Homéliaire patristique 115

10e dimanche du temps ordinaire B

115 Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc (
Mc 3,20-35)

Jésus entre dans une maison, où de nouveau la foule se rassemble, si bien qu'il n'était pas possible de manger. Sa famille, l'apprenant, vint pour se saisir de lui, car ils affirmaient: "Il a perdu la tête."

Homélie

Le Christ, vainqueur du Mal

Homélie pascale attribuée à saint Jean Chrysostome (+ 407)

Homélies pascales, 51, 1-3, SC 187, 318-322

Les signes de la résurrection du Seigneur sont clairs: la ruse a cessé, la jalousie a été bannie, la querelle a été foulée aux pieds, la paix est en honneur et la guerre a pris fin. Nous ne pleurons plus sur Adam, lui qui fut formé le premier (1Tm 2,13), mais nous glorifions le second Adam (1Co 15,47). Nous ne blâmons plus Ève, la désobéissante (Gn 3,6), mais nous disons bienheureuse Marie, la mère de Dieu. Nous ne nous détournons plus de l'arbre, mais nous portons la croix (Lc 14,27) du Seigneur. Nous ne redoutons plus le serpent (Gn 3,1), mais nous révérons l'Esprit Saint. Nous ne descendons plus en terre, mais nous remontons aux cieux. Nous ne sommes plus exilés du Paradis (Gn 3,23-24), mais nous vivons auprès d'Abraham (Lc 16,22). Nous n'entendons plus dire comme les Juifs: J'ai rendu ton jour semblable à la nuit (Os 4,5), mais nous chantons, dans un sens spirituel: Voici le jour que fit le Seigneur, qu'il soit pour nous jour de fête et de joie (Ps 117,24)!

Pourquoi ce chant? Parce que le soleil n'est plus obscurci (Mt 27,45), mais que tout s'illumine. Parce que le voile du Temple n'est plus déchiré (Mt 27,51), mais que l'Église est reconnue. Parce que nous ne tenons plus des rameaux de palmier (Jn 12,13), mais que nous portons les "nouveaux illuminés."

Voici le jour que fit le Seigneur, qu'il soit pour nous jour de fête et de joie. Voici le jour, celui-ci et non un autre, car il n'y a qu'une reine et une multitude de princesses 1. Voici le jour, le jour du Seigneur, jour triomphal, consacré par la coutume à la résurrection. C'est le jour où nous sommes parés de grâce et partageons l'agneau (Ex 12,8-11) spirituel, où l'on donne du lait (1Co 3,21 P 1Co 2,2) à ceux qui viennent de renaître, où le plan divin s'accomplit pour les pauvres.

Qu'il soit pour nous jour de fête et de joie, sans que nous courions dans les tavernes, mais en nous hâtant vers les sanctuaires, sans que nous honorions l'ivresse, mais en aimant la tempérance <>, sans que nous nous amusions sur les places, mais en chantant des psaumes dans nos maisons. Ce jour est celui de la résurrection, non des excès. Personne ne monte au ciel en dansant. Personne en état d'ivresse ne se tient auprès d'un roi. Que personne donc parmi nous ne déshonore ce jour! <>

Voici le jour où Adam a été libéré, où Ève a été délivrée de son affliction (Gn 3,16). Voici le jour où la mort féroce a frémi, où la résistance des blocs de pierre (Mt 27,51) a été brisée et anéantie, les verrous des tombeaux (Mt 27,52) mis en pièces et enlevés. Voici le jour où les corps (Mt 27,53) de ceux qui étaient morts depuis longtemps ont été rendus à leur vie antérieure, où les lois sévères des puissances souterraines, jusqu'alors immuables, ont été abolies, où les cieux se sont ouverts (Mt 3,16) quand le Christ notre Seigneur est ressuscité. Voici le jour où l'arbre verdoyant et fertile de la résurrection a étendu ses branches sur le monde entier pour le bien de la race humaine, comme dans un jardin où les lis des nouveaux illuminés ont grandi, où les ruisseaux des pécheurs se sont desséchés. Voici le jour où la force du diable a été paralysée, où les armées des démons ont été balayées. <>

Voici donc ce jour que fit le Seigneur, qu'il soit pour nous jour de fête et de joie, avec la grâce du Christ illuminant par sa résurrection le monde entier qui habitait les ténèbres et l'ombre de la mort (Lc 1,79). A lui, au Père et au Saint-Esprit, gloire et adoration pour les siècles des siècles. Amen.

1 La fête de Pâques, comparée à une reine, l'emporte en dignité sur toutes les autres fêtes, comparées a des princesses.

Prière

Seigneur, source de tout bien, réponds sans te lasser à notre appel: inspire-nous ce qui est juste, aide-nous à l'accomplir. Par Jésus Christ.

ou bien

Seigneur notre Dieu, tu as envoyé ton Fils dans le monde pour combattre le péché et les puissances mauvaises. Délivre-nous de tout mal, aide-nous à faire ta volonté, pour que nous devenions en vérité frères et soeurs de Jésus Christ, notre Seigneur. Lui qui règne.


