1994 La vie fraternelle en communauté


CONGRÉGATION POUR LES INSTITUTS DE VIE CONSACRÉE

ET LES SOCIÉTÉS

DE VIE APOSTOLIQUE


LA VIE FRATERNELLE EN COMMUNAUTÉ


"Congregavit nos in unum Christi amor"




INTRODUCTION

" Congregavit nos in unum Christi amor "


1. L'amour du Christ a rassemblé dans l'unité un grand nombre de disciples pour que comme Lui et grâce à Lui, dans l'Esprit, ils puissent, à travers les siècles, répondre à l'amour du Père en l'aimant "de tout leur coeur, de toute leur âme, de toutes leurs forces" (Dt 6,5) et en aimant le prochain comme ils s'aiment eux-mêmes (cf. Mt 22,39).

Parmi ces disciples, des femmes et des hommes "de toutes nations, tribus, peuples et langues" (Ap 7,9), rassemblés dans les communautes religieuses, ont été et sont toujours une expression particulièrement éloquente de cet amour sublime et sans limite.

Les communautés religieuses sont nées, "non d'une volonté de la chair ou du sang", non de sympathies personnelles ou de motifs humains, mais "de Dieu" (Jn 1,13), d'une vocation divine et d'un attrait divin. Elles sont un signe vivant du primat de l'amour de Dieu qui accomplit ses merveilles, et de l'amour envers Dieu et envers les frères, tel qu'il a été manifesté et vécu par Jésus-Christ.

Etant donné l'importance des communautés religieuses pour la vie et la sainteté de l'Eglise, il y a lieu de réfléchir sur leur vie d'aujourd'hui qu'il s'agisse des communautés monastiques et contemplatives ou de celles qui sont dédiées à l'activité apostolique, suivant le caractère spécifique de chacune.

Ce qui va être dit des communautés des instituts religieux s'applique aussi a celles des sociétés de vie apostolique compte tenu de leur caractère et de leur législation propre.

a) Le thème de ce document est lié au fait que la physionomie présentée aujourd'hui par la "vie fraternelle en communauté" s'est beaucoup transformée par rapport au passé en de nombreux pays. Ces transformations, avec les espérances et les désillusions qui les ont accompagnées et les accompagnent encore, demandent qu'on y réflechissé à la lumière du Concile Vatican II. Elles ont eu des effets positifs et d'autres effets plus discutables. Elles s'ont mis en lumière beaucoup de valeurs évangéliques et donné une nouvelle vitalité à la communauté religieuse, mais elles ont aussi suscité des interrogations, lorsqu'elles ont obscurci des éléments typiques de la vie fraternelle vécue en commun. En certains lieux, il semble que la communauté ait tellement perdu de son importance aux yeux des religieux et des religieuses qu'elle n'apparaisse plus comme un idéal à poursuivre.

Avec la sérénité et la diligence de qui cherche la volonté du Seigneur, beaucoup de communautés ont voulu évaluer cette transformation afin de mieux répondre à leur vocation dans le Peuple de Dieu.

b) Nombreux sont les facteurs qui ont déterminé les changements dont nous sommes témoins:

- Le "retour constant aux sources de la vie chrétienne et à la première inspiration des instituts"(1). Le contact plus profond et plus fort avec l'Evangile et avec le premier jaillissement du charisme de fondation, a vigoureusement stimulé la recherche du véritable esprit qui anime la fraternité, et des structures et médiations qui doivent l'exprimer adéquatement. Là où le contact avec ces sources et avec l'inspiration d'origine a été partiel ou faible, la vie fraternelle en communauté a couru des risques et a même connu un certain affaissement.

- Cependant ce processus s'est produit à l'intérieur d'autres évolutions plus générales qui en sont comme le cadre existentiel, et dans les répercussions ne pouvaient que marquer la vie religieuse(2).

La vie religieuse est partie vitale de l'Eglise et elle est vit dans le monde. Les valeurs et les contre-valeurs qui fermentent à une époque ou dans un milieu culturel, et les structures sociales qui les révèlent, frappent aux portes de tous, y compris de l'Eglise et de ses communautés religieuses. Ces dernières, ou bien constituent un levain évangélique de la société, une annonce de la Bonne Nouvelle au milieu du monde, une proclamation de la Jérusalem céleste dans le temps, ou bien elles subissent un déclin plus ou moins long, tout simplement parce qu'elles se sont alignées sur le monde. La réflexion et les nouvelles propositions au sujet de la "vie fraternelle en commun" devront tenir compte de cette réalité.

- Le développement de l'Eglise, lui aussi, a influé fortement sur les communautés religieuses. Le Concile Vatican II, comme événement de grâce et comme la plus haute expression de la conduite pastorale de l'Eglise en ce siècle, a eu une influence décisive sur la vie religieuse: non seulement en vertu du Décret Perfectae Caritatis qui lui est consacré, mais aussi grâce à l'ecclésiologie conciliaire présente en chacun de ses documents.

