1994-2001 Lettres du Jeudi Saint - JEUDI SAINT 1997


JEUDI SAINT 1999




LETTRE DU PAPE


JEAN-PAUL II


AUX PRETRES


POUR LE JEUDI SAINT 1999


«Abba, Père!»

Chers Frères dans le sacerdoce, mon rendez vous avec vous pour le Jeudi saint, en cette année qui précède et prépare immédiatement le grand Jubilé de l'An 2000, se place sous le signe de cette invocation, dans laquelle résonnent, selon les exégètes, l'ipsissima vox Iesu. Dans cette invocation se trouve contenu l'insondable mystère du Verbe incarné, envoyé du Père dans le monde pour le salut de l'humanité.

La mission du Fils de Dieu parvient à son achèvement lorsque, en s'offrant lui-même, il réalise notre adoption filiale et que, par le don de l'Esprit Saint, il rend possible pour tout être humain la participation à la communion trinitaire. Dans le mystère pascal, Dieu le Père, par le Fils dans l'Esprit Paraclet, s'est penché sur chaque homme, lui offrant la possibilité d'être racheté du péché et libéré de la mort.

1. Durant la célébration eucharistique, nous concluons la collecte par les mots: «Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur et notre Dieu, qui règne avec toi et le Saint Esprit, maintenant et pour les siècles des siècles». Il règne avec toi, Père! On peut dire que cette conclusion a un caractère ascendant: par le Christ, dans l'Esprit Saint, vers le Père. Tel est aussi le schéma théologique qui sous-tend la thématique des trois années 1997-1999: d'abord l'année du Fils, puis l'année de l'Esprit Saint, et maintenant l'année du Père.

Ce mouvement ascendant s'enracine, pour ainsi dire, dans le mouvement descendant décrit par l'Apôtre Paul dans la lettre aux Galates. C'est un passage que nous avons médité avec une intensité particulière dans la liturgie du temps de Noël: «Quand vint la plénitude du temps, Dieu envoya son Fils, né d'une femme, né sujet de la Loi, afin de racheter les sujets de la Loi, afin de nous conférer l'adoption filiale» (Ga 4,4-5).

Nous trouvons exprimé ici le mouvement descendant: Dieu le Père envoie son Fils pour faire de nous, en lui, ses fils adoptifs. Dans le mystère pascal, Jésus réalise le dessein du Père en donnant sa vie pour nous. Le Père envoie alors l'Esprit de son Fils pour nous éclairer sur ce privilège extraordinaire: «Et la preuve que vous êtes des fils, c'est que Dieu a envoyé dans nos coeurs l'Esprit de son Fils qui crie: Abba, Père! Aussi n'es-tu plus esclave mais fils; fils, et donc héritier de par Dieu» (Ga 4,6-7).

Comment ne pas noter la singularité de ce qu'écrit l'Apôtre? Il affirme que c'est l'Esprit lui-même qui crie Abba, Père! En réalité, c'est le Fils de Dieu qui, dans le mystère de l'incarnation et de la rédemption, a été le témoin historique de la paternité de Dieu: c'est lui qui nous a appris à nous adresser à Dieu en l'appelant «Père». Lui-même l'appelait «mon Père», et il nous a appris à le prier avec le nom très doux de «notre Père». Saint Paul nous dit cependant que, d'une certaine manière, c'est sous la conduite intérieure de l'Esprit Saint que l'enseigne-ment du Fils doit être rendu vivant dans l'âme de celui qui l'écoute. C'est seulement par son action, en effet, que nous sommes capables d'adorer Dieu en vérité en lui disant «Abba, Père».

2. Je vous écris ces paroles, chers Frères dans le sacerdoce, dans la perspective du Jeudi saint, en pensant que vous êtes rassemblés autour de vos Évêques pour la messe chrismale. Il me tient beaucoup à coeur que, dans la communion au sein de votre presbyterium, vous vous sentiez unis à toute l'Église, qui vit l'année du Père, une année qui annonce la fin du vingtième siècle et, en même temps, du deuxième millénaire chrétien.

Dans cette perspective, comment ne pas rendre grâce à Dieu à la pensée des innombrables prêtres qui, au cours de cette longue période, ont consacré leur existence au service de l'Évangile, allant parfois jusqu'au sacrifice suprême de leur vie? Alors que, dans l'esprit du prochain Jubilé, nous confessons les limites et les manquements des générations chrétiennes passées, et donc aussi des prêtres qui en ont fait partie, nous reconnaissons avec joie que, dans l'inestimable service rendu par l'Église au cheminement de l'humanité, une part importante est due au travail humble et fidèle de nombreux ministres du Christ qui, au cours du millénaire, ont oeuvré en artisans généreux de la civilisation de l'amour.

