela survient presque inévitablement, pour demeurer l'homme de tous en vue de la fraternité spirituelle".(99) Aussi, chaque fidèle doit toujours pouvoir accéder au prêtre sans se sentir exclus pour aucune raison.
Le prêtre se souviendra "qu'il n'appartient pas aux Pasteurs de l'Eglise d'intervenir directement dans la construction politique et dans l'organisation de la vie sociale. Cette tâche fait partie de la vocation des fidèles laïcs, agissant de leur propre initiative avec leurs concitoyens".(100) Toutefois, il ne manquera pas de s'appliquer "à l'effort de former correctement leur conscience".(101)
La réduction de la mission sacerdotale à des charges temporelles, purement sociales ou politiques ou de toute façon étrangères à son identité, n'est pas une conquête mais une perte très grave pour la fécondité évangélique de l'Eglise tout entière.

(97) Cf. CIC 287n2 S. CONGR. POUR CLERGE, Décr. Quidam Episcopi (8 mars 1982), AAS 74 (1982), 642-645.
(98) Cf. CONGREGATION POUR L'EVANGELISATION DES PEUPLES Guide pastoral pour les prêtres diocésains des Eglises dépendantes de la Congrégation pour l'Evangélisation des Peuples; (1er octobre 1989), 9 Pastoral ; S. CONGR. POUR CLERCE, Décr. Quidam Episcopi (8 mars 1982), AAS 74 (1982), 642-645.
(99) JEAN-PAUL II, Catéchèse de l'Audience Générale du 28 juillet 1993, n. 3: "L'Osservatore Romano", 29 juillet 1993; cf. CONC. CUM. VAT. II, Const. past. Gaudium et spes, GS 43 SYNODE DES EVEQUES, Document sur le sacerdoce ministériel Ultimis temporibus (30 novembre 1971), II, I, 2b: AAS 63 (1971), 912-913, CIC 285n3 CIC 287n1
(100) Catéchisme de l'Eglise Catholique CEC 2442 cf. CIC 227
(101) SYNODE DES EVEQUES, Document sur le sacerdoce ministériel Ultimis temporibus (30 novembre 1971), II, I, 2b: AAS 63 (1971), 913.





Chapitre II

SPIRITUALITE SACERDOTALE



Contexte historique actuel

34 Interpréter les signes des temps

La vie et le ministère des prêtres se développent toujours dans le contexte historique, empreint de problèmes nouveaux et de solutions inédites, dans lequel vit l'Eglise en pèlerinage dans le monde.
Le sacerdoce ne naît pas de l'histoire, mais de la volonté immuable du Seigneur. Cependant, il affronte les circonstances historiques et bien que restant toujours fidèle à lui-même , il se configure aussi, dans les choix concrets, à travers une relation critique et la recherche d'un accord évangélique avec "les signes des temps". Aussi, les prêtres ont le devoir d'interpréter ces "signes" à la lumière de la foi et de les soumettre à un discernement prudent. En aucun cas ils ne pourront les ignorer, surtout s'ils veulent orienter leur vie de manière efficace et pertinente afin que leur service et leur témoignage soient toujours plus féconds pour le royaume de Dieu.
Dans la vie actuelle de l'Eglise et de la société, les prêtres sont appelés à vivre avec profondeur leur ministère, compte tenu des exigences d'ordre non seulement pastoral mais aussi social et culturel auxquelles ils doivent faire face, ces exigences étant chaque fois plus profondes, nombreuses et délicates.(102)
Les prêtres sont donc aujourd'hui engagés dans divers champs d'apostolat qui demandent la générosité et un don de soi complet, une préparation intellectuelle certaine, et surtout une vie spirituelle mûre et profonde, enracinée dans la charité pastorale. C'est cette vie qui constitue leur chemin spécifique vers la sainteté, et qui est un service authentique rendu aux fidèles dans le ministère pastoral.

(102) Cf. JEAN-PAUL II, Exhort. ap. post-synodale Pastores dabo vobis,
PDV 5: l.c., 663-665.


