1965 Presbyterorum Ordinis 19

Etude et science pastorale

19 Au cours de leur ordination, l'évêque invite les prêtres à " faire preuve de maturité par leur science ", à ce que leur "enseignement soit un remède spirituel pour le peuple de Dieu" (1).Cette science du ministre sacré doit elle-même être sacrée; découlant d'une source sacrée, elle vise un but qui est lui-même sacré. Puisée avant tout dans la lecture et la méditation de la Bible(2), elle trouve encore une nourriture fructueuse dans l'étude des Pères, docteurs de l'Eglise et autres témoins de la tradition. En outre, pour répondre de manière juste aux questions posées par les hommes d'aujourd'hui, il importe que les prêtres aient une connaissance sérieuse des documents du magistère, spécialement ceux des conciles et des papes, et qu'ils sachent consulter les meilleurs auteurs théologiques dont la science est reconnue.

(1) cf. Pont. Rom. "De ordinatione Presbyteri" (2) cf.
DV 25

Etant donné qu'actuellement la culture humaine et même les sciences sacrées progressent et se renouvellent, les prêtres sont appelés à perfectionner leurs connaissances religieuses et humaines de façon adaptée et ininterrompue ; ils se préparent ainsi à mieux engager le dialogue avec leurs contemporains.
Pour faciliter aux prêtres le travail d'étude et la connaissance des méthodes d'évangélisation et d'apostolat, on fera tout le nécessaire pour mettre à leur disposition ce dont ils ont besoin : on organisera, suivant les situations locales, des sessions ou des congrès, on fondera des centres d'études pastorales, on créera des bibliothèques, on confiera à des hommes compétents l'organisation du travail de réflexion. Les évêques devront aussi, chacun pour son compte ou à plusieurs, trouver le meilleur moyen de donner à tous les prêtres des moments déterminés, en particulier quelques années après leur ordination(3) la possibilité de suivre une session, grâce à laquelle ils pourront perfectionner les connaissances pastorales et théologiques, affermir leur vie spirituelle et partager avec leurs frères leurs expériences apostoliques(4). On utilisera également ces moyens, ou d'autres mieux adaptés, pour venir en aide particulièrement à ceux qui sont nommés curés, à ceux qui sont affectés à une activité pastorale nouvelle, à ceux qui partent dans un autre diocèse ou dans un autre pays.

(3) cet élément de formation est distinct de la formation pastorale intervenant aussitôt après l'ordination dont parle le décret sur la formation des prêtres (4) cf. CD 16

Enfin, les évêques veilleront à ce que certains prêtres se consacrent à une étude plus approfondie des sciences sacrées : il s'agit, en effet, de ne pas manquer de professeurs capables de former les clercs, d'aider les autres prêtres et les chrétiens à acquérir les connaissances dont ils ont besoin, d'encourager le sain développement des sciences sacrées qui est absolument indispensable à l'Eglise.


La juste rémunération à assurer aux prêtres

20 ...Les prêtres consacrent leur vie au service de Dieu en accomplissant la fonction qui leur est confiée; ils méritent donc de recevoir une juste rémunération" car l'ouvrier mérite son salaire ". Lc 10,7(1) et " le Seigneur a prescrit à ceux qui annoncent l'Evangile de vivre de l'Evangile ", 1Co 9,14. Là où rien d'autre n'existe pour assurer cette juste rémunération, faire le nécessaire pour assurer aux prêtres un niveau de vie suffisant et digne est, à proprement parler, une obligation pour les chrétiens, puisque c'est à leur service que les prêtres consacrent leur activité. Les évêques, eux, ont le devoir de rappeler aux chrétiens cette obligation ; ils doivent veiller - chacun pour son diocèse ou, de préférence, à plusieurs ensemble dans un même territoire - à établir des règles pour assurer comme il se doit une vie convenable à ceux qui exercent, ou ont exercé, une fonction au service du peuple de Dieu. La rémunération versée à chacun devra tenir compte de la nature de la fonction exercée et des circonstances de temps et de lieu, mais elle sera fondamentalement 1a même pour tous ceux qui sont dans la même situation ; elle devra être adaptée aux conditions où ils se trouvent ; en outre, elle leur laissera les moyens, non seulement d'assurer comme il se doit la rémunération de ceux qui se dévouent à leur service, mais encore d'apporter eux-mêmes une aide à ceux qui sont dans le besoin, car ce ministère à l'égard des pauvres a toujours été en grand honneur dans l'Eglise dès ses origines. Enfin, cette rémunération devra permettre aux prêtres de prendre chaque année, pendant un durée suffisante, les vacances dont ils ont besoin ; les évêques doivent veiller à ce que ce temps de vacances soit assuré aux prêtres.