Les grandes dimensions du temps! Si le temps est toujours un éloignement du commencement, à bien y penser il est simultanément un retour au commencement. Et cela est d'une importance fondamentale: en effet, si le temps était seulement un éloignement du commencement et si son orientation finale n'était pas claire - précisément le retour au commencement - , toute notre existence dans le temps serait privée d'une direction définitive. Elle serait privée de sens.

Le Christ, «l'Alpha et l'Oméga, [...] Celui qui est, qui était et qui vient» (Ap 1,8), a conféré une direction et un sens au passage de l'homme dans le temps. Il a dit en parlant de lui-même: «Je suis sorti d'auprès du Père et venu dans le monde. À présent je quitte le monde et je vais vers le Père» (Jn 16,28). Et ainsi notre passage est pénétré par l'événement du Christ. C'est avec lui que nous passons, allant dans la même direction que lui: vers le Père.

Cela devient encore plus évident durant le Triduum pascal, les jours saints par excellence au cours desquels nous participons, dans le mystère, au retour du Christ vers le Père à travers sa passion, sa mort et sa résurrection. La foi nous assure, en effet, que ce passage du Christ vers le Père, c'est-à-dire sa Pâque, n'est pas un événement qui ne concerne que lui. Nous sommes appelés, nous aussi, à y prendre part. Sa Pâque est notre Pâque.

Ainsi donc, avec le Christ, nous cheminons vers le Père. Nous le faisons à travers le mystère pascal, en revivant les heures cruciales durant lesquelles, alors qu'il mourait sur la Croix, il s'exclama: «Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné?» (Mc 15,34), puis il ajouta: «C'est achevé!» (Jn 19,30), «Père, en tes mains je remets mon esprit» (Lc 23,46). Ces expressions évangéliques sont familières à tout chrétien, et particulièrement à tout prêtre. Elles rendent témoignage à notre vie et à notre mort. Au terme de chaque journée, nous redisons dans la Liturgie des Heures: «In manus tuas, Domine, commendo spiritum meum», pour nous préparer au grand mystère du passage, de la pâque existentielle, quand le Christ, en vertu de sa mort et de sa résurrection, nous accueillera avec lui pour nous remettre entre les mains du Père céleste.

3. «Je te bénis, Père, Seigneur du ciel et de la terre, d'avoir caché cela aux sages et aux intelligents et de l'avoir révélé aux tout-petits. Oui, Père, car tel a été ton bon plaisir. Tout m'a été remis par mon Père, et nul ne connaît le Fils si ce n'est le Père, et nul ne connaît le Père si ce n'est le Fils, et celui à qui le Fils veut bien le révéler» (Mt 11,25-27). Oui, seul le Fils connaît le Père. Lui qui «est dans le sein du Père» - comme l'écrit saint Jean dans son Évangile (1,18) - a rendu ce Père proche de nous, il nous a parlé de lui, nous a révélé son visage, son coeur. Au cours de la dernière Cène, à la demande de l'Apôtre Philippe «Montre-nous le Père» (Jn 14,8), le Christ répond: «Voilà si longtemps que je suis avec vous, et tu ne me connais pas, Philippe? [...] Ne crois-tu pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi?» (Jn 14,9-10). Par ces paroles, Jésus rend témoignage au mystère trinitaire de son éternelle génération comme Fils du Père, mystère qui constitue le secret le plus profond de sa Personnalité divine.

L'Évangile est une révélation continuelle du Père. Quand, à l'âge de douze ans, Jésus est retrouvé par Joseph et Marie dans le Temple parmi les docteurs, aux paroles de sa Mère «Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela?» (Lc 2,48), il répond en se référant à son Père: «Ne saviez-vous pas que je dois être dans la maison de mon Père?» (Lc 2,49). Il a à peine douze ans, et il possède déjà une conscience lucide de la signification de sa vie, du sens de sa mission, toute consacrée de la première à la dernière heure «à la maison de son Père». Cette conscience atteint son sommet au Calvaire, dans le sacrifice de la Croix, accepté par le Christ en esprit d'obéissance et de dévouement filial: «Mon Père, s'il est possible, que cette coupe passe loin de moi! Cependant, non pas comme je veux, mais comme tu veux. [...] Que ta volonté soit faite!» (Mt 26,39 Mt 42). Et le Père, à son tour, accueille le sacrifice de son Fils, car il a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, afin que l'homme ne meure pas, mais ait la vie éternelle (cf. Jn 3,16). Oui, seul le Fils connaît le Père et c'est pourquoi lui seul peut nous le révéler.

4. «Per ipsum, et cum ipso, et in ipso...». «Par lui, avec lui et en lui, à toi, Dieu le Père tout-puissant, dans l'unité du Saint-Esprit, tout honneur et toute gloire pour les siècles des siècles».