11e dimanche du temps ordinaire B

116 Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc (
Mc 4,26-34)

Parlant à la foule en paraboles, Jésus disait: "Il en est du règne de Dieu comme d'un homme qui jette le grain dans son champ: nuit et jour, qu'il dorme ou qu'il se lève, la semence germe et grandit, il ne sait comment. "

Homélie

La graine devient un grand arbre

au choix

Homélie de saint Pierre Chrysologue (+ 450)

Sermon 98, 1-2 4-7, CCL 24 A, 602-606.

Mes frères, vous avez appris aujourd'hui comment le Royaume des cieux, dans toute sa grandeur, est comparé à une graine de moutarde. <> Le Royaume des cieux, dit le Seigneur, est comparable à une graine de moutarde (Mt 13,31). <> Est-ce là tout ce que les croyants espèrent? Est-ce là tout ce que les fidèles attendent? Est-ce là le bonheur auquel les vierges parviennent après une longue pratique de la virginité? Est-ce là la gloire à laquelle aspirent les martyrs, lorsqu'ils versent jusqu'à la dernière goutte de leur sang? Est-ce là ce que l'oeil n'a pas vu, ce que l'oreille n'a pas entendu, ce qui n'est pas monté au coeur de l'homme (1Co 2,9)? Est-ce là ce que promet l'Apôtre et qui est tenu en réserve dans l'ineffable mystère du salut, pour ceux qui aiment?

Mes frères, ne nous laissons pas facilement déconcerter par les paroles du Seigneur. Si, en effet, la faiblesse de Dieu est plus forte que l'homme, et si la folie de Dieu est plus sage que l'homme (1Co 1,25), cette toute petite chose, qui est le bien de Dieu, est plus splendide que toute l'immensité du monde.

Puissions-nous seulement semer dans notre coeur cette graine de moutarde, de sorte qu'elle devienne le grand arbre de la connaissance, s'élevant de toute sa hauteur pour élever notre pensée jusqu'au ciel, et déployant toutes les branches de la science. Son fruit brûlant réchaufferait notre bouche de son goût vivifiant, son grain allumerait en nous un feu qui enflammerait notre coeur et, en savourant le fruit de cet arbre, nous cesserions de dédaigner ce qui nous était inconnu. <>

Comme le dit le Christ, le Royaume de Dieu est semblable à la graine de moutarde. <> Le Christ est le Royaume. A la manière d'une graine de moutarde, il a été jeté dans un jardin, le corps de la Vierge. Il a grandi et il est devenu l'arbre de la croix qui couvre la terre entière.

Après qu'il eut été broyé par la Passion, son fruit a produit assez de saveur pour donner du bon goût et de l'arôme, d'une manière égale, à tous les êtres vivants qui le touchent. Car, tant que la graine de moutarde demeure intacte, ses vertus restent cachées, mais elles déploient toute leur puissance quand la graine est broyée. De même le Christ a-t-il voulu que son corps fut broyé pour que sa force ne reste pas cachée.

Mes frères, il nous faut broyer cette graine de moutarde pour éprouver toute la force, figurée dans cette parabole. Le Christ est roi, car il est le principe de toute autorité. Le Christ est le Royaume, car en lui réside toute la gloire de son royaume. Le Christ est homme, car l'homme tout entier est renouvelé en lui. Le Christ est la graine de moutarde, l'instrument dont Dieu se sert pour faire descendre toute sa grandeur dans toute la petitesse de l'homme.

Que dirai-je encore? Lui-même est devenu toute chose pour renouveler tous les hommes en lui. Le Christ homme a reçu la graine de moutarde qui est le Royaume de Dieu. Le Christ homme l'a reçue, alors que le Christ Dieu la possédait depuis toujours. Il a jeté la semence dans son jardin. <>

Le jardin est la terre cultivée qui s'est étendue au monde entier, labouré par la charrue de la Bonne Nouvelle. Il est clôturé par les bornes de la sagesse. Les Apôtres ont peiné pour en arracher toutes les mauvaises herbes. On prend plaisir à y contempler les jeunes pousses des croyants, les lis des vierges et les rosés des martyrs. Des fleurs y donnent toujours leur parfum.

Le Christ a donc semé la graine de moutarde dans son jardin. Elle a pris racine quand il a promis son Royaume aux patriarches, elle est née avec les prophètes, elle a grandi avec les Apôtres, et elle est devenue l'arbre immense qui étend ses innombrables rameaux sur l'Église, en lui prodiguant ses dons. <>

Prends les ailes d'argent de la colombe évangélique dont parle le prophète (cf. ps 67,14). Prends ses plumes brillantes sous l'éclat du soleil divin. Envole-toi dans ton vêtement d'or pour jouir d'un repos sans fin, désormais hors de l'atteinte des filets, parmi tant de magnifiques frondaisons. Sois assez fort pour prendre ainsi ton vol, et va habiter en sécurité dans cette vaste demeure!

ou bien

Le Christ, grain du Royaume de Dieu

Homélie attribuée à saint Jean Chrysostome (+ 407)

Homélies sur "Le Royaume de Dieu est semblable à un grain", 7; PG 64, 21-23.