35 La nouvelle évangélisation: une exigence

Le prêtre est par conséquent tout particulièrement impliqué dans l'engagement de l'Eglise pour une nouvelle évangélisation. Partant de sa foi en Jésus-Christ, Rédempteur de l'homme, elle sait trouver en Lui une "richesse inscrutable" (
Ep 3,8), qu'aucune époque ni aucune culture ne peut épuiser, et grâce à la quelle tous les hommes peuvent s'enrichir.(103)
Le moment est donc venu de renouveler notre foi en Jésus-Christ, qui est le même "hier, aujourd'hui et toujours" (He 13,8) . Par conséquent, "l'appel à la nouvelle évangélisation est avant tout un appel à la conversion".(104) En même temps, il s'agit d'un appel à l'espérance, "qui s'appuie sur les promesses de Dieu, sur la fidélité à sa Parole, et sur la certitude indestructible de la résurrection du Christ, de sa victoire définitive sur le péché et la mort, première annonce et source de toute évangélisation, fondement de toute promotion humaine, principe de toute culture chrétienne authentique".(105)
Dans ce contexte, le prêtre doit avant tout raviver sa foi, son espérance et son amour sincère envers le Seigneur, pour pouvoir L'offrir à la contemplation des fidèles et de tous les hommes tel qu'il est véritablement: une Personne vivante, fascinante, qui nous aime plus que tous puisqu'Il a donné sa vie pour nous. "Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu'on aime" (Jn 15,13) .
Aussi le prêtre, conscient que toute personne est à la recherche, selon des modalités diverses, d'un amour capable de lui faire dépasser les limites de la faiblesse, de l'égoisme, et surtout de la mort, proclamera que Jésus-Christ est la réponse à toutes ces attentes.
Dans la nouvelle évangélisation, le prêtre est appelé à devenir un héraut de l'espérance.(106)

(103) Cf. JEAN-PAUL II, Discours inaugural de la IVème Conférence Générale de l'Episcopat Latino-Américain (Saint Domingue, 12-28 octobre 1993), n. 24: AAS 85 (1993), 826.
(104) Ibid., PDV 1: l.c., 808-809.
(105) Ibid., PDV 25: l.c., 827.
(106) Cf. ibid



36 Le défi des sectes et des nouvelles religiosités

La prolifération des sectes et des nouvelles religiosités, ainsi que leur diffusion parmi les fidèles catholiques, constituent un défi particulier pour le ministère pastoral.
Des motivations complexes sont à la base d'un tel phénomène. Dans tous les cas, le ministère des prêtres doit répondre avec promptitude et décision à cette recherche du sacré et d'une authentique spiritualité qu'on constate aujourd'hui si particulièrement.
Au cours des dernières années, il est devenu évident que les motifs qui requièrent que le prêtre soit un homme de Dieu et un maître de prière sont éminemment pastoraux.
En même temps, s'impose la nécessité que la communauté confiée aux soins pastoraux du prêtre soit réellement accueillante, pour qu'aucun de ses membres ne puisse s'y sentir anonyme ou objet d'indifférence.
Il s'agit d'une responsabilité qui appartient certainement à tous les fidèles, mais au prêtre de manière toute particulière, puisqu'il est l'homme de la communion.
S'il sait accueillir avec respect et considération tous ceux qui l'approchent, en considérant la valeur de leur personne, il créera alors une ambiance de charité authentique qui deviendra contagieuse et s'étendra graduellement à toute la communauté.
Pour remporter le défi des sectes et des nouvelles religiosités, une catéchèse mûre et complète est particulièrement importante. Elle requiert aujourd'hui un effort spécial de la part du prêtre, pour que tous ses fidèles connaissent réellement le sens de la vocation chrétienne et de la foi catholique. De manière particulière, les fidèles doivent être éduqués à bien connaître le rapport qui existe entre leur vocation spécifique en Jésus-Christ et leur appartenance à son Eglise qu'ils doivent apprendre à aimer filialement et avec ténacité.
Tout ceci se réalisera si le prêtre, dans sa vie et dans son ministère, évite tout ce qui peut provoquer la tiédeur, la froideur ou une adhésion sélective vis-à-vis de l'Eglise.


37 Ombres et lumières sur l'activité ministérielle

Il est encourageant de remarquer aujourd'hui qu'une immense majorité de prêtres de tous les âges exercent leur ministère dans un engagement plein de joie, souvent fruit d'un héroïsme silencieux, travaillant jusqu'au bout de leurs forces et sans voir parfois les fruits de leur labeur.
Pour cette raison, ils constituent aujourd'hui une annonce vivante de cette grâce divine qui, répandue au moment de l'ordination, continue de donner une force toujours nouvelle au ministre sacré.
A côté de ces lumières qui illuminent la vie du prêtre, les ombres ne manquent pas qui tendent à en ternir la beauté et à rendre moins efficace l'exercice du ministère.
Le ministère pastoral est une entreprise fascinante mais ardue, toujours exposée à l'incompréhension et à la mise à l'écart, et aujourd'hui surtout, à la fatigue, à la désillusion d'autrui, à l'isolement et parfois à la solitude.
Pour vaincre les défis que la mentalité sécularisée oppose au prêtre, celui-ci prendra soin de réserver la primauté absolue à la vie spirituelle, pour demeurer toujours aux côtés du Christ et vivre avec générosité la charité pastorale, en intensifiant la communion avec tous, et en premier lieu avec les autres prêtres.