Unis spirituellement et rassemblés visiblement dans les églises cathédrales en ce jour particulier, nous rendons grâce à Dieu pour le don du sacerdoce. Nous rendons grâce pour le don de l'Eucharistie, que nous célébrons comme prêtres. La doxologie par laquelle se conclut le Canon revêt une importance fondamentale dans toute célébration eucharistique. Elle exprime, en un certain sens, le couronnement du Mysterium fidei, du noyau central du sacrifice eucharistique, qui se réalise au moment où, par la puissance de l'Esprit Saint, nous opérons la conversion du pain et du vin en Corps et Sang du Christ, comme il le fit lui-même pour la première fois au Cénacle. Quand la grande prière eucharistique parvient à son sommet, c'est précisément à ce moment-là que l'Église, en la personne du ministre ordonné, adresse au Père ces paroles: «Par lui, avec lui et en lui, à toi, Dieu le Père tout puissant, dans l'unité du Saint-Esprit, tout honneur et toute gloire». Sacrificium laudis!

5. Après que l'assemblée a répondu «Amen» par une acclamation solennelle, le célébrant entonne le «Notre Père», la prière du Seigneur. Ce qui se passe en cet instant est très significatif. L'Évangile rapporte que les Apôtres, frappés par le recueillement du Maître s'entretenant avec son Père, lui demandèrent: «Seigneur, apprends-nous à prier» (Lc 11,1). Alors, pour la première fois, il prononça les paroles qui devaient devenir par la suite la prière principale, et la plus fréquente, de l'Église et de tous les chrétiens, le «Notre Père». Lorsque, au cours de la célébration eucharistique, en tant qu'assemblée eucharistique, nous faisons nôtres ces paroles, elles acquièrent une importance particulière. C'est comme si, en cet instant, nous confessions que le Christ nous a enseigné définitivement et pleinement sa prière au Père quand il l'a illustrée par le sacrifice de la Croix.

Le «Notre Père», récité par l'Église, prend tout son sens dans le cadre du sacrifice eucharistique. Chacune des invocations qu'il contient reçoit une lumière spéciale de vérité. Sur la Croix, le nom du Père est «sanctifié» au plus haut degré et son Règne est réalisé d'une manière irrévocable; dans le «consummatum est», sa volonté s'accomplit définitivement. Et n'est-il pas vrai que la demande «Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons aussi...» est pleinement confirmée par les paroles du Crucifié: «Père, pardonne-leur: ils ne savent pas ce qu'ils font» (Lc 23,34)? La demande relative au pain de chaque jour devient plus parlante que jamais dans la Communion eucharistique lorsque, sous l'espèce du «pain partagé», nous recevons le Corps du Christ. Et la supplique «Ne nous soumets pas à la tentation, mais délivre-nous du mal» n'atteint-elle pas son efficacité la plus grande au moment où l'Église offre au Père le prix suprême de la rédemption et de la libération du mal?

6. Dans l'Eucharistie, le prêtre s'approche personnellement du mystère inépuisable du Christ et de sa prière au Père. Il peut s'immerger chaque jour dans ce mystère de rédemption et de grâce en célébrant la sainte Messe, qui conserve son sens et sa valeur même lorsque, pour un juste motif, elle est offerte sans la participation du peuple, mais toujours, en définitive, pour le peuple et pour le monde entier. Précisément en raison de ce lien indissoluble avec le sacerdoce du Christ, le prêtre est le maître de la prière, et les fidèles peuvent légitimement lui adresser la même demande que celle que les disciples firent un jour à Jésus: «Apprends-nous à prier».

La liturgie eucharistique est par excellence une école de la prière chrétienne pour la communauté. De la Messe partent de multiples chemins d'une bonne pédagogie de l'esprit. Parmi ceux-ci apparaît surtout l'adoration du Saint-Sacrement, qui est le prolongement naturel de la célébration. Grâce à elle, les fidèles peuvent faire l'expérience particulière de «demeurer» dans l'amour du Christ (cf. Jn 15,9), en entrant toujours plus profondément dans sa relation filiale avec son Père.

C'est dans cette perspective que j'exhorte tout prêtre à accomplir avec confiance et courage son devoir de guider la communauté vers l'authentique prière chrétienne. C'est là une tâche qu'il ne lui est pas permis de délaisser, même si les difficultés provenant de la mentalité sécularisée peuvent la lui rendre parfois très pénible.

La forte impulsion missionnaire que la Providence, surtout par le Concile Vatican II, a donnée à l'Église de notre temps, concerne d'une manière particulière les ministres ordonnés, les appelant avant tout à la conversion: se convertir pour convertir, autrement dit vivre intensément l'expérience de fils de Dieu, pour que tout baptisé retrouve la dignité et la joie d'appartenir au Père céleste.