Pour toutes ces raisons le présent document, avant d'entrer directement en matière commence par un rapide regard sur les mutations survenues dans les domaines qui ont pu influencer de plus près la qualité de la vie fraternelle et ses modalités dans les différentes communautés religieuses.

ÉVOLUTION THÉOLOGIQUE


2. Le Concile Vatican II a fourni une contribution de première importance à la remise en valeur de la "vie fraternelle menée en commun" et à la vision renouvelée de la communauté religieuse.

L'évolution de l'ecclésiologie qui, plus que tout autre facteur, a marqué l'évolution dans la façon de comprendre la communauté religieuse. Vatican II a affirmé que la vie religieuse appartient "inséparablement" (inconcusse) à la vie et à la sainteté de l'Eglise, et l'a placée au coeur de son mystère de communion et de sainteté(3).

La communauté religieuse participe à la vision renouvelée et approfondie de l'Eglise elle-même. D'où quelques conséquences:

a) De l'Eglise-Mystère à la dimension mystérique de la communauté religieuse.

La communauté religieuse n'est pas un simple rassemblement de chrétiens en recherche de leur perfection personnelle. Elle est, beaucoup plus profondément, participation et témoignage qualifié de l'Eglise-Mystère, en tant que vivante expression et réalisation privilégiée de sa "communion", de la grande "koinonia" trinitaire à laquelle le Père a voulu faire participer les hommes en son Fils et dans l'Esprit Saint.

b) De l'Eglise-Communion à la dimension de communion fraternelle de la communauté religieuse.

La communauté religieuse, dans sa structure, ses motivations, ses valeurs caractéristiques, rend publiquement visible et continuellement perceptible le don de fraternité fait par le Christ à toute l'Eglise. Elle a donc comme devoir indispensable et comme mission d'être et d'apparaître comme une cellule d'intense communion fraternelle, signe et stimulant pour tous les baptisés(4).

c) De l'Eglise animée par les charismes à la dimension charismatique de la communauté religieuse.

La communauté religieuse est cellule de communion fraternelle, appelée à vivre animée dans la lancée du charisme de fondation; elle fait partie de la communion organique de toute l'Eglise, enrichie sans cesse par l'Esprit d'une variété de ministères et de charismes.

Pour être admis à faire partie d'une telle communauté, la grâce spéciale d'une vocation est nécessaire. Concrètement, les membres d'une communauté religieuse se trouvent réunis ensemble par un commun appel de Dieu dans la ligne du charisme; ils vivent une consécration ecclésiale commune originale et une réponse commune, participant à "l'expérience de l'Esprit" vécue et transmise par le fondateur, ainsi qu'à sa mission dans l'Eglise(5).

La communauté religieuse veut aussi recevoir avec reconnaissance les charismes "plus simples et plus répandus"(6), que Dieu distribue à ses membres pour le bien de tout le Corps. Elle existe pour l'Eglise, pour la manifester et l'enrichir(7), pour la rendre plus apte à remplir sa mission.

d) De l'Eglise-Sacrement d'unité à la dimension apostolique de la communauté religieuse.

Le sens de l'apostolat est de ramener l'humanité à l'union avec Dieu et à son unité, par le moyen de la charité divine. La vie fraternelle en commun, expression de l'union opérée par l'amour de Dieu, outre qu'elle constitue un témoignage évangelique essentiel, revêt une grande importance pour l'activité apostolique et pour sa finalité ultime. La communauté religieuse est signe et instrument de la communion fraternelle, est elle-même à l'origine et au terme de l'apostolat.

Le Magistère, à partir du Concile, a approfondi et enrichi de nouveaux apports la vision renouvelée de la communauté religieuse(8).

ÉVOLUTION CANONIQUE


3. Le Code de Droit Canonique (1983) recueille et précise les dispositions conciliaires relatives à la vie communautaire.

Quand on parle de "vie commune", il faut distinguer clairement deux aspects. Alors que le code de 1917(9) donnait l'impression de s'être limité à des éléments extérieurs et à l'uniformité de style de vie, Vatican II(10) et le nouveau code(11) insistent explicitement sur la dimension spirituelle et sur le lien de fraternité qui doit unir tous les membres dans la charité. Le nouveau code a fait la synthèse de ces deux aspects, en parlant de "mener la vie fraternelle en commun"(12) .

On peut donc distinguer dans la vie communautaire deux éléments d'union et d'unité entre les membres:

- l'un plus spirituel: c'est la "fraternité", ou "communion fraternelle", qui part de coeurs animés par la charité. Il souligne la "communion de vie" et le rapport interpersonnel(13).

- l'autre plus visible: c'est la "vie en commun" où "vie de communauté", qui consiste "à habiter dans la propre maison religieuse légitimement constituée" et "à mener la vie commune", moyennant de la fidélité aux règles elles-mêmes, la participation aux actes communs, la collaboration aux services communs(14).

