Vies de saints - MIRACLE DE LA FERTILITÉ DU CHAMP

MIRACLE DE LA FERTILITÉ DU CHAMP

Il y avait un paysan et sa femme. Tous deux disaient: "O saint de Dieu, nous avions une terre que nous ensemencions, et elle nous donnait le peu qu'il nous fallait. Voici que maintenant elle ne nous donne plus que la moitié. Notre situation en est devenue difficile." Le saint entreprit de fortifier leur foi en Dieu très-haut et en ses saints. Il se mit à prier le Seigneur pour eux, puis il les bénit et les renvoya en leur recommandant d'honorer Dieu en toutes leurs actions. L'année suivante, ils semèrent, et cette terre leur donna cinq fois plus qu'auparavant. Alors ils allèrent trouver le saint et lui annoncèrent ce que Dieu leur avait accordé par sa prière. Ils publièrent ce miracle et confessèrent la grandeur de ses merveilles. Quant à lui, il les exhorta et les fortifia dans la foi orthodoxe et les renvoya en paix.


LE PRETRE POSSÉDÉ

Il y avait un prêtre possédé d'un esprit mauvais et impur qui le tourmentait beaucoup. On le lui présenta. Il pria pour lui, et quarante jours après il le renvoya chez lui. Il avait été délivré du mauvais démon. À la nouvelle de cette guérison, beaucoup d'hommes possédés aussi par des esprits impurs vinrent trouver le saint et lui demandèrent de les guérir. Arrivés devant le saint, l'esprit immonde les agitait et criait: "Le serviteur de Dieu Nicolas me chasse de ma patrie!" Alors le bienheureux pria et fit sur eux le signe de la croix vivifiante. À l'instant ils furent guéris et s'en allèrent chez eux glorifiant Dieu.

Et aussi tout un groupe de gens possédés par un esprit démoniaque: ils entendirent parler de ce qui étaient arrivé à ceux-ci, virent donc trouver le saint et furent guéris par la vertu divine.


ÉLECTION À L'ÉPISCOPAT

Le Dieu Ami de l'homme voulut élever ce saint à la présidence de l'ordre sacerdotal pour qu'il soit le salut des hommes. Les puissances divines le lui manifesrèrent par une vision. Elles lui firent voir un trône de gloire et un vêtement d'honneur pour le sacerdoce suprême et lui ordonnèrent de s'asseoir à l'instant sur le trône. Il s'éveilla alors de son someil et réflechit à cette vision. Il en discerna le sens, mais il n'en avertit personne.

Lorsque l'évêque de cette ville eut atteinte un âge avancé, l'avis des évêques de ces régions fut unanime. Les autorités civiles vinrent les trouver et leur demandèrent d'établir un evêque sur le siège épiscopal. Ils s'assemblèrent et se mirent en prières. Ils demandèrent à Dieu de les conduire vers celui qui serait digne de présider en ce siège. Alors qu'ils priaient, l'ange du Seigneur apparut à l'un d'entre eux et lui dit: "Va à l'église, tiens-toi à la première porte, et la première personne qui entrera, c'est elle qui est digne de la présidence. Son nom est Nicolas." Quand l'évêque eut entendu cette parole, il l'annonça aux autres évêques et aux prêtres, puis il se rendit au lieu désigné par l'ange.

Le Seigneur incita saint Nicolas à se rendre à l'église. Quand il en foula le seuil, l'évêque le saisit et lui dit: "Mon fils, quel est ton nom?" Il lui répondit: "Nicolas, le pécheur, ton serviteur." À cette humble réponse, l'évêque pensa à la parole du livre: "Je ne regarde que le doux et l'humble de coeur." Il se réjouit et le conduisit aux évêques qui louèrent Dieu en le voyant.

La nouvelle se répandit partout et une grande foule en joie accourut de tous côtés. Ensuite les évêques le sacrèrent malgré ses réticences. Après beaucoup d'effort il monta sur le trône épiscopal et se livra aux occupations de sa fonction. Il s'adonna aux enseignements spirituels et au renforcement de la foi orthodoxe. Il ne se passa que peu de jours avant que sa renommée ne se répandit dans tous les villages de la région.


PERSÉCUTION

Mais le démon ne supporta pas la rectitude de ses voies, il suscita le roi Dioclétien et alluma en lui le feu de son égarement. Le César envoya à tous les gouverneurs l'ordre d'amener les fidèles à renoncer à leur foi en Jésus Christ, d'adorer les idoles, et de châtier quiconque n'obéirait pas.