7. Le Jeudi saint, nous renouvellerons, chers Frères, nos promesses sacerdotales. Ce faisant, nous voulons que le Christ, en un certain sens, nous prenne de façon plus intime dans son sacerdoce saint, dans son sacrifice, dans son agonie à Gethsémani, dans sa mort sur le Golgotha et dans sa glorieuse résurrection. En suivant, pour ainsi dire, les traces du Christ dans tous ces événements du salut, nous comprenons qu'il s'est profondément ouvert à son Père. Et c'est pourquoi, dans chaque Eucharistie, se renouvelle en quelque sorte la demande de l'Apôtre Philippe au Cénacle: «Seigneur, montre-nous le Père», et chaque fois le Christ, dans le «Mysterium fidei», semble répondre: «Voilà si longtemps que je suis avec vous, et tu ne me connais pas? [...]. Ne crois-tu pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi?» ( Jn 14,9-10).

En ce Jeudi saint, chers prêtres du monde entier, nous souvenant de l'onction du saint Chrême reçue le jour de l'ordination, nous proclamerons d'un seul coeur avec un sentiment de reconnaissance renouvelée:

Per ipsum, et cum ipso, et in ipso, est tibi Deo Patri omnipotenti, in unitate Spiritus Sancti, omnis honor et gloria per omnia saecula saeculorum. Amen!

Du Vatican, le 14 mars 1999, quatrième dimanche de carême, en la vingt et unième année de mon pontificat.


JEUDI SAINT 2000





LETTRE DU PAPE


JEAN-PAUL II


AUX PRÊTRES


POUR LE JEUDI SAINT 2000




Chers Frères dans le sacerdoce,

1. Jésus, «ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu'à la fin» (Jn 13,1). Ici, à Jérusalem, en ce lieu qui, selon la tradition, accueillit Jésus et les Douze pour le repas pascal et l'institution de l'Eucharistie, je relis avec une vive émotion les paroles par lesquelles l'Evangéliste Jean introduit le récit de la dernière Cène.

Je loue le Seigneur qui, en cette Année jubilaire de l'incarnation de son Fils, m'a permis de marcher sur les traces terrestres du Christ, sillonnant les routes qu'il a parcourues entre sa naissance à Bethléem et sa mort sur le Golgotha. Hier, je me suis arrêté à Bethléem, dans la grotte de la Nativité. Ces prochains jours, je me rendrai en divers lieux de la vie et du ministère du Sauveur, de la maison de l'Annonciation au Mont des Béatitudes et au Jardin des Oliviers. Enfin, dimanche, je serai au Golgotha et au Saint-Sépulcre.

Cette visite d'aujourd'hui au Cénacle me donne l'occasion de porter un regard d'ensemble sur le mystère de la Rédemption. C'est ici que le Christ nous a fait le don incomparable de l'Eucharistie. Ici aussi est né notre sacerdoce.

Une lettre du Cénacle

2. C'est précisément de ce lieu que j'ai le plaisir de vous adresser la lettre par laquelle, depuis plus de vingt ans, je vous rejoins le Jeudi saint, jour de l'Eucharistie et «notre» jour par excellence.

Oui, je vous écris du Cénacle, repensant à ce qui s'est passé entre ces murs, en cette soirée pleine de mystère. Jésus se présente à mon esprit, de même que s'y présentent les Apôtres assis à table avec lui. Je me fixe en particulier sur Pierre: il me semble le voir tandis que, avec les autres disciples, il observe, tout étonné, les gestes du Seigneur, il écoute, tout ému, ses paroles, il s'ouvre, malgré le poids de sa fragilité, au mystère qui s'annonce en ce lieu et qui bientôt s'accomplira. Ce sont les heures où s'engage le grand combat entre l'amour qui se donne sans réserve et le mysterium iniquitatis qui s'enferme dans son hostilité. La trahison de Judas se présente comme une sorte d'emblème du péché de l'humanité. «C'était la nuit», note l'Evangéliste Jean (Jn 13,30), l'heure des ténèbres, heure de détachement et de tristesse infinie. Mais dans les paroles attristées du Christ brillent déjà les lumières de l'aurore: «Je vous verrai de nouveau et votre coeur sera dans la joie, et votre joie, nul ne vous l'enlèvera» (Jn 16,22).

3. Nous devons inlassablement méditer de nouveau le mystère de cette nuit. Nous devons souvent revenir en esprit au Cénacle, où nous pouvons, surtout nous prêtres, nous sentir en un sens «chez nous». On pourrait dire de nous, par rapport au Cénacle, ce que le Psalmiste dit des peuples par rapport à Jérusalem: «Le Seigneur inscrit au registre des peuples: "Un tel y est né"» (Ps 87 [86], 6).