Tout cela est est vécu "selon le mode de vie propre"(15), dans les diverses communautés, selon le charisme et le droit de l'institut(16). De là l'importance du droit propre, qui doit appliquer à la vie communautaire le patrimoine de chaque institut et les moyens de le réaliser(17).

Il est clair que la "vie fraternelle" ne sera pas automatiquement assurées par l'observance des normes qui règlent la vie commune; mais il est évident que la vie en commun a pour but de favoriser intensément la vie fraternelle.

ÉVOLUTION DANS LA SOCIÉTÉ


4. La société est sans cesse en évolution: les religieux et les religieuses, qui ne sont pas du monde, mais vivent dans le monde, en éprouvent l'influence.

Nous rappellerons seulement quelques courants qui ont marqué plus directement la vie religieuse en général et la communauté religieuse en particulier.

a) Les mouvements d'émancipation politique et sociale dans le Tiers monde et le développement du processus d'industrialisation ont favorisé dans les dernières décennies de grands changements sociaux et suscité une attention spéciale au "développement des peuples"et aux situations de pauvreté et de misère. Les Eglises locales ont vivement réagi par rapports a ces mouvements.

En Amérique Latine surtout, à la faveur des assemblées générales de l'Episcopat latino-américain de Medellin, Puebla et Saint-Domingue "l'option évangélique et préférentielle pour les pauvres"(18) a été mise au premier plan, et l'accent placé en consequence sur l'engagement social.

Les communautés religieuses ont reçu fortement l'impact et beaucoup ont été amenées à repenser les modalités de leur présence dans la société en vue d'un service plus direct des pauvres, y compris au moyen de leur insertion parmi eux.

L'accroissement impressionnant de la misère à la périphérie des grandes villes, et l'appauvrissement des campagnes, ont accéléré le processus de "déplacement" de nombreuses communautés religieuses vers ces milieux populaires.

Partout s'impose le défi de l'inculturation. Les cultures, les traditions, la mentalité d'un pays influent sur la manière de mener la vie fraternelle dans les communautés religieuses.

En outre, les récents et vastes mouvements de migration créent le problème de la rencontre des différentes cultures et celui des réactions racistes. Tout cela se répercute dans les communautés religieuses pluriculturelles et multiraciales qui sont toujours plus nombreuses.

b) La revendication de la liberté personnelle et des droits de l'homme a été à l'origine d'un vaste processus de démocratisation qui a favorisé le développement économique et la croissance de la société civile.

Dans la période qui a suivi immédiatement le Concile, ce processus s'est acceleré spécialement en Occident. Il s'est caracterisé par une tendance au "parlementarisme" et par des attitudes de négation de l'autorité.

La contestation de l'autorité n'a pas épargné l'Eglise et la vie religieuse, avec des conséquences évidentes sur la vie communautaire.

L'accent mis de façon unilatérale et excessive sur la liberté a contribué à répandre en Occident la culture de l'individualisme, affaiblissant l'idéal de la vie commune et de l'engagement pour les projets communautaires.

Il faut signaler d'ailleurs d'autres réactions tout aussi unilatérales, comme l'évasion dans des formes d'autorité inspirant la sécurité, basées sur la confiance aveugle en un guide rassurant.

c) La promotion de la femme, un des signes des temps selon Jean XXIII, n'a pas manqué de retentir dans la vie des communautés chrétiennes de divers pays(19). Même si, dans certaines régions, l'influence des courants extrémistes du féminisme conditionne profondément la vie religieuse, presque partout les communautés religieuses féminines sont en recherche positive de formes de vie commune jugées plus conformes à la conscience renouvelée de l'identité, de la dignité et du rôle de la femme dans la société, dans l'Eglise et dans la vie religieuse.

d) L'explosion des communications à partir des années 6O a notablement, et parfois dramatiquement, influencé le niveau général de l'information, le sens de la responsabilité sociale et apostolique, la mobilité apostolique, la qualité des relations à l'intérieur de la communauté religieuse, sans parler de son style de vie et du climat de recueillement qui devrait la caractériser.

e) Le consumisme et l'hédonisme, l'affaiblissement de la vision de foi dans un context de sécularisme, n'ont pas laissé les communautés religieuses indifférentes. En beaucoup de régions ils ont mis à dure épreuve la capacité de certaines de "résister au mal", mais ont provoqué aussi de nouveaux styles de vie personnelle et communautaire qui sont un témoignage évangélique lumineux pour notre monde.

Tout cela a constitué un défi et un appel à vivre avec plus de vigueur les conseils évangéliques, et à soutenir ainsi le témoignage de la communauté chrétienne.

CHANGEMENTS DANS LA VIE RELIGIEUSE


5. Au cours de ces années, les changements qui se sont produits dans la vie religieuse ont eu une incidence profonde sur les communautés.

a) Nouvelle configuration des communautés religieuses. Dans beaucoup de pays, les initiatives croissantes de l'Etat dans des milieux où oeuvrait la vie religieuse, tels que l'école ou la santé, ainsi que la chute des vocations, ont entrainé une réduction de la présence des religieux et religieuses dans les oeuvres caractéristiques des Instituts apostoliques.