L'ordre du châtiment fut promulgué, et le César impie l'envoya dans toutes les provinces qu'il tenait sous son autorité. L'ordre arriva à la ville de Myre, et l'on arrêta notre saint, car il était le responsable des affaires concernant les chrétiens. On le menaça de toutes sortes de châtiments, puis on le mit en prison avec un groupe de chrétiens. Il les exhortait, les enseignait, les fortifiait dans la vraie foi par les lettres qu'il envoyait ou par ses conversations avec ses visiteurs.


LE ROI CONSTANTIN

Peu après, le Seigneur Christ eut pitié de son serviteur. Il anéantit le royaume de rois impies Dioclétien et Maximien. La lumière de la foi resplendit. Une croix d'étoiles fut dessinée dans le ciel pour Constantin, fils de Constance, et ce fut lui qui régna sur le royaume des Grecs.

Il était rempli de sagesse et ne négligeait pas la cause de qui en appelait à lui. Il agit avec fermeté et anéantit tous ses adversaires. Il ordonna la destruction des temples des idoles, la libération des captifs emprisonnés pour leur foi en Christ,la construction de sanctuaires pour les saints. Il ramena chaque confesseur dans sa patrie, et ramena saint Nicolas à Myre.


DESTRUCTION DU TEMPLE D'ARTÉMIS

Et cet homme vénérable devint célèbre, connu non seulement des fidèles, mais même des impies. Le saint entreprit ensuite de parcourir le pays pour retrouver les vestiges des idoles muettes, les détruire, les anéantir, les écraser, et les incendier.

Parmi ces temples, il y avait en particulier celui d'Artémis, entouré de décorations somptueuses et orné de pierres précieuses. Il tomba sur le saint une inspiration du Seigneur Christ de ne pas le laisser subsister. Il partit accomplir ce que lui avait ordonné son inspiration. Il détruisit le temple impie et en arracha les fondations. Les démons s'enfuirent honteux devant ses prières.


LE CONCILE OECUMÉNIQUE DE NICÉE

Constantin gouvernait l'empire des Grecs, et ce saint gouvernait son troupeau à la perfection, extirpant toute opinion étrangère à la vérité. À cette époque apparut Arius le maudit. Il répandit ses croyances impies. Et lorsque le saint Alexandre, pape de la ville d'Alexandrie, l'excommunia, il alla trouver le roi Constantin et se plaignit à lui.

Le roi rassembla pour lui à Nicée le grand et saint Concile des trois cent dix-huit Pères qui confirmèrent la sainte foi. Ils jetèrent l'anathème sur Arius et le condamnèrent, lui et ses ouvrages sacrilèges. Ils expliquèrent que le Fils est coéternel et consubstantiel au Père.


ARIUS GIFLÉ PAR LE SAINT

Quand Nicolas, lors de ce grand Concile, entendit Arius proférer ses blasphèmes; il se leva indigné et gifla l'impie. Les autres évêques firent arrêter et emprisonner le saint, car selon les canons de l'Église, un clerc n'a pas le droit de gifler quelqu'un.

Pendant la nuit suivante, saint Nicolas reçu la visite du Christ et de sa sainte Mère. Sur la question du Christ, pourquoi Nicolas est-il emprisonné, celui-ci répondit: "C'est par amour pour Toi." Le Seigneur lui redonna donc l'évangile et la Toute Sainte l'omophore (insigne épiscopal), le remettant ainsi à sa place d'évêque.

La même nuit, les autres évêques du concile furent avertis en songe de libérer le saint, ce qu'ils firent sans tarder. Ainsi le Christ montra, quand il s'agit de la gloire de Dieu, que le respect humain est déplacé, comme Il l'avait montré déjà quand Il chassait les marchands du temple.


LE MIRACLE DU BLÉ

Quand le Concile fut terminé, il regagna son siège épiscopal. Quelques années après, une grande famine sévit dans le diocèse du saint. L'un des capitaines de navires faisait le commerce du blé. Le saint lui apparut pendant son sommeil. Il lui donna trois dinars et lui ordonna de venir à la ville de Myre et de vendre le blé à ses habitants. Il s'éveilla et trouva les trois dinars dans sa main. Il se dépêcha donc d'aller à Myre et il y vendit son blé. C'est ainsi que ses habitants furent sauvés de la famine. Ils attribuèrent leur salut au Seigneur miséricordieux et à la prière de son saint.