Demeurer avec le Christ dans la prière

38 Primauté de la vie spirituelle

Le prêtre a été, pour ainsi dire, conçu lors de la longue prière ou le Seigneur Jésus a parlé au Père de ses Apôtres et, sans aucun doute, de tous ceux qui participeraient de Sa mission au cours des siècles (cf.
Lc 6,12 cf. Jn 17,15-20). La prière même de Jésus à Gethsémani, tendue vers le sacrifice sacerdotal du Golgotha, manifeste comme un paradigme, "comment notre sacerdoce doit être profondément lié à la prière: enraciné dans la prière".(107)
Nés de ces prières et appelés à renouveler un sacrifice qui en est inséparable, les prêtres maintiendront vivant leur ministère dans une vie spirituelle à laquelle ils accorderont une prééminence absolue, en évitant de la négliger par activisme. C'est justement pour pouvoir exercer fructueusement son ministère pastoral que le prêtre a besoin d'entrer dans une union particulière et profonde avec le Christ, le Bon Pasteur qui seul demeure le protagoniste principal de toute action pastorale.

(107) JEAN-PAUL II, Lettre aux Prêtres a l'occasion du Jeudi-Saint (13 avril 1987), AAS 79 (1987), 10: 1292.



39 Moyens de la vie spirituelle

Cette vie spirituelle doit s'incarner dans l'existence de chaque prêtre par la liturgie, la prière personnelle, le style de vie et la pratique des vertus chrétiennes, qui contribuent à la fécondité de l'action ministérielle. L'identification au Christ exige, pour ainsi dire, de respirer dans un climat d'amitié et de rencontre personnelle avec le Seigneur Jésus, de service à l'Eglise son Corps, pour lequel le prêtre prouvera son amour en accomplissant fidèlement et sans défaillance les devoirs de son ministère pastoral.(108)
Il est donc nécessaire que le prêtre organise sa vie de prière pour qu'elle comprenne: la célébration eucharistique quotidienne,(109) unie à une préparation et une action de grâces adéquates; la confession fréquente (110) et la direction spirituelle déjà pratiquée au séminaire; (111) la célébration complète et fervente de la liturgie des heures, (112) à laquelle il est quotidiennement tenu;(113) l'examen de conscience,(114) l'oraison mentale proprement dite;(115) la lectio divina; (116) des moments prolongés de silence et de colloque divin, principalement durant les Exercices Spirituels et les récollections périodiques;(117) les expressions précieuses de la dévotion mariale comme le chapelet; (118) le chemin de Croix et les autres exercices de piété; (119) la fructueuse lecture hagiographique.(120)
Que chaque année, comme manifestation d'un désir durable de fidélité, durant la Messe chrismale, les prêtres renouvellent devant l'évêque et avec lui les promesses faites au moment de l'ordination.(121)
Le soin porté à la vie spirituelle doit être ressenti par le prêtre lui-même comme un joyeux devoir, mais aussi comme un droit des fidèles qui cherchent en lui, consciemment ou inconsciemment, l'homme de Dieu, le conseiller, le médiateur de paix, l'ami fidèle et prudent, le guide sûr à qui se confier dans les moments les plus durs de la vie afin de trouver réconfort et sécurité.(122)