On observe une diminution des communautés au service d'oeuvres visibles qui caractérisaient depuis de longues années la physionomie de divers instituts.

Dans certaines régions, on donne la préférence à des communautés plus petites, composées de religieux qui s'engagent dans des oeuvres n'appartenant pas à l'Institut, même si souvent ces activités s'accordent avec son charisme. Ce qui a de notables répercussions sur le stile de vie communautaire, en exigeant un changement dans les rythmes traditionnels.

Il arrive que le désir sincère de servir l'Eglise, l'attachement aux oeuvres de l'Institut et également les demandes pressantes de l'Eglise locale amènent des religieux et des religieuses à se surcharger de travail, avec, en conséquence, une réduction du temps disponible pour la vie commune.

b) L'augmentation des demandes d'intervention pour répondre aux besoins les plus urgents (pauvres, drogués, réfugiés, marginaux, handicapés, malades de tout genre), a suscité, de la part de la vie religieuse, des réponses d'un dévouement admirable et admiré.

Mais cela a montré aussi l'urgence de changements dans la physionomie traditionnelle des communautés religieuses, considérées par certains comme peu aptes à affronter les nouvelles situations.

c) La façon de comprendre et de vivre le travail personnel, entendu dans un contexte sécularisé comme le simple exercice d'un métier ou d'une profession déterminée, et non comme l'accomplissement d'une mission d'évangélisation, a parfois rejeté dans l'ombre la consécration et la dimension spirituelle de la vie religieuse, au point de considérer la vie fraternelle en commun comme un obstacle à l'apostolat lui-même, ou comme un pur instrument fonctionnel.

d) Une nouvelle conception de la personne est apparue dans la période qui a suivi immédiatement le Concile, avec une forte insistance sur la valeur et les initiatives de la personne. Peut de temps après s'est vivement manifesté un sens aigu de la communauté, entendue comme une vie fraternelle qui se construit sur la qualité des rapports interpersonnels plutôt que sur les aspects formels de l'observance régulière.

Ces accentuations ont été radicalisées çà et là, d'où les tendances soit à l'individualisme, soit au "communitarisme", sans qu'une synthèse satisfaisante ait été trouvée.

e) Les nouvelles structures de gouvernement résultant des Constitutions rénovées requièrent une beaucoup plus grande participation de la part des religieux et religieuses. D'où l'apparition d'une manière différente d'affronter les problèmes en faisant appel au dialogue communautaire, à la corresponsabilité et à la subsidiarité. Tous les membres sont amenés à s'intéresser aux problèmes de la communauté. Cela modifie considérablement les rapports interpersonnels, et par suite la façon de considérer l'autorité. Celle-ci, en bien des cas, a du mal à retrouver pratiquement une place précise dans le nouveau contexte.

L'ensemble de ces changements et tendances a eu des incidences sur la physionomie des communautés religieuses, d'une manière profonde, mais aussi différenciée.

Les différences parfois considérables tiennent, on le comprend aisément, à la diversité des cultures et des continents, au fait que les communautés soient féminines ou masculines, aux types de vie religieuse et d'instituts, aux activités variées, aux degrés d'engagement dans la relecture et l'actualisation du charisme du fondateur. Les façons de se situer vis-à-vis de la société et de l'Eglise, l'accueil différent des valeurs proposées par le Concile, les diverses traditions et modalités de vie commune, les manières d'exercer l'autorité et de renouveler la formation permanente créent autant de diferences. Les problématiques ne sont donc communes compartis, et tendent plutôt à se diversifier.

OBJECTIFS DU DOCUMENT


6. A la lumière de ces nouvelles situations, le présent document a pour fin de soutenir les efforts réalisés dans beaucoup de communautés religieuses pour améliorer la qualité de leur vie fraternelle. On le fera en présentant quelques critères de discernement en vue d'un authentique renouveau évangélique.

Ce document veut en outre offrir des motifs de réflexion à ceux qui se sont éloignés de l'idéal communautaire, afin qu'ils reprennent sérieusement en considération que la necessité de la vie fraternelle en commun pour celui qui est voué au Seigneur dans un Institut religieux ou qui a été incorporé dans une Société de vie apostolique.

7. Selon ces perspectives nous présenterons:

a) La communauté religieuse comme don: avant d'être un projet humain, la vie fraternelle en commun appartient au projet de Dieu, qui veut communiquer sa vie de communion.

b) la communauté religieuse comme lieu où l'on devient frères et soeurs, et les itinéraires les plus sûrs offerts à la communauté religieuse pour construire la fraternité chrétienne

c) la communauté religieuse comme lieu et sujet de la mission: les choix concrets qu'elle est appelée à faire dans les diverses situations de sa vie et les principaux critères de discernement.

