1993 Thesaurus - La GRÂCE : La disponibilité pour accueillir, recevoir


La MORALE et la qualité du pape à traiter de toutes les

questions qui concernent l'homme. L'Eglise "experte en humanité".


Les liens de la chair et du sang ne veulent pas se laisser rompre.
Le monde considère comme une injure et une provocation toute existence qui n'est pas selon lui. Il se sent menacé par la moindre des conquêtes spirituelles de l'Eglise; et jamais il ne manque de réagir.
Avant donc d'être la Jérusalem en fête célébrant le Seigneur dans la paix enfin possédée, elle doit passer par la condition de Jacob, dont le nom signifie lutte et labeur.

"A aucun prix toutefois l'Eglise ne peut abdiquer la charge que Dieu lui a confiée et qui lui fait une loi non certes d'intervenir dans le domaine technique à l'égard duquel elle est dépourvue de moyens appropriés et de compétence, mais en tout ce qui touche à la loi morale". On ne voit pas pourquoi le domaine politique jouirait ici, comme certains le réclament, d'une exception...
Si l'on doit repousser, comme indigne d'elle, un mode d'intervention qui l'assimilerait plus ou moins aux pouvoirs charnels, il ne saurait être question de limiter sa compétence à certaines sphères d'activité matériellement déterminées.

"Car dans la même maison, et dans la même ville, et dans la même communauté, citoyens de Babylone et citoyens de Jérusalem sont mêlés les uns aux autres." Bien plus, la lutte est à l'intérieur de chacun de ses membres et pour y durer jusqu'à la fin. Elle le sait. Jamais découragée, elle n'est pourtant pas utopiste.
HENRI de LUBAC, Méditation sur l'Eglise, l'Eglise au milieu du monde


Jésus-Christ la conduit et la gouverne, et sans cesser de la diriger mystérieusement Lui-même, Il la fait aussi conduire et gouverner visiblement "par celui qui tient sa place sur terre; car depuis sa glorieuse Ascension dans le ciel, elle ne repose plus seulement sur Lui, mais aussi sur Pierre comme sur un fondement visible pour tous".
HENRI de LUBAC, Méditation sur l'Eglise, les deux aspects de
l'Eglise une


Quand Luther exigeait que le Pontife romain "se cantonne dans sa mission spirituelle", laquelle "ne consiste qu'à prêcher et à absoudre", et qu'il "laisse l'empereur être franchement empereur" il usait de formules équivoques. Croyant travailler pour la perfection chrétienne, il servait en réalité ceux qui la redoutent.
HENRI de LUBAC, Méditation sur l'Eglise, l'Eglise au milieu du monde

Dés lors que l'on n'ose plus parler de faute, de péché, ni prêcher la conversion, le message du Salut et de la Rédemption n'est plus qu'un discours pieux mais vain, qui n'exerce plus qu'une fonction tranquillisante.
WALTER KASPER

Naturellement j'aimerais mieux jouir de la faveur impériale et me conformer à tes voeux, mais l'affaire ne le permet pas... Si le prêtre ne dit pas la vérité à celui qui s'enfonce dans l'erreur, celui-ci mourra dans son péché, et le prêtre portera la responsabilité de la punition...
Saint AMBROISE, à l'empereur Théodose, sur un ordre criminel de
celui-ci


On croit l'énergie spirituelle résistante à toute épreuve. Elle est fragile comme le souffle... Elle se dégrade par démission en chaîne, par d'imperceptibles fragments de démission accumulés, par d'innocentes minuscules démissions juxtaposées.
GERARD ESCHBACH, à propos de Jean Tauler

Lorsque la conscience est en jeu, l'amitié n'est pas une raison, car je dois plus à Dieu qu'à personne.
Sainte THERESE d'AVILA

La concupiscence se rapporte principalement au plaisir sensuel, qui est lié à l'union des êtres, et l'on n'imagine pas le créateur condamnant la chair aussitôt après avoir invité ses créatures à croître et à multiplier.
ANDRE FROSSARD, Dieu en questions

A l'instant que s'affirme la distinction du temporel et du spirituel s'affirme aussi, et du même coup, la subordination du premier au second.
L'Eglise a donc pouvoir "indirect" sur le temporel.
Le bien de la cité doit être ordonné à cette même fin surnaturelle qui est celle de chaque homme.
L'ordre des moyens correspond inévitablement à l'ordre des fins.
JACQUES MARITAIN