De cette Salle sainte, je vous imagine spontanément dans les parties les plus diverses du monde, avec vos mille visages, les plus jeunes comme les plus âgés, dans vos différents états d'âme, reflétant pour beaucoup, grâce à Dieu, la joie et l'enthousiasme; pour d'autres, peut-être, la souffrance, la lassitude, le désarroi. En tous, je viens honorer l'image du Christ que vous avez reçue par la consécration, ce «caractère» qui marque chacun de vous d'une manière indélébile. Il est le signe de l'amour de prédilection qui touche tout prêtre et sur lequel celui-ci peut toujours compter pour aller de l'avant avec joie, ou recommencer avec un nouvel enthousiasme, dans la perspective d'une fidélité toujours plus grande.

Nés de l'amour

4. «Ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, il les aima jusqu'à la fin». On sait que, à la différence des autres Évangiles, celui de Jean ne fait pas le récit de l'institution de l'Eucharistie, déjà évoquée par Jésus dans le long discours près de Capharnaüm (cf. Jn 6,26-65), mais il décrit longuement le geste du lavement des pieds. Plus qu'un exemple d'humilité proposé à notre imitation, cette initiative de Jésus, qui déconcerte Pierre, est avant tout une révélation du caractère radical de la condescendance de Dieu envers nous. Dans le Christ, en effet, c'est Dieu qui «s'est dépouillé» et a pris «la forme d'esclave» jusqu'à l'humiliation suprême de la Croix (cf. Ph 2,7) pour permettre à l'humanité d'accéder à l'intimité de la vie divine: les grands discours qui, dans l'Évangile de Jean, suivent le geste du lavement des pieds et qui en sont comme le commentaire, se présentent comme une introduction au mystère de la communion trinitaire, à laquelle le Père nous appelle en nous greffant sur le Christ par le don de l'Esprit.

Cette communion doit être vécue selon la logique du commandement nouveau: «Comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres» (Jn 13,34). Ce n'est pas par hasard que la prière sacerdotale couronne cette «mystagogie» en montrant le Christ dans son unité avec le Père, prêt à retourner vers Lui à travers le sacrifice de lui-même et ne voulant rien d'autre que faire participer ses disciples à son unité avec le Père: «Comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi, qu'eux aussi soient un en nous» (Jn 17,21).

5. À partir du noyau des disciples qui écoutèrent ces paroles, c'est toute l'Église qui s'est formée, s'étendant à travers le temps et l'espace comme «un peuple rassemblé par l'unité du Père, du Fils et de l'Esprit Saint» (S. Cyprien, La prière du Seigneur, 23). L'unité profonde de ce nouveau peuple n'exclut pas la présence en son sein de fonctions différentes et complémentaires. Ainsi, à ces premiers Apôtres sont liés d'une manière toute spéciale ceux qui ont été chargés de renouveler in persona Christi le geste que Jésus a accompli au cours de la dernière Cène en instituant le sacrifice eucharistique, «source et sommet de toute la vie chrétienne» (Lumen gentium, n. LG 11). Le caractère sacramentel qui les distingue, en vertu de l'Ordre reçu, fait que leur présence et leur ministère sont uniques, nécessaires et irremplaçables.

Presque deux mille ans se sont écoulés depuis ce moment. Combien de prêtres ont répété ce geste! Bien souvent, ils ont été des disciples exemplaires, saints, martyrs. Comment oublier en cette Année jubilaire tant de prêtres qui ont été par leur vie des témoins du Christ jusqu'à l'effusion de leur sang!

Leur martyre accompagne toute l'histoire de l'Église, et il marque aussi le siècle que nous venons de laisser derrière nous, caractérisé par divers régimes dictatoriaux et hostiles à l'Église. Du Cénacle, je veux remercier le Seigneur pour leur courage. Regardons-les pour apprendre à les suivre sur les traces du bon Pasteur qui «donne sa vie pour ses brebis» (Jn 10,11)!

Un trésor dans des vases d'argile

6. Il est vrai que, dans l'histoire du sacerdoce comme dans celle de tout le peuple de Dieu, on sent aussi la présence obscure du péché. Bien souvent, la fragilité humaine des ministres a obscurci en eux le visage du Christ. Comment s'en étonner, précisément ici au Cénacle? Ici, non seulement s'est consommée la trahison de Judas, mais Pierre lui-même a dû prendre conscience de sa faiblesse en recevant l'amère prophétie du reniement. Certes, en choisissant des hommes comme les Douze, le Christ ne se faisait pas d'illusion: c'est sur cette faiblesse humaine qu'il posa le sceau sacramentel de sa présence. Saint Paul nous en indique la raison: «Ce trésor, nous le portons en des vases d'argile, pour que cet excès de puissance soit de Dieu et ne vienne pas de nous» (2Co 4,7).