Qu'y a-t-il de plus grand que le Royaume des cieux et de plus petit qu'un grain de moutarde? Comment Jésus peut-il comparer ce Royaume infini à un minuscule grain de moutarde, qui occupe une si petite place? Pourtant, quand nous examinons attentivement le Royaume des cieux et le grain de moutarde, nous découvrons combien la comparaison est juste et naturelle.

Le Royaume des cieux n'est évidemment rien d'autre que le Christ, puisque celui-ci dit de lui-même: Voilà que le règne de Dieu est au milieu de vous (Lc 17,21). Or, rien n'est plus grand que le Christ dans sa divinité, comme la parole du prophète peut nous l'apprendre: C'est lui qui est notre Dieu: aucun autre ne lui est comparable. Il a découvert les chemins de la connaissance, et il les a confiés à Jacob, son serviteur, à Israël, son bien-aimé. Ainsi la Sagesse est apparue sur la terre, elle a vécu parmi les hommes (Ba 3,36-38). <>

Par ailleurs, qu'y a-t-il de plus petit que le Christ dans son incarnation, puisqu'il est devenu moindre que les anges et que les hommes? Apprends-le de la bouche de David: Qu'est-ce que l'homme pour que tu penses à lui, le fils d'un homme, que tu en prennes souci? Tu l'as voulu un peu moindre que les anges (Ps 8,5-6). L'interprétation qu'en donne Paul montre qu'il s'agit bien du Christ: Nous voyons Jésus abaissé un peu en-dessous des anges à cause de sa passion et de sa mort (He 2,9). <>

Comment se fait-il que le Christ soit en même temps le Royaume des cieux et le grain, qu'il soit à la fois grand et petit par rapport au Royaume? Voici: sa miséricorde pour ceux qu'il a créés est si grande qu'il s'est fait tout à tous pour les gagner tous. Du fait de sa nature, il était Dieu comme il l'est encore et le sera toujours. Il est devenu homme en vue de notre salut. Quelle profondeur dans la richesse, la sagesse et la science de Dieu! Ses décisions sont insondables, ses chemins sont impénétrables (Rm 11,33)!

O grain, par lequel le monde a été fait, les ténèbres dispersées, l'Église renouvelée! Qu'elle est grande la force de ce grain suspendu à la croix! Alors qu'il y était cloué, il a, par une simple parole, détaché du bois le larron pour le plonger dans les délices du paradis. De son flanc percé par la lance, ce grain a laissé couler une boisson d'immortalité pour les assoiffés. Ce grain, après qu'on l'eut descendu du bois et planté dans le jardin, a couvert toute la terre de ses branches. Ce grain, semé dans le jardin, a plongé ses racines jusqu'aux enfers. Il en a fait sortir les âmes et, en trois jours, les a emmenées au ciel. <> Le Royaume des cieux est comparable à un grain de moutarde qu'un homme a semé dans son champ (Mt 13,31). Sème ce grain de moutarde dans le jardin de ton âme <> et la parole du prophète vaudra aussi pour toi: Tu seras comme un jardin bien irrigué, comme une source où les eaux ne manquent jamais (Is 58,11).

Prière

Dieu tout-puissant, force de ceux qui espèrent en toi, sois favorable à nos appels: puisque l'homme est fragile et que sans toi il ne peut rien, donne-nous toujours le secours de ta grâce; ainsi nous pourrons, en observant tes commandements, vouloir et agir de manière à répondre à ton amour. Par Jésus Christ.

ou bien

Seigneur notre Dieu, ton action en ce monde reste souvent cachée et tes serviteurs sont tentés par le découragement. Ranime en eux l'espérance et fait germer la semence que tu as jetée sur notre terre. Par Jésus Christ.


12e dimanche du temps ordinaire B

117 Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc (
Mc 4,35-41)

Toute la journée, Jésus avait parlé à la foule en paraboles. Le soir venu, il dit à ses disciples: "Passons sur l'autre rive". <> Survient une violente tempête.

Homélie

Comment apaiser les tempêtes du coeur

Homélie de saint Augustin (+ 430)

Sermon 63, 1-3; PL 38, 424-425.