LIBÉRATION DES CONDAMNÉS À MORT

Un groupe d'habitants de la ville vint le trouver, criant, pleurant, disant: "Monseigneur, le prince a reçu un cadeau pour sévir contre certains d'entre nous, et il est décidé à les faire périr par l'épée. Ils sont innocents de ce dont on les accuse injustement." Il se leva en hâte, et les gens de la ville le suivirent. Il courut jusqu'en dehors de la ville, à l'endroit où l'on répand le sang. Il y trouva là une grande foule de gens, les mains liées, les yeux bandés. Le bourreau avait l'épée à la main et il était sur le point de leur couper la tête. Le saint arracha l'épée de sa main et la jeta. Il délia ces gens-là et les laissa aller, puis il se rendit chez le prince.


LIBÉRATION DES TROIS GÉNÉRAUX

Vers cette époque était arrivée de chez le roi Constantin une grande armée commandée par trois généraux. Ils parcouraient certaines régions dont il était parvenu à la connaissance du roi que ses habitants s'étaient révoltés contre lui. Il les avait envoyés pour apaiser leur colère et les ramener dans le droit chemin. Ils étaient entrés dans le port de Myre pour s'y procurer ce dont ils avaient besoin. Il arriva qu'ils furent témoins de l'intervention du saint alors qu'il sauvait ces gens de l'épée. Ensuite, ils reprirent leur route après avoir reçu sa bénédiction. À leur arrivée là où ils avaient l'intention d'aller, ils calmèrent ces populations révoltés et les ramenèrent dans le droit chemin. Puis ils les quittèrent après avoir réorganisé la ville de la meilleure façon.

À leur retour, le roi leur conféra les plus grandes dignités. Il les combla d'honneurs et multiplia pour eux dans son palais hommages et distinctions, car ils avaient été cause du retour de cette ville et de la pacification de sa population.

Des officiers du palais du roi furent pris de jalousie. La haine et la perfidie en arrivèrent au point qu'ils allèrent trouver le ministre, gouverneur du royaume et lui représentèrent qu'ils étaient conseillers du roi. Puis ils firent venir ces généraux et les dénoncèrent comme ennemis du roi, s'opposant à lui par la violence, complotant méchamment contre lui pour le tuer. Ensuite, ils promirent au ministre beaucoup d'or s'il hâtait de faire parvenir cette nouvelle au roi afin qu'il fasse périr ces hommes.

Lorsque le ministre eut entendu parler ces calomniateurs, il leur fixa un jour déterminé où ils apporteraient ce qu'ils avaient promis. Il pensait qu'il trouverait grand profit auprès du roi et que ce serait la grandeur de sa maison. Il entra donc chez le roi et lui dit: "Sache, ô roi, que Dieu, loué soit-Il, te fait gouverner le royaume dans la justice. Il t'a soumis tes ennemis, et la paix est répandue dans le pays des Grecs tout entier. C'est pour cela que l'ennemi du bien nous jalouse. Il a suscité ces gens-là que tu as appelé pacificateurs, que tu as honorés et préférés aux autres officiers de ton royaume, alors, qu'ils méditent un stratagème pour parvenir à leur fin tout en simulant la paix tandis qu'ils sont révoltés dans leur coeur. Ils n'ont pas fait la paix dans les pays de Phyrgie, mais ils les ont soulevés et révoltés plus encore, et ici ils tentent de détourner de ton obéissance un groupe d'autres personnes."

Lorsque le roi entendit ces paroles du ministre, son coeur en fut malade. Il ordonna qu'on arrêtât ces généraux et qu'on les mit en prison, comme si par là il se sauvait lui-même personnellement.

Une longue période se passa et l'on ne trouva aucune faute à leur encontre, et l'on pensa qu'au bout d'un si long emprisonnement ils seraient libérés. Mais leurs calomniateurs pervers se rendirent compte qu'il ne leur serait fait aucun mal ni aucune peine et qu'ils seraient sauvés. Ils se rendirent donc chez le ministre, lui apportèrent l'or qu'ils lui avaient promis et lui demandèrent de s'employer à leur perte et de ne rien négliger pour les faire périr.

Le ministre rappela au roi ce qu'il lui avait rapporté à leur sujet, et tout brûlant de colère il lui dit: "Tu as oublié ces gens qui ont comploté de se révolter contre ton autorité, et tu les as laissés en vie jusqu'à maintenant. Il m'est parvenu qu'ils regrettent l'occasion manquée et ce qu'ils n'ont pu mener à bien. Beaucoup d'habitants de la ville sont avec eux."

Le roi, quant à lui était très miséricordieux, mais en entendant parler son ministre, il s'imagina qu'il était sincère et donna l'ordre, sans autre examen, de décapiter les prisonniers dans la nuit. Le porteur de l'ordre royal alla trouver le bourreau de la prison: "Que les trois hommes soient mis à part à l'insu de leurs partisans ou de leurs compagnons. Puis tu les feras sortir de nuit, et tu leur trancheras la tête."