Le triomphe, la valeur d'une cause ne dépend pas du nombre de ses défenseurs.
S. KIERKEGAARD

...Les papes qui tiennent tête aux tyrans furieux et à la foule misérable et imbécile, car Vous ne leur avez pas ordonné de vaincre mais de n'être pas vaincu.
PAUL CLAUDEL

C'est nous, les mystiques qui sont pratiques, qui faisons quelque chose.
Ce sont les politiques qui ne le sont pas, qui ne font rien.
C'est nous qui amassons et c'est eux qui pillent...
CHARLES PEGUY

L'Eglise a les nerfs solides, le péché ne lui fait pas peur, au contraire.
Sa mission est de le rencontrer.
GEORGES BERNANOS, journal d'un curé de campagne

L'optimisme est l'alibi sournois des égoïstes, soucieux de dissimuler leur chronique satisfaction d'eux-mêmes. Ils sont optimistes pour se dispenser d'avoir pitié des hommes.
L'optimisme est une fausse espérance à l'usage des lâches et des imbéciles.
GEORGES BERNANOS, Les grands cimetières sous la lune

Le Verbe expulsé, le refus du logos de l'amour, c'est la Passion du Christ et c'est aussi l'expulsion intellectuelle aujourd'hui du judéo-chrétien.
RENE GIRARD, La pensée de..., introduction

Nos vérités n'ont pas plus de valeurs que celles de nos ancêtres.
E. M. CIORAN

Il faut que le pape soit.
CHARLES MAURRAS, l'agnostique ! En 1915. Il faut que quelqu'un
parle pour l'humanité.



L'Eglise experte en humanité.
PAUL VI

Alors que l'Eglise dit oui à l'amour, nos contemporains n'entendent que des non : non au divorce, non à la contraception, non à l'avortement...
Mgr JACQUES JULLIEN

On a colonisé la nature par une exploitation sauvage, on lui a fait violence sans trop se soucier des fragiles équilibres écologiques et humains...
L'homme aurait pu en quelque sorte épouser la nature au lieu de la violenter, et faire porter son fruit à une terre habitable pour l'humanité..
De la même façon, ne s'agirait-il pas pour l'homme, la femme et l'humanité, d'épouser son corps et le corps de l'autre en respectant ce qu'il est ( et il est plus que le corps ), au lieu de le dominer ? N'y a-t-il pas aussi une exploitation sauvage du corps.
Mgr JACQUES JULLIEN

Le refus du mariage c'est en fait le refus de la composante sociale de la sexualité humaine. la sexualité se déshumanise par le refus de sa composante sociale... Aussi quand le don charnel se trouve déconnecté de la parole qui lui donne tout son sens...
Mgr JACQUES JULLIEN

Si l'on dit : "Tu dois", l'homme moderne fronce les sourcils.
Pr PHILIPPE BENETON

Pas plus qu'on ne juge un individu sur l'idée qu'il se fait de lui-même, on ne saurait juger une époque sur sa conscience de soi.
KARL MARX

Le succès d'une entreprise morale ne dépend pas du nombre de ses partisans.
W. L. GARRISON

" La vérité ne dépend pas de la SOFRES. "

Quelle est l'institution qui connaît mieux l'homme que l'Eglise ?


- Quelle est la plus ancienne ?
- Quelle est la moins suspecte d'intérêts temporels ?
- Quelle est celle qui a maintenu la civilisation dans les siècles de désolation ( invasions barbares, peste noire... ) ?
- Quelle est celle qui pourra la maintenir demain ?
- Quelle est celle qui a instauré, au moins, la trêve de Dieu ?
- Quelle est celle qui, dans les temps, a assisté, nourri, soigné, éduqué, écouté, consolé et soulagé, accompagné au cimetière plus d'hommes ?
- Quelle est celle qui, par cela, connaît le mieux la misère, les fautes, la gloire et les espoirs de l'homme ?
- Quelle est celle qui a "engendré" le plus d'hommes désintéressés et unanimement respectés ? ( même si on refuse la notion de sainteté ) - Quelle est celle qui gêne dès qu'elle se met à parler clair ?
C'est-à-dire à remplir la mission qu'elle tient de son divin fondateur.