Je vais, avec la grâce du Seigneur, vous entretenir de l'évangile de ce jour. Je veux aussi, avec l'aide de Dieu, vous encourager à ne pas laisser la foi dormir dans vos coeurs au milieu des tempêtes et des houles de ce monde. Le Seigneur Jésus Christ exerçait sans aucun doute son pouvoir sur le sommeil non moins que sur la mort, et quand il naviguait sur le lac, le Tout-Puissant n'a pas pu succomber au sommeil sans le vouloir. Si vous le pensez, c'est que le Christ dort en vous. Si, au contraire, le Christ est éveillé en vous, votre foi aussi est éveillée. L'Apôtre dit: Que le Christ habite en vos coeurs par la foi (Ep 3,17). Donc le sommeil du Christ est le signe d'un mystère. Les occupants de la barque représentent les âmes qui traversent la vie de ce monde sur le bois de la c roix. En outre, la barque est la figure de l'Église. Oui, vraiment, tous les fidèles sont des temples où Dieu habite, et le coeur de chacun d'eux est une barque naviguant sur la mer: elle ne peut sombrer si l'esprit entretient de bonnes pensées.

On t'a fait injure: c'est le vent qui te fouette; tu t'es mis en colère: c'est le flot qui monte. Ainsi, quand le vent souffle et que monte le flot, la barque est en péril. Ton coeur est en péril, ton coeur est secoué par les flots. L'outrage a suscité en toi le désir de la vengeance. Et voici: tu t'es vengé, cédant ainsi sous la faute d'autrui, et tu as fait naufrage. Pourquoi? Parce que le Christ s'est endormi en toi, c'est-à-dire que tu as oublié le Christ. Réveille-donc le Christ, souviens-toi du Christ, que le Christ s'éveille en toi. Pense à lui.

Que voulais-tu? Te venger. As-tu oublié la parole qu'il a dite sur la croix: Père, pardonne-leur: ils ne savent pas ce qu'ils font (Lc 23,34)? Celui qui s'était endormi dans ton coeur a refusé de se venger.

Réveille-le, rappelle-toi son souvenir. Son souvenir, c'est sa parole; son souvenir, c'est son commandement. Et quand tu auras éveillé le Christ en toi, tu te diras à toi-même: "Quel homme suis-je pour vouloir me venger? Qui suis-je pour user de menaces contre un homme? Peut-être serai-je mort avant d'avoir pu me venger? Et quand viendra pour moi le moment de quitter ce corps, si j'expire brûlant de haine et assoiffé de vengeance, celui qui n'a pas voulu se venger ne m'accueillera pas. Celui qui a dit: Donnez, et vous recevrez; pardonnez, et vous serez pardonnes (Lc 6,37) ne m'accueillera pas. Je réprimerai donc ma colère, et mon coeur trouvera à nouveau le repos." Le Christ a commandé à la mer, et elle s'est calmée (cf. Mt 8,26).

Ce que je viens de vous dire au sujet des mouvements de colère doit devenir votre règle de conduite dans toutes vos tentations. La tentation surgit: c'est le vent qui souffle; ton âme est troublée: c'est le flot qui monte. Réveille le Christ, laisse-le te parler. Qui donc est celui-ci, pour que même les vents et la mer lui obéissent (Mt 8,27)? Quel est celui à qui la mer obéit? A lui la mer, c'est lui qui l'a faite (Ps 94,5). Par lui, tout s'est fait (Jn 1,3). Imite plutôt les vents et la mer: obéis au Créateur. La mer entend l'ordre du Christ, vas-tu rester sourd? La mer obéit, le vent s'apaise, vas-tu continuer à souffler?

Que voulons-nous dire par là? Parler, agir, ourdir des machinations, n'est-ce pas souffler, et refuser de s'apaiser au commandement du Christ? Quand votre coeur est troublé, ne vous laissez pas submerger par les vagues. Si pourtant le vent nous renverse - car nous ne sommes que des hommes -, et qu'il excite les passions mauvaises de notre coeur, ne désespérons pas. Réveillons le Christ, afin de poursuivre notre voyage sur une mer paisible et de parvenir à la patrie.

Prière

Fais-nous vivre à tout moment, Seigneur, dans l'amour et le respect de ton saint nom, toi qui ne cesses jamais de guider ceux que tu enracines solidement dans ton amour. Par Jésus Christ.

ou bien

Qui es-tu donc, Jésus de Nazareth, pour que le vent et la mer t'obéissent? Toi que le Père, Créateur de l'univers, a envoyé vaincre nos peurs et apaiser nos angoisses, augmente notre foi en ta puissance et fais-nous sentir ton secours. Toi qui règnes.


13e dimanche du temps ordinaire B

118 Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc (
Mc 5,21-43)

Jésus regagna en barque l'autre rive, et une grande foule s'assembla autour de lui. Il était au bord du lac. Arrive un chef de synagogue, nommé Jaïre. Voyant Jésus, il tombe à ses pieds et le supplie instamment: "Ma petite fille est à toute extrémité."

Homélie

Pour Dieu, la mort est un sommeil

Homélie de saint Pierre Chrysologue (+ 450)

Sermon 34, 1.5; CCL 24, 193.197-199.