C'est pourquoi, malgré toutes les fragilités de ses prêtres, le peuple de Dieu a continué à croire en la force du Christ qui agit par leur ministère. Comment ne pas se rappeler le splendide témoignage du Poverello d'Assise à ce sujet? Lui qui, par humilité, ne voulut pas être prêtre, exprima dans son Testament sa foi dans le mystère du Christ présent dans les prêtres, se disant prêt à recourir à eux même s'ils devaient le persécuter, sans tenir compte de leur péché. «Et je fais cela - expliquait-il

- parce que, du Fils très haut de Dieu, je ne vois rien d'autre, corporellement, en ce monde, que son très saint corps et son très saint sang qu'eux seuls consacrent et qu'eux seuls administrent aux autres» (Fonti Francescane, n. 113).

7. De ce lieu où le Christ a prononcé les paroles sacrées de l'institution eucharistique, je vous invite, chers prêtres, à redécouvrir le «don», le «mystère» que nous avons reçu. Pour le cueillir à la racine, nous devons réfléchir sur le sacerdoce du Christ. Il est vrai que tout le peuple de Dieu y participe en vertu du Baptême. Mais le Concile Vatican II nous rappelle que, en plus de cette participation commune à tous les baptisés, il y en a une autre, spécifique, ministérielle, qui diffère essentiellement de la première, bien qu'elle lui soit intimement ordonnée (cf. Lumen gentium, n. 10).

Dans le contexte du Jubilé de l'Incarnation, notre approche du sacerdoce du Christ se fait dans une optique particulière. Le Jubilé nous invite à contempler dans le Christ le lien intime qui existe entre son sacerdoce et le mystère de sa personne. Le sacerdoce du Christ n'est pas «accidentel», il n'est pas une tâche qu'il aurait pu aussi bien ne pas assumer, mais il est inscrit dans son identité de Fils incarné, d'Homme-Dieu. Dans les rapports entre l'humanité et Dieu, tout passe désormais par le Christ: «Nul ne vient au Père sinon par moi» (Jn 14,6). C'est pourquoi le Christ est prêtre d'un sacerdoce éternel et universel, dont le sacerdoce de la première Alliance était la figure et la préparation (cf. He 9,9). Il l'exerce en plénitude depuis qu'il s'est assis comme souverain prêtre «à la droite du trône de la Majesté dans les cieux» (He 8,1). Depuis lors, le statut même du sacerdoce dans l'humanité a changé: il n'y a plus qu'un unique sacerdoce, celui du Christ, auquel on peut participer, et qui peut être exercé, de différentes manières.

Sacerdos et Hostia

8. En même temps, le sens du sacrifice, acte sacerdotal par excellence, a «été porté à sa perfection. Sur le Golgotha, le Christ a fait de sa vie elle-même une offrande de valeur éternelle, une offrande «rédemp- trice», qui a rouvert pour toujours la voie de la communion avec Dieu, fermée par le péché.

Ce mystère est éclairé par la Lettre aux Hébreux, qui met sur les lèvres du Christ quelques versets du Psaume 40: «Tu n'as voulu ni sacrifice ni oblation; mais tu m'as façonné un corps... Voici, je viens..., pour faire, ô Dieu, ta volonté» (He 10,5-7; cf. Ps 40 [39], 7-9). Selon l'auteur de la Lettre, ces paroles prophétiques ont été prononcées par le Christ au moment de son entrée dans le monde. Elles expriment son mystère et sa mission. Elles commencent donc à se réaliser dès le moment de l'Incarnation, bien qu'elles atteignent leur sommet dans le sacrifice du Golgotha. Depuis lors, toute offrande du prêtre n'est qu'une représentation au Père de l'unique offrande du Christ, faite une fois pour toute.

Sacerdos et Hostia! Prêtre et Victime. Cet aspect sacrificiel marque profondément l'Eucharistie; il est en même temps une dimension constitutive du sacerdoce du Christ et par conséquent de notre sacerdoce. Relisons sous cet éclairage les paroles que nous disons chaque jour, et qui ont été prononcées pour la première fois ici précisément, au Cénacle: «Prenez, et mangez-en tous, ceci est mon corps livré pour vous... Prenez, et buvez-en tous, car ceci est la coupe de mon sang, le sang de l'Alliance nouvelle et éternelle, qui sera versé pour vous et pour la multitude en rémission des péchés».

Ce sont les paroles dont témoignent les Évangélistes et Paul, avec des rédactions substantiellement convergentes. Elles furent prononcées dans ce lieu, au soir du Jeudi saint. En donnant aux Apôtres son corps à manger et son sang à boire, Jésus exprima la profonde vérité du geste qu'il devait peu après accomplir sur le Golgotha. Dans le Pain eucharistique est présent, en effet, le Corps même né de Marie et offert sur la Croix:

Ave verum Corpus natum de Maria Virgine, vere passum, immolatum in cruce pro homine.