Pendant la durée de leur emprisonnement, l'amitié s'était établie entre eux et le geôlier. Lui, en entendant cette parole du messager du roi, sut qu'ils avaient été calomniés auprès du roi et que c'est pour cela qu'il avait ordonné de les tuer injustement. Il en eut grand peine et fut fort embarrassé d'avoir à leur annoncer cet ordre néfaste. Il leur dit: "Mes Seigneurs, faites attention pour que le salut ne vous fasse pas défaut. Prenez garde à vous, de peur que cette nuit la mort ne vienne à vous subitement. Si seulement je ne vous avais pas connus et je n'avais pas eu à vous apprendre cette nouvelle! Ainsi vous allez subir la mort par l'épée."

Quand ceux-ci entendirent ces paroles et qu'ils seraient tués comme des brigands sans avoir commis aucune faute, et que le roi n'avait pas même examiné leur procès, ils se mirent à pleurer, à sangloter, à déchirer leurs vêtements et à s'arracher les cheveux. Désespérant du salut, ils s'approchèrent de la porte du Dieu très-haut. Et tandis qu'ils suppliaient, invoquant la miséricorde de Dieu qui ne déçoit jamais celui qui à recours à Lui, il arriva que l'un d'entre eux se souvint du saint homme Nicolas, et comment il avait sauvé de la mort par l'épée ces innocents dans la ville de Myre. Ils appelèrent au secours avec insistance au nom de ce saint, vers le Dieu très-haut, pleurant et disant: "Saint de Dieu, Nicolas, bien que tu sois loin de nous, que notre demande soit proche de toi. Vite, sauve-nous de cette mort amère, car ton intercession est bienvenue auprès de Dieu. Tu vois, en esprit, que le temps presse et qu'il faut agir vite. Comme tu as entendu parler de la perte de ces trois hommes et tu les as sauvés, ainsi viens à notre secours et sauve-nous de la mort."

Ils multiplièrent leurs instances et leurs supplications au saint pour qu'ils les secoure et qu'il les sauve par son intervention et que le roi connaisse leur situation. Après avoir ainsi parlé, ils passèrent le reste de la nuit à penser à la manière dont se ferait leur salut.

Celui qui connait les coeurs et pénètre les pensées les écouta et leur envoya son secours. Saint Nicolas vint au roi, de nuit, pendant son sommeil et lui dit: "Lève-toi rapidement et libère les trois prisonniers et sauve-les de la mâle mort, car ce que l'on a rapporté à leur encontre est un mensonge. Éloigne-toi du sang innocent. Si tu m'obéis, tu t'en trouveras bien. Si tu me désobéis, tu t'exposes à une grande affliction, et tu apprendras alors que l'obéissance à Dieu est grandement louable, car c'est Lui qui m'a mis sur la route et m'a envoyé vers toi."

Quand le roi entendit cela, il dit: "Et qui es-tu, et comment es-tu entré ici?" Il dit: "Je suis Nicolas, évêque de Myre, qui est au pays de Lycie." Puis il disparut.

Le saint alla chez le ministre en cette même nuit et lui dit: "Esprit corrompu, lève-toi et relâche les trois généraux dont tu as voulu la mort à cause de ton amour de l'argent. Tu t'es perdu toi-même par la parole mensongère que tu as rapporté au roi. Et si tu contreviens à mon ordre, je demanderai à mon Seigneur Jésus Christ, le grand Roi, de faire de toi la pâture des vers et de livrer ta maison au pillage, en échange du sang innocent dont j'ai parlé."

Le ministre lui répondit: "Et qui es-tu?" Il lui répondit: Je suis Nicolas, évêque de Myre." Et il disparut sur le champ. Le ministre se réveilla et repassa en son esprit la vision. Alors qu'il réfléchissait, arriva un envoyé du roi qui lui fit part de ce que le roi avait vu. Le ministre lui raconta alors sa propre vision. Puis il se leva et se rendit auprès du roi. Ils se racontèrent mutuellement leur songe et s'étonnèrent beaucoup de ce qui était arrivé en une seule nuit. Alors le roi envoya tirer les généraux de la prison et les fit comparaître devant l'assemblée des notables et leur dit: "À quelle sorcellerie vous êtes-vous livrés? Vous nous avez envoyé des songes effrayants, terrifiants, qui nous menacent d'une lutte acharnée!