Avant de pénétrer dans le mystère de la communion et de la fraternité, comme avant d'entreprendre le difficile discernement nécessaire en vue d'une qualité évangélique renouvelée de nos communautés, il nous faut invoquer humblement l'Esprit Saint afin qu'il accomplisse ce que Lui seul peut accomplir: "Je vous donnerai un coeur nouveau et je mettrai en vous un esprit nouveau; j'ôterai de votre chair le coeur de pierre et je vous donnerai un coeur de chair. Vous serez mon peuple et moi je serai votre Dieu" (Ez 36, 26-28).


CHAPITRE I

LE DON DE LA COMMUNION ET DE LA COMMUNAUTÉ


8. La communauté religieuse, avant d'être une construction humaine, est un don de l'Esprit. C'est grâce à l'amour de Dieu répandu dans les coeurs par l'Esprit que la communauté religieuse prend naissance et c'est grâce à lui qu'elle se construit comme une vraie famille réuni au nom du Seigneur(20).

On ne peut comprendre la communauté religieuse sans partir de cette réalité qu'elle est un don d'En-Haut, sans partir de son mystère, de son enracinement dans le coeur même de la Trinité sainte et sanctifiante, qui la veut insérée dans le mystère de l'Eglise pour la vie du monde.

L'Eglise comme communion


9. En créant l'être humain à son image et à sa ressemblance, Dieu l'a créé pour la communion. Le Dieu créateur qui s'est révélé comme Amour, Trinité, communion, a appelé l'homme à une intime relation avec Lui ainsi qu'à la communion interpersonnelle et la fraternité universelle(21).

La plus haute vocation de l'homme est d'entrer en communion avec Dieu et avec les hommes, ses frères.

Ce dessein de Dieu a été compromis par le péché qui a brisé toutes les relations: entre le genre humain et Dieu, entre l'homme et la femme, entre les frères, entre les peuples, entre l'humanité et la création.

Dans son grand amour, le Père a envoyé son Fils afin que, nouvel Adam, il restaure la création tout entière et la porte à sa parfaite unité. Ce Fils, venu parmi nous, a donné naissance au nouveau peuple de Dieu en appelant à lui des apôtres et des disciples, des hommes et des femmes, parabole vivante de la famille humaine rassemblée dans l'unité. Il leur a annoncé la fraternité universelle dans le Père, qui nous a fait membres de sa famille, ses enfants, frères et soeurs entre nous. Ainsi il a enseigné l'égalité dans la fraternité, et la réconciliation dans le pardon. Il a renversé les rapports de pouvoir et de domination en donnant lui-même l'exemple du service et en se mettant à la dernière place. Au cours du dernier repas, il leur a confié le commandement nouveau de l'amour mutuel: "Je vous donne un commandement nouveau: vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai aimés, aimez-vous, vous aussi, les uns les autres" (Jn 13,34; cf.15,12); il a institué l'Eucharistie qui, en nous faisant communier à l'unique pain et à l'unique calice, nourrit l'amour mutuel. Puis, rassemblant tout ses désirs il s'est adressé à son Père pour lui demander l'unité de tous, modelée sur l'unité trinitaire: "Comme Toi, Père, tu es en moi et moi en toi, qu'eux aussi soient un en nous" (Jn 17,21).

Enfin s'en abandonant à la volonté du Père, il a accompli dans le mystère pascal cette unité qu'il avait appris à ses disciples à réaliser et qu'il avait demandée a son Père. Par sa mort sur la croix il a détruit le mur de séparation entre les peuples, les réconciliant tous dans l'unité (cf. Ep.2,14-16). Il nous a enseigné ainsi que la communion et l'unité sont données dans le partage du mystère de sa mort.

La venue de l'Esprit Saint, premier don fait aux croyants, a réalisé l'unité voulue par le Christ. Répandu sur les disciples réunis au cénacle avec Marie, cet Esprit a rendu visible l'Eglise, qui, dès le premier instant, est fraternité et communion, n'ayant qu'un seul coeur et une seule âme (cf. Ac 4,32).

Cette communion est le lien de charité qui unit entre eux tous les membres du même Corps du Christ et le Corps avec sa tête. La présence vivifiante de l'Esprit Saint(22) construit la cohésion organiques dans le Christ: il unifie l'Eglise dans la communion et dans le ministère, il la coordonne et la dirige par des dons hiérarchiques et charismatiques qui se complètent entre eux et il l'embellit de ses fruits(23).

Durant son pèlerinage en ce monde, l'Eglise une et sainte a constamment connu une tension, souvent douloureuse, vers l'unité effective. Au long de son histoire, elle a pris une conscience toujours plus vive d'être peuple et famille de Dieu, Corps du Christ, Temple de l'Esprit, Sacrement de l'intime union du genre humain, communion, icône de la Trinité. Le Concile Vatican II a mis en relief, comme jamais peut-être cela n'avait été fait jusqu'alors, cette dimension de l'Eglise comme mystére et communion.