(108) Cf.
CIC 276 2,1
(109) Cf. CONC. CUM. VAT. II, Décr. Presbyterorum Ordinis, PO 5 PO 18 JEAN-PAUL II, Exhort. ap. post-synodale Pastores dabo vobis, PDV 23 PDV 26 PDV 38 PDV 46 PDV 48: l.c., 691-694; 697-700; 720-723; 738-740; 742-745; CIC 246n,1 CIC 276 2,2
(110) Cf. CONC. CUM. VAT. II, Décr. Presbyterorum Ordinis, PO 5 PO 18 CIC 246 CIC 276 JEAN-PAUL II, Exhort. ap. post-synodale Pastores dabo vobis, PDV 26 PDV 48: l.c., 697-700; 742-745.
(111) Cf. CONC. CUM. VAT. II, Décr. Presbyterorum Ordinis, PO 18 CIC 239 JEAN-PAUL II, Exhort. ap. post-synodale Pastores dabo vobis, PDV 40 PDV 50 PDV 81: l.c., 724-726; 746-748; 799-800.
(112) Cf. CONC. CUM, VAT. II, Décr. Presbyterorum Ordinis, PO 18 CIC 246 CIC 276 JEAN-PAUL II, Exhort. ap. post-synodale Pastores dabo vobis, PDV 26 PDV 72: l.c., 697-700; 783-797.
(113) Cf. CIC 1174
(114) CONC. CUM. VAT. II, Décr. Presbyterorum Ordinis, PO 18 JEAN-PAUL II, Exhort. ap. post-synodale Pastores dabo vobis, PDV 26 PDV 37-38 PDV 47 PDV 51 PDV 53 PDV 72: l.c., 697-700; 718-723; 740-742; 748-750; 751-753; 783-787.
(115) Cf. CIC 276
(116) Cf. CONC. CUM. VAT. II, Décr. Presbyterorum Ordinis, PO 4 PO 13 PO 18 JEAN-PAUL II, Exhort. ap. post-synodale Pastores dabo vobis, PDV 26 PDV 47 PDV 53 PDV 70 PDV 72: l.c., 697-700; 740-742, 751-753, 778-782, 783-787.
(117) Cf. CONC. CUM. VAT. II, Décr. Presbyterorum Ordinis, PO 18 CIC 276 JEAN-PAUL II, Exhort. ap. post-synodale Pastores dabo vobis, PDV 80: l.c., 798-800.
(118) Cf. CONC. CUM. VAT. II, Décr. Presbyterorum Ordinis, PO 18 CIC 246 CIC 276 JEAN-PAUL II, Exhort. ap. Post-synodale Pastores dabo vobis, PDV 36 PDV 38 PDV 45 PDV 82: l.c., 715-718; 720-723; 736-738, 800-804.
(119) Cf. CONC. CUM. VAT. II, Décr. Presbyterorum Ordinis, PO 18 JEAN-PAUL II, Exhort. ap. post-synodale Pastores dabo vobis, PDV 26 PDV 37-38 PDV 47 PDV 51 PDV 53 PDV 72: l.c., 697-700; 718-723; 740-742; 748-750; 751-753, 783-787.
(120) Cf. CONC. CUM. VAT. II, Décr. Presbyterorum Ordinis, PO 18.
(121) JEAN-PAUL II, Lettre aux Prêtres à l'occasion du Jeudi-Saint 1979 Novo incipiente (8 avril 1979), 1: AAS 71 (1979), 394; Exhort. ap. post-synodale Pastores dabo vobis, PDV 80: l.c., 798-799.
(122) Cf. POSSIDIUS, Vita Sancti Aurelii Augustini, 31: PL 32, 63-66.



40 Imiter le Christ qui prie

A cause de charges nombreuses provenant surtout de l'activité pastorale, la vie des prêtres est exposée, aujourd'hui plus que jamais, à une série de sollicitations qui pourraient la conduire vers un activisme extérieur croissant, la soumettant à un rythme parfois frénétique et vertigineux.
Contre cette tentation, il ne faut pas oublier que la première intention de Jésus fut de convoquer autour de lui des Apôtres qui, avant tout, "demeureraient avec lui" (
Mc 3,14) .
Le Fils de Dieu lui-même a voulu aussi nous laisser un témoignage de sa prière.
Avec une grande fréquence, en effet, les Evangiles nous présentent le Christ en prière: dans la révélation de sa mission de la part du Père (cf. Lc 3,21-22), avant l'appel des Apôtres (cf. Lc 6,12), dans l'action de grâces à Dieu lors de la multiplication des pains (cf. Mt 14,19 Mt 15,36 Mc 6,41 Mc 8,7 Lc 9,16 Jn 6,11), durant la transfiguration sur la montagne (cf. Lc 9,28-29) , quand il soigne le sourd-muet (cf. Mc 7,34) et ressuscite Lazare (cf Jn 11,41), avant la confession de Pierre (cf. Lc 9,18), quand il apprend aux disciples à prier (cf Lc 11,1), et quand ceux-ci reviennent après avoir accompli leur mission (cf. Mt 11,25 ss. Lc 10,21 ss.), quand il bénit les enfants (cf Mt 19,13), et quand il prie pour Pierre (cf. Lc 22,32).
Toute son activité quotidienne avait son origine dans la prière. Ainsi, il se retirait dans le désert ou sur la montagne pour prier (cf. Mc 1,35 Mc 6,46 Lc 5,16 Mt 4,1 Mt 14,23), il se levait tôt le matin (cf. Mc 1,35) et passait la nuit entière en priant Dieu (cf. Mt 14,23 Mt 14,25 Mc 6,46 Mc 6,48 Lc 6,12). Jusqu'à la fin de sa vie, à la dernière Cène (cf. Jn 17,1-26), durant l'agonie (cf. Mt 26,36-44 par.) et sur la Croix (cf Lc 23,34 Lc 23,46 Mt 27,46 Mc 15,34), le Maître divin a montré que la prière animait son ministère messianique et son exode pascal. Ressuscité d'entre les morts, il vit pour toujours et prie pour nous (cf He 7,25) (123).
En suivant l'exemple du Christ, le prêtre doit savoir maintenir la ferveur et le nombre des moments de silence et de prière ou cultiver et approfondir son rapport existentiel avec la personne vivante du Seigneur Jésus.