Ils lui répondirent: "Nous ne savons rien de ce qui nous est décrit là." Et ils se demandaient l'un à l'autre par signes si l'un d'eux avait fait quelque chose comme cela.

Quand le roi vit leur constance, il eut pitié d'eux et leur ordonna de répondre. Leurs yeux se remplirent de larmes, et ils lui répondirent en pleurant: "Nous ne connaissons rien à la magie, et nous n'avons jamais rien pensé de mal contre ta royauté, pas une seule mauvaise pensée, comme Dieu nous en est témoin. Examine donc la chose de façon décisive, et s'il t'apparaît qu'il en va autrement n'aie pas pitié de nous, mais inflige nous le châtiment suprême. Quant à nous, étant donné tant ce que nous avions conseillé au roi, nous nous attendions à chaque instant à recevoir vêtements d'honneur et récompenses.

En effet, lorsque t'est parvenue la nouvelle de l'affaire des gens de Phyrgie, tu nous as choisis parmi tous tes soldats et tu nous as confié le soin de résister à tes ennemis, bien que nous n'en fussions pas dignes. Nous avons obéi à tes ordres et fait preuve de zèle et de sagesse avec l'aide de Dieu, tous nos compagnons en sont témoins. Lorsque Dieu nous eut aidés à obtenir ce que tu voulais, nous sommes revenus en ta présence, tu nous as pris à ton service et tu nous as montré tes faveurs, et à cause de cela un certain nombre de gens nous ont enviés. Maintenant, nous espérons la miséricorde du Dieu très-haut, et la clémence.

Alors l'âme du roi acquiesça à leur parole. Il craignit pour lui-même la réalisation de la vision qu'il avait eue. Il les regarda avec aménité et leur parla avec douceur, et leur âmes reprirent vie. Ils exposèrent leur affaire et crièrent à voix forte: "O notre Seigneur, Dieu de ton serviteur Nicolas qui a sauvé trois hommes proches de la mort, sauve-nous, nous aussi, de la mort."

Lorsque le roi entendit cette parole, il leur dit: "Qui est ce Nicolas?" Alors ils lui firent connaître la vie de ce saint, ses vertus, son aspect extérieur, et comment il avait sauvé ces trois hommes de la mort, et comment, eux aussi, quand ils désespéraient d'eux-mêmes, cette nuit-là, avaient imploré l'aide de Dieu, et supplié ce saint. En entendant leurs paroles, le roi se souvint du saint et il le reconnut, car la vision qu'il avait eue se renouvela en son coeur. Alors il leur pardonna, leur fit grâce et leur dit: "Ce n'est pas moi qui vous accorde la vie sauve, mais celui que vous avez imploré, car il ne nous a pas laissés dormir à cause de vous. Allez le trouver maintenant et remerciez-le pour nous et pour vous, et dites-lui que nous avons exécuté son ordre. Qu'il ne nous menace plus maintenant que de sa prière."

Après ces paroles, il leur remit un évangéliaire en or, un plateau en or incrusté de pierres précieuses et deux chandeliers en or. Il leur ordonna de porter cela à l'église de saint Nicolas de Myre. Ils le prirent et partirent sur le champ trouver le saint.

Lorsqu'ils furent arrivés auprès de lui, ils adorèrent Dieu, le remerciant de sa miséricorde et louant le saint pour ce qu'il leur avait fait. Ensuite ils lui offrirent l'évangéliaire, les chandeliers et le plateau que le roi avait envoyés avec eux, et la renommée de ce miracle se répandit dans tout le pays, et celle du saint dans le monde entier.


LE SAINT AU GOUVERNAIL

Il arriva un jour à certains commerçants une grande tribulation du fait des terreurs de la mer et de la violence du vent, au point qu'ils étaient près de faire naufrage et de périr. L'un d'eux avait entendu parler du saint et l'appela à l'aide, et ses compagnons s'associèrent à l'invocation de son nom. Aussitôt il leur apparut sur le navire et leur dit: "N'ayez pas peur, je suis venu vous aider." Et il se mit à les encourager. C'était comme s'il marchait avec eux à côté du bateau, les aidant à la manoeuvre des cordages et des avirons. Sur ces entrefaites, les vents s'apaisèrent et tombèrent et ainsi furent-ils sauvés de ces calamités qui les encerclaient. Ils arrivèrent au port sains et saufs par la miséricorde de Dieu. Ils débarquèrent et s'enquérirent du lieu où se trouvait le saint. On les conduisit vers lui et ils le trouvèrent au milieu des prêtres. Ils lui racontèrent ce qui leur était arrivé, et lui demandèrent sa bénédiction.