La communauté religieuse, expression de la communion ecclésiale


10. La vie consacrée, dès sa naisance, a mis en valeur cette nature intime du christianisme. La communauté religieuse s'est sentie en continuité avec le groupe de ceux qui suivaient Jésus. Il les avait appelés personnellement, un à un, pour vivre en communion avec lui et avec les autres disciples, pour partager sa vie et son destin (cf. Mc 3,13-15), et être ainsi signe de la vie et de la communion inaugurées par Lui. Les premières communautés monastiques ont regardé la communauté des disciples qui suivaient le Christ, et celle de Jérusalem, comme leur idéal de vie. A l'image de l'Eglise naissante n'ayant qu'un coeur et une âme, les moines se réunissant autour d'un guide spirituel, l'abbé, se sont proposé de vivre la communion radicale des biens matériels et spirituels et l'unité instaurée par le Christ. Celle-ci trouve son prototype et son dynamisme unifiant dans la vie d'unité des Personnes de la Sainte Trinité.

De multiples formes de communautés sont nées dans les siècles suivants sous l'action charismatique de l'Esprit. C'est Lui qui scrute le coeur humain, va à sa rencontre et répond à ses besoins. Il suscite ainsi des hommes et des femmes qui, éclairés de la lumière de l'Evangile et rendus sensibles aux signes des temps, donnent vie à de nouvelles familles religieuses et donc à de nouvelles façons de réaliser l'unique communion, dans la diversité des ministères et des communautés(24).

On ne peut parler en effet de façon univoque de la communauté religieuse. L'histoire de la vie consacrée témoigne des manières différentes de vivre l'unique communion, selon la nature de chaque institut. C'est ainsi qu'aujourd'hui nous pouvons admirer "l'admirable variété" des familles religieuses dont l'Eglise se trouve enrichie et qui la rendent apte à toute oeuvre bonne(25). De là aussi naît la variété des formes de communautés religieuses.

Mais à travers cette variété de formes, la vie en commun est toujours apparue comme une radicalisation de l'esprit fraternel qui unit tous les chrétiens. La communauté religieuse rend visible la communion qui fonde l'Eglise; elle est en même temps prophétie de l'unité à laquelle tend l'Eglise comme à son but ultime. «Experts en communion, les religieux sont appelés à être, dans la communauté ecclésiale et dans le monde, témoins et artisans de ce projet de communion qui se trouve au sommet de l'histoire de l'homme selon Dieu. Par-dessus tout par la profession des conseils évangéliques qui libère de toute entrave la ferveur de la charité, ils deviennent, communautairement, signe prophétique de la Communion intime avec Dieu aimé souverainement. En outre, par l'expérience quotidienne de la communauté de vie, de prière et d'apostolat, composantes essentielles et distinctives de leur forme de vie consacrée, ils se font 'signe de communion fraternelle'. En effet, dans un monde souvent si profondément divisé, et devant tous leurs frères dans la foi, ils témoignent de la capacité d'une mise en commun des biens, de l'affection fraternelle, du projet de vie et d'activité. Cela leur est possible parce qu'ils ont accepté l'invitation à suivre plus librement et de plus près le Christ Seigneur, envoyé par le Père afin que premier-né parmi de nombreux frères, il institue, dans le don de son Esprit, une nouvelle communion fraternelle»(26).

Cela sera d'autant plus visible que non seulement ils se sentent avec et dans l'Eglise, mais aussi qu'ils sentent l'Eglise, s'identifiant à elle en pleine communion avec sa doctrine, sa vie, ses pasteurs, ses fidèles, sa mission dans le monde(27).

Le témoignage offert par les contemplatifs et contemplatives est particulièrement significatif. Chez eux la vie fraternelle prend des dimensions vastes et profondes, qui dérivent de l'exigence fondamentale de cette vocation spéciale, c'est-à-dire la recherche de Dieu seul dans le silence et la prière.

Leur attention prolongée à Dieu rend particulièrement délicate et respectueuse leur attention aux autres membres de la communauté, et la contemplation devient une force libératrice de toute forme d'égoïsme.

La vie fraternelle menée en commun dans un monastère est appelée à être un signe vivant du mystère de l'Eglise. Plus grand est le mystère de grâce, plus riche est le fruit du salut.

Ainsi l'Esprit du Seigneur, qui a réuni les premiers croyants et convoque continuellement l'Eglise en une unique famille, convoque et nourit les familles religieuses. Grâce à leurs communautés répandues par toute la terre, elles ont mission d'être des signes particulièrement lisibles de l'intime communion qui anime et constitue l'Eglise, et d'être un soutien pour la réalisation du plan de Dieu.