9. Comment ne pas revenir toujours à ce mystère, qui renferme toute la vie de l'Église? Ce sacrement a nourri d'innombrables croyants durant deux mille ans. De lui a jailli un fleuve de grâce. Combien de saints ont trouvé en lui, non seulement le gage, mais comme l'anticipation du Paradis!

Laissons-nous transporter par l'élan de contemplation, riche de poésie et de théologie, qui a poussé saint Thomas d'Aquin à chanter le mystère avec les paroles du Pange lingua! L'écho de ces paroles me parvient ici aujourd'hui, au Cénacle, comme la voix d'innombrables communautés chrétiennes répandues dans le monde, de nombreux prêtres, de personnes de vie consacrée, de simples fidèles, qui chaque jour se mettent en adoration du mystère eucharistique:

Verbum caro, panem verum verbo carnem efficit, fitque sanguis Christi merum, et, si sensus deficit, ad firmandum cor sincerum sola fides sufficit.

Vous ferez cela en mémoire de moi

10. Le mystère de l'Eucharistie, dans lequel sont annoncées et célébrées la mort et la résurrection du Christ dans l'attente de sa venue, est le coeur de la vie de l'Église. Pour nous, il a une signification toute spéciale: il est en effet au centre de notre ministère. Certes, ce dernier ne se limite pas à la célébration eucharistique, car il implique un service qui va de l'annonce de la Parole à la sanctification des hommes par les sacrements, à la conduite du peuple de Dieu dans la communion et dans le service. Mais l'Eucharistie est le point à partir duquel tout rayonne et où tout conduit. Notre sacerdoce est né avec elle au Cénacle.

«Vous ferez cela en mémoire de moi» (Lc 22,19): bien que les paroles du Christ concernent directement toute l'Église, elles sont confiées comme une tâche spécifique à ceux qui continueront le ministère des premiers Apôtres. C'est à eux que Jésus transmet l'action qu'il vient d'accomplir: transformer le pain en son Corps et le vin en son Sang, action par laquelle il se manifeste comme Prêtre et Victime. Le Christ veut que désormais cette action devienne aussi, de manière sacramentelle, l'action de l'Église par les mains des prêtres. En disant «vous ferez cela», il n'indique pas seulement l'action mais aussi le sujet appelé à la poser, autrement dit il institue le sacerdoce ministériel, qui devient ainsi l'un des éléments constitutifs de l'Église elle-même.

11. Cette action devra être accomplie «en mémoire de lui»: la précision est importante. L'action eucharistique célébrée par les prêtres rendra présente pour toutes les générations chrétiennes, en tout lieu de la terre, l'oeuvre accomplie par le Christ. Partout où l'Eucharistie sera célébrée, là également, de manière non sanglante, sera rendu présent le sacrifice sanglant du Calvaire, là sera présent le Christ lui-même, le Rédempteur du monde.

«Vous ferez cela en mémoire de moi». En entendant de nouveau ces paroles, ici, entre les murs du Cénacle, on cherche spontanément à imaginer les sentiments du Christ. C'était aux heures dramatiques qui précédaient la Passion. L'évangéliste Jean évoque les accents d'affliction du Maître qui préparait ses Apôtres à sa mort. Quelle tristesse dans leurs yeux: «Parce que je vous ai dit cela, la tristesse remplit vos coeurs» (Jn 16,6). Mais Jésus les rassure: «Je ne vous laisserai pas orphelins, je viendrai vers vous» (Jn 14,18). Si le mystère de Pâques le soustrait à leurs regards, Il sera plus que jamais présent dans leur vie, et il le sera «tous les jours jusqu'à la fin du monde (Mt 28,20).

Mémorial qui actualise

12. Sa présence s'exprimera de bien des manières. Mais la plus importante sera la présence eucharistique: non pas un simple souvenir, mais un «mémorial» qui actualise; non pas un rappel symbolique du passé, mais la présence vivante du Seigneur au milieu des siens. L'Esprit Saint en sera pour toujours le garant, lui qui est en permanence répandu dans la célébration eucharistique pour que le pain et le vin deviennent le Corps et le Sang du Christ: c'est ce même Esprit qui, le soir de Pâques, en ce Cénacle, a été «soufflé» sur les Apôtres (cf. Jn 20,22) et les trouva ici encore, réunis avec Marie, le jour de la Pentecôte. Il les investit alors, tel un vent violent et un feu (cf. Ac 2,1-4), et il les poussa à aller partout dans le monde, pour annoncer la Parole et rassembler le peuple de Dieu dans «la fraction du pain» (cf. Ac 2,42).

13. Deux mille ans après la naissance du Christ, en cette année jubilaire, nous devons, de façon spéciale, rappeler et méditer la vérité de ce que nous pourrions appeler sa «naissance eucharistique». Le Cénacle est précisément le lieu de cette «naissance». Ici a commencé pour le monde une présence nouvelle du Christ, une présence qui se réalise sans interruption partout où est célébrée l'Eucharistie et où un prêtre prête sa voix au Christ en redisant les paroles sacrées de l'institution.