S. Pierre Chrysologue commente le passage parallèle de l'évangile de Matthieu

Toute lecture d'évangile nous est d'un grand profit aussi bien pour la vie présente que pour la vie future. Mais plus encore l'évangile de ce jour, car il contient la totalité de notre espérance et bannit tout motif de désespoir. <>

Mais venons-en au chef de la synagogue qui conduisit le Christ auprès de sa fille, et donna en même temps l'occasion à une femme (qui souffrait d'hémorragie) de venir trouver Jésus. Ainsi commence la lecture de ce jour: Voici qu'un chef s'approcha. Il se prosternait devant Jésus en disant: "Ma fille est morte à l'instant, mais viens lui imposer la main, et elle vivra" (Mt 9,18)2.

Le Christ connaissait l'avenir et n'ignorait pas que cette femme viendrait à sa rencontre. C'est elle qui ferait comprendre au chef des Juifs que Dieu n'a pas besoin de se déplacer, qu'il n'est pas nécessaire de lui montrer le chemin ni de solliciter sa présence physique. Il faut croire, au contraire, que Dieu est présent partout, qu'il y est avec tout son être et pour toujours. Qu'il peut tout faire sans peine en donnant un ordre, qu'il envoie sa puissance sans la transporter; qu'il met la mort en fuite par un commandement sans bouger la main; qu'il rend la vie en le décidant, sans recourir à la médecine.

Ma fille est morte à l'instant, mais viens. Ce qui signifie: "Son corps conserve encore la chaleur de la vie et des traces visibles de son âme; son esprit ne l'a pas encore quittée; la famille garde encore son enfant; le royaume des morts ne la reconnaît pas encore pour sienne. Viens donc vite retenir son âme prête à partir."

L'insensé! Il ne croyait pas que le Christ pourrait ressusciter une morte, mais seulement la retenir. Aussi, dès que le Christ arriva à la maison et vit que les gens pleuraie nt la jeune fille comme une morte, il voulut amener à la foi leurs coeurs incrédules. Comme eux pensaient qu'on ne pouvait pas ressusciter d'entre les morts plus facilement que sortir du sommeil, le Christ déclara que la fille du chef (de la synagogue) était endormie et non pas morte. La jeune fille n'est pas morte, dit-il, elle dort (Mt 9,23).

Et vraiment, pour Dieu, la mort est un sommeil. Car Dieu fait revenir un mort à la vie en moins de temps qu'un homme ne tire un dormeur de son sommeil. Et Dieu rend la chaleur aux membres refroidis par la mort plus vite qu'un homme ne peut rendre vigueur aux corps plongés dans le sommeil.

Écoute ce que dit l'Apôtre: Instantanément, en un clin d'oeil, <> les morts ressusciteront (1Co 15,52). Sachant qu'il lui était imp ossible de signifier par des mots l'immédiateté de la résurrection, le bienheureux Apôtre l'a évoquée par des images. D'ailleurs, comment aurait-il pu condenser dans des mots la rapidité d'un événement dans lequel la puissance divine dépasse la rapidité même? Ou bien, comment le temps pourrait-il intervenir dans le don d'une réalité éternelle, non soumise au temps? Parce qu'il n'y a pas de temps sans flux qui s'écoule, l'éternité exclut le temps.

Prière

Tu as voulu, Seigneur, qu'en recevant ta grâce nous devenions des fils de lumière; ne permets pas que l'erreur nous plonge dans la nuit, mais accorde-nous d'être toujours rayonnants de ta vérité. Par Jésus Christ.

ou bien

"Talitha koum". Daigne, Seigneur Dieu, prononcer sur nous cette parole de résurrection, comme ton Fils, jadis, la prononça sur l'enfant qui était morte. Toi qui n'as pas fait la mort, donne-nous de partager la vie qui jaillit de ton Fils, Jésus Christ, notre Seigneur. Lui qui règne.


14e dimanche du temps ordinaire B

119 Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc (
Mc 6,1-6)

Jésus est parti pour son pays, et ses disciples le suivent. Le jour du sabbat, il se mit à enseigner dans la synagogue. Les nombreux auditeurs, frappés d'étonnement, disaient: "D'où cela lui vient-il? Quelle est cett e sagesse qui lui a été donnée, et ces grands miracles qui se réalisent par ses mains?'

Homélie

Croire en Jésus, aujourd'hui, sans le voir

Catéchèse de Syméon le Nouveau Théologien (+ 1022)

Catéchèses, 29, version remaniée de SC 113, 164-169.

Frères et Pères, beaucoup ne cessent de dire - et leurs paroles parviennent à nos oreilles -: "Si nous avions vécu au temps des Apôtres, et si nous avions été jugés dignes de voir le Christ comme eux, nous serions aussi devenus des saints comme eux." Ils ignorent qu'il est le même, lui qui parle, maintenant comme alors, dans tout l'univers. Car s'il n'était pas le même jadis et maintenant, identiquement Dieu à tous égards, par ses opérations et par ses rites, comment le Père se montrerait-il toujours présent dans le Fils, et le Fils dans le Père, par l'Esprit, puisque le Christ dit: Mon Père est à l'oeuvre jusqu'à maintenant, et moi aussi je suis à l'oeuvre (Jn 5,17)?