Dans ce monde avachi où plus personne ne parle, où on n'entend que les cris à peine masqués des intérêts immédiats des puissants et de leurs laquais, il faut que quelqu'un DISE.
Aujourd'hui ce dire consiste à crier "casse-cou" à l'humanité.
Que cela déplaise aux puissants ne fait que démontrer la vérité de ces appels et le bien-fondé de ces mises en garde.
Il est bien naturel que le peuple, confusément, approuve le pape et que les profiteurs corrompus de la crédulité publique mettent tout en oeuvre pour occulter sa parole, la déformer, et même la faire taire.
Ce n'est pas les gens asservis ou complaisants qu'on essaye d'assassiner.
Le désastreux réside dans la profonde ineptie des catholiques aujourd'hui.

Est-on si fier de l'état moral de nos contemporains aujourd'hui ?
Seule la presse dite encore "catholique", parce que telle jadis, s'enthousiasme, par devoir ? ou sur ordre d'une autre hiérarchie ?

Est-on si fier de l'histoire récente de l'humanité ?
Disons depuis que les règles morales ne viennent plus de et par l'Eglise.
Dans la mesure d'ailleurs où on pourrait encore qualifier de "règles morales" le bouillon sentimentalo-humanitaire derrière lequel on n'aperçoit que trop bien le cynisme des groupes de pression et l'épaisseur des comptes en banque.



CF aussi : 5B : ( L'Eglise se mêlerait de ce qui ne la regarde pas... ).





HISTOIRE, APPORTS et VICISSITUDES (temporels) du christianisme et de l'Eglise



- Liaison Ancien Testament et Nouveau Testament..., pourquoi deux ?
- L'extension de la Révélation hors du monde juif.
- La distinction du spirituel et du temporel ( César... ).
- Première dénonciation du "crime d'Etat", ( St Ambroise et Théodose ).
- Les invasions barbares et la sauvegarde de la civilisation ( les monastères ).
- La longue fonction d'assistance sociale.
- La longue fonction d'éducation ( l'Université de Paris ).
- La fonction religieuse, psychologique et sociologique du pèlerinage.
- L'art par l'art religieux et grâce à lui.
- Les "Lumières".
- La révolution française.
- L'action catholique du XIXème.
- La laïcisation, et l'anticléricalisme officiel d'Etat.


La pensée biblique a en somme apporté à l'humanité la pensée d'une fin des temps, et la croyance moderne au progrès sous ses diverses formes, à l'évolution culturelle, biologique et technique de l'humanité.
H. URS Von BALTHASAR

Les philosophes qui, pour le destin de l'homme, en savent moins qu'une petite vieille dans la simplicité de sa foi.
Saint THOMAS d'AQUIN

L'Eglise catholique n'a pas suivi la pente cathare, en ce sens qu'elle a appelé tous les fidèles à la perfection de la charité et de l'amour.
Elle a encouragé les écoles de perfection, mais, en même temps qu'elle conseillait à chacun de monter plus haut, elle venait au secours de l'homme quelconque, de l'humanité moyenne et de tous ceux qui souffrent du mélange de la chair et de l'esprit, du bien et du mal...
Elle tentait de faire passer le souffle de l'esprit à travers la condition quotidienne. Elle poursuivait sans arrêt l'oeuvre d'incarnation.
Il n'y avait pas de caste de parfaits dans cette société catholique.
JEAN GUITTON, L'impur, les semences, peuple et prophétisme


Le christianisme a seul appris à l'homme a respecter la nature, à l'aimer véritablement, en faisant paraître le plan divin qui la soutient, l'éclaire et la sanctifie.
FREDERIC OZANAM

L'invention du christianisme, c'est l'infini. Au point de vue moral, il a apporté d'autres choses au monde; au point de vue philosophique, il a apporté cette idée-là.
EMILE FAGUET

Le Christianisme a été prêché par des ignorants et cru par des savants, et c'est en quoi il ne ressemble à rien de connu.
JOSEPH de MAISTRE

Le monde moderne est plein d'anciennes vertu chrétiennes devenues folles.
G. K. CHESTERTON

" Les civilisations de l'utile n'ont jamais rien laissé derrière elles, sinon les charniers et les décombres. "


Liaison ANCIEN TESTAMENT et NOUVEAU TESTAMENT..., pourquoi deux ?