CHAPITRE II

LA COMMUNAUTE RELIGIEUSE,

LIEU OU L'ON DEVIENT FRERES ET SŒURS


11. Le don de la communion suscite le devoir de construir la fraternité, de devenir frères et soeurs dans une communauté dont les membres sont appelés à vivre ensemble. De l'acceptation émerveillée et pleine de reconnaissance de la communion divine participée par de pauvres créatures, naît la conviction du nécessaire engagement a la rendre toujours mieux visible par la construction d'une communauté "pleine de joie et de l'Esprit Saint" (Ac 13,52).

En notre temps et pour notre temps il est nécessaire de reprendre cette oeuvre "divino-humaine" de l'édification de communautés de frères et de soeurs, en tenant compte des conditions particulières de ces dernières années, au cours des quelles le renouveau théologique, canonique, social et structurel a fortement marqué la physionomie et la vie de la communauté religieuse.

A partir de quelques situations concrètes, nous voudrions offrir des indications utiles pour soutenir l'effort de constant renouvellement évangélique des communautés.

Spiritualité et prière commune


12. Etant donné son enracinement mystique, toute communauté chrétienne authentique apparaît "en elle-même comme une réalité théologale, objet de contemplation"(28). La communauté religieuse est avant tout un mystère qui doit être contemplé et accueilli dans l'admiration et l'action de grâce, dans une claire dimension du foi.

Quand on oublie cette dimension mystique et théologale, liée au mystère de la communion divine présente et communiquée à la communauté, on en vient irrémédiablement à oublier aussi les raisons profondes de vivre en communauté, de construire patiemment la vie fraternelle. Cette construction peut paraître dépasser les forces humaines et sembler de plus un inutile gaspillage d'énergie, en particulier pour des personnes intensément engagées dans l'action, et conditionnées par une culture activiste et individualiste.

Le Christ lui-même qui les a appelés convoque chaque jour ses frères et ses soeurs pour leur parler, les unir à lui et les unir dans l'Eucharistie, pour qu'ils soient toujours plus son Corps vivant et visible, animé par l'Esprit, en chemin vers le Père.

La prière en commun, qui a toujours été à la base de toute vie communautaire, part de la contemplation du grand et sublime Mystère de Dieu et de l'admiration pour sa présence, à l'oeuvre dans les moments les plus significatifs des familles religieuses comme dans l'humble et quotidienne réalité de nos communautés.


13. Afin de répondre à l'avertissement du Seigneur: "Veillez et priez" (Lc 21,36), la communauté religieuse doit être vigilante et prendre le temps nécessaire pour avoir soin de la qualité de sa vie. Parfois la journée des religieux et religieuses n'ont pas le temps, risque d'être trop inquiète et anxieuse et d'aboutir à la fatigue et à l'épuisement. En fait, la communauté religieuse est rythmée par un horaire permettant de réserver des moment pour la prière, et d'apprendre ainsi à donner du temps à Dieu (vacare Deo).

La prière doit être comprise comme un temps de rencontrer avec le Seigneur, pour qu'il puisse agir en nous et, au milieu des distractions et des fatigues, combler la vie, la réconforter, la guider. Pour que, finalement, toute l'existence puisse lui appartenir.


14. Une des acquisitions les plus précieuses de ces décennies, reconnue et apprécié par tous, a été la redécouverte de la prière liturgique par les familles religieuses.

La célébration en commun de la Liturgie des Heures, ou au moins de certaines de ses parties, a revitalisé la prière de nombreuses communautés, qui ont été amenées à un contact plus vivant avec la Parole vivante de Dieu et avec la prière de l'Eglise(29).

Il faut entretenir la conviction que la communauté se construit à partir de la Liturgie et surtout de la célébration de l'Eucharistie(30) et des autres Sacrements. Le Sacrement de la Réconciliation, par lequel le Seigneur ravive l'union avec lui-même et avec les frères, mérite qu'on lui prête une attention renouvelée.

A l'imitation de la première communauté de Jérusalem (cf.Ac 2,42), la Parole, l'Eucharistie, la prière en commun, l'assiduité et la fidélité à l'enseignement des Apôtres et de leurs successeurs, mettent au contact des grandes oeuvres de Dieu. Celles-ci celebré communautairement s'éclairent et suscitent la louange, l'action de grâces, la joie, l'union des coeurs, le soutien dans les difficultés quotidiennes de la vie commune, l'affermissement mutuelle dans la foi.

Malheureusement la diminution du nombre des prêtres peut rendre ici ou là impossible la participation quotidienne à la Messe. Malgré tout, il faut avoir soin de chercher à comprendre toujours plus profondement le grand don de l'Eucharistie et de mettre au centre de la vie le Saint Mystère du Corps et du Sang du Seigneur, vivant et présent dans la communauté pour la soutenir et l'animer sur son chemin vers le Père. De là découle la nécessité d'avoir dans chaque maison religieuse, comme centre de la communauté, un oratoire(31) où il lui soit possible d'alimenter sa spiritualité eucharistique par la prière et l'adoration.