Mais quelqu'un dira peut-être: "Ce n'est pas la même chose de l'avoir vu lui-même corporellement, en ce temps-là, ou d'entendre uniquement ses paroles aujourd'hui et recevoir un enseignement sur lui et sur son Royaume. Et je réponds: "La situation actuelle n'est sûrement pas la même que celle d'alors, mais c'est la situation d'aujourd'hui, de maintenan t, qui est beaucoup plus heureuse. Elle nous conduit plus facilement à une foi et une conviction plus profondes que le fait de l'avoir vu et entendu alors corporellement. "

Alors, en effet, c'était un homme qui apparaissait aux Juifs sans intelligence, un homme d'humble condition; mais maintenant c'est un Dieu véritable qui nous est prêché. Alors, il fréquentait corporellement les publicains et les pécheurs et mangeait avec eux; mais maintenant il est assis à la droite de Dieu le Père, n'ayant jamais été séparé de lui en aucune manière. Nous croyons qu'il nourrit le monde entier et nous disons, si du moins nous sommes croyants, que sans lui rien ne s'est fait. Alors, même les gens de rien le méprisaient en disant: N'est-il pas le fils de Marie (Mc 13,15) et de Joseph (Lc 4,22), le charpentier (Mt 13,55)? Mais maintenant les rois et les princes l'adorent comme le Fils du vrai Dieu, et vrai Dieu lui-même, et il a glorifié et glorifie ceux qui l'adorent en esprit et en vérité, même s'il les corrige souvent quand ils pèchent. Eux qui étaient d'argile, il les rend de fer, les plaçant au-dessus de toutes les nations qui sont sous le ciel. Alors, il était tenu pour un homme corruptible et mortel parmi tous les autres. Dieu sans forme et invisible, il a reçu, sans subir d'altération ni de changement, une forme dans un corps humain et s'est montré totalement homme, en n'offrant aux regards rien de plus que les autres hommes. Mais il a mangé, bu, dormi, transpiré et s'est fatigué; il a fait tout ce que font les hommes, excepté le péché.

C'était une grande chose de reconnaître et de croire qu'un homme pareil était Dieu, celui qui a fait le ciel même, la terre et tout ce qu'ils contiennent. C'est pourquoi, lorsque Pierre a dit: Tu es le Fils du Dieu vivant, le Maître l'a déclaré bienheureux en ces termes: Heureux es-tu, Simon, fils de Yonas: ce n'est pas la chair et le sang qui t'ont révélé cela - c'est-à-dire qui te l'ont fait voir et dire - mais mon Père qui est aux cieux (Mt 16,16-17).

Ainsi, celui qui actuellement écoute chaque jour Jésus proclamer et annoncer par les saints évangiles la volonté de son Père béni, sans lui obéir avec crainte et tremblement et sans garder ses commandements, n'aurait pas plus accepté alors de croire en lui, absolument pas, même s'il avait été présent, s'il l'avait vu lui-même et entendu prêcher. Il est même à craindre que, dans sa totale incrédulité, il l'aurait regardé comme un ennemi de Dieu, non comme le vrai Dieu, et l'aurait blasphémé.

Prière

Dieu qui as relevé le monde par les abaissements de ton Fils, donne à tes fidèles une joie sainte: tu les as tirés de l'esclavage du péché: fais-leur connaître le bonheur impérissable. Par Jésus Christ.

ou bien

Seigneur notre Dieu, ton Fils ne fut pas reconnu comme prophète par les gens de son pays et il s'étonna de leur manque de foi. Rends-nous attentifs à l'action de Jésus Christ en ceux que nous côtoyons chaque jour, car c'est peut-être par l'un de nos proches qu'il veut aujourd'hui nous parler. Lui qui règne.


15e dimanche du temps ordinaire B

120 Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc (
Mc 6,7-13)

Jésus appelle les Douze, et pour la première fois il les envoie deux par deux. Il leur donnait pouvoir sur les esprits mauvais.

Homélie

Consignes aux missionnaires

Homélie de Théophylacte (+ 1109)

Commentaire sur l'évangile de Marc, PG 123, 548-549.

En plus de l'enseignement qu'il a donné lui-même, le Seigneur a envoyé les Douze deux par deux, pour que leur zèle en soit augmenté, car, envoyés seuls, ils auraient pu manquer d'ardeur. Si, d'autre part, il les avait envoyés à plus de deux, il n'aurait pas eu assez d'Apôtres pour parcourir les nombreux villages.

Il les envoie donc deux par deux: Deux hommes valent mieux qu'un seul (Qo 4,9), dit l'Ecclésiaste. Il leur prescrit aussi de ne rien emporter, ni sac, ni pièces de monnaie, ni pain, leur enseignant par ces paroles à mépriser les richesses. Ainsi mériteront-ils le respect de ceux qui les verront et, en ne possédant rien en propre, ils leur apprendront la pauvreté. Qui donc, à la vue d'un Apôtre sans besace ni pain - qui est la chose la plus nécessaire - ne se laisserait pas fléchir et ne se dépouillerait pas pour vivre dans la pauvreté?