La Nouvelle Alliance n'est plus fondée sur le respect réciproque des clauses fixées; elle est donnée par Dieu comme une grâce qui demeure en dépit de l'infidélité de l'homme.
JOSEPH RATZINGER, "la sainte Eglise catholique"

" Dieu a agi comme un sage instituteur, en proportionnant son enseignement à la maturité de son auditoire. "


L'extension de la REVELATION hors du monde juif



Ce serait une erreur mortelle de confondre la cause universelle de l'Eglise et la cause particulière d'une civilisation, de confondre latinisme et catholicisme ou occidentalisme et catholicisme.
Si notre culture est gréco-latine, notre religion ne l'est pas. Elle a assumé cette culture, elle ne s'y est pas subordonnée.
La vraie religion n'est que de Dieu.
Il n'y a qu'une Eglise, il peut y avoir des civilisations chrétiennes.
JACQUES MARITAIN

" N'oublions pas quand nous parlons à des gens d'autres continents que nous autres, Européens, avons été évangélisés par des Asiatiques, par des gens venus d'ailleurs, de l'Orient. "

L'universalité du message, le salut de tous : le caractère provisoire de l'élection d'un homme d'abord ( Abraham ), d'un peuple ensuite ( Israël ).
Le caractère définitif du "Allez et enseignez toutes les nations" Mt 28, 19.


CF aussi : 8 : ( Pourquoi une Révélation en un temps et en un lieu ).


La distinction du SPIRITUEL et du TEMPOREL ( César... )



Vingt siècles d'histoire ne l'attestent-ils pas ? L'équilibre est presque impossible à trouver. Tantôt l'Etat se fait persécuteur et tantôt, sur un secteur ou sur l'autre, les hommes d'Eglise usurpent les droits de l'Etat.
Aucune forme de séparation ni d'union n'est sans danger.
Depuis que le christianisme est venu distinguer les pouvoirs spirituels et temporels, jadis confondus, les rapports entre eux sont restés difficiles à établir, mauvais souvent, acceptables parfois et jamais parfaits.
A l'intérieur du même individu, le fidèle et le citoyen apparaissent divisés entre eux.
Le mal date de l'Evangile. C'est lui qui a distingué ce que nous appelons aujourd'hui le "temporel" et le "spirituel". C'est lui qui a fait de l'Eglise et de la Cité deux choses, dont ni les limites ni les intérêts ne se recouvrent.
Le christianisme a par cela même maintenu la dignité humaine.
HENRI de LUBAC, Méditation sur l'Eglise, l'Eglise au milieu du monde

Elevez vos écoliers à vénérer l'Eglise pour avoir si longtemps travaillé à empêcher le spirituel de choir dans le national.
Honorez-là, quels qu'aient été ses mobiles, quand, au concile de Trente, elle repousse l'emploi des langues nationales pour la messe, maintient le latin.
Honorez l'ordre des Jésuites quand, en pleine guerre de Trente ans, leur général commande à ses collègues : "Ne disons pas ma patrie. Cessons de parler un langage barbare."
Ne glorifiez pas le jour où la prière s'est nationalisée.
JULIEN BENDA, Discours à la nation européenne


Tolstoï conte qu'étant officier et voyant, lors d'une marche, un de ses collègues frapper un homme qui s'écartait du rang, il lui dit : " N'êtes-vous pas honteux de traiter ainsi un de vos semblables ? Vous n'avez donc pas lu l'Evangile ?"
A quoi l'autre répondit : " Vous n'avez donc pas lu les règlements militaires ?"
Cette réponse est celle que s'attirera toujours le spirituel qui veut régir le temporel; Elle me paraît fort sage. Ceux qui conduisent les hommes à la conquête des choses n'ont que faire de la justice et de la charité.


Critérium pour connaître l'action du clerc : s'il remplit son office, il est immédiatement honni par le laïc, dont il gêne l'intérêt ( Socrate, Jésus..), s'il est loué par des séculiers, on peut dire qu'il est traître à sa fonction.
JULIEN BENDA, la trahison des clercs


" L'homme se sait libre s'il peut poser des limites à César.
D'où la liberté religieuse est la mère de toutes les libertés. "

" Cette distinction est à la source de toutes les libertés, spirituelles et temporelles. "
Elle était aussi la condition indispensable au progrès des connaissances scientifiques.

" Un Etat athée est potentiellement totalitaire. " En dehors de l'insurrection du peuple, la seule garantie contre César, c'est que celui-ci sache qu'il aura des comptes à rendre.


Première DENONCIATION du "crime d'Etat"



Naturellement j'aimerais mieux jouir de la faveur impériale et me conformer à tes voeux, mais l'affaire ne le permet pas... Si le prêtre ne dit pas la vérité à celui qui s'enfonce dans l'erreur, celui-ci mourra dans son péché, et le prêtre portera la responsabilité de la punition...
Saint AMBROISE, à l'empereur Théodose, sur un ordre criminel de
celui-ci ( massacre de Salonique )

Théodose dût s'excuser publiquement ( acte hélas inimaginable de nos jours )

Les siècles d'avant l'an mille et le Moyen Âge fourmillent de situations où les pouvoirs temporels confrontés au pouvoir spirituel surent modérer leur brutalité, ou au moins s'en excuser.
Heureuses époques pendant lesquelles les peuples, les faibles, disposaient d'un protecteur et d'un recours.