Quant à lui, il les exhorta et leur fit connaître que cet accident leur était arrivé à cause de leurs péchés. Qu'ils fassent pénitence, autrement il ne viendrait plus à leur aide en aucune circonstance. Il leur demanda d'être purs de l'adultère mortel. Eux, confessèrent leurs péchés et s'engagèrent à ne plus revenir à leurs fautes passées.


DIVERS MIRACLES

Un jour que le saint était en prière, notre Souveraine la Mère de Dieu lui apparut. Elle lui fit voir un emplacement et lui ordonna de construire là une église. Le saint acheta le terrain à ses propriétaires et il y construisit une grande église.

L'un des maçons avait un fils atteint d'un ulcère dont il souffrait beaucoup. Saint Nicolas le guérit et chassa le démon qui le tourmentait. On lui amena aussi deux femmes malades et il les guérit. Et aussi beaucoup d'hommes malades et possédés. Il les sauva des tourments des démons et les guérit. Il accorda des enfants à beaucoup de femmes stériles. Ce saint était médecin des corps et des âmes, soulageant toute douleur. Il eut une longue et sainte vieillesse.


SA DORMITION

Il fut frappé d'une courte maladie. Pendant ce temps il ne cessa de rendre à Dieu louange et action de grâces. Il guérit beaucoup de malades et de possédés, par ses prières, alors qu'il était lui-même dans l'état de malade. Lorsque son départ devint imminent, les anges s'approchèrent de lui. En voyant les anges venus pour prendre son âme pure, il se signa ainsi que tout son corps du signe de la croix, puis il récita le psaume trente: "Sur Toi je me suis appuyé, Seigneur, sur moi pas de honte à jamais." Et en louant le Seigneur et en rendant gloire, il remit son esprit entre les mains du Seigneur, le sixième jour du mois de décembre et il passa à la vie éternelle et bienheureuse.

Son âme eut en héritage les tabernacles éternels dans la Jérusalem céleste où se trouve le joie que l'on ne peut décrire, le bonheur et la possession éternelle qui ne cesse pas et qui n'a pas de fin. Et ce saint bienheureux devint un continuel intercesseur pour tous ceux qui se tournent vers lui.


L'AMPOULE DIABOLIQUE

Voici quelques miracles manifestés par saint Nicolas après ses funérailles.

On dit que des gens d'un pays lointain voulurent visiter le tombeau de saint Nicolas pour recevoir la bénédiction de cette tombe bénite, généreuse, efficace pour tous les maux. Ils s'embarquèrent donc sur un bateau. Au moment de partir, Satan vint à eux sous la forme d'une femme. Elle leur donna une ampoule en leur faisant croire qu'elle était pleine d'huile, et elle leur dit: "Je vous demande de prendre cette ampoule avec vous, et quand vous serez arrivés à la tombe du saint, vous en allumerez les lampes à ma place."

C'était une mauvaise ruse de la part du démon. Ils prirent donc l'ampoule et mirent à la voile. La deuxième nuit du voyage, saint Nicolas apparut à l'un d'entre eux et lui dit: "Quand il fera jour, tu te lèveras et tu jetteras au fond de la mer l'ampoule suspecte et diabolique que vous avez avec vous." L'homme se leva de bon matin et en informa ses compagnons. Ils le crurent et jetèrent l'ampoule dans la mer, comme le saint le leur avait ordonné

Quand elle tomba dans la mer, il s'en éleva dans l'air une flamme de feu et une fumée puante, et l'écume de la mer jaillissait comme des étincelles enflammées. Tous les passagers du bateau eurent peur. Dans leur préoccupation à considérer ce phénomène, le bateau manqua de sombrer, mais l'aide de Dieu les secourut, par l'intercession de ce saint. Alors ils surent que cette ampoule était pleine d'un maléfice de démon, et qu'il avait projeté de l'envoyer à l'église du saint. Ils se réjouirent d'avoir été sauvés, et louèrent le saint qui les avait bien dirigés dans cette affaire, avant d'arriver à l'église à laquelle était destinée cette ampoule.


L'ICONE PROTECTRICE

Il y avait un homme agréable à Dieu depuis sa jeunesse. Il avait une grande confiance en saint Nicolas, ne cessant de demander son intercession. Il fit en son nom une icône précieuse qu'il portait avec lui partout où il allait, pour qu'elle le protège. Il arriva qu'il partit en voyage sur mer. Un grand vent s'abattit sur la mer, et quand ils furent près de la terre, ils ne pouvaient plus se diriger à cause de la violence des vents. Quelques uns d'entre eux montèrent dans le canot, dans l'intention d'atteindre le monastère, et parmi eux se trouvait cet homme. Mais la barque ne supporta pas la violence des vagues et s'enfonça avec eux au fond de la mer.