Il leur ordonne de rester dans une maison pour ne pas s'acquérir une réputation d'hommes inconstants que la gloutonnerie fait passer d'une famille à l'autre. Il leur dit par ailleurs de quitter ceux qui ne les reçoivent pas, en secouant la poussière de leurs pieds. Ils leur montreront ainsi qu'ils ont parcouru un long chemin pour eux sans aucune utilité, ou qu'ils ne gardent rien d'eux, pas même la poussière, qu'ils secouent au contraire en témoignage contre eux, c'est-à-dire en signe de désaveu.

"Amen, je vous le dis, au jour du jugement, Sodome et Gomorrhe seront traitées moins sévèrement (Mt 10,15) que ceux qui ne vous auront pas reçus." Car, pour avoir subi une punition en ce monde, les habitants de Sodome seront frappés d'une peine moins sévère dans l'autre. A quoi il faut encore ajouter que les Apôtres ne leur ont pas été envoyés. Or ceux qui n'auront pas reçu les Apôtres subiront des peines plus lourdes.

Ils partirent et proclamèrent qu'il fallait se convertir. Ils chassaient beaucoup de démons, faisaient des onctions d'huile à de nombreux malades, et les guérissaient (Mc 6,12-13). Marc est le seul à rapporter que les Apôtres faisaient des onctions d'huile. A propos de cette pratique, Jacques, le frère du Seigneur, dit dans son épître catholique: Si l'un de vous est malade, qu'il appelle ceux qui exercent dans l'Eglise la fonction d'Anciens. Ils prieront sur lui après avoir fait une onction d'huile (Je 5,14). Ainsi l'huile sert-elle à soulager la souffrance. Elle donne la lumière et apporte l'allégresse; elle symbolise la bonté de Dieu, et la grâce de l'Esprit Saint par laquelle nous sommes délivrés de nos souffrances et nous recevons la lumière, la joie et l'allégresse spirituelles.

Prière

Dieu qui montres aux égarés la lumière de ta vérité pour qu'ils puissent reprendre le bon chemin, donne à tous ceux qui se déclarent chrétiens de rejeter ce qu i est indigne de ce nom, et de rechercher ce qui lui fait honneur. Par Jésus Christ.

ou bien

Seigneur Jésus, tes premiers missionnaires étaient des pauvres qui ne comptaient que sur ta puissance. Fais de nous des apôtres marchant sur les routes du monde avec, comme seule richesse, ta parole à faire entendre, ton amour à partager, dans la communion du Père et de l'Esprit. Toi qui règnes.


16e dimanche du temps ordinaire B

121 Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc (
Mc 6,30-34)

Après leur première mission, les Apôtres se réunissent auprès de Jésus, et lui rapportent tout ce qu'ils ont fait et enseigné. Il leur dit: "Venez à l'écart dans un endroit désert, et reposez-vous un peu."

Homélie

au choix Le bon pasteur annoncé par les Prophètes

Homélie de Didyme d'Alexandrie (+ 398)

Commentaire sur Zacharie, 2, 39-42, SC 84, 446-448

Il y a une promesse de Dieu rapportée par le prophète Ézékiel qui s'accorde avec les passages de l'Ecriture concernant l'élévation d'un personnage célèbre. Dieu dit à ceux qu'il veut combler de ses bienfaits et sauver: Je vous susciterai un pasteur unique, mon serviteur David (Ez 34,23).C'est celui qui a dit dans l'évangile: Je suis le bon pasteur. Le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis (Jn 10,11). Il est leur guide et leur très bon berger, et il s'expose au danger pour elles. Il meurt, en effet, ayant, par la grâce de Dieu, goûté la mort pour le salut de tous (He 2,9), afin de leur donner la vie et de glorifier le Seigneur tout-puissant.

Car Michée, le saint prophète, a prophétisé à son sujet, et fait cette prédiction dans un cantique: Le Seigneur se dressera, il verra et il fera paître son troupeau avec puissance, et ils vivront au nom de leur Dieu tout-puissant (Mi 5,3), c'est-à-dire qu'ils participeront à Celui qui a dit à Moïse, l'annonciateur des divins mystères: Je suis celui qui suis (Ex 3,14).