La modernité laïque a balayé ce rempart.
Maintenant les puissants ne rendent de compte qu'à plus puissant et aussi amoral qu'eux ( à L'O.N.U. par exemple ).


Les invasions barbares et la SAUVEGARDE de la CIVILISATION

( les monastères... ).


Dans cette vue nous allons fonder une école où l'on apprenne à servir le Seigneur. Et nous espérons l'établir sans y rien instituer de pénible, rien d'accablant.
Règle de saint BENOÎT, du fondement des monastères

S'il se trouve dans le monastère des artisans qualifiés, qu'ils exercent leur métier en toute humilité... Que si l'un d'eux, infatué de son savoirfaire personnel, se prévaut des avantages qu'il s'imagine procurer au monastère, il sera, le prétentieux, relevé de son emploi...
Qu'on ne se laisse jamais envahir par la passion du lucre : on cédera plutôt la marchandise à meilleur compte que ne font les séculiers...
Règle de saint BENOÎT, des artisans du monastère

...Le rang qui revient à chacun selon la date d'entrée en religion, le mérite... L'abbé évitera de jeter le désordre dans le troupeau qui lui est confié... L'âge ne créera ni préséance ni préjugé favorable...
Les jeunes doivent de la déférence à leurs anciens; les anciens entoureront d'affection leurs cadets.
Règle de saint BENOÎT, du rang dans la communauté

Chaque fois qu'au monastère se présente une affaire importante à traiter, l'abbé convoquera la communauté tout entière... que tous les frères soient appelés à délibérer, car souvent Dieu inspire aux plus jeunes les meilleures suggestions...
Que les frères donnent leur avis en toute humilité, loin de se laisser emporter jusqu'à défendre leur opinion sans retenue...
Règle de saint BENOÎT, du conseil des frères

L'abbé véritablement digne de gouverner le monastère doit se souvenir sans cesse du titre qu'il porte et justifier par ses actes un nom qui le met à la tête de la communauté...
Ne jamais oublier qu'à celui auquel on a confié davantage, on redemande davantage...
Qu'il ne fasse point acception des personnes dans le monastère. Qu'aucun ne soit aimé de lui plus qu'un autre...
L'homme de naissance libre ne sera pas préféré à celui qui vient de la condition servile.
Celui-là sera établi ( abbé ) qui aura été élu dans la crainte de Dieu par le consentement général de toute la communauté...
Ce qui doit fonder le choix de l'élu, quand bien même il occuperait le dernier rang dans le monastère, c'est le mérite de la vie personnelle et l'art consommé de conduire les âmes...
Il lui importera plus de se dévouer que de dominer... et fera toujours prévaloir la miséricorde sur la justice... Qu'il ait plutôt l'ambition d'être aimé que redouté... Il haïra les vices, mais aimera les frères...
Obligé de reprendre, qu'il agisse avec mesure... de peur qu'à force de racler la rouille il ne brise le vase...
Règle de saint BENOÎT, quel doit être l'abbé



Tous les hôtes qui se présentent seront reçus comme le Christ en personne..
On aura souci d'entourer des plus grandes attentions les pauvres et les voyageurs... dans le cas des riches, la seule crainte de leur déplaire leur garantit assez de déférence.
Règle de saint BENOÎT, de la réception des hôtes

L'humanité faisait le mal mais honorait le bien. Cette contradiction était l'honneur de l'espèce et constituait la fissure par où pouvait se glisser la civilisation.
JULIEN BENDA, La trahison des clercs, les clercs, leur trahison

Les ordres contemplatifs sont les paratonnerres de la société.
J. K. HUYSMANS

Transformer le désert en clairière, passer de la nature à la culture, sortir de la sauvagerie pour s'initier à la vie sociale, unir ses forces à celles de ses semblables pour produire un certain bien-être, exorciser les démons et leurs suppôts... faire d'une horrible solitude un paisible jardin, poursuivre l'oeuvre du Créateur, ordonner un chaos, créer un cosmos villageois, et, là où vivaient les dragons, faire pousser, comme Isaïe, le roseau et le jonc...
MICHEL BUR, à propos de la philosophie de l'abbé Suger

Lors des invasions barbares à la fin de l'Empire romain ( IVème siècle et suivants ), ce sont les évêques qui ont dû protéger les populations, adoucir les moeurs des barbares.
Dans la tourmente et l'effondrement de toutes les structures il fallait bien que quelqu'un le fasse. Les évêques le firent.