Cette présence eucharistique a traversé les deux mille ans de l'histoire de l'Église et elle l'accompagnera jusqu'à la fin de l'histoire. Être ainsi étroitement liés à ce mystère est pour nous une grande joie, et en même temps une source de responsabilité. Nous voulons aujourd'hui en prendre conscience, le coeur rempli d'admiration et de gratitude, et entrer avec ces sentiments dans le Triduum pascal de la passion, de la mort et de la résurrection du Christ.

Le don du Cénacle

14. Mes chers Frères prêtres, qui vous réunissez le Jeudi saint dans les cathédrales autour de vos Pasteurs, comme les prêtres de l'Église qui est à Rome se réunissent autour du Successeur de Pierre, puissiez-vous accueillir ces pensées, méditées dans l'atmosphère suggestive du Cénacle! Il serait difficile de trouver un lieu qui puisse mieux évoquer le mystère eucharistique et en même temps le mystère de notre sacerdoce.

Restons fidèles au «don» du Cénacle, au grand don du Jeudi saint. Célébrons toujours avec ferveur la sainte Eucharistie. Restons souvent et longuement en adoration devant le Christ Eucharistique. Mettons-nous en quelque manière «à l'école» de l'Eucharistie. Nombreux sont les prêtres qui, au cours des siècles, ont trouvé en elle le réconfort promis par Jésus le soir de la dernière Cène, le secret pour vaincre leur solitude, le soutien pour supporter leurs souffrances, l'aliment pour reprendre le chemin après chaque découragement, l'énergie intérieure pour confirmer leur choix de la fidélité. Le témoignage que nous saurons donner au peuple de Dieu dans la célébration eucharistique dépend beaucoup de notre rapport personnel avec l'Eucharistie.

15. Redécouvrons notre sacerdoce à la lumière de l'Eucharistie! Faisons redécouvrir ce trésor à nos communautés, dans la célébration quotidienne de la sainte Messe et, en particulier, dans la célébration, plus solennelle, de l'assemblée dominicale. Que grandisse, grâce à votre travail apostolique, l'amour pour le Christ présent dans l'Eucharistie. C'est un devoir qui revêt une importance toute spéciale en cette année jubilaire. Ma pensée se tourne vers le Congrès eucharistique international qui se tiendra à Rome du 18 au 25 juin prochain, et qui aura pour thème Jésus Christ, unique Sauveur du monde, pain pour nouvelle vie. Il constituera un événement central du grand Jubilé, qui doit être une «année intensément eucharistique» (Tertio millennio adveniente, n. NM 55). Ce Congrès mettra en évidence, précisément, le rapport étroit entre le mystère de l'Incarnation du Verbe et l'Eucharistie, sacrement de la présence réelle du Christ.

Du Cénacle, je vous donne le baiser eucharistique. Que l'image du Christ entouré des siens lors de la dernière Cène donne à chacun de nous un élan de fraternité et de communion! De grands peintres se sont risqués à dessiner le visage du Christ au milieu de ses disciples dans l'épisode de la dernière Cène: comment oublier le chef-d'oeuvre de Léonard de Vinci? Mais seuls les Saints, par l'intensité de leur amour, peuvent pénétrer dans la profondeur de ce mystère: comme Jean, ils se penchent sur la poitrine du Seigneur (cf. Jn 13,25). Car nous sommes ici au sommet de l'amour: «Ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, il les aima jusqu'à la fin».

16. Il me plaît de conclure cette réflexion, que je confie avec affection à votre coeur, par les paroles d'une prière ancienne:

«Nous te rendons grâce, notre Père, pour la vie et la connaissance que tu nous as fait découvrir par Jésus, ton serviteur. À toi la gloire pour les siècles. Comme ce pain rompu, qui était dispersé sur les montagnes et les collines, a été rassemblé pour ne plus faire qu'un, ainsi, que ton Église soit rassemblée des extrémités de la terre dans ton Royaume. [...] C'est toi, Maître tout-puissant, qui as créé l'univers pour la gloire de ton Nom, qui as donné aux hommes nourriture et boisson pour qu'ils en jouissent, afin qu'ils te rendent grâce. Mais nous, tu nous as gratifiés d'une nourriture et d'une boisson spirituelles et de la vie éternelle, par ton Serviteur. [...] À toi la gloire pour les siècles!» (Didaché, ; ).

Du Cénacle, chers Frères dans le sacerdoce, je vous embrasse tous spirituellement et je vous bénis de grand coeur.

Jérusalem, le 23 mars 2000.





1994-2001 Lettres du Jeudi Saint - JEUDI SAINT 1997