(1) cf. Mt 10,10 1Co 9,7 1Tm 5,18

C'est à la fonction remplie par les ministres sacrés qu'il faut accorder le rôle principal. De ce fait, il faut abandonner le système dit des " bénéfices " ou, du moins, le réformer de telle manière que l'aspect bénéficial, c'est-à-dire le droit aux revenus de la dotation attachée à la fonction, soit traité comme secondaire. Le droit donnera donc la priorité à la fonction ecclésiastique elle- même, désignation qui s'appliquera désormais à toute charge conférée de façon stable pour être exercée en vue d'une fin spirituelle.


Constitution de caisses communes et organisation de la

sécurité sociale pour les prêtres

21 I1 faut toujours se référer à l'exemple des croyants de la primitive Eglise à Jérusalem : " Entre eux, tout était commun " Ac 4,32 et " on distribuait à chacun suivant ses besoins " Ac 4,35 C'est en ce sens qu'il est très souhaitable d'avoir, au moins dans les pays où la vie matérielle du clergé dépend, entièrement ou en grande partie, des offrandes des chrétiens, une institution diocésaine pour rassembler les dons faits à cette fin ; elle sera administrée par l'évêque assisté de prêtres délégués et, là où cela paraît utile, de laïcs compétents en matière financière. Il est également désirable qu'il y ait, en outre, autant que possible, pour chaque diocèse ou chaque pays, une caisse commune permettant aux évêques de satisfaire à d'autres obligations envers les personnes qui sont au service de l'Eglise et de subvenir aux différents besoins du diocèse ; cette caisse doit aussi permettre aux diocèses plus riches d'aider les plus pauvres, pour que le superflu des uns subvienne à l'indigence des autres(1). Elle devra être alimentée avant tout par les sommes provenant des offrandes des chrétiens, mais également par d'autres ressources, que le droit devra préciser.

(1) cf. 2Co 8,14

En outre, dans les pays où la sécurité sociale n'est pas encore correctement organisée en faveur du clergé, les conférences épiscopales, compte tenu toujours des lois ecclésiastiques et civiles, veilleront à ce qu'il existe, soit des organismes diocésains - éventuellement fédérés entre eux -, soit des organismes interdiocésains, soit une association établie pour l'ensemble du territoire, en vue d'organiser, sous le contrôle de la hiérarchie, d'une part une prévoyance et une assistance médicale satisfaisante, d'autre part la prise en charge due aux prêtres pour les cas d'infirmité, d'invalidité ou de vieillesse. Les prêtres soutiendront l'organisme ainsi établi dans un esprit de solidarité avec leurs frères, prenant part ainsi à leur épreuve(2). Ils s'apercevront en même temps qu'ils se trouvent libérés du souci de l'avenir, et donc en mesure de pratiquer la pauvreté avec plus d'ardeur évangélique et de se consacrer tout entiers au salut des âmes. Enfin, les responsables feront en sorte que les différents organismes nationaux aient des liens entre eux, ce qui leur donnera un plus grande solidité et une plus large diffusion.