Saint Rémi baptisant Clovis à la Noël 498. imagine-t-on ce que cela signifiait et signifia pour les populations ?

L'Eglise "Lumière des siècles noirs" ( les dévastations des normands à l'ouest et les invasions hongroises à l'est des IXème et Xème siècles ).

Ce sont les monastères qui par la suite, dans les siècles du haut Moyen Âge, ont maintenu des foyers de civilisation.
Sans les monastères il n'y aurait pas eu la Renaissance, ni les "lumières", ni le monde actuel. Tout ce que nous connaissons aurait été perdu.
Pour rallumer un feu encore faut-il qu'il reste quelque braise.


Lors des famines un monastère comme Cluny abritait et nourrissait, sur ses réserves des dizaines de milliers de personnes.
En 1018 l'abbaye de Cluny secourt dix-sept mille indigents.
Lors de la famine de 1006 l'abbé Odilon ira jusquà faire fondre le trésor de l'abbaye pour secourir les pauvres.


La longue fonction d'ASSISTANCE SOCIALE



Les Hôtels-Dieu.

Saint Vincent de Paul, sainte Louise de Marillac, saint François de Sales, sainte Jeanne de Chantal et tant d'autres, tant de filles de la charité...

Saint Vincent de Paul recueillant les enfants abandonnés de Paris ( jusqu'à 100 par jour ! ) et créant le réseau de nourrices qui fut la base plus tard de l'Assistance publique.

Au fond de l'Afrique, aujourd'hui encore, combien de non-croyants avouent, avec respect, avoir rencontré le dévouement des Pères blancs dans les villages les plus déshérités...

L'hospitalisation publique laïque a à peine deux siècles !
La "sécu" n'a que 48 ans !


CF aussi : 5A : ( La sauvegarde de la civilisation ).
8 : La charité.


La longue fonction d'EDUCATION



Si nous résolvons les problèmes de la foi par seule voie d'autorité, nous possèderons certes la vérité, mais dans une tête vide.
Saint THOMAS d'AQUIN

Introduire la raison, ce n'est pas mêler l'eau au vin pur de la parole de Dieu, c'est convertir l'eau en vin.
Saint THOMAS d'AQUIN, boutade en réponse à un contradicteur

...Nous devons nous méfier de tout ce qui nous prive du libre usage de la raison, car ce n'est pas ainsi que nous gagnerons la liberté de l'esprit.
Sainte THERESE d'AVILA

Saint Thomas réconcilie l'intelligence et le mystère au coeur de l'être, au coeur de l'existence. Et par là il délivre notre intelligence, il la rend à sa nature en la rendant à son objet.
JACQUES MARITAIN, à propos de saint Thomas d'Aquin

L'Université de Paris.

"Rome a le pape, L'empire ( successeur de l'empire romain ) est en Allemagne, Paris a l'Université".
Dicton du XIIIème siècle

Saint Jean Bosco plus près de nous.

Des siècles d'éducation dispensée à nos ancêtres.

Jules Ferry, lui, n'a guère plus d'un siècle !


CF aussi : 5A : ( Les "Lumières" ).



La fonction religieuse, psychologique et sociologique du PELERINAGE



Il a brassé des populations, leur a appris à se connaître, à partager, à oublier parfois, à s'enthousiasmer, à s'entraider, à faire effort.

Des millions de gens, probablement, sont allés à St Jacques de Compostelle durant tout le Moyen Âge et ensuite et encore de nos jours.

Il existait des milliers de pèlerinages locaux.

Que seraient devenues les masses et leurs élites s'il n'y avait pas eu cette fonction d'unification, de communication, de communion... ?
Comment se seraient édifiées, partagés, communiquées les talents des architectes, des artisans, des médecins... ?

On sait le goût, la pulsion même, de nos contemporains pour les manifestations à sensibilité commune ( congrès et manifestations... ).


L'art par l'ART RELIGIEUX et grâce à lui



Enlevez les cathédrales des villes, les sujets religieux des musées, l'inspiration religieuse de Bach, Beethoven, Mozart... Pascal, Bossuet, Hugo même...
Et regardez ce qui reste...