Mais notre homme n'appela à l'aide que par deux mots: "Saint de Dieu, Nicolas, au secours!" Tout de suite apparut saint Nicolas. Il le couvrit de son omophore et le rejeta au rivage sain et sauf. Il raconta à tout le monde ce que le saint avait fait pour lui, la promptitude avec laquelle il avait répondu et comment il l'avait sauvé de la noyade quand il l' avait appelé à son secours.


LE SAUVETAGE DU PRETRE

Un prêtre avait l'habitude de venir tous les ans au tombeau du saint pour en recevoir la bénédiction, et prendre un peu de la corde qui en pendait, comme un objet béni qu'il emmenait chez lui pour le protéger, lui et sa famille.

Un jour survint un groupe de barbares. Ils envahirent le village où habitait le prêtre. Ils prirent les habitants et les firent tous prisonniers, et ce prêtre avec eux. Lorsqu'ils les eurent conduits dans leur ville, ils les séparèrent en trois groupes. L'un devait être décapité, l'autre fouetté dans la prison, et le troisième vendu. Le prêtre faisait partie de ceux qui devaient être décapités. On les conduisit au lieu du supplice. Le prêtre était avec eux. Il vit comment il devait être frappé et eut grand peur, ne trouvant aucun moyen de salut.

Il implora l'aide de saint Nicolas, et tout de suite il le vit debout, à côté de lui, avec l'apparence qu'il avait sur l'icône. Il l'encourageait et fortifiait son coeur, et lui, saisi de stupeur ne pouvait parler. Il demandait au saint par signes de lui venir en aide. Celui-ci l'encourageait et lui faisait signe qu'il serait sauvé.

Quand le bourreau fut arrivé au prêtre, il lui ordonna de baisser la tête. Il la baissa en tournant les yeux vers le saint. Ensuite le bourreau leva son épée pour l'abattre sur la nuque du prêtre, mais l'épée lui sauta des mains, à une grande distance. Il demeura stupéfait et prétendit que le prêtre était un sorcier. Celui-ci lui jura qu'il ne connaissait rien à la sorcellerie, ni à rien qui lui ressemblât, mais qu'il avait demandé l'intervention de Dieu par l'intercession d'un saint nommé Nicolas. Le saint était tout près du prêtre, mais le bourreau ne l'avait pas vu à cause de son indignité. Lorsqu'il entendit mentionner le saint, il le reconnut à cause de tout ce qu'il avait entendu dire de lui, aussi laissa-t-il le prêtre et les quatre autres prisonniers qui restaient avec lui. Il les fit sortir de ce lieu et les conduisit au pays des Grecs, saisi de crainte à l'intervention de saint Nicolas.


LE VOEU RETARDÉ

Il y avait un soldat dont le nom était Pierre. IL avait dans l'armée un grade élevé et avait fait voeu de devenir moine, mais il tardait à accomplir son voeu. Il arriva qu'il fut détaché du gros de l'armée et envoyé faire la guerre en Syrie.

Les ennemis furent les plus forts, ils firent des prisonniers et lui avec eux. On les envoya dans la ville de Samara. Il fut traduit devant le chef de guerre et enchaîné. Celui-ci venait le visiter chaque jour. Il se mit à réfléchir en lui-même et à rejeter la faute sur sa propre personne en disant: "J'ai promis à Dieu de devenir moine et je n'ai pas accompli ma promesse." Il en conçut beaucoup de chagrin et fut accablé d'une grande tristesse.

Pourtant il supportait ce qui lui arrivait avec action de grâces. Au bout d'un longtemps, il se souvint de saint Nicolas et de ses miracles. Il dit: "Je sais bien, ô saint de Dieu, que je ne suis pas digne d'être délivré, car souvent j'ai fait à Dieu des promesses sans les accomplir. Mais maintenant, sois toi-même mon intermédiaire et ma caution auprès de Dieu. Peut-être serai-je sauvé par tes prières. Alors je ne recommencerai pas à m'accrocher aux affaires de ce monde, mais j'irai à Rome et je deviendrai moine en l'église de saint Pierre, le prince des apôtres, et je m'efforcerai de plaire à Dieu de tout mon pouvoir."