(123) Cf. Liturgia Horarum, Institutio Generalis, nn. 3-4.



41 Imiter l'Eglise qui prie

Pour demeurer fidèle à son engagement "de demeurer avec Jésus", il est nécessaire que le prêtre sache imiter l'Eglise qui prie.
En dispensant la Parole de Dieu qu'il a lui-même reçue avec joie, le prêtre se souviendra de l'exhortation que l'évêque lui a adressé le jour de son ordination: "C'est pourquoi, en faisant de la Parole l'objet de ta réflexion continuelle, crois toujours ce que tu lis, enseigne ce que tu crois, vis ce que tu enseignes. De cette manière, en même temps que la doctrine, tu donneras un aliment au Peuple de Dieu, et avec le bon exemple de ta vie, tu lui seras un réconfort et un soutien, tu deviendras constructeur du temple de Dieu qu'est l'Eglise". De même, sur la célébration des sacrements, et en particulier de l'Eucharistie: "Sois donc conscient de ce que tu fais, imite ce que tu as accompli et, puisque tu célèbres le mystère de la mort et de la résurrection du Seigneur, porte la mort du Christ dans ton corps et marche dans la nouveauté de sa vie". Et enfin, à propos de la direction pastorale du Peuple de Dieu, pour qu'il le conduise jusqu'au Père, par le Christ et dans l'Esprit-Saint: "C'est pourquoi, ne cesse jamais d'avoir le regard tourné vers le Christ, Bon Pasteur, qui est venu non pas pour être servi mais pour servir, et pour chercher et sauver ceux qui se sont égarés".(124)

(124) Pontificale Romanum - De ordinatione Episcopi, Presbyterorum et Diaconorum cap. II, n. 151, Ed. typica altera 1990, pp. 87-88.



42 Prière comme communion

Fort du lien spécial qui l'associe au Seigneur, le prêtre saura affronter les moments ou il pourrait se sentir seul au milieu des hommes; il renouvellera avec force son union avec le Christ qui, dans l'Eucharistie, est son refuge et son meilleur repos.
Comme Jésus qui, lorsqu'il était seul, était toujours avec le Père (cf.
Lc 3,21 Mc 1,35) (125), le prêtre lui aussi doit être l'homme qui trouve la communion avec Dieu dans la solitude. C'est pourquoi il pourra dire avec St Ambroise: "Je ne suis jamais moins seul que lorsque je suis seul".(126) C'est auprès du Seigneur que le prêtre trouvera la force et les instruments pour rapprocher les hommes de Dieu, provoquer la foi, et susciter l'action et le partage.

(125) Cf. CONC. CUM. VAT. II, Décr. Presbyterorum Ordinis PO 18 SYNODE DES EVEQUES, Document sur le sacerdoce ministériel Ultimis temporibus (30 novembre 1971), II, I, 3: AAS 63 (1971), 913-915; JEAN-PAUL II, Exhort. ap. post-synodale Pastores dabo vobis, PDV 46-47: l.c., 738-742; Catéchèse de l'Audience Générale du juin juin 1993, n. 3: "L'Osservatore Romano", juin juin 1993.
(126) "Numquam enim minus solus sum, quam cum solus esse videor": Epist 33 (Maur. 49), 1: CSEL 82, 229.




1990 Directoire clergé 20