Les "LUMIERES"



L'échec d'une nouvelle innocence religieuse, d'une union de tous les bienpensants religieux sous le signe de la raison éclairée, de la maçonnerie ( à laquelle pourtant adhéraient jadis les plus grands esprits ), du libéralisme, qui cachait en lui les restes d'un christianisme évaporé : cet échec continuel d'une religion naturelle moderne apparaît comme le jugement du Dieu de Jésus-Christ sur le monde moderne qui le nie et le repousse.
H. URS Von BALTHASAR

L'Eglise n'a rien à craindre du temps. L'Evangile n'est pas dépassé.
Il n'a jamais été rejoint.
A partir du XVème siècle... l'homme se détache de la fascination de Dieu, et se tourne vers le monde : il va perdre un Père et se donner une Mère, la nature, "notre mère la nature".
ANDRE FROSSARD, Dieu en questions

Sans un St Thomas d'Aquin, sans l'Université de Paris, il n'y aurait pas eu un Descartes ( lequel était d'ailleurs un croyant sincère ).

Si l'Eglise avait voulu maintenir "l'obscurantisme" elle n'aurait pas éduqué si longtemps, elle n'aurait pas réintroduit la raison. Albert le Grand et Thomas d'Aquin n'auraient pas transmis la pensée d'Aristote en voie d'être perdue...

Il était bien "normal" ( humain ) que les adolescents "éclairés" des "lumières" se retournent contre leur mère, l'Eglise, pour la vilipender.
Tous les enfants et tous les parents sont passés par là. Simplement, les crises d'adolescence de l'humanité sont plus longues que celles des individus puisque nous y sommes encore.

C'est la fin certes, et c'est bien parce qu'ils sentent que c'est la fin d'une crise longue de six siècles, que les puissants intéressés au prolongement de la crise, se déchaînent contre l'Eglise.



CF aussi : 1D : Le sort d'un monde sans transcendance.
5A : ( La longue fonction d'éducation ).
5B : ( L'Evolutionnisme ).


La REVOLUTION française



L'ancien régime au moins n'avait pas commis cet abus d'être uniquement, inexpiablement le règne, le régime de l'argent. Des puissances spirituelles existaient encore, balançaient encore la puissance de l'argent.
CHARLES PEGUY

Saccages de St Denis, Cluny... , génocide vendéen, noyades de Carrier à Nantes, massacres de septembre 92, la Terreur...

La révolution française fut bien plus anti-chrétienne qu'elle ne fût anti-royauté et anti-noblesse, au moins à partir de 91.

C'est bien la suite logique de la crise d'adolescence évoquée précédemment.

Résultat interne : énormes transferts de propriété par confiscation ( 20% des terres ? ) et constitution de la bourgeoisie des profiteurs à laquelle allaient être abandonnés les pauvres sans protection pendant tout le XIXème siècle. Libéralisme sauvage de cette nouvelle bourgeoisie du "fric".

Résultat externe : les nationalismes et les guerres "nationales" des XIXème et XXème siècles, après les "boucheries" révolutionnaires et napoléoniennes.

Résultat "culturel" : La souillure, les vilenies et les mensonges répandus jusqu'à nos jours sur l'histoire et la réalité de l'Ancien Régime, du Moyen Âge et sur l'Eglise, fondement de la civilisation de ces époques.

Perte de racines du peuple français devenu ainsi "manipulable" à volonté, ainsi qu'il était souhaité.


L'ACTION CATHOLIQUE du XIXème



L'encyclique "Rerum Novarum" ( 1891, Léon XIII ).

Mgr Affre, F. Ozanam, Ch. de Montalembert, Lacordaire, F. de Lamennais, Joseph de Maistre, de Bonald...

Dés 1837 l'évêque de Lille exigeait le repos du dimanche.

Dés 1838 l'archevêque de Rouen réclamait l'intervention de l'Etat pour protéger les enfants.

La découverte du catholicisme social allemand par Albert de Mun et René de La Tour du Pin, prisonniers après la guerre de 1870, et la fondation des cercles d'ouvriers.

Ce furent les nobles catholiques qui à la campagne maintinrent leur fonction traditionnelle de protection des villageois ( coopératives, syndicalisme et crédit agricole, mutuelles... ).

C'est un industriel catholique de l'Est qui versa des retraites dès 1856 et construisit des logements pour son personnel.