De même que le véritable David, pasteur très bon à la main vigoureuse, s'est dressé pour faire paître les brebis qui écoutent la voix de Jésus (cf. Jn 10,3), brebis conduites par la main de Jésus et peuple de son pâturage (Ps 94,7), de même Celui qui s'élève d'une racine, comme le dit l'Écriture (Is 11,1), s'est levé en très bon chef de guerre envoyé par la bienveillance du Père. Il a mis en déroute ses ennemis épouvantés, en les frappant dans le dos avec ses mains. Il est loué et glorifié par ses propres frères, car il est apparu comme le premier-né d'entre eux, selon la parole de l'Apôtre: Ceux que lui, Dieu, connaissait par avance, il les a aussi destinés à être l'image de son Fils, pour faire de ce Fils l'aîné d'une multitude de frères (Rrn 8,29). A leur propos, le premier-né dit à Dieu: Je proclame ton nom devant mes frères, je te loue en pleine assemblée (Ps 21,23).

ou bien

Suivre le Christ à l'écart

Commentaire de saint Bède le Vénérable (+ 735)

Commentaire sur l'évangile de Marc, 2; CCL 120, 5 10-5 H

Les Apôtres se réunissent auprès de Jésus et lui rapportent tout ce qu'ils ont fait et enseigné (Mc 6,30). Les Apôtres ne sont pas seuls lorsqu'ils rapportent au Seigneur ce qu'ils ont fait et enseigné, mais ses disciples et ceux de Jean Baptiste viennent aussi lui annoncer ce que Jean a souffert pendant que les Apôtres enseignaient. <> Et il leur dit: Venez à l'écart dans un endroit désert, et reposez-vous un peu. <> Pour faire comprendre combien il était nécessaire d'accorder du repos aux disciples, l'évangéliste poursuit en disant: De fait, les arrivants et les partants étaient si nombreux qu'on n'avait même pas le temps de manger (Mc 6,31) La fatigue de ceux qui enseignaient, ainsi que l'ardeur de ceux qui s'instruisaient, montrent bien ici comme on était heureux en ce temps-là.

Plût au ciel qu'il en fût de même encore à notre époque, qu'un grand concours de fidèles se pressât autour des ministres de la Parole pour les entendre, sans même leur laisser le temps de reprendre des forces! Car lorsqu'ils manquent du temps nécessaire pour prendre soin d'eux-mêmes, ils ont encore moins la possibilité de s'abandonner aux séductions de l'âme et du corps. Ou plutôt, du fait que l'on réclame d'eux à temps et à contretemps la parole de foi et le ministère du salut, ils brûlent du désir de méditer les pensées célestes et de les mettre sans cesse en pratique, de sorte que leurs actes ne démentent pas leurs enseignements.

Ils partirent donc dans la barque pour un endroit désert, à l'écart (Mc 6,32). Les disciples ne montèrent pas seuls dans la barque, mais ils prirent avec eux le Seigneur et gagnèrent un endroit désert, comme l'évangéliste Matthieu l'indique clairement. Les gens les virent s'éloigner et beaucoup les reconnurent. Alors, à pied, de toutes les villes, ils coururent là-bas et arrivèrent avant eux (Mc 6,33). En disant qu'ils partirent à pied et arrivèrent avant eux, l'évangéliste laisse entendre que les disciples et le Seigneur n'ont pas navigué jusqu'à l'autre rive de la mer de Galilée ou du Jourdain, mais qu'après avoir traversé en barque un bras de mer ou une crique, ils sont parvenus à un endroit proche, situé dans la même région, et que les gens du pays pouvaient aussi g agner à pied.

En débarquant, Jésus vit une foule nombreuse, et il en eut pitié, parce qu'ils étaient comme des brebis qui n'ont pas de berger, et il se mit à les instruire longuement (Mc 6,34). Matthieu donne plus d'explications sur la manière dont Jésus eut pitié d'eux, quand il dit: Et il en eut pitié, et il guérit leurs infirmes (Mt 14,14). Car avoir pitié des pauvres et de ceux qui n'ont pas de berger, c'est précisément leur ouvrir le chemin de la vérité en les instruisant, faire disparaître leurs infirmités physiques en les soignant, mais aussi les nourrir quand ils ont faim, et les encourager ainsi à louer la générosité divine. C'est ce que Jésus a fait, comme nous le rappelle encore la suite de cet évangile.

Il a en outre mis à l'épreuve la foi de la foule, et l'ayant éprouvée, lui a donné en retour une récompense proportionnée. Il a gagné en effet un endroit isolé pour voir si les gens auraient soin de les suivre. Eux l'ont suivi. Ils ont pris en toute hâte la route du désert, non sur des ânes ou des véhicules de tout genre, mais à pied, et ils ont montré, par cet effort personnel, quel grand soin ils avaient de leur salut.

En retour, Jésus a accueilli ces gens fatigués. Comme sauveur et médecin plein de puissance et de bonté, il a instruit les ignorants, guéri les malades et nourri les affamés, manifestant ainsi quelle grande joie lui procure l'amour des croyants.

Prière

Sois favorable à tes fidèles, Seigneur, et multiplie les dons de ta grâce: entretiens en eux la foi, l'espérance et la charité, pour qu'ils soient attentifs à garder tes commandements. Par Jésus Christ.

ou bien

Seigneur Jésus, tu as eu pitié des foules qui étaient comme des brebis sans berger, et tu leur as sacrifié ton repos pour leur donner ta parole de vie. Fais de nous des messagers de l'Évangile, qu'aucune fatigue ne lasse, que nulle difficulté n'arrête. Toi qui règnes.



Homéliaire patristique 115