C'est en effet autour de l'Eucharistie, célébrée ou adorée, "sommet et source" de toute l'activité de l'Eglise, que se construit la communion des coeurs, prémice de toute croissance dans la fraternité. "C'est par l'Eucharistie que doit commencer toute éducation de l'esprit communautaire"(32).


15. La prière en commun atteint toute son efficacité quand elle est intimement unie à la prière personnelle. Prière commune et prière personnelle sont étroitement liées et complémentaires. Partout, mais spécialement dans certaines régions et cultures, il est nécessaire de souligner davantage le temps de l'intériorité, de la relation filiale avec le Père, du dialogue intime et sponsal avec le Christ, de l'approfondissement personnel de ce qui a été célébré et vécu dans la prière communautaire; il faut rappeler que le silence intérieur et extérieur permet d'ouvrir le coeur jusqu'en ses pronfondeurs les plus secrètes à l'action régéneratrice de la Parole et de l'Esprit.

La personne consacrée en communauté nourit sa vie de consécration et par le constant dialogue personnel avec Dieu, et par la louange et l'intercession communautaire.


16. La prière en commun s'est enrichie ces dernières années de diverses formes d'expression et de participation.

Pour de nombreuses communautés, le partage de la Lectio divina et celui des réflexions sur la Parole de Dieu, la communication des expériences personnelles dans la vie de foi et celle des soucis apostoliques ont été particulièrement fructueux. Les différences d'âge, de formation, de caractère, invitent à la prudence, s'il s'agit de demander ces partages indistinctement à toute la communauté. Il est bon de veiller à ne pas anticiper le moment où ils seront possibles.

Pratiqués spontanément et d'un commun accord, ils entretiennent les vues de foi et d'espérance, l'estime et la confiance mutuelle, ils favorisent la réconciliation et la solidarité fraternelle dans un climat de prière.


17. A la prière communautaire s'applique tout autant qu'à la prière personnelle l'invitation du Seigneur à "prier constamment sans se lasser"(Lc 18,1; cf. 1 Th 5,17).

La communauté religieuse, en effet, vit constamment sous le regard de son Seigneur et doit avoir une conscience continuelle de sa présence. La prière en commun a toutefois ses rythmes dont la fréquence (quotidienne, hebdomadaire, mensuelle, annuelle) est fixée par le droit propre de chaque Institut.

La prière en commun, si elles demande la fidélité à un horaire, requiert aussi et surtout la persévérance: "afin que, par la persévérance et la consolation que nous donnent les Ecritures, nous gardions une vive espérance (...), afin que d'un même coeur et d'une même voix vous rendiez gloire à Dieu, Père de Notre Seigneur Jésus Christ" (Rm 15, 4-6).

Cette fidélité et cette persévérance aideront à surmonter avec créativité et sagesse des difficultés, que rencrontrent un certain nombre de communautés, comme la diversité des engagements et donc des horaires, la surcharge de travaux absorbants, les fatigues de toutes sortes.


18. L'invocation de la Bienheureuse Vierge Marie, inspirée par un amour qui conduit à l'imiter, fait que la communauté religieuse reçoit de sa présence exemplaire et maternelle d'un grand soutien dans la fidélité quotidienne à la prière (cf. Ac. 1,14), et en fort lien de communion(33).

La Mère du Seigneur contribuera à configurer les communautés religieuses au modèle de «sa» famille, la Famille de Nazareth; elles se rentrent souvent spirituellement en ce lieu où a été vécu d'une manière admirable l'Evangile de la communion et de la fraternité.


19. L'élan apostolique, lui aussi, est soutenu et alimenté par la prière commune. D'une part elle est une force mystérieuse et transformante qui embrasse toutes les réalités pour racheter et ordonner le monde. D'autre part, elle trouve son stimulant dans le ministère apostolique, dans ses joies et dans les difficultés quotidiennes. Celles-ci deviennent occasion de rechercher et découvrir la présence et l'action du Seigneur.


20. Les communautés religieuses les plus apostoliques et qui vivent le plus intensément l'Evangile, qu'elles soient contemplatives ou actives, sont celles qui ont une riche expérience de prière.

A une époque comme la nôtre où l'on assiste à un certain réveil de la recherche du transcendant, les communautés religieuses peuvent devenir des lieux privilégiés où l'on expérimente les voies qui conduisent à Dieu.

"Comme famille unie au nom du Seigneur, (la communauté religieuse) est, par sa nature, le lieu où l'expérience de Dieu doit pouvoir se réaliser dans sa plénitude et se communiquer aux autres"(34): et tout d'abord, aux membres mêmes de la communauté.

Les personnes consacrées à Dieu, hommes et femmes, manqueront-elles ce rendez-vous avec l'histoire en ne répondant pas à la quête de Dieu de nos contemporains, au risque de les amener à chercher ailleurs, par des voies erronées, comment rassasier leur faim d'absolu?


1994 La vie fraternelle en communauté