Il se mit à répéter cette parole en lui-même, puis il passa sept jours dans le jeûne, la prière et la supplication, sans manger. À la fin de la semaine, le saint lui apparut et lui dit: "J'ai entendu ta demande et j'ai prié Dieu pour toi. Mais de même que tu as tardé dans l'accomplissement de ton voeu, Lui aussi tarde à t'exaucer. Mais Il a dit, "demandez et l'on vous donnera," aussi ne te lasse pas de demander, et Lui, dans sa miséricorde fait ce qui nous convient." Puis il lui ordonna de prendre de la nourriture. L'homme retourna ensuite à sa supplication à Dieu par le jeûne et la prière, et le saint lui apparut de nouveau et lui fit savoir qu'il intercédait beaucoup pour lui.

Il lui dit: "Crois-moi, je ne cesse d'implorer Dieu pour toi. Mais Lui tarde afin de nous faire gagner la vertu de patience, car lorsque nous obtenons rapidement ce que nous demandons, nous nous lassons. Mais moi, je vais te faire connaître un autre intercesseur."

L'homme lui dit: "Qui a auprès de Dieu meilleure place que toi?" Saint Nicolas répondit: "Choisis le prêtre Siméon qui a porté le Seigneur dans ses bras. Car il a grande puissance, et il se tient devant le trône du Seigneur avec Jean le Baptiste et notre Souveraine, la Mère de Dieu." Puis le saint se retira.

L'homme se réveilla et redoubla de jeûnes et de prières continuelles, en demandant l'intercession de saint Nicolas et du juste Siméon. Et remarquez, mes bien-aimés, la bonté du saint qui ne se contente pas d'implorer à lui tout seul pour celui qui s'est tourné vers lui, mais qui a pris avec lui le prêtre Siméon.

Après cela, il lui apparut trois fois, et avec lui le juste Siméon. Il lui dit: "Aie confiance, mon frère, et redouble de prières envers Siméon, mon associé dans l'intercession pour toi." Et l'homme leva son regard envers Siméon, et son corps tressaillit de crainte. Siméon était appuyé sur un bâton en or, et revêtu du vêtement sacerdotal. Il lui dit: "C'est toi qui as fatigué mon frère Nicolas, et qui l'a obligé à une demande incessante à propos de ton salut?" Il lui dit: "Oui, ô saint de Dieu." Siméon reprit: "As-tu persévéré dans ton voeu de devenir moine et de marcher dans le chemin de la vertu?" Il répondit: "Oui!" Alors,le saint lui dit: "Si tu fais cela, alors, sors, personne ne t'en empêche!" L'homme commença à lui montrer ses chaînes. Saint Siméon étendit son bâton, et elles fondirent à l'instant.

L'homme sortit tout de suite de la prison. Quand il se trouva hors de la ville, il pensa qu'il voyait un songe. C'est alors que saint Nicolas dit à Siméon le juste: "C'est par toi que s'est accomplit ce miracle." Puis Siméon le juste lui confia l'affaire de cet homme et il disparut. Saint Nicolas demeura avec l'homme, lui donnant des conseils et lui dit: "Entre dans l'un de ces jardins, prends-y des fruits, fais en provision, te voici libéré de ta captivité. Fais ce que tu as promis à Dieu, sinon tu reviendras captif au pays de Samara." Alors il le conduisit au pays des Grecs, et il se retira.

L'homme s'en alla en se dirigeant vers Rome, mais il n'entra pas chez lui de crainte de prendre du retard. Le saint apparut en songe au pape de Rome en tenant la main de l'homme. Il le lui présenta et le lui fit connaître. Il lui décrivit comment il l'avait sauvé de la captivité dans la ville de Samara. Il lui fit connaître tout ce qui le concernait et qu'il avait fait voeu de devenir moine dans l'église de Pierre le prince des apôtres, et que son nom était Pierre. Alors le pape s'éveilla. Il se rendit à l'église du prince des apôtres et considéra avec attention le visage des gens. Peut-être verrait-il la personne qui lui avait été montrée en vision pendant son sommeil. Voici qu'il était là. Il le fit venir près de lui pour l'entendre parler et lui dit: "Tu es Pierre qui est arrivé cette nuit. Saint Nicolas t'a délivré de la ville de Samara." Il lui répondit: "Oui, Monseigneur!" tout étonné. Le pape lui dit: "Ne sois pas surpris, frère, si je t'ai appelé par ton nom. Sache que saint Nicolas est venu à moi cette nuit et m'a mis au courant de tout ce qui te concerne. Il m'a fait connaître ton nom, ta personne, et que tu es venu pour devenir moine."

Il le tonsura, le bénit, et le fit moine. Et l'homme suivit dans la vie monastique une voie agréable à Dieu le restant des jours de sa vie.



Vies de saints - MIRACLE DE LA FERTILITÉ DU CHAMP