Les mouvements tels que la JOC ( au XIXème siècle ), soit quand il ne s'agissait pas encore d'un mouvement dans lequel quelques privilégiés se donnent des frissons gratuits en chantant l'Internationale.
C'est-à-dire quand il s'agissait d'un mouvement d'ouvriers catholiques luttant pour le pain de leur famille et parfois au risque de leur vie.


CF aussi : 5B : ( L'Eglise dite au service des puissants ).


La LAÏCISATION et l'ANTICLERICALISME officiel d'Etat



Laissez une paroisse sans prêtre pendant cinquante ans, on y adorera des bêtes.
JEAN-MARIE VIANNEY, Saint CURE d'ARS

C'est de la sainte charité du Christ que le monde a peur, non de vous, ni de vos "idées". Il vous donnera volontiers tout ce que vous lui demandez de prestige...
La morale catholique est intacte, il n'y a guère plus de conscience catholique, il n'y a plus du tout d'opinion catholique.
L'Etat moderne est foncièrement antichrétien, il n'a été anticlérical que le temps qu'il a fallu pour obtenir, par ce chantage, votre neutralité bienveillante. Il ne peut lui déplaire que vous formiez des paroissiens étroitement encadrés...
GEORGES BERNANOS, Les enfants humiliés

Ils exaltent l'attachement au PRATIQUE, flétrissent l'amour du SPIRITUEL.
Jadis les chefs d'Etat pratiquaient le réalisme, mais ne l'honoraient pas.
Louis XI, Charles-Quint... pratiquaient le réalisme mais ne prétendaient pas que leurs actes fussent moraux. Ils ne déplacaient pas la morale de l'Evangile, et c'est pourquoi, malgré toutes leurs violences, ils n'ont troublé en rien la civilisation. La moralité était violée, mais les notions morales restaient intactes.
Un Richelieu, qui ne doit de compte qu'à son roi, peut ne parler que du pratique et laisser à d'autres les vues dans l'éternel.
Le gouvernant moderne, du fait qu'il s'adresse à des foules, est tenu d'être moraliste, de présenter ses actes comme liés à une morale, une métaphysique, une mystique...
JULIEN BENDA, La trahison des clercs, les clercs, leur trahison


La séparation de l'Eglise et de l'Etat ( 1895 - 1906 ) :

Elle était inévitable de la part de gouvernements dominés par la Franc-maçonnerie.
- Du point de vue de la religion catholique on peut dire qu'elle était souhaitable.
- L'esprit dans lequel elle fut menée, inspiré par un anticléricalisme sectaire borné et hargneux, n'était pas lui vraiment indispensable.

L'expulsion des congrégations, soit la fermeture des monastères et l'expulsion des religieux réguliers ( leur retour ne fut autorisé qu'après 1918 ).
Il faut d'ailleurs savoir qu'une fois de plus ce fut le peuple qui manifesta pour ses religieux lors des expulsions, que la bourgeoisie catholique sauf exception, se tint prudemment coite.
Il faut aussi savoir qu'en certains milieux où on a meilleure mémoire que chez les "cathos" on n'a pas oublié les "fruits" de la déchristianisation réussie grâce à ces expulsions.
Aussi faudrait-il être très attentif aux campagnes périodiques anti-monastiques, et ne pas négliger les intentions à long terme qu'elles dissimulent.

cf 5b : affaire dite de M. Paul Touvier initiée par Mgr Decourtray et l'évident amalgame envisageable avec les sectes quand cela s'avèrera à la fois possible et "rentable".


En 1917 essentiellement. Le pape redoutait le "suicide de l'Europe civilisée". Il s'efforca d'arrêter la boucherie.
Ses initiatives sont passées sous silence par l'Histoire "officielle".

Ces efforts furent bien accueillis par l'Autriche-Hongrie. Ils furent ignorés par l'Allemagne qui redoutait la défection d'un allié, ils furent repoussés par l'Angleterre, la France et les Etats-Unis dont un des buts de guerre réels était l'écrasement et le démantèlement du dernier Etat officiellement catholique en Europe ( l'Autriche-Hongrie, héritière du Saint Empire romain-germanique ).

Juste après la guerre de 1914 Benoît XV conseillait aux nations d'abandonner le service militaire obligatoire.
On se doute que ce ne sont pas les "Alliés" ( arrogants vainqueurs : le traité de Versailles sociologiquement à l'origine de la guerre de 39-40 ) qui risquaient de l'entendre.
On connaît la suite.



1993 Thesaurus - La GRÂCE : La disponibilité pour accueillir, recevoir