(2)cf. Ph 4,14


CONCLUSION ET EXHORTATION

22 Conscient des joies de la vie sacerdotale, ce saint Concile ne peut cependant ignorer les difficultés dont souffrent les prêtres dans les conditions de la vie actuelle. Il se rend compte de la transformation de la situation économique et sociale, et même des moeurs ; il se rend compte du bouleversement de la hiérarchie des valeurs dans 1e jugement des hommes. Dans ces conditions les ministres de l'Eglise et même parfois les chrétiens, se sentent comme étrangers, à ce monde ; avec anxiété, ils se demandent quels moyens, quels mots trouver pour entrer en communication avec lui. Obstacles nouveau à la vie de foi, stérilité apparente du labeur accompli, dure épreuve de la solitude, tout cela peut risquer de les conduire au découragement.
Mais ce monde, tel qu'il est aujourd'hui, ce monde confié à l'amour et au ministère des pasteurs de l'Eglise, Dieu l'a tant aimé qu'il a donné pour lui son Fils unique(1). En vérité, avec tout le poids de son péché, mais aussi avec la richesse de ses possibilités, ce monde offre à l'Eglise les pierres vivantes(2) qui s'intègrent à la construction pour être une demeure de Dieu dans l'Esprit(3). Et c'est encore l'Esprit Saint qui pousse l'Eglise à ouvrir des chemins nouveaux pour aller au devant du monde d'aujourd'hui ; c'est lui qui, de ce fait, suggère et encourage les adaptations qui s'imposent pour le ministère sacerdotal.

(1) cf.
Jn 3,16 (2)cf. 1P 2,5 (3) cf. Ep 2,22

Que les prêtres ne l'oublient pas : ils ne sont jamais seuls dans leur action, ils s'appuient sur la force du Dieu tout-puissant; que leur foi au Christ, qui les a appelés à participer à son sacerdoce, les aide à se donner en toute confiance à leur ministère, car ils savent que Dieu est assez puissant pour augmenter en eux la charité(4). Qu'ils ne l'oublient pas non plus : ils ont pour compagnons leurs frères dans le sacerdoce, bien plus, les chrétiens du monde entier. Car tous les prêtres travaillent ensemble pour accomplir le dessein divin du salut, le Magistère du Christ caché depuis les siècles en Dieu(5), qui ne se réalise que peu à peu, par l'effort coordonné de ministères différents, en vue de l'édification du Corps du Christ jusqu'à ce qu'il atteigne toute sa taille. Tout cela, certes est caché avec le Christ en Dieu(6) et c'est surtout la foi qui peut s'en rendre compte. C'est dans la foi que doivent marcher les guides du peuple de Dieu, suivant l'exemple d'Abraham le fidèle, qui, " par la loi obéit à l'appel de partir vers un pays qu'il devait recevoir en héritage, et il partit ne sachant où il allait ". He 11,8. En vérité, l'intendant des mystères de Dieu ressemble au semeur dont le Seigneur a dit : " Qu'il dorme ou qu'il se lève, la nuit ou le jour, la semence germe et pousse, il ne sait comment " Mc 4,27. D'ailleurs, si le Seigneur Jésus a dit " Gardez courage! j'ai vaincu le monde "Jn 16,33 il n'a pas pour autant, promis à l'Eglise la victoire totale ici-bas. Ce qui fait la joie de ce saint Concile, c'est que la terre, ensemencée par la graine de l'Evangile, donne aujourd'hui du fruit en bien des endroits, sou la conduite de l'Esprit du Seigneur qui remplit l'univers et qui a fait naître au coeur de tant de prêtres et de tant de chrétiens un esprit vraiment missionnaire. Pour tout cela, avec toute son affection, le saint Concile remercie les prêtres du monde entier. Et " à celui qui peut tout faire, et bien au-delà de nos demandes et de nos pensées, en vertu de la puissance qui agit en nous, à lui la gloire dans l'Eglise et le Christ Jésus " Ep 3,20-21.

(4)cf. Pont.Rom., de ordinatione presbyteri (5) cf. Ep 3,9 (6)cf. Col 3,3


Tout l'ensemble et chacun des points qui ont été édictés dans ce décret ont plu aux Pères du Concile. Et Nous, en vertu du pouvoir apostolique que Nous tenons du Christ, en union avec les vénérables Pères, Nous les approuvons, arrêtons et décrétons dans le Saint- Esprit, et Nous ordonnons que ce qui a été ainsi établi en Concile soit promulgué pour la gloire de Dieu.


Rome à Saint-Pierre, le 7 décembre 1965
Moi, PAUL, évêque de l'Eglise catholique

Suivent les signatures